Secrétariat des cours C I Qu’est-ce que la philosophie ? A Pourquoi faire de la philosophie ? La question a-t-elle une réponse satisfaisante C’est une question légitime, cela veut dire qu’il est compréhensible, logique que l’on se la pose, puisque la philosophie visiblement ne sert pas à vivre ni à survivre, ni à s’organiser avec les autres. Tous les hommes, et dans un cadre plus général, toutes les sociétés s’interrogent sur leur devenir, leurs croyances et leurs actions, elles réfléchissent sur le sens de leurs existence, en un mot elles philosophent ; B La philosophie a trois particularités a Elle traite de problèmes généraux (243) C’est-à-dire de problèmes qui concernent les hommes en général, mais pas toujours, chacun de nous en particulier, et qui parfois même ne nous intéressent pas du tout parce qu’ils sont trop généraux et très éloignés de nos préoccupations :Exemple de difficultés que la philosophie rencontre : Autre problème général, celui de la mort à laquelle tout homme est condamné, qui nous concerne tous parce que nous sommes perturbés, dérangés par le fait de notre finitude. b Elle traite d’idées très abstraites. (256) C’est-à-dire d’idées difficiles à comprendre parce que l’on ne voit pas concrètement à quoi elles s’appliquent. Les idées dont traite la philosophie sont très éloignées de notre réalité. La philosophie par exemple s’intéresse à l’idée de beau, à celle de juste, ce sont des idées abstraites parce qu’elles ne s’appliquent pas à des cas particuliers concrets, mais restent très générales, voire universelles . Qu’est-ce que le beau, comment le définir sans le remplacer par cela me plaît, ou je trouve cela beau, et quand je trouve cela beau, que veut dire le mot que j’applique à tel objet ? Ce sont des idées auxquelles nous ne sommes pas habitués à réfléchir, bien que l’on utilise les mots qui en parlent.. c Ce n’est pas une science exacte On appelle science exacte, une science qui à partir de l’expérimentation et des calculs peut faire la preuve de ce qu’elle avance et donc peut prévoir ce qui va se produire, à partir des lois générales qu’elle aura élaboré. Les sciences fournissent des réponses certaines, parfois définitives. (attention à part en mathématique, science exacte, les autres sciences nous fournissent des connaissances, certaines ce jour là, mais pas définitives, elles peuvent être invalidés par les nouvelles découvertes. Exemple : grâce aux lois de Newton sur la gravitation universelle, nous comprenons pourquoi tout corps lâché sans obstacle pour le retenir tombe. La philosophie réfléchit à des problèmes pour lesquels il n’y a pas de réponse définitive, des questions qui concernent chacun de nous et le sens qu’il veut donner à sa vie. Par exemple, l’avortement, la loi maintenant existe et le rend possible mais cela ne résout pas le problème devant lequel se trouve toute personne qui se trouvant enceinte, ou son amie se trouvant enceinte, que faire, quel sens vais-je donner à mon existence dès aujourd’hui et demain. Personne ne peut répondre pour vous, la philosophie non plus, mais c’est un problème d’ordre philosophique devant lequel on se trouve. A la fin de ce chapitre nous avons déjà rencontré des termes que nous appelons des concepts et dont la connaissance est indispensable pour mettre en évidence un problème. Nous avons rencontré, général, particulier, abstrait et concret son opposé.. Repérer avec quels autres concepts on peut rapprocher ou opposer ces concepts. Travailler les distinctions qui s’imposent. II Qu’allons-nous faire 1 Le programme de philosophie On pourrait presque le réduire à ne parler que de l’homme, de son rapport au monde, de son activité, de ses inquiétudes. On pourrait aussi se demander qu’est-ce que l’homme ? De quel bois, de quelle nature est fait ce drôle de vivant qui construit son monde au lieu de le prendre tel qu’il est, qui cherche à connaître pour comprendre, qui veut l’embellir, qui cherche à l’organiser, qui en imagine un autre etc. A La culture L’art et la technique Les échanges Nous appartenons à une espèce naturelle comme les autres animaux, mais nous ne sommes pas des êtres naturels comme les autres animaux. Nous disposons d’outils non naturels que nous avons inventé grâce à nos facultés de raison et de langage. Ces facultés, il faut les développer, car si elles restent à l’état naturel, elles ne seront que des facultés non employées, on dit en philosophie qu’elles seront des facultés en puissance, et qu’il faut leur permettre de se réaliser en acte, de devenir effective. En créant des artifices (outils, vêtements, logis-, nous utilisons des moyens que nous adaptons à nos besoins,. Nous inventons des outils de plus en plus perfectionnés qui nécessitent des échanges avec d’autres hommes et une transformation des rapports sociaux et politiques. On passe d’un état naturel dans lequel les hommes ne restent pas à un état de culture, de civilisation qui permet l’épanouissement de nos facultés intellectuelles et morales. La raison dont l’homme est doué, c’est une faculté qui l’amène à poser des questions, à chercher à connaître pour comprendre, à donner du sens à ce qui est, elle cherche la vérité et ce sera le deuxième grand domaine de notre réflexion de l’année. B La vérité La raison et la croyance L’expérience Cela concerne le domaine de la connaissance, les hommes doués de raison, dotés de cette faculté cherchent à comprendre le monde dans lequel ils vivent, ils cherchent des explications, ils veulent connaître la vérité. Par exemple, la pharmacopée s’est développée parce que les hommes ont découvert, parfois par hasard, les vertus thérapeutiques de certaines plantes. A partir de là ils en ont étudié d’autres et petit à petit ont trouvé un grand nombre de remèdes à des maladies parfois graves. Grâce à leur raison, les hommes jugent, évaluent, comparent, imaginent, espèrent. Toutes ces activités de l’esprit les conduisent à douter et à rechercher la vérité. Les croyances des hommes sont souvent liées à leurs interrogations sur la vie et la mort, en voulant donner un sens à leur existence, ils imaginent ou créent un monde au-delà du monde réel, un monde où se retrouvent les morts, un monde où l’on rend des comptes des actions vécues dans ce monde là. C La liberté La justice et la loi Le bonheur. Les hommes désirent tous être heureux, or pour cela il leur faut se sentir libres, il leur faut vivre dans une société relativement juste et dont les lois sont relativement comprises. Les hommes imaginent une vie améliorée, plus confortable, plus juste. C’est la raison pour laquelle les sociétés humaines se développent et progressent. Les hommes recherchent collectivement et individuellement le bonheur, c’est-à-dire qu’ils désirent ce qu’ils pensent être le meilleur pour eux-mêmes. Or ce bonheur dépend de beaucoup de choses, et notamment de facteurs qui dépassent chacun d’entre nous. Par exemple, on ne peut être heureux dans une société totalement injuste et inégalitaire. On ne peut être heureux si les libertés fondamentales ne sont pas respectées. Nous verrons aussi que le bonheur comme la liberté n’est jamais absolu, mais qu’ils sont toujours relatifs, c’est-à-dire qu’ils dépendent toujours de quelque chose. Distinction à faire à l’issue de ce premier cours Absolu et relatif (page 257 du manuel Magnard). Absolu, ce qui est parfait, complet, total, ce qui ne dépend de rien pour être parfait. Par exemple, une liberté absolue, est une liberté que rien ne vient empêchée, qui est parfaite, totale, qui ne dépend que du sujet libre. (cela n’existe sans doute pasLe bonheur absolu, c’est le bonheur dont jouit celui à qui rien ne manque, qui ne souffre d’aucune gêne, qui n’attend rien de plus pour être heureux. Cela non plus n’existe sans doute pas, bien que dans des moments d’intense bonheur on puisse dire que notre bonheur est absolu. L’être pour lequel on peut parler d’Absolu, c’est Dieu pour la pensée religieuse. En effet on dit de Dieu qu’il est parfait, qu’il ne dépend que de lui-même. En opposition est relatif tout ce qui dépend d’autre chose, qui n’est pas parfait ni complet ni total. Par exemple, toute liberté est relative dans la mesure où elle dépend des autres et pas seulement de moi-même. Mon bonheur dépend aussi de facteurs sociaux, affectifs, et souvent même de personnes particulières. Attention à l’emploi parfois absusif de l’expression « tout est relatif » qui ne veut plus rien dire, et surtout ne permet pas de réfléchir si on l’emploi pour clore une discussion. Premier texte à travailler comme l’exercice du bac Texte de Descartes en DLA au rétroprojecteur J’aurai voulu premièrement y expliquer ce que c’est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont : que ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et que par sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts. […] J’aurai ensuite fait considérer l’utilité de cette philosophie, et montré que, puisqu’elle s’étend à tout ce que l’esprit humain peut savoir, on doit croire que c’est elle seule qui nous distingue des plus sauvages et barbares, et que chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse être en un Etat que d’avoir de vrais philosophes. Et outre cela que, pour chaque homme en particulier, il n’est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s’appliquent à cette étude, mais qu’il est incomparablement meilleur de s’y appliquer soi-même ; comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d’un autre ; mais ce dernier est encore meilleur que de les tenir fermés et n’avoir que soi pour se conduire. C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher. René Descartes 1591 - 1650 Principes de la philosophie 1644: Première partie du texte Il explique ce qu’est la philosophie en précisant d’abord sur ce qu’elle n’est pas : ce n’est pas sagesse dans le sens de prudence, puis il avance en disant que c’est une parfaite connaissance, qui va servir à savoir comment se tenir dans l’existence, être en bonne santé et inventer des techniques. Dans la seconde partie, il veut montrer l’intérêt de la philosophie pour nous distinguer des sauvages et des barbares. Il ajoute que c’est le plus grand bien d’avoir des gens qui philosophent. Troisième partie Il montre l’intérêt de la philosophie maintenant pour chaque homme en particulier : il vaut mieux faire soi-même de la philosophie que laisser les autres le faire à sa place. Il utilise la métaphore de l’aveugle. La dernière phrase est une conclusion par laquelle il montre que celui qui vit sans philosopher ne peut pas jouir (profiter) de toutes les connaissances et réflexions qui viendraient soit des autres, soit de lui-même. Sa thèse, c’est-à-dire l’idée qu’il a voulu défendre et argumenter dans ce texte, c’est la nécessité pour tout un chacun de philosopher pour ne pas mener sa vie en « aveugle ».