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Les premiers Grecs qui visitèrent l’Égypte furent choqués par
l’autonomie accordée aux Égyptiennes ; le géographe Diodore
de Sicile, bouleversé, va jusqu’à prétendre que la femme
d’Égypte a pleins pouvoirs sur son mari, ce qui a laissé croire, à
tort, à l’existence d’un matriarcat sur les rives du Nil. Certes, la
mère du pharaon occupe une position centrale dans le
processus du pouvoir ; certes, nous connaissons de nombreuses
inscriptions où le fils cite le nom de sa mère et non celui de son
père ; certes, les grands personnages font souvent figurer leur
mère dans leurs tombeaux, autrement dit pour l’éternité. Mais
ces indices n’autorisent nullement à conclure à l’existence d’un
pouvoir féminin abusif. En réalité, il n’exista, dans l’Égypte des
pharaons, aucune tyrannie exercée par un sexe au détriment de
l’autre.
Constatation essentielle : des Égyptiennes occupèrent les
plus hautes fonctions de l’État, ce qui n’est pas le cas dans la
plupart des démocraties modernes. Comme nous le verrons, le
rôle politique et social des femmes fut déterminant tout au long
de l’histoire d’Égypte. Grâce à un système juridique
remarquable, la femme et l’homme étaient égaux en droit et en
fait ; à ce statut légal qui ne fut pas remis en cause avant le
règne des Ptolémées, souverains grecs, s’ajoutait une véritable
autonomie, puisque l’Égyptienne n’était soumise à aucune
tutelle.
Non seulement cette égalité entre homme et femme s’imposa
d’emblée comme une valeur fondamentale de la société
pharaonique, mais encore perdura-t-elle tant que le pays
demeura indépendant. Il est indéniable que les Égyptiennes
bénéficièrent de conditions de vie bien supérieures à celles que
connaissent, de nos jours, des millions de femmes ; dans
certains domaines, comme celui de la spiritualité, les citoyennes
des pays dits développés n’ont pas obtenu les mêmes capacités
institutionnelles que les Égyptiennes. Impossible, en effet,
d’imaginer une femme pape, grand rabbin ou recteur d’une
mosquée, alors que bon nombre d’Égyptiennes occupèrent le
sommet de hiérarchies sacerdotales.
Ce qui frappe l’observateur, dès qu’il s’intéresse à l’art
égyptien, c’est l’immense respect accordé à la femme. Belle,