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générale de l'Arabie, Faite par le Sultan Ismael Abulfeda, traduite en français sur les
meilleurs manuscrits : l'auteur y relate particulièrement sa vie parmi les Bédouins, leur mode
de vie et leurs coutumes. Il s'agit d'une première approche de ce qui deviendra le mythe de la
sagesse de l'arabe bédouin, cette fiction philosophique et morale qui contribuera à la
fascination qu'exerça plus tard l'Orient chez certains intellectuels des Lumières.
Ce mythe brilla spécialement au 19e siècle avec des écrivains comme Michaud et
Poujoulat : la Correspondance d’Orient (1833-1835) de Michaud et Poujoulat et le roman La
Bédouine (1835) de Poujoulat montre que la représentation des Arabes nomades peut être
multiple et ambivalente. Si Joseph Michaud hérite d’un savoir ancien, qui renvoie à une
conception négative du désert (espace d’horreur où errent les exclus et les bêtes sauvages)
largement issue de l’Ancien Testament, Joseph Poujoulat, son jeune collaborateur, qui
accomplit avec lui le traditionnel voyage en Orient en 1830-1831, tente de se détacher de cette
représentation en donnant une image idéalisée des Bédouins (vivant librement, selon des
mœurs pures et simples, ils seraient les descendants des anciens patriarches), image qui doit
beaucoup à un discours primitiviste issu notamment des écrits de Rousseau, et qui trouve des
relais dans la littérature viatique du 18e siècle comme le Voyage en Syrie et en Égypte (1787)
de Volney. Malgré ses dénégations, Poujoulat trahit un fort sentiment de séduction pour une
société nomade jugée manifestement supérieure à la « civilisation » occidentale et à laquelle il
donne voix à la fois par des dialogues avec un cheikh célébrant les vertus de l’hospitalité, et
par la traduction de chansons d’amour arabes témoignant de l’existence d’une véritable «
littérature du désert ». Avec La Bédouine, un roman mis à l’Index par Rome, Poujoulat
semble se libérer encore un peu plus de la tutelle à la fois auctoriale et religieuse de son
illustre aîné. Sans remettre fondamentalement en cause la religion chrétienne, il raconte
néanmoins l’histoire d’un amour passionné entre un voyageur français et une jeune Bédouine
– histoire certes sanctionnée par la mort des héros (concession au discours dominant de
l’époque ?), mais qui illustre la possibilité d’une rencontre interculturelle entre l’Orient et
l’Occident. Ce qu’on peut appeler le mythe bédouin, qui émerge à l’époque des Lumières, se
trouve ainsi à la fois perpétué et transformé dans la littérature de l’époque romantique,
laquelle contribue à faire connaître la grande épopée préislamique, le Divan du poète Antar,
dont Poujoulat, comme Lamartine à la même époque dans son Voyage en Orient, cite
d’ailleurs des extraits traduits.
Au 18e siècle, d’autres relations paraissent en France, outre celle de La Roque, mais
dans la plupart des cas, ces régions assez fermées sont l’objet de compilations, telle celle de