c, qui sont donc des unités minimales ( des phonèmes, unités phonologiques ayant
une valeur distinctive). Par ce moyen, on veut établir un inventaire des unités
distinctives de la langue, en les répartissant selon leurs niveaux. Le concept de
« chaîne parlée » a l’inconvénient de donner l’impression que les éléments de la
langue sont tous sur le même plan, alors qu’en réalité la langue se présente comme
une hiérarchie de constituants situés à des niveaux d’analyse différents. A. Martinet
(Eléments de linguistique générale) distingue des unités de la première articulation du
langage, les monèmes, qui sont des unités biplanes ( signes linguistiques minimaux)
et les unités de la deuxième articulation, les phonèmes (unités appartenant au plan
phonique, dépourvues de sens mais ayant une valeur distinctive, comme p et b).
L’analyse distributionnelle, méthode apparue vers 1930 aux USA, sous
l’impulsion de L. Bloomfield, visait à établir les classes distributionnelles, formées
d’éléments qui peuvent apparaître dans les mèmes environnements syntaxiques.
L’analyse distributionnelle vise précisément à définir les unités linguistiques par les
restrictions combinatoires. Sur cette base, on peut dégager des classes d’éléments. Par
exemple, on s’est aperçu que cheval, père, fauteuil, salon,etc. sont commutables
(peuvent se substituer les uns aux autres) dans un grand nombre de contextes. On les
a regroupés dans la même classe paradigmatique, la classe des noms. . De même,
dans un contexte comme # _ petit panier est posé sur la table # (le signe – représente
la classe d’éléments dont on veut établir la distribution) on peut faire commuter le,
mon, ce, chaque, etc., qui constituent la classe distributionnelle dite la classe des
déterminants. Ces classes ne sont pas définies en fonction de la signification des
éléments qui les composent, mais sur le critère formel des possibilités
distributionnelles communes1.
. Pour ce qui est des relations distributionnelles entre deux unités de la langue,
plusieurs cas sont à considérer :
- si deux unités ont les mèmes contextes, c’est-à-dire qu’elles peuvent commuter
partout l’une avec l’autre, on dit qu’elles ont la même distribution et font partie de
la même classe distributionnelle. Les unités linguistiques qui apparaissent dans les
mêmes environnements sont en distribution contrastive.
- si deux unités n’ont aucun contexte commun, elles sont en distribution
complémentaire. C’est le cas de la classe du déterminant et du nom, qui figurent
nécessairement l’un à la suite de l’autre, et non à la même place dans la chaîne
parlée.
- deux unités peuvent avoir des distributions en intersection (les deux unités
figurent dans des contextes communs mais il existe des environnements où seul
un des deux peut apparaître) ou des distributions incluses (une des deux unités
figure dans tous les contextes où peut figurer l’autre unité, mais elle a aussi
encore d’autres contextes qui lui sont spécifiques). Par exemple, la distribution de
grièvement est incluse dans celle de gravement, car on peut dire :Il est gravement
(ou grièvement) blessé, mais uniquement Il est gravement malade.
1On appelle distribution la somme de tous les environnements dans lesquels peut figurer un élément
de la langue. Par environnement ou contexte on comprend les éléments de la langue qui peuvent
figurer avec un élément donné, qui lui sont contigus