Il faut constater que les différents éléments du système agissent et se développent en
fonction de leurs rapports mutuels.
L’étude la plus globale vise à recencer les possibilités articulatoires de toutes les
langues connues pour en dégager une théorie du fonctionnement de l’appareil
phonatoire et dresser une typologie des transformations par lesquelles passent les
évolutions. Mais elle peut se restreindre à un groupe de langues ou même, par abandon
de toute préoccupation comparative aussi bien qu’évolutive, se borner à établir le
système phonique d’une langue donnée à un moment donné de son histoire, et, s’en
tenir, à des fins éducatives, aux principes qui régissent la prononciation officielle de
cette langue dans le moment présent.
L’évolution phonétique est un processus fort long ; elle dure souvent plusieurs
siècles avant d’aboutir à un changement complet. La structure phonétique française, elle
subit quatre modifications de base.
C’est ainsi que l’évolution phonétique française présente, pour les consonnes,
deux périodes, celle de l’ancien français et celle du français moderne constitués au
moyen âge, tandis que pour les voyelles il y en a quatre : les diphtongues de l’ancien
français, les monophtongues du moyen français, les différences quantitatives et
qualitatives y compris le caractère phonologique de la nasalité en français moderne et
les oppositions qualitatives du français contemporain.
Depuis le début de la linguistique historique les changements phonétiques ont
été plus étudiés que tous les autres. Le travail fondamental a été d’établir le tableau
comparatif, son par son, des changements survenus à l’intérieur du groupe des langues
indo-européennes, puis du groupe des langues romanes. Chacun de ses changements
était présenté comme une « loi » dont on constatait l’application dans certaines limites
géographiques et chronologiques.
La phonétique théorique a pour but de mettre en valeur les caractéristiques
essentielles du système phonétique, de préciser la place qu’occupe chaque forme dans le
système étudié et si c’est possible de l’expliquer. Ainsi, par exemple, il ne suffit pas de
constater l’existence de la loi de position qui régit en partie le vocalisme français ;