brable multitude d’espèces de tous les genres, de tous les ordres, de toutes les classes, et de tous les
règnes, que la surface entière du globe que nous habitons, nous offre partout avec une fécondité
inépuisable. Cette entreprise exclusive ne seroit propre qu'a rétrécir les vues de celui qui s’y livreroit
inconsidérément, qu’à étouffer son génie, et qu’à le priver de la satisfaction de concourir à donner à la
science l’impulsion et la véritable direction qu’elle doit avoir pour remplir son objet, c’est-à-dire, pour
être à-la-fois, et la voie qui conduit à la connoissance de la nature, et le flambeau qui éclaire utilement
l’homme sur tout ce qui peut servir à ses besoins.
Que penseriez-vous d’un homme qui, voulant bien connoitre la Géographie, s’obstineroit à se charger
la mémoire du nom de tous les hameaux, des villages, des coteaux, des monts, des torrens, des ruisseaux
et de tous les petits objets de détail qu’on peut rencontrer dans toutes les parties de la terre ; et qui
négligeroit, par suite des difficultés de son entreprise, de donner une attention principale à l’étendue des
parties découvertes du
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globe, aux divisions et aux situations respectives de ces parties, à leur climat, à l’avantage ou au
désavantage de leur position, à la nature et la direction des grandes chaînes de montagnes, des fleuves et
des grandes rivières qui s’y trouvent, etc., etc. ?
Par suite de l’impulsion qu’un grand nombre de Naturalistes modernes ont donnée à l’étude des
diverses branches de l’Histoire naturelle, et de laquelle il résulte que la plupart des Zoologistes s’épuisent
pour connoître toutes les espèces d’insectes, de vers, de coquilles, de serpens, d’oiseaux, etc. ; le
Botaniste à retenir dans sa mémoire, les caractères et les noms de toutes les espèces de mousses, de
fougères, de graminées, etc. ; enfin le Minéralogiste à déterminer, nommer et énumérer toutes les matières
et les combinaisons qu’il rencontre, ou que les opérations chimiques parviennent à produire ; objets qui
font du catalogue qui les rassemble ou les mentionne, un recueil immense et sans bornes, capable
d’accabler l’imagination de celui qui le considère ; je crains bien que la nature de ces efforts, en un mot
que cette marche bornée dans ses vues ne soit compa-[comparable]
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