communiqué de presse national i paris i 16 avril 2007 - CNRS

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE NATIONAL I PARIS I xx DECEMBRE 2011
La schizophrénie est une maladie mentale qui affecte profondément les interactions
sociales. Des études récentes ont montré que les personnes atteintes ont du mal à
attribuer des intentions à autrui. L’une des causes de cette difficulté vient d’être révélée
par des chercheurs du Centre de recherches cerveau et cognition (CNRS/Université
Toulouse 3 Paul Sabatier) et du Centre de neuroscience cognitive de Lyon
(CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)
1
. Ils ont montré que les patients schizophrènes
utilisent de façon inappropriée leur expérience passée pour comprendre les intentions des
autres. Ces résultats, publiés dans la version en ligne de la revue Brain, pourraient
permettre de créer de nouvelles stratégies en thérapie cognitive.
Lorsque quelqu’un se lève de son siège dans le métro, il peut vouloir sortir au prochain arrêt ou bien vous
céder sa place. Reconnaître les intentions d’autrui est une habileté fondamentale pour vivre en
communauté. Dans un précédent papier, la même équipe proposait un nouveau paradigme expliquant
comment nous y parvenons. Cette capacité proviendrait de deux types d’informations. L’information
visuelle tout d’abord, qui provient de l’observation des mouvements d’autrui. Mais nous avons aussi besoin
d’informations à priori issues de nos connaissances et expériences passées et emmagasinées par notre
cerveau. Difficile sans cela d’interpréter l’information sensorielle qui souvent nous arrive de façon
parcellaire.
Les chercheurs ont fait l‘hypothèse que ces deux types d’informations sont mal utilisés chez les patients
schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d’autrui. Pour cela,
ils l’ont testée sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d’intérêt,
retrait social), positifs (hallucinations, délires), ou de sorganisation (discours incohérent, phénomène du
« coq à l'âne »). Les patients visionnaient d’abord plusieurs vidéos montrant des acteurs manipulant des
objets avec différentes intentions. Certaines d’entre elles étaient présentées plus fréquemment afin de
manipuler l’information à priori. Ensuite, les patients visionnaient à nouveau les séquences, mais cette fois-
ci tronquées. Les chercheurs contrôlaient ainsi la quantité d’information visuelle mise à la disposition des
patients. Ces derniers devaient alors deviner les intentions des acteurs.
Les chercheurs ont ainsi découvert que les patients schizophrènes présentent une mauvaise utilisation des
informations à priori. Les patients aux symptômes négatifs sous-utilisent ces données issues de
1
En collaboration avec l'Institut Jean-Nicod (CNRS/EHESS/ENS, Paris), le Centre Hospitalier le Vinatier à Lyon et la
Faculté de Médecine de Rangueil à Toulouse.
Schizophrénie : lorsque l’expérience acquise ne sert
pas les interactions sociales
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l’expérience, comme s’ils n’avaient aucune expectative sur les intentions d’autrui. À l’inverse, ceux
présentant des symptômes positifs ou désorganisés sur-utilisent les informations à priori au détriment de
l’information visuelle. Ce que perçoivent leurs sens ne semble pas remettre en cause leurs convictions ou
croyances. Dans tous les cas, un déséquilibre dans l’interaction entre l’information visuelle et l’information
à priori conduit à des erreurs d’interprétation sur les intentions d’autrui.
Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient
d’améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions
d’autrui, symptôme sur lequel les traitements pharmacologiques n’agissent pas. De plus, ce paradigme
pourrait aussi être valable pour l’autisme, maladie ayant de fortes similarités avec les symptômes négatifs
de la schizophrénie.
Bibliographie
Chambon V, Pacherie E, Barbalat G, Jacquet P, Franck N, and Farrer C. Mentalizing Under Influence:
Abnormal Dependence on Prior Expectations in Patients with Schizophrenia. Brain, en ligne le 28
novembre 2011.
Contacts
Chercheur CNRS l Chloé Farrer l T 05 81 18 49 44 l chloe.farrer@cerco.ups-tlse.fr
Presse CNRS l Muriel Ilous l T 01 44 96 43 09 l muriel.ilous@cnrs-dir.fr
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