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MESSAGE DE NOËL 2009
du Métropolite Amfilohije, locum tenens patriarcal,
et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes
LA PAIX DE DIEU-CHRIST EST NÉ!
Nous voici cette année encore, chers enfants spirituels, devant le berceau du Dieu-enfant Jésus-Christ!
Le grand mystère de la naissance de Dieu le Verbe a eu lieu dans une modeste grotte de Bethléem, qui
est devenue, à cet instant même et pour toujours, le centre du monde, le lieu de la gloire divine et la
source de consolation de toutes les âmes en quête de Dieu à travers l’histoire du genre humain.
Un grand Père de l’Église, saint Jean Chrysostome, a dit à propos de la fête de Noël : «Frères,
respectez les jours de fête, et en particulier le jour de la Nativité du Christ, car celui qui considérera
cette fête comme la mère de toutes les fêtes, celui-là ne commettra pas de péché...» De la fête de la
Nativité du Christ sont issues toutes les tes, tels les fleuves de leur source. Pour le saint à la bouche
d’or, la Naissance du Christ correspond à une recréation du monde, et l’Incarnation du Dieu Logos est
la pierre angulaire de tout.
Un autre grand Père de l’Église, saint Grégoire le Théologien, commence son homélie de Noël par
une doxologie, une invocation à la gloire de Dieu: «Le Christ est né, glorifiez-Le! Le Christ est
descendu des cieux, allez à Sa rencontre; le Christ est sur terre, clamez votre joie ! Que toute la terre
chante le Seigneur!»
Puis il continue d’annoncer la Bonne Nouvelle: «Le peuple qui était dans les ténèbres de l’ignorance
va voir la grande lumière de la connaissance de Dieu. Le passé est révolu, voici que tout devient
nouveau! La lettre a cédé la place à l’esprit: celui-ci triomphe; les ombres se dissipent, la rité
émerge.»
Selon les récits des saints Évangélistes, le Seigneur Jésus-Christ est à l’époque de l’empereur
romain Auguste à Bethléem en Judée, ville du prophète et roi David dont la descendance devait, selon
les prophètes de l’Ancien Testament, donner le Messie promis par Dieu, le Sauveur du monde.
Saint Grégoire Palamas, théologien de la lumière de Bethléem et du Thabor, a révélé dans son
homélie de Noël la signification profonde de la venue du Messie : «Avec l’Incarnation et la naissance
du Christ le Messie , le monde a reçu le don de la joie universelle et de la paix. Écoutez jusqu’au
bout le chant des messagers de la Bonne Nouvelle et vous entendrez : “Gloire à Dieu au plus haut des
cieux et paix sur la terre, bienveillance parmi les hommes” (Lc 2,14) ; car Dieu S’est incarné afin
d’apporter Sa paix au monde et le réconcilier avec le Père Très Haut.» La paix du Christ ne se confond
pas avec la paix de ce monde.
Saint Grégoire Palamas place la paix de Noël «sous l’esprit de filiation, car ceux qui adhérent de toute
leur foi à cette paix deviennent “héritiers de Dieu et co-héritiers du Christ” (Rm 8,17)». C’est pourquoi,
ajoute saint Grégoire Palamas, «ne vivent dans l’esprit de Noël que ceux qui vivent dans l’amour les
uns avec les autres, et cela, conformément aux paroles du saint apôtre Paul, «en se supportant les uns
les autres et se pardonnant les uns les autres... comme le Christ nous a pardonné».
Le Dieu lointain et très-haut, qui avait parlé à Moïse sur le mont Sinaï (2 Ex 3,5) a, avec la Nativité
du Christ, incliné les cieux et est devenu «Emmanuel, ce qui se traduit par “Dieu avec nous”» (Mt
1,23), sans rien perdre de Sa divinité. C’est ce que nous confirme saint Jean Damascène, en parlant
ainsi de la Nativité du Christ: «C’est pourquoi nous ne disons pas de Lui qu’Il est un homme qui S’est
divinisé, mais que c’est Dieu qui est devenu homme; étant par nature Dieu parfait, Il est devenu aussi
homme parfait, sans changer Sa nature propre ni Son Économie divine.»
Le Père Justin Popovitch dit que «le jour de Noël, Dieu, dans Son amour infini, est entré dans
l’histoire; par la grâce du Saint-Esprit, Il a été enfanté par la Très Sainte et Très Pure Mère de Dieu et
est devenu réellement homme». Ainsi, dans cet enfant nouveau-né, le Dieu-enfant Jésus-Christ, Dieu
nous a accordé en abondance les dons du Royaume céleste, nous apportant Lui-même la Vérité
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éternelle, la Justice éternelle et la Vie éternelle elle-même à laquelle, nous enseigne saint Maxime le
Confesseur, nous goûtons par avance lors de la Liturgie de l’Église du Christ.
La fête de Noël a divisé toute l’histoire humaine en deux parties : l’attente et le salut. L’attente
biblique du Messie le Sauveur a commencé lors de la promesse faite à Adam et Ève, puis encore
plus concrètement à notre ancêtre le patriarche Abraham à qui Dieu avait promis que ce serait dans sa
descendance que seraient bénis tous les peuples, ce qui s’est réalisé précisément lors de la Naissance du
Dieu-homme Jésus-Christ. Le grand mystère de la Nativité du Messie a été mis en exergue par
quasiment tous les prophètes vétérotestamentaires. Aussi, en considérant l’Ancien Testament avec les
yeux du saint apôtre Paul, nous pouvons redire avec lui qu’Il a servi de «pédagogue jusqu’au Christ»
(Ga 3,24), un pédagogue qui a, avant le Christ, guidé toutes les âmes aimant Dieu vers la grotte de
Bethléem.
Par ailleurs, les trois sages venus d’Orient, que l’étoile bienheureuse de Bethléem a guidés vers le lieu
est le Christ, symbolisent, selon les Pères de l’Église, l’ensemble du monde qui ignorait Dieu et
dont «la philosophie, selon une tradition toute humaine» (Col 2,8) ne pouvait percer le mystère si
profond de l’Incarnation. Aux uns et aux autres, l’ange céleste, lors de la Naissance du Christ, révèle le
grand mystère du salut du monde en annonçant aux bergers de Bethléem, et à travers eux à nous tous:
«Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple:
aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David» (Lc 2,10-11).
Depuis cette annonce aux bergers de Bethléem et jusqu’à nos jours, la Nativité du Christ est restée la
fête de la joie du ciel et de la terre, à laquelle participent les anges et les saints, mais aussi toute âme
aimant Dieu et qu’illumine la lumière de Bethléem. À l’instar des trois sages d’Orient venus s’incliner
devant le Dieu-enfant Jésus-Christ, nous sommes nous aussi appelés à nous incliner devant Lui et à
apporter des offrandes au Roi céleste nouveau-né.
Toutes les bonnes actions que nous avons pu accomplir cette année ne constituent-elles pas notre plus
belle offrande au Dieu-enfant? Si nous avons donné à manger à celui qui avait faim, si nous avons
donné à boire à celui qui avait soif, si nous avons rendu visite à un malade, n’avons-nous pas de ce fait
apporté une offrande à Dieu? Si nous avons célébré Dieu par notre mode de vie, en vivant d’une façon
sainte et agréable à Dieu, n’avons-nous pas ainsi fait une offrande à Dieu? Si nous avons aimé l’Église
de Dieu et avons contribué avec ferveur à embellir la Maison du Seigneur, n’avons-nous pas ainsi fait
une offrande agréable à Dieu? Si, voyant nos frères souffrir, nous avons cherché à les consoler par nos
actes, n’avons-nous pas ainsi fait du bien au Christ Lui-même (Mt 10,42)?
Avec Son amour infini, le Dieu-enfant Christ attend de recevoir de telles offrandes de nous, les
hommes. C’est pourquoi Noël est la fête à l’occasion de laquelle nous devons vérifier notre foi et tout
ce que, comme créatures de Dieu et fils et filles de Dieu, nous sommes tenus de faire, comme le disait
souvent notre patriarche Paul de bienheureuse mémoire.
En cette fête de Noël, nous sommes pleins de tristesse, car le patriarche Paul est décédé, et a été
transporté de la terre au ciel. Nous croyons profondément que, dans la liberté qui lui est donnée par
Dieu, il continuera «avec tous les saints issus de notre peuple» à prier pour notre Église et notre peuple,
aux côtés de saint Sava, de saint Syméon le Myroblite et de tous nos saints ancêtres.
De nouveau, lors de cette fête de Noël, nous nous souvenons de tous les malheureux, de tous ceux qui
souffrent, de tous les persécutés et de tous ceux qui ont été victimes d’injustices; nous souhaitons leur
apporter du confort en leur disant: Christ est né! Réjouissez-vous car voici le Seigneur qui «essuiera
toute larme de vos yeux» (Ap 21,4). Par Sa Naissance sur la terre, le Christ a fait que toute la vie
humaine, de la conception jusqu’à la mort et la résurrection, est devenue sainte.
C’est pourquoi Noël nous met en garde de ne pas lever la main sur les fruits de nos entrailles, mais de
mener une vie conforme au commandement de Dieu: «Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre»
(Gn 1,28). Le respect de cette recommandation de Dieu ferait cesser les pleurs de Rachel sur notre
peuple et nos enfants «qui ne sont plus» (Mt 2,18); alors refleurirait la vie dont l’éclat inextinguible a
commencé à briller dans la grotte de Bethléem.
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Cette année encore, nous sommes aux côtés de nos frères et sœurs du Kosovo et de la Métochie,
berceau de notre peuple. Nous leur recommandons, dans l’amour du Christ, de revenir dans leurs foyers
du Kosovo et de Métochie, d’y rester vivre auprès de leurs lieux saints et de garder notre Kosovo, «ce
lieu de jugement terrible». Nous ne perdrons jamais l’espoir que Dieu éclairera la raison de ceux qui
ont pris entre leurs mains la force et le pouvoir terrestres sur les États et les peuples, afin que, dans
l’esprit de la justice de Dieu et des hommes, ils réexaminent leurs décisions injustes sur le Kosovo et la
Métochie. C’est uniquement ainsi que l’on restaurera la paix et la vie commune dans les Balkans et en
Europe, et que sera rendue au peuple orthodoxe serbe sa dignité malmenée. Nous prions aussi le Prince
qui vient de naître de déraciner la guerre, la violence et l’injustice partout dans le monde, afin que
règnent finalement la paix et l’esprit de justice entre tous les hommes et tous les peuples de la terre.
À l’ensemble de notre peuple aimant Dieu, nous adressons la salutation de Bethléem en lui
recommandant de préserver sa foi orthodoxe, sa langue et son alphabet, quel que soit le continent il
vit. Nous Serbes, sommes un vieux peuple chrétien, car après le baptême accompli par les saints Cyrille
et Méthode et l’instruction reçue de saint Sava, nous sommes devenus une partie intégrante de la
culture du monde chrétien dans son ensemble. Nous avons ainsi laissé une marque indélébile dans
l’histoire et la civilisation de l’Europe contemporaine et du monde, nous insérant une fois pour toutes
dans l’avenir de ceux-ci.
Noël nous appelle tous et partout à vivre dans un esprit de fraternité, d’amour de Dieu et d’humilité
évangélique, en vivant du fruit de nos œuvres et en nous conformant aux leçons du Nouveau
Testament, c’est-à-dire à ne jamais faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fît.
Dans sa synthèse du grand mystère de Noël, saint Grégoire Palamas dit: «Il s’agit de notre fête. Nous
célébrons aujourd’hui la venue de Dieu parmi les hommes afin que nous puissions venir à Dieu, ou
plutôt revenir à Dieu. Il s’agit de nous dépouiller du vieil homme et de nous revêtir du nouveau afin
que, comme nous sommes morts en Adam, nous revivions en Christ.»
En terminant notre message de Noël avec ces paroles de ce très sage Père de l’Église, nous vous
adressons, chers enfants spirituels, ainsi qu’à tous les hommes et tous les peuples, la salutation très
joyeuse de Bethléem:
La Paix de Dieu - Christ est né!
Au Patriarcat serbe, à Belgrade - Noël 2009.
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