Propositions subordonnées circonstancielles (Riegel) 2 III. Systèmes corrélatifs Il ne s’agit pas de compléments de phrase, et ils ne sont donc pas mobiles, ou très peu. Ce ne sont pas non plus des indépendantes ni des coordonnées. Deux cas sont possibles : - les deux propositions sont en état d’interdépendance, de sorte qu’on ne peut supprimer ni l’une ni l’autre séparément : système corrélatif - l’une des deux propositions n’est ni complément de phrase, ni complément de verbe, ni complément de nom : elle dépend d’un adverbe, qui est le corrélatif de la conjonction dans la principale, et on peut alors parler de système corrélatif dans un sens étendu. 3.1. Systèmes comparatifs La subordonnée circonstancielle entre en relation avec la principale pour formuler des comparaisons quantitatives ou qualitatives, ou des jugements de conformité. 3.1.1. Comparaison qualitative et conformité Construction intégrée : COMME Variantes : ainsi que / de même que. Subordonnées peu mobiles : postposition extrêmement fréquente, et toute autre place relève d’un choix stylistique marqué. Mettent en relation deux phrases, soit pour énoncer un rapport d’équivalence globale entre deux faits, soit pour rapprocher deux GN sur la base d’un prédicat commun (explicité ou non), avec dans ce cas une ellipse fréquente du prédicat commun [Elle est intelligente comme son frère] En cas d’ellipse, comme peut avoir le statut d’une préposition : Dans [jolie comme un cœur], considéré comme un syntagme (reprise pronominale possible), comme un cœur peut être dit expansion de l’adjectif jolie. Devant un adjectif attribut, comme peut être supprimé et est alors considéré comme un adverbe modifiant l’adjectif : [J’en suis resté comme abasourdi] Comme peut aussi exprimer une relation de conformité entre un cas particulier et le type dont il relève : [Il parle de la nature comme un poète] Proposition introduite par comme peut être thème (antéposé) ou propos (postposé, sauf si séparé du GV par une virgule, et extractible dans phrase clivée). L’identification peut apparaître comme un cas limite de la conformité, est exprimée par le même…que Constructions parallèles La comparaison globale peut aussi s’exprimer par la structure de même que ... de même ... (poésie épique), la conformité par tel ... tel ... (proverbes) [Tel père, tel fils]. 3.1.2. Comparaisons quantitatives Constructions intégrées La proposition comparative, introduite par que, dépend formellement d’un adverbe quantificateur (plus / moins / davantage / aussi, lié à un adjectif ou autant lié à un verbe), ou d’un déterminant complexe à valeur quantificatrice (plus de / moins de / autant de + nom ».) Constructions parallèles Chacune des deux propositions a son introducteur spécifique, et le système exprime soit l’équivalence quantitative (autant ... autant ...), soit la variation proportionnelle (plus ... plus ... / moins ... moins ... / plus ... moins ... / moins… plus…). 3.2. Systèmes consécutifs Les propositions consécutives expriment la conséquence pour justifier une évaluation marquant le degré élevé d’une qualité ou l’intensité d’un procès. Peu importe que la conséquence soit envisagée ou effective. Certaines propositions sont formellement dépendantes d’un élément de la principale : d’un adverbe : trop / assez (liés à des adjectifs ou verbes), si (lié à des adjectifs), tant / tellement (liés à des verbes), ou d’un déterminant : trop de / assez de / tant de / tellement de. La proposition consécutive elle-même, toujours postposée, est introduite par pour que (après trop / assez), suivi du subjonctif (ou pour + infinitif en cas de coréférentialité des sujets), ou par que, suivi de l’indicatif dans les autres cas. D’autres, introduites par au point que / de manière à ce que / de telle sorte que, n’ont pas de corrélatif dans la principale et sont toujours postposées. Elles sont au subjonctif (ou à l’infinitif en cas de coréférence des sujets) si la conséquence est seulement envisagée, et à l’indicatif si la conséquence est effective (dans ce cas, la subordonnée se distingue peu d’une coordonnée : l’indicatif est l’indice d’une assertion autonome). 3.3. Variantes des circonstancielles de situation ou de perspective A plusieurs types de subordonnées correspondent des constructions sémantiques équivalentes, mais de nature grammaticale sensiblement différentes. 3.3.1. Temporelles Il s’agit toujours de faits qui se succèdent rapidement [dès que / aussitôt que…] La première proposition est de type négatif (avec ne pas / ne pas encore / ne pas plutôt) ou d’orientation argumentative négative (à peine) Mais c’est en réalité l’expression d’une circonstance. La seconde proposition, introduite par que, contient le fait principal : c’est un cas de subordination inverse : [Il n’avait pas à nouveau fait trois pas qu’il fut de nouveau interpellé] 3.3.2. Causales Introduites par que, systématiquement postposées et annoncées par d’autant / d’autant plus dans la principale, ces propositions expriment une idée de proportionnalité appliquée à une cause : [Il est d’autant plus gêné qu’il a conscience d’être la cause de ses tourments]. Elles peuvent être séparées du contexte antérieur par une ponctuation forte : [Il est gêné, d’autant plus qu’il sait être la cause de ses tourments]. 3.3.3. Conditionnelles P1 (interrogative totale) = cause conditionnelle / P2 (introduite facultativement par que) = fait principal : [Les enfants étaient-ils un peu triste (qu’) aussitôt leur mère les consolait]. P1 (injonctive, mode impératif ou subjonctif) / P2 (commençant facultativement par et) : [Frappez, (et) l’on vous ouvrira.]. P1 (conditionnel) que P2 (conditionnel) : [Je le voudrais que je ne le pourrais pas] (valeur sémantique proche de même si). 3.3.4. Finales : P1 (impératif) / P2 (introduite par que, subjonctif) = but : [Lève la tête, que je puisse voir tes yeux].