Grippe A H1N1 : vaccination, la prise de conscience
Pr Christian Rabaud
Professeur de Maladies Infectieuses - CHU Nancy
Bonjour à tous. Aujourd’hui je vous propose de retrouver le Professeur Christian Rabaud au CHU de Nancy afin de faire avec lui un
point sur la grippe A. L’épidémie, la vaccination, où en sommes-nous ?
COMPOSITION ET EFFICACITE DU VACCIN
Déborah Findeis :
Mr Rabaud merci de me recevoir. Alors, début Novembre selon l’INVS, on décomptait 350 cas de grippe A pour 100 000 habitants en
France. Comment calcule-t-on ces chiffres ?
Pr Christian Rabaud :
Aujourd’hui, on est dans des estimations, c’est ce qu’on va appeler de la surveillance populationnelle donc là on est à l’extérieur de
l’hôpital, en médecine communautaire, ce qui se passe en ville. Donc des médecins volontaires acceptent de compter le nombre de
syndromes grippaux qu’ils voient en consultation de façon quotidienne, acceptent de réaliser des prélèvements chez tout ou partie de
ces patients et en fonction de ce nombre de syndromes grippaux , du taux de syndromes grippaux confirmés H1N1, on peut par
extrapolation tirer des chiffres sur l’ensemble du territoire.
Epidémie et fréquentation des centres de vaccination
Déborah Findeis :
Alors parallèlement le taux de présence des personnes en centre de vaccination à fortement augmenté, Roselyne Bachelot annonçait un
taux de fréquentation multiplié par 7 dans les centres de vaccination, est-ce que c’est lié ?
Pr Christian Rabaud :
C’est certainement lié. Le fait que tout d’un coup le nombre de cas soit en réel augmentation et ce passage à 351 pour 100 000 est la
preuve quand même qu’une accélération de l’épidémie amène un certain nombre de gens qui se posaient la question du plus grand
risque ou de la plus grande inquiétude entre un vaccin nouveau et la maladie, aujourd’hui se dise clairement la pathologie étant là je veux
me rendre dans un centre de vaccination. A tel point, et c’est un petit peu la difficulté à laquelle on est confronté aujourd’hui, que jusque
là les centres de vaccinations étaient un petit peu sous visités, il y avait peu de personnes qui s’y rendaient, on était plus permissif sur la
possibilité d’accueillir des gens qui ne faisaient pas partie entre guillemet des toutes premières lignes, des toutes premières priorités. Et
l’embouteillage aujourd’hui résulte aussi un petit peu de çà, c'est-à-dire que les prioritaires s’y rendent mais des gens non prioritaires ont
tendance à s’y rendre aussi et là effectivement pour l’instant les centres ne sont pas mis en place de façon suffisamment large pour
pouvoir accueillir tout le monde à la fois.
Faut-il encore inciter les gens à se faire vacciner ?
Déborah Findeis :
Bon Roselyne Bachelot a affirmé vouloir cadrer au maximum les populations ayant accès à ces centres vaccinations, c’est vrai que
certains centres se sont plaint d’avoir été débordé notamment pendant la journée de samedi, alors la question qui se pose : est ce qu’il y
a encore un sens, compte tenu de la propagation de l’épidémie en France, à inciter nos patients à se faire vacciner ?
Pr Christian Rabaud :
Tout à fait. Le pic de l’épidémie est encore devant nous, pas forcément très loin devant nous, mais il est encore devant nous. Et on parle
du pic de l’épidémie, on sait que l’épidémie aura probablement plusieurs phases et là on est face au premier passage du virus. Donc la
vaccination reste utile parce que l’épidémie va encore s’intensifier dans les jours et semaines à venir même si çà ne durera pas
forcément plusieurs mois et après ce premier passage il y aura probablement à nouveau un deuxième passage du virus pour lequel les
gens vaccinés seront encore et toujours protégés.
Délai d'efficacité du vaccin
Déborah Findeis :
Donc la période avant laquelle le vaccin est efficace, soit trois semaines après la vaccination, n’est pas un alibi suffisant, une excuse
suffisante à ne pas se faire vacciner aujourd’hui ?
Pr Christian Rabaud :
Cette idée des trois semaines me paraît un peu longue, c'est-à-dire qu’en vaccination habituellement l’immunité apparaît plus rapidement
que çà. Et pour la majorité des patients dès le huitième ou le dixième jour après le vaccin, ils ont déjà développé des anticorps, une
immunité qui leur permet d’être protégés. L’idée des trois semaines venait d’autre chose, c'est-à-dire qu’on disait si on doit faire deux
doses de vaccins, il convient de maintenir un espace de trois semaines entre les deux doses mais çà ne présage pas du fait que la
première dose, qui probablement sera suffisante sur une grande partie des patients, puisse être efficace avant ces trois semaines.
Vaccination par les médecins généralistes
Déborah Findeis :
Alors concernant justement la méthode de vaccination de masse que pensez-vous de la perspective peut-être de voir les médecins
généralistes impliqués dans cette vaccination ?
Pr Christian Rabaud :
Alors, là il y a un grand débat autour de l’implication ou la non implication du médecin généraliste, il est vrai que quand le plan a été
conçu au départ l’idée était de faire face à plusieurs choses. D’une part à trouver le moyen le plus rentable, le plus efficient de vacciner et
pour çà il est plus simple de regrouper les patients en un même point avec une équipe qui vaccine et qui ne fait que çà, qui est plus
rodée à la vaccination, qui permet de faire un plus grand nombre de vaccination en un temps plus limité et puis l’idée était aussi que si, et
c’est ce qui commence un peu à arriver, la vaccination se fait en période épidémique, un certain nombre de médecin serait
potentiellement absent eux-même touchés par la maladie et les médecins restants risquaient d’avoir une activité très augmentée par le
nombre de patient qui viendrait les consulter. Donc l’idée au départ de protéger un petit peu à la fois les médecins généralistes d’une
suractivité du à la combinaison à la fois de la vaccination et des soins et d’une plus grande rentabilité des centres de vaccination, on
conduit à ces choix. Maintenant si la période est plus calme et permet aux médecins de faire les deux, çà semble tout à fait pouvoir être
envisagé et la ministre s’est prononcée sur ce sujet, la seule chose aussi, c’est qu’on est aujourd’hui avec des vaccins dit multi-dose.
Donc quand on ouvre un flacon de vaccin, il y a dix doses de vaccins dedans , si on fait une ou deux vaccinations dans la journée c’est
un petit peu dommage que les huit autres doses soient perdues puisqu’il est clair qu’on ne va pas les garder pour les réutiliser le
lendemain.
Vaccination des personnes isolées
Déborah Findeis :
Et qu’en est-il de la vaccination des personnes isolées ?
Pr Christian Rabaud :
Elle n’est pas mise en route pour l’instant mais dans le plan là encore, il est bien prévu dans un 1er temps de vacciner les soignants dans
les établissements de soins et les soignants libéraux.
Dans un second plan, de vacciner les personnes les plus à risque dans les centres de vaccination et aujourd’hui les centres sont ouverts
aux femmes enceintes, aux nourrissons de 6 à 23 mois avec facteurs de risques puisqu’on a les vaccins sans adjuvant et puis ouverts
aux autres personnes à risque grâce aux vaccins avec adjuvant, et puis il est prévu de mettre en place dans les départements, sous
l’autorité des préfets, des équipes mobiles qui vont pouvoir aller vacciner des personnes isolées tout comme il est prévu au niveau de
l’éducation nationale de vacciner dans les collèges et dans les lycées les enfants qui y seront à partir de demain 25 novembre, sous
réserve de l’accord des parents.
Vaccination des personnes ayant déjà contracté un syndrome grippal
Déborah Findeis :
Pour les patients soupçonnés d’avoir déjà contracté la grippe A, faut-il conseiller la vaccination.
Pr Christian Rabaud :
Le système jusque là a été fait de tel façon que l’on a peu de confirmations des grippes A chez les patients qui auraient pu en présenter
une, puisqu'on a toujours eu une attitude relativement parcimonieuse en terme de prélèvement. Donc il y a peu de gens chez qui on sait
qu’ils ont fait la grippe A et l’avis pour l’instant et que seuls ceux-là sont concernés par la « non-vaccination », tous ceux qui ont fait un
syndrome grippal, qui n’a pas été étiqueté, restent candidats à la vaccination, vaccination toujours « non obligatoire».
Pour plus d'informations
Déborah Findeis :
Pour plus d’informations, parce que vous nous disiez que vos standards téléphoniques et sans doute ceux des grands services
d’infectiologie, sont débordés d’appels de vos confrères qui ont plein de questions à poser, et c’est légitime. Quels sont les supports
d’informations vers lesquels on peut les orienter pour avoir une information un peu plus exhaustive et précise ?
Pr Christian Rabaud :
Dans le domaine de la vaccination, très clairement, je crois que les questions de bases de savoir « quels sont les vaccins ? », « où peut-
on les trouver ? », tout le monde commence a avoir des réponses, mais aujourd’hui se posent effectivement des questions assez
techniques qui sont : « Mon patient présente telle pathologie, nécessite-t-il avec ou sans adjuvant ?, une dose ?, deux doses ?, où ? ,
puisque tous les vaccins ne sont pas forcément disponibles partout en particulier pour les patients allergiques à l’œuf.
Alors un certains nombres d’éléments de réponses quant aux indications, « savoir quel vaccin pour quel patient », sont accessibles soit
sur le site du ministère : http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG/pdf/Copie_de_Dispositions_vaccinales_091028_A4-CTV_2_.pdf dans la
rubrique H1N1 vous trouvez une rubrique vaccination dans laquelle vous avez un PDF qui résume les indications dans un « 2 pages »
assez facile à garder en poche ou à afficher et qui vous résume vraiment les principales indications pour les patients VIH,
immunodéprimés, greffés, etc.
Si vous voulez plus de renseignements sur la vaccination, qui restent médicaux, vous avez sur le site
http://www.infectiologie.com/site/medias/alertes/grippe/Vaccin-H1N1-Federation_Francaise_Infectiologie.ppt#100 , 2 diaporamas, un qui
a été bâti par la fédération française d’infectiologie entièrement consacré à la vaccination avec une version longue et une version courte
sur lesquelles vous avez des planches spécifiques pour les cas particuliers en fin de diaporama. Et puis vous avez, par là, accessible,
mais aussi le site www.sante-gouv.fr un diaporama national plus officiel dans lequel une partie « vaccination » reprend les principaux
éléments mais est moins détaillé que celui de la fédération française d’infectiologie.
10.12 UVD 09 F 1865 IN - Novembre 2009
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !