D’autres groupes comme les Oiseaux et les Mammifères sont peu ou pas affectés et se diversifient ou poursuivent
leur diversification. Si les Oiseaux primitifs du Crétacé disparaissent, ils laissent la place libre aux formes
modernes en pleine radiation au Tertiaire. Quant aux Mammifères, les Placentaires débutent dès la fin du Crétacé
la radiation qui va accompagner le déclin des Marsupiaux.
Quelques réflexions à propos de la crise K.T
La gradualité des extinctions : Dinosaures, Ptérosaures et autres apparaissent décimés lors de la crise mais
leur déclin a commencé depuis longtemps. Bien avant la limite K.T, aucun genre nouveau de dinosaure ou de
ptérosaure n’apparaît en Europe et en Amérique du Nord … les extinctions ne sont plus compensées par la
radiation de sorte que les évènements de la limite K.T ne semblent que porter le coup de grâce. Quant aux
Mosasaures et Plésiosaures, mégaprédateurs de grande taille très spécialisés et exclusivement marins, ils ont
pu se révéler très sensibles aux modifications environnementales pesant sur les populations de leurs proies.
La brutalité des extinctions elle même doit être relativisée car 90% des sites initialement inventoriés présentent
une lacune sédimentaire à la limite K-T de sorte que la supposée brutalité peut n’être qu’une apparence liée au
manque de documents paléontologiques : la brutalité simultanée des extinctions n’est pas démontrée à
l’échelle mondiale.
La sélectivité des extinctions chez les animaux. Outre les reptiles Dinosaures, Mosasaures, Plésiosaures et
Ptérosaures dont l’extinction est totale, d’autres groupes sont très touchés :
* Sélaciens et Poissons marins (jusqu’à 90% d’extinctions),
* Ammonites et Bélemnites (leur extinction est totale mais, bien avant la limite K-T, ils sont déjà en déclin et le
nombre d’espèces commence à diminuer),
* Foraminifères planctoniques (raréfaction).
D’autres groupes sont peu ou pas affectés tels que Diatomées, Radiolaires, Foraminifères benthiques, certains
Céphalopodes (nautiles, seiches, calmars, poulpes), Ostracodes, Insectes, Amphibiens et Poissons d’eau
douce.
Tortues, crocodiles, serpents et lézards sont peu ou pas affectés or les crocodiles sont de bons indicateurs
climatiques puisqu’ils ne supportent pas les températures basses. Leur maintien au delà de la crise conduit à
exclure la seule hypothèse d’un refroidissement climatique global à la limite K-T.
Extinctions chez les végétaux ? Aucune décimation des producteurs primaires n’est décelée dans les archives
paléontologiques, ni en milieu marin (phytoplancton et benthos chlorophyllien) ni en milieu continental où les
Angiospermes poursuivent leur radiation entamée dès la base du Crétacé.
Ceci conduit à rejeter l’hypothèse d’une rupture des chaînes alimentaires par raréfaction des producteurs
primaires pour expliquer les extinctions de la limite K-T.
3) les causes de la crise
Un impact météoritique. Les arguments en faveur de l’impact de un ou de plusieurs corps extraterrestres
volumineux sont la présence d’iridium, de magnétites nickélifères et de quartz « choqués » dans des niveaux
argileux déposés à la limite K-T. L’iridium est un élément abondant dans le noyau et dans les météorites, les
magnétites nickélifères proviennent de la fusion des météorites pénétrant dans l’atmosphère et les quartz
« choqués » se forment dans des roches métamorphiques issues de chocs très intenses (les « impactites » se
forment à partir de 10 gigapascals). Le site de Chicxulub au Nord de la péninsule du Yucatan (Mexique) peut
correspondre à un tel point d’impact : il est au centre d’un cratère de 170 kilomètres de diamètre dont le bassin
concave montre, par sondage et sous le Tertiaire, une « brèche chaotique » couvrant une roche fondue. Ce
cratère aurait été creusé par une météorite de 10 kilomètres de diamètre. D’autres sites comparables datant de
la même époque sont connus en Russie ; la chute de plusieurs météorites à cette époque ne peut donc pas
être exclue.
Le volcanisme des trapps du Deccan et ses possibles conséquences climatiques. S’étalant sur la fin du
Maastrichtien, ces épanchements basaltiques durent environ 600 000 ans, atteignent 2500 mètres d’épaisseur
et couvrent à l’affleurement un territoire de la taille de la France. Localement, laves et cendres ont pu
exterminer toute trace de vie mais, à l’échelle du globe, les aérosols et gaz rejetés (CO2 et SO2) ont pu
également entraîner une brutale perturbation climatique.
Une régression marine. La régression du Maastrichtien moyen doit être reliée au ralentissement de
l’expansion océanique de la fin du Crétacé ; elle peut expliquer la raréfaction du benthos peu profond et la
résistance à la crise du benthos profond.
Un refroidissement du climat. Fin Crétacé, le gradient thermique latitudinal (établi grâce au rapport
isotopique de l’oxygène) devient favorable à l’installation d’une calotte glaciaire. Ceci peut expliquer l’intensité
des extinctions enregistrée dans la zone intertropicale.
Les faits paléontologiques indiquent qu’ un changement climatique ne peut pas
expliquer à lui seul la crise K-T ; il faut donc admettre que les diverses causes invoquées
ont cumulés leurs effets sur une courte période à l’échelle des temps géologiques.