éternelle, la Justice éternelle et la Vie éternelle elle-même à laquelle, nous enseigne saint Maxime le
Confesseur, nous goûtons par avance lors de la Liturgie de l’Église du Christ.
La fête de Noël a divisé toute l’histoire humaine en deux parties : l’attente et le salut. L’attente
biblique du Messie – le Sauveur – a commencé lors de la promesse faite à Adam et Ève, puis encore
plus concrètement à notre ancêtre le patriarche Abraham à qui Dieu avait promis que ce serait dans sa
descendance que seraient bénis tous les peuples, ce qui s’est réalisé précisément lors de la Naissance du
Dieu-homme Jésus-Christ. Le grand mystère de la Nativité du Messie a été mis en exergue par
quasiment tous les prophètes vétérotestamentaires. Aussi, en considérant l’Ancien Testament avec les
yeux du saint apôtre Paul, nous pouvons redire avec lui qu’Il a servi de «pédagogue jusqu’au Christ»
(Ga 3,24), un pédagogue qui a, avant le Christ, guidé toutes les âmes aimant Dieu vers la grotte de
Bethléem.
Par ailleurs, les trois sages venus d’Orient, que l’étoile bienheureuse de Bethléem a guidés vers le lieu
où est né le Christ, symbolisent, selon les Pères de l’Église, l’ensemble du monde qui ignorait Dieu et
dont «la philosophie, selon une tradition toute humaine» (Col 2,8) ne pouvait percer le mystère si
profond de l’Incarnation. Aux uns et aux autres, l’ange céleste, lors de la Naissance du Christ, révèle le
grand mystère du salut du monde en annonçant aux bergers de Bethléem, et à travers eux à nous tous:
«Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple:
aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David» (Lc 2,10-11).
Depuis cette annonce aux bergers de Bethléem et jusqu’à nos jours, la Nativité du Christ est restée la
fête de la joie du ciel et de la terre, à laquelle participent les anges et les saints, mais aussi toute âme
aimant Dieu et qu’illumine la lumière de Bethléem. À l’instar des trois sages d’Orient venus s’incliner
devant le Dieu-enfant Jésus-Christ, nous sommes nous aussi appelés à nous incliner devant Lui et à
apporter des offrandes au Roi céleste nouveau-né.
Toutes les bonnes actions que nous avons pu accomplir cette année ne constituent-elles pas notre plus
belle offrande au Dieu-enfant? Si nous avons donné à manger à celui qui avait faim, si nous avons
donné à boire à celui qui avait soif, si nous avons rendu visite à un malade, n’avons-nous pas de ce fait
apporté une offrande à Dieu? Si nous avons célébré Dieu par notre mode de vie, en vivant d’une façon
sainte et agréable à Dieu, n’avons-nous pas ainsi fait une offrande à Dieu? Si nous avons aimé l’Église
de Dieu et avons contribué avec ferveur à embellir la Maison du Seigneur, n’avons-nous pas ainsi fait
une offrande agréable à Dieu? Si, voyant nos frères souffrir, nous avons cherché à les consoler par nos
actes, n’avons-nous pas ainsi fait du bien au Christ Lui-même (Mt 10,42)?
Avec Son amour infini, le Dieu-enfant Christ attend de recevoir de telles offrandes de nous, les
hommes. C’est pourquoi Noël est la fête à l’occasion de laquelle nous devons vérifier notre foi et tout
ce que, comme créatures de Dieu et fils et filles de Dieu, nous sommes tenus de faire, comme le disait
souvent notre patriarche Paul de bienheureuse mémoire.
En cette fête de Noël, nous sommes pleins de tristesse, car le patriarche Paul est décédé, et a été
transporté de la terre au ciel. Nous croyons profondément que, dans la liberté qui lui est donnée par
Dieu, il continuera «avec tous les saints issus de notre peuple» à prier pour notre Église et notre peuple,
aux côtés de saint Sava, de saint Syméon le Myroblite et de tous nos saints ancêtres.
De nouveau, lors de cette fête de Noël, nous nous souvenons de tous les malheureux, de tous ceux qui
souffrent, de tous les persécutés et de tous ceux qui ont été victimes d’injustices; nous souhaitons leur
apporter du réconfort en leur disant: Christ est né! Réjouissez-vous car voici le Seigneur qui «essuiera
toute larme de vos yeux» (Ap 21,4). Par Sa Naissance sur la terre, le Christ a fait que toute la vie
humaine, de la conception jusqu’à la mort et la résurrection, est devenue sainte.
C’est pourquoi Noël nous met en garde de ne pas lever la main sur les fruits de nos entrailles, mais de
mener une vie conforme au commandement de Dieu: «Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre»
(Gn 1,28). Le respect de cette recommandation de Dieu ferait cesser les pleurs de Rachel sur notre
peuple et nos enfants «qui ne sont plus» (Mt 2,18); alors refleurirait la vie dont l’éclat inextinguible a
commencé à briller dans la grotte de Bethléem.