L’une de ces images est celle du personnage traditionnel de la mère de famille. En
publicité, elle vente les mérites des produits d’entretien, des aliments, des appareils
ménagers… Il est cependant vrai que les publicitaires s’évertuent depuis peu à euphémiser
les relations domestiques, en mettant en scène des maris modèles, les mains dans la
vaisselle, ou inquiets de la qualité des couches culottes.
Et quand la femme est représentée en situation professionnelle, elle est soit en relation de
subordination hiérarchique, soit un simple prétexte esthétique. Alibi qui atteint son
paroxysme dans l’irréel de situations où une jeune femme « sexy » préside un conseil
d’administration du haut de ses vingt ans.
Tout concourt, de façon manifeste ou subreptice, à présenter, dans le message verbal
publicitaire ou fictionnel, ou dans le non-dit qui l’accompagne, la femme comme le
personnage incarnant « naturellement » les qualités de beauté, séduction, charme,
élégance… C’est l’image de la femme érotisée : mieux que quiconque, elle est attendue
exprimer ces vertus en toutes occasions.
Et l’éventuelle nudité de son corps à une fonction symbolique précise. Elle est le gage de sa
féminité, de sa finesse, de sa douceur : elle fait coïncider l’image de la femme à celle de la
nature et de la pureté et constitue à ce titre un argument efficace de vente ou
d’attachement affectif ou esthétique. Dans d’autres cas, la nudité féminine est
sexuellement exploitée (dans les fictions, par exemple) : l’érotisme poussé propose une
nudité faite pour attacher le regard.
Ainsi, en règle générale, l’image médiatisée de la femme corrobore les principaux
rôles observés dans cette forme de réalité que l’on semble lui destiner en propre.
Plus encore, elle les accentue, comme pour renforcer le préjugé devenu vérité qu’il existe
des univers bien spécifiques aux hommes et aux femmes, et qu’en conséquence chacun
doit rester à sa place, pour le bien de tous.
« Le social se superpose au naturel », mieux il s’y confond en l’intériorisant ! Les
différences sociales les plus voyantes entre les sexes puisent en partie leur fondement dans
les caractéristiques biologiques de chacun d’eux. La fécondité des femmes, leur moindre
force physique…, constituent autant d’ « alibis de la nature » pour légitimer les
représentations et les attitudes qui leur sont généralement assignées. Les images et les
fonctions sociales dévolues aux femmes s’enracinent si profondément dans leurs propriétés
innées ou supposées telles, qu’elles s’imposent au bout du compte dans les esprits comme
allant de soi, avec l’évidence du naturel. La division sociale entre les hommes et les
femmes est d’autant plus efficace que la définition sociale des sexes s’appuie sur l’héritage
d’une éducation, voire d’une inculcation dès la naissance de leur assignation respective à
des places différentes dans la société.
C’est cette socialisation, c’est à dire cette façon qu’on les individus d’intérioriser dans leurs
conduites et leurs opinions les modèles d’attribution des rôles masculins et féminins, qui
rend en somme le social plus vrai que nature, l’identité sociale des hommes et des femmes
plus prégnante que leur identité biologique.
En apportant au regard cette situation contrastée de la femme, nous avons voulu
mettre en évidence l’efficience culturelle des médias qui se font mode spécifique de
communication et non d’expression, véhiculant les lieux conventionnels de la reproduction
des différences de sexes.
« Et les blondes dans tout ça ? », me direz-vous…eh bien je vous
répondrai que les mythes, les fantasmes, les images, les stéréotypes… qui les