TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE LES TEMPS MODERNES De 1492 (découverte de l’Amérique) à 1815 (chute de Napoléon) I. Le temps des découvertes et des conquêtes ; la renaissance artistiques, religieuse et scientifique II. La monarchie absolue en France III. Le mouvement des Lumières, la Révolution française et le premier Empire INTRODUCTION : Recul des limites du monde connu, émergence de l’individu, explication scientifique de l’univers, Déclaration des droits de l’homme : n’est-ce pas l’avènement d’un nouveau monde ? Cette période de trois siècles, riche de multiples événements, ouvre véritablement le monde moderne, ainsi qualifié par opposition à une époque contemporaine plus proche de nous. L’ensemble de la planète est désormais accessible, l’imprimerie facilite une large diffusion des connaissances et des idées, une vision scientifique du monde émerge, aux XVIè et XVIIè siècles. Le mouvement des Lumières, la Révolution française, le Premier Empire : l’aspiration à la liberté et à l’égalité, réussites et échecs. Avec L’ E n c y c l o p é d i e, le XVIIIè siècle voit se développer l’intérêt pour les techniques. De grands textes fondateurs, marquant encore la vie politique et sociale de notre pays, sont élaborés : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le Code civil. Mais la même période a vu : le massacre des Indiens d’Amérique, une nouvelle forme d’esclavage avec la traite des Noirs, la Terreur l’apparition de « la guerre de masse », plus meurtrière et caractéristique de la Révolution et de l’Empire . Repères chronologiques : 1492 : le Génois Christophe Colomb découvre les Amériques pour le compte de la royauté espagnole. Juifs et musulmans sont expulsés d’Espagne. 1543 : le Polonais Copernic affirme que la Terre tourne autour du Soleil. 1598 : Henri IV met fin aux guerres de religion en accordant aux protestants l’Édit de Nantes, qui tolère leur présence en France à côté des catholiques. 1605 : l’Espagnol Cervantes écrit Don Quichotte. 1661 : début du règne personnel de Louis XIV. 1688 : la «glorieuse révolution» anglaise garantit des libertés individuelles et limite l’influence du pouvoir royal contrôlé par le Parlement. 1751 : premier volume de L’Encyclopédie. 1763 : mise au point de la machine à vapeur par l’anglais James Watt. 1776: déclaration d’Indépendance des États-Unis. 1789 : début de la Révolution française : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. 1792: Première République. 1795: adoption du système métrique. 1804 : Napoléon sacré empereur à Notre-Dame de Paris. Code civil. 1 TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 1815 : chute de Napoléon. Vocabulaire à retenir Renaissance, monarchie absolue, privilège, encyclopédie, cahiers de doléances, Révolution, émigré, département, constitution. Personnages et groupes significatifs Léonard de Vinci, Rabelais, Shakespeare, François Ier, Henri IV, La Fontaine, Molière, Louis XIV, Vauban, Voltaire, Bach, Mozart, Washington, Condorcet, Napoléon. Les esclaves d’une plantation, les femmes de la Révolution. Sources et documents – Récits de voyage, planches de L’Encyclopédie. – Extraits de la déclaration d’Indépendance américaine. – Extraits de cahiers de doléances. – La Marseillaise. – Tableaux d’histoire des XVIIè et XVIIIè siècles et de la période napoléonienne. Pour aller plus loin – Les châteaux de la Loire, les jardins de Versailles. – Chansons du XVIIIè siècle et du temps de la Révolution. – La Flûte enchantée, opéra de Mozart (en rapport avec l’éducation musicale). 2 TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 3 I a Le temps des découvertes et des conquêtes L’ensemble de la planète désormais accessible, apparition d’un esclavage différent de celui de l’Antiquité Dès la fin du XVè siècle, dans la continuité des croisades et de la reconquista, des raisons religieuses et économiques conduisent les Européens à explorer les mers du globe, à découvrir les Amériques et à dominer une grande partie de la planète. De nouvelles formes d’esclavage se développent alors dans les colonies d’Amérique à partir de la traite des Noirs, tandis que disparaît une partie de la population indienne d’Amérique. I. Les voyages de découvertes XVè s : Portugais et Espagnols lancent de grandes expéditions maritimes pour atteindre les Indes A. Motivations des voyages B. Religieuses : lutte contre le monde musulman pour l’expansion du christianisme Economiques : recherche de : nouveaux débouchés commerciaux nouvelles matières premières agricoles métaux précieux en pénurie (or) épices et de soie Psychologiques : malgré les craintes de la « mer des ténèbres » (O. Atl.), les récits de m. Polo alimentent le goût de l’aventure, la curiosité et l’envie de connaissance (scq et astronomiques) Progrès nautiques : caravelle, portulans, boussole, astrolabe (mais techniques aléatoires) Les grandes découverte 1487 – 1500 : Expéditions terrestres à travers l’Asie : de l’Ethiopie à Calicut 1488 : Bartolomeu Dias passe au large de l’Afrique : « cap de Bonne Espérance » 1498 : Expédition maritime de Vasco de Gama vers l’Inde 1492 : Christophe Colomb veut rejoindre l’Asie par voie maritime par l’ouest. 1 er pas sur le continent américain 1499 – 1500 : Amerigo Vespucci navigue vers l’embouchure de l’Amazone 1503 : Amerigo Vespucci : 1er à affirmer qu’il n’a pas rejoint l’Asie mais qu’il a découvert un nouveau monde 1519 : Magellan découvre le passage entre l’Atlantique et le Pacifique : « détroit de Panama » II. Les conquêtes, les Empires coloniaux et les conséquences sur la population En Afrique : Pas de colonisation de peuplement ni de domination politique mais comptoirs créés par les Portugais Esclaves transportés en Américains : Traite des Noirs En Asie : Comptoirs commerciaux pour exploiter les richesse, surtout par les Portugais Populations peu perturbées par la présence européenne En Amérique : Travail forcé massacres et épidémies des Aztèques, Mayas, Incas Les esp. détruisent les richesses culturelles ; Esp. et Port. imposent leur langue et le catholicisme H. Cortès soumet l’Empire aztèque (1519) et F. Pizzare prend l’Empire inca (1532) grâce aux armes à feu et au soutien des tribus hostiles à celles-ci. Arrivée des français et des anglais qui cherchent une nouvelle route vers les Indes par l’Ouest 1498 : J. Cabot à Terre-neuve 1534 : J. Cartier découvre le Canada avec J. Talon (châlonnais). Les français s’y installent au XVIIè s. TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 4 I b La Renaissance artistique, religieuse et scientifique Parallèlement aux découvertes du monde, s’affirme un profond renouveau artistique et littéraire, la Renaissance, facilité par un nouveau moyen de diffusion, l’imprimerie, avec une influence prépondérante de l’Italie (à traiter avec les arts visuels). Une nouvelle religion chrétienne apparaît, le protestantisme, fondée sur un rapport direct entre l’homme et Dieu et le rejet de la Papauté. Dans le royaume de France, les catholiques, largement majoritaires, s’affrontent aux protestants dont la religion est reconnue à la fin du XVIè siècle par l’Édit de Nantes, puis interdite un siècle après. L’ affirmation de Copernic, au XVIè siècle, renverse les idées courantes. C’est le point de départ d’une vision scientifique du monde qui va se développer avec le raisonnement initié par Galilée. Deux siècles plus tard, L’Encyclopédie témoigne de l’intérêt croissant des Français et des Européens pour les sciences et les techniques (partie à traiter en rapport étroit avec les sciences et la technologie). I. L’humanisme Né en Italie fin XVè s. il se diffuse en Europe au XVIè s. A. Fondements : Souci de retourner aux sources, aux textes littéraires grecs (redécouverte de Platon) L’homme au centre de leur pensée : être bon, libre, apte au progrès. Il doit être conduit au respect d’autrui, à la tolérance et à l’élévation personnelle 1598 : Edit de Tolérance : refus d’imposer par la force la confession de la majorité du prince à la minorité B. Certains dénoncent le christianisme et veulent la séparation raison-foi et rejettent le princ de création du monde par Dieu et d’immortalité de l’âme Mais l’humanisme demeure attaché à la religion : Il retient surtout le message évangélique et l’amour de Christ Permettre à chaque individu de rester libre mais pleinement respon,sable de ses actes et de ses choix devant Dieu (Erasme traduit le Nouveau Testament (1516)) La diffusion : Place fondamentale de l’éducation : lecture autonome de Saintes Ecritures, des textes antiques ; accès à une connaissace universaliste Imprimerie : souvent tenues par des humanistes qui diffusent leur pensée Echanges épistolaires et voyages : réseau « république des lettres ». témoigne des points communs de cette pensée mais aussi de ses divergences C. Des progrès scientifiques relatifs : Maths : Pythagore, Euclide, trigonométrie, enrichissement de l’algèbre (équation du scd et 3è degré) Physique : observation des forces, de la mécanique des fluides Etres vivants : inventaires (plantes, oiseaux, mammifères) ; la dissection favorise une meilleure description du corps humain dont fonctionnement demeure inexpliqué) Astronomie : Copernic : théorie de l’héliocentrisme ‘1543), condamnée et peu suivie par les savants attachés au princ de géocentrisme (terre centre de l’Univers) II. La Renaissance artistique Florence : berceau de la Renaissance italienne (fam. Des Médicis : finance œuvres architecturales, sculpture, peinture) Rome et Venise : prennent le relais de Florence (Michel-Ange, Bellini, Titien) Guerres d’Italie provoquent la diffusion de la Renaissance en France : « république des lettres » François 1er fait appel à Léonard de Vinci. Ensuite aux artistes français Château de Fontainebleau : résidence favorite de Fr. 1er et installation d’une école avec Rosso Façade du Louvre, châteaux de la Loire TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE III. Les réformes religieuses A. Dans le contexte de l’humanisme B. Suite aux pestes, guerres et famines, le sentiment de la nécessité d’une réforme de l’Eglise dès le XVè s, est diffusé par la pensée humaniste et l’imprimerie Correction des traductions des Saintes Ecritures ; création des collèges enseignant le latin, le grec et l’hébreu Critiques de l’Eglise catholique : complexité des rites, des intermédiaires entre peuple et Dieu ; poids des obligations ; ignorances des moines ; richesses du clergé ; superstitions niant la raison Réformes protestantes Les chrétiens, déjà séparés en orthodoxes et en catholiques, se divisent de nouveau en protestants 1517 : Martin Luther condamne la pratique des indulgences (acheter ses pêchés) Sa théorie : justification par la foi : croire en Dieu pour obtenir son salut sacerdoce universel : pouvoir accéder aux textes sacrés sans intermédiaire Il impose la lecture de la Bible et les 2 sacrements (baptême et communion) Il est excommunié en 1521 mais sa réforme se diffuse en Europe (refuse culte des Saints et de la Vierge) 1536 : Jean Calvin ajoute le principe de prédestination : salut ou condamnation par Dieu pour agir au quotidien dans la perspective du salut accordé 8 guerres de religion (1563-1598) : entre catholiques et protestants avec une extrême violence. 23-24 août 1572 : massacre de la St Barthélemy : 3000 morts protestants à Paris. 1598 : Edit de Nantes par Henri IV met fin aux guerres de religion son objectif : ramener la paix en imposant la tolérance réciproque le catholicisme est rétabli partout les protestants reçoivent : une totale liberté de conscience, la liberté de culte dans certains lieux, l ‘égalité devant la loi, l’accession de tous les emplois. C. Réforme catholique Début XVIè s : limiter les abus matériels, enrichir les études, redécouvrir les livres saints 1540 : « Compagnie de Jésus » fondée par Ignace de Loyola : collèges pour instruire les clercs missions pour défendre la religion 1545 : Contre-réforme : Pape Paul III : salut par la grâce : alternative à la justification par la foi (mérite) les 7 sacrements, culte de la Vierge et des Saints, autorité du Pape 5 TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 6 II La monarchie absolue en France : Louis XIV et Versailles Le règne de Louis XIV voit l’apogée de la monarchie absolue, fondée sur le pouvoir de droit divin du roi et sur une société inégalitaire répartie en ordres. Certains en sont totalement exclus : paysans très pauvres et errants sur les routes. Le contraste est fort avec le faste de Versailles. Le Roi s’entoure d’artistes et de grands écrivains. I. La monarchie absolue de droit divin Doctrine élaborée ai XVIè s sur le droit romain (le roi est empereur en son royaume) et sur la bible (tout pouvoir vient de Dieu). A. Roi à 5 ans et monarque absolu à 22 ans Régence de sa mère Anne d’Autriche avec Mazarin (1 er ministre) Période critique de la Fronde (révolte de la Noblesse qui ne veut pas perdre ses pouvoirs) : Louis XIV en conclue qu’il ne faut pas avoir de 1er ministre et qu’il faut contrôler le parlement et la noblesse B. C. Conditions de la monarchie absolue Monarchie absolue : l’Etat se résume en la personne du roi Symbole : le soleil : il éclaire le monde et gouverne avec raison et intelligence et il ordonne nuit et jour comme le soleil règle la marche des planètes « Empereur en son royaume », comme jadis l’empereur romain, il concentre les pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire et militaire ; suzerain de tous les seigneurs Monarchie de droit divin : le roi est sacré à Reims et est représentant de Dieu sur terre (symbole : les fleurs de Lys) protecteur de l’Eglise, il choisit les évêques et combat les hérésies le roi n’a de compte à rendre devant aucun sujet de son pouvoir divin. le contredire signifie s’exposer aux foudres divines. L’unité religieuse, au nom de l’unification du royaume : « un roi, une foi, une loi » 1685 : Edit de Fontainebleau révoque celui de Nantes et interdit le protestantisme : persécution (dragonnades), exil Renforcée par de multiples guerres : lourdes dépenses fiscalité accrue révoltes pop répression sévère qui réaffirme le pvr royal absolu Un gouvernement et une administration centralisée Les ministres sont responsables devant le roi : le dernier mot appartient au roi. Devant lui, les parlementaires doivent cesser leurs remontrances ; Le Conseil est un organe consultatif Les intendants et inspecteurs de police : le roi est présent dans tout le royaume L’administration royale (ponts et chaussées, eaux et forêts…) vient concurrencer les vielles institutions Mercantilisme de Colbert : Enrichir l’Etat avec les manufactures (Glaces, Tapisseries et meubles) Favoriser l’exportation et limiter l’importation L’agriculture reste importante pour fournir nourriture et matières premières Politique coloniale : contrôle des commerces ext et esclavage (les Noirs sont des biens meubles, la propriété du maître) D. Privation des libertés du peuple Contrôle de la noblesse : pouvoir d’anoblir (sujets anoblis redevables à vie), « recherche de la noblesse qui a usurpé son titre Contrôle des sujets : hôpital général pour isoler la pop pauvre, mendiante, orpheline ; mise en place des lieutenant de police Conditions matérielles de vie précaires Gouvernement centralisé Vie culturelle au serv de la grandeur du roi Louis XIV Absolutisme religieux Liberté des sujets sacrifiée Puissance de la France TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE II. Versailles : idéal artistique et instrument politique A. Résidence symbole de sa puissance Architecture : Louis le vau ; Peinture : Charles le Brun ; Jardin : André Le Nôtre Galerie de 5 mètres pour relier les 2 pavillons 17 panneaux de glace pour refléter les rayons du soleil couchant Le roi et sa cour s’y installent en 1682 ; Le roi gouverne du château B. Instrument au service de sa glorification et de son pouvoir absolu Société courtisane à Versailles astreinte au quotidien à un cérémonial rigoureux Le roi décide des faveurs. La cour vit au rythme des spectacle, sous la surveillance du roi : théâtre (Molière, Corneille, Racine) musique (Lully) aquatique et jeux divers C. Phare d’une politique culturelle globale Encouragement des sciences, des lettres et des arts pour glorifier sa personne et le rayonnement de la France en Europe Pensions annuelles aux personnalités, aux artistes et aux savants III. Un absolutisme limité A. 6 lois imposées aux rois Couronne par ordre de primogéniture : exclue femmes et bâtards (loi « salique » confirmée en 1593) Privilèges des évêques Régence de la mère ou du 1er prince du sang, jusqu’à la majorité à 13 ans « Le roi est mort, vive le roi » Domaine royal inaliénable France et roi catholiques : France = fille aînée de l’Eglise » ; roi = « Roi Très Chrétien » B. Centralisation incomplète Particularisme régionaux (coutumes, dialectes) Privilèges de la noblesse et du clergé Défense des libertés par : Les assemblées du clergé : les « libertés de l’Eglise gallicane » Les Etats provinciaux : les privilèges fiscaux et administratifs de leur province Les échevinages : les franchises de la cité Les assemblées villageoises : les droits de la communauté Les corps d’officiers servent le roi mais lui rappellent respectueusement ses devoirs envers ses sujets Les jurandes : assurent le travail de leurs membres C. Le mercantilisme a des faiblesses Rendement de l’impôt insuffisant : Fiscalité indirecte : gabelle, aides, traites et entrées sur la circulation des marchandises Fiscalité directe : taille, capitation (1695) Caisses de trésorerie multiples avec une comptabilité qui fait défaut Misère et surmortalité Investissement des nobles dans le foncier Royaume immense, communications lentes et difficiles D. Opposition du Papa Innocent XI : Refuse l’investiture des évêques nommés par le roi E. Résistance protestante : Maintient l’échec de l’absolutisme religieux Conclusion : Le rayonnement de la France par les arts et les sciences est manifeste dans toute l’Europe. Mais la politique hégémonique et catholique a isolé la France dans une Europe de plus en plus hostile. Les grandes ressources du royaume ont été épuisées. La population, affaiblie par la guerre et les prélèvements fiscaux, se soulève à plusieurs reprises : (Les Va-nu-pieds de Normandie et Les Bonnets rouges de Bretagne) 7 TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 8 III a Le mouvement des Lumières Tout au long du XVIIIè siècle, montent une aspiration à la liberté, symbolisée par les combats de Voltaire pour la tolérance, et un certain désir d’égalité des droits. Le phénomène dépasse la France, il concerne l ’ Angleterre, dès la fin du XVIIè siècle, à travers sa révolution (1688), et la nouvelle nation américaine, à travers sa déclaration d’Indépendance (1776). Les Lumières : des lois naturelles, la raison et les libertés Courant de pensée nouveau remettant en cause l’organisation d’un pouvoir monarchique dont l’absolutisme entrave les réformes devant garantir mes droits naturels de l’homme I. Les textes fondateurs « Dictionnaire historique et critique » de Pierre Bayle : plaidoyer pour la tolérance John Lake : un gouvernement ne reposant pas sur le consentement du peuple est illégitime concept d’état de nature : gouvernement commune sauvegardant liberté et égalité « Habeas Corpus » : condamne les arrestations et les détentions arbitraires et abusives « Bill of rights » : partage des pouvoirs avec le parlement et liberté d’expression du peuple II. Auteurs illustres Montesquieu : « de l’esprit des lois » : monarchie tempérée, séparation des pouvoirs indispensable aux libertés individuelles Voltaire : « traité sur la tolérance » : refuse principe supériorité d’une religion sur une autre Rousseau : « du contrat social » : égalité naturelle de tous devant la loi suppression des privilèges démocratie où le peuple a le pouvoir droits civils garantis par l’Etat républicain les hommes sont des citoyens III. Les principes Principe des lois naturelles, garantes des libertés de l’homme, cotre la monarchie de droit divin : Libéralisme économique Examen critique des institutions Réforme de la monarchie Limitation des pouvoirs du roi Condamne le pouvoir de la religion sur la société, la superstition Préfère les sciences et le progrès, une vision laïque du monde « Encyclopédie » de Diderot : réunion de toutes les connaissances de l’époque et diffusion des idées sans pour autant prôner la révolution ni la démocratie. Interdite par l’Eglise, son impression devient clandestine Echo amplifié par l’évolution des mentalités collectives : L’accès au savoir, à l’écrit favorise la diffusion des idées des Lumières Progrès de l’alphabétisation La société se laïcise : influence moindre de l’Eglise Davantage d’éducation, de curiosité pour les découvertes scientifiques TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 9 III b La Révolution française La Révolution française est l’aboutissement (en partie) des Lumières et marque la fin de la « monarchie absolue d’Ancien Régime». La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en est le texte fondamental, mais ne doit pas faire oublier la Terreur, exemple, parmi d’autres, de la contradiction entre les principes et la réalité. I. La période révolutionnaire Aucune cause ne suffit à expliquer l’ampleur de la Révolution : Mutation culturelles Crise économique (mauvaise récolte) Modèles anglais et américain Crise sociale (augmentation des prix et misère) Idées des Lumières Crise financière (caisses de l’Etat vides) Faiblesses de louis XIV Vie de la Cour et les excès de Marie-Antoinette Les cahiers de doléances permettent de rompre avec la passivité politique imposée par la monarchie absolue Ils provoquent la réunion des Etats généraux à Versailles (5 mai 1789) mais la noblesse et le clergé refusent de remettre en cause leurs privilèges et bénéficient du soutien royal A. 1789 : Fin de l’Ancien Régime Révolte des députés du Tiers : Se constituent en « commune » 17 juin : Se proclament « Assemblée nationale » 20 juin : Serment du jeu de paume de ne jamais se séparer avant d’avoir donner à la France une Constitution agitation du peuple cotre le chômage et la hausse des prix agitation de la bourgeoisie contre la peur de ce désordre populaire 8 juillet : le roi déploie 20 000 soldats et refuse la demande de leur retrait par l’Assemblée 9 juillet : Fin de la monarchie absolue : le roi cède et demande aux députés de la noblesse et du clergé de rejoindre l’Assemblée, proclamée constituante 12-14 juillet : 1ers affrontements aux invalides pour récupérer les rames puis à la Bastille 14 juillet : prise de la Bastille : le roi se rend à l’Assemblée et retrait des troupes la cocarde tricolore : symbole de l’accord conclu la Grande Peur dans les campagnes (attaques des châteaux et destruction des archives seigneuriales) 4 août : abolition des droits seigneuriaux et des privilèges par l’Assemblée = aboutissement de la révolution sociale : dîme annulée mais les droits ne sont annulés mais rachetables 26 août : principe de réforme des institutions adopté pas les députés Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : Séparation des pouvoirs, libertés, égalités devant la loi La souveraineté réside dans la Nation La division de la société en 3 ordres n’existe plus 5-6 oct. : journées témoignant de la fragilité de l’accord entre le peuple et le roi Louis XVI la cocarde est profanée par les soldats d’où le déploiement d’un cortège de 6000 pers. vers Versailles la famille royale est menacée et retourne à Paris aux Tuileries : la désacralisation du roi se poursuit TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 10 B. 1791 : La monarchie constitutionnelle Elle remplace la monarchie absolue de droit divin : Louis XVI devient le « Roi des Français » La constitution est fondée sur la souveraineté de la Nation Partage des pouvoirs, vote censitaire réservés aux citoyens payant l’impôt Décentralisation et réformes financières et religieuses (constitution civile du Clergé) 21 juin : « tentative d’évasion » du roi, arrêté à Varennes et ramené à Paris il devient définitivement suspect ce qui réveille des sentiments républicains dans l’opinion publique L’Assemblée Législative remplace l’Assemblée Constituante : elle engage la France dans une guerre contre les souverains européens qui va précipitée la chute de la monarchie Son échec : 10 août 1792 Insurrection : Les sans-culottes envahissent les Tuileries et la famille royale est arrêtée par les députés et emprisonnée La nouvelle assemblée (la Convention) doit élaborer une nouvelle constitution Victoire à Valmy (garde nationale contre républicains C. La République jacobine 21 sept. 1792 : proclamation de la République par l’élection d’une Convention au suffrage universel masculin La convention est élue pour élaborer une Constitution républicaine, elle devient le théâtre de l’affrontement entre Girondins, qui veulent stabiliser la Révolution, et les Montagnards, qui entendent la radicaliser dans un sens démocratique D. Echec des Girondins puis des Montagnards ; le Directoire 21 janvier 1793 : les Girondins ne peuvent empêcher la condamnation et l’exécution du roi Procès de Louis XVI qui montre sa dignité : pour l’opinion publique : sentiment de transgresser un interdit impossibilité d’exploiter sa mort effroi en Europe Les « sans-culottes provoquent la chute des Girondins au profit des Montagnards. La dictature jacobine sauve la République en s’appuyant sur le mouvement des « sans-culottes » au prix de la Terreur Tribunal révolutionnaire : juge ss preuve, sur conviction du juge (jusqu’à l’exécu° de Robespierre, jugé trop dangereux) 1794 : les Montagnards sont éliminés 1795 : Mise en place du Directoire par les Thermidoriens. Mais il est instable et sera renversé par un coup d’état militaire 9-10 oct. 1799 : le général Bonaparte s’empare du pouvoir II. Fondements de la lutte révolutionnaire A. Les libertés (acquis fondamental) Individuelle : contre les arrestations arbitraires et la lettre de cachet D’opinion : en parallèle avec la liberté d’expression De conscience : fin de l’absolutisme religieux Politique : séparation des pouvoirs Economique : déclaration des droits de l’homme et du citoyen De propriété : paysans aboli sans rachat en 1792 De produire : suppression des corporations et des manufactures privilégiées B. L’égalité sociale Les limites : L’égalité n’est pas considérée comme un droit naturel Il faut attendre la déclaration des droits de l’homme précédent la Constitution de 1793 Les inégalités : Les femmes : Exclues de la vie politique malgré leur participation aux journées révolutionnaires Condorcet accepte le principe de leur droit à la citoyenneté Olympe de Gouges : « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » sera guillotinée Pour l’essentiel des hommes : elles peuvent manifester, prendre part aux luttes révolutionnaires mais ne peuvent être citoyennes. Elles sont sous contrôle de leur marionnette de classe elles sont victimes de la terreur car trop attachées aux principes religieux dans la famille Les juifs : droits à la citoyenneté qu’en 1791 La convention abolit l’esclavage qu’en 1794 TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 11 III c Le Premier Empire Le Premier Empire est un autre exemple de décalage entre principes et réalités. Fervent républicain au départ, Bonaparte rétablit à son profit un pouvoir autoritaire sous la forme d’un empire héréditaire (Napoléon Ier). Néanmoins, il respecte et consolide les principales conquêtes de la Révolution en créant le Code civil. À l’extérieur, s’inspirant du souvenir de Charlemagne, il conquiert militairement un immense empire qui englobe plus de la moitié de l’Europe. Cet empire est éphémère. I. Le Consulat 1799 : coup d’état de Bonaparte qui renverse le Directoire et instaure le Consulat Caractérisé par une administration centralisée : préfets, sous-préfets et maires nommés par le gouvernement Réformes : Financières : Administration des contributions directes, chargée de la répartition et de la perception des impôts Nouvelle monnaie : le franc germinal Judiciaires : Suppression de l’élection des juges Création d’une cour d’appel Création d’une Cour de Cassation à Paris Le pouvoir législatif : Divisé en 4 assemblées : le conseil d’Etat rédige les lois sur les indications du Premier Consul le Tribunat discute ces projets le Corps Législatif accepte ou rejette ces projets mais sans les discuter le Sénat s’assure que les lois sont bien conformes à la Constitution et nomme les membres de ces 3 assemblées Le pouvoir exécutif : Le 1er Consul (Bonaparte) détient l’essentiel des pouvoirs : A l’initiative des lois Il les promulgue et peut les modifier Il nomme les conseillers d’Etat, les ministres, les officiers et les fonctionnaires Il dirige la politique extérieure Il décide de la paix et de la guerre Il est nommé à vie dès 1802 et reçoit le droit de désigner son successeur Les 2 autres consuls n’ont qu’une voix consultative 1801 : concordat avec la Papauté : met fin au schisme provoqué par la Constitution civile du clergé en assurant la liberté religieuse et en plaçant Evêques et curés sous tutelle de l’Etat 1802 : instauration de la Légion d’Honneur qui récompense les services rendus à la Nation création des lycées pour former une élite de fonctionnaires et d’officiers attachés au régime et obéissants 1804 : signature du code civil TEMPS MODERNES ET EPOQUE NAPOLEONIENNE 12 II. L’Empire 2 déc 1804 : Napoléon Bonaparte est sacré « empereur des français » en présence du Pape Pie VII à Notre-Dame de Paris monarchie qui émane de la souveraineté populaire il rassure les catholiques et divise l’opinion royaliste il rétablira petit à petit le décor monarchique en s’installant au Palais des Tuileries il s’entoure de la nouvelle Noblesse d’Empire les ministres ne sont que des exécutants. Les assemblées ne sont que des chambres d’enregistrement 1808 : institution de l’Université impériale pour établir le monopole de l’Etat sur l’enseignement suppression de la liberté de la presse réglementation des professions libérales et d’imprimeur surveillance des théâtres les écrivains indépendants sont réduits au silence il rétablit les prisons d’Etat, fait arrêter et interne sans jugement des personnes dénoncées par ses nombreuses polices armée nombreuse comblée de faveur et entièrement dévouée conscription et lourdeur des impôts pour les paysans 1814 : à l’extérieur : après de nombreuses campagnes victorieuses, les troupes impériales connaissent des revers et les puissances européennes coalisées (Angleterre, Russie, Autriche, Prusse) envahissent la France Les acquis de la révolution sont donc remis en cause : démocratie, liberté, égalité, laïcisation de la société : Concentration des pouvoirs : consul à vie, empereur héréditaire démocratie locale réduite à néant avec la nomination des maires démocratie fragilisée par la pratique du plébiscite, simulacre d’élection Libertés limitées : livret ouvrier : signé par l’employeur et le maire sous peine d’être accusé de vagabondage et de risquer la prison liberté individuelle limitée par la surveillance de la police : détention arbitraire, censure, université impériale, propagande mise à l’écart de l’Eglise Idéal d’égalité oublié quand les plus modestes sont tenus à l’écart des progrès économiques L’analphabétisme perdure avec la disparition des petites écoles Le code civil entérine la minorité de la femme, placée sous tutelle du mari Les enfants naturels perdent les droits des héritiers : le père a le pouvoir de favoriser un enfant III. Les Cent-Jours Mai 1814 : Napoléon est contraint d’abdiquer et s’exile à l’île d’Elbe Le Traité de Paris met fin à l’Empire Louis XVIII monte sur le trône et promulgue une charte constitutionnelle, qui reconnaît les principaux acquis de la Révolution 1815 : les Cent-Jours : Napoléon débarque en Provence et tente de rétablir le pouvoir impérial Vaincu par les puissances coalisées à Waterloo et est déporté à l’île de Sainte-Hélène (y meurt en 1821)