principe de non-agression, non-ingérence, respect de la souveraineté et de l’intégrité
territoriale, égalité et avantages mutuels et coexistence pacifique en soi. La lutte des classes
sur le plan international se poursuit donc sans recourir à la force (dans un cadre de paix
nucléaire); elle implique une certaine coopération et un dialogue, qui sont nouveaux, au
niveau économique, politique et stratégique par l’« arms control » ( la maîtrise des
armements). Mais il n’y a pas de compromis idéologique possible : la coexistence pacifique
ne peut donc qu’être transitoire dans l’attente d’une victoire du système socialiste, à la
différence de la conception occidentale qui voit dans la détente une stratégie basée sur les
droits de l’homme pour de l’extérieur contraindre les Etats à se libéraliser progressivement et
donc se débarrasser du système sans forcer. Des sommets périodiques sont organisés entre les
soviétiques et les américains, jusqu’à deux ou trois fois par an, le téléphone rouge est mis en
place, de nombreux traités de maîtrise des armements sont signés : le traité de Moscou de
1963 sur l’arrêt partiel des essais nucléaires (encore autorisés sous terre, ce qui permet aux
puissances nucléaires de perfectionner leurs armes tout en fermant le « club » des Etats
nucléarisés), le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1968, plusieurs traités de
dénucléarisation (de l’espace, en Amérique latine, pour les fonds marins – où sont interdites
les bases nucléaires, mais pas les sous-marins, pouvant contenir des charges nucléaires), le
traité de 1972 sur la fabrication des armes bactériologiques ou biologiques, et celui de 1973
sur la prévention politique des conflits nucléaires : c’est le règne du condominium Etats-
Unis/URSS sur la société internationale (suivent les accords de limitation des armements
SALT I en 1972 et SALT II en 1979). La maîtrise des armements ne constitue pas comme le
désarmement la suppression d’une partie des potentiels militaires, mais le maintien de
l’équilibre entre les puissances nucléaires tel qu’il naît du rapport de force de 1945 à 1972-79.
La sécurité internationale est plus forte avec la maîtrise des armements que sans elle, mais la
course aux armements continus, de plus en plus qualitatifs ;
- évolution du statut de l’Allemagne, notamment grâce à l’action de M.Bahr, conseiller
particulier de W.Brandt, instigateur de l’ « ostpolitik » de 1969 à 1974. Une série de traités de
normalisation avec la RFA et de nombreux Etats socialistes sont signés : en 1970 il s’agit du
traité de normalisation germano-soviétique, puis du traité germano-polonais qui s’intéresse à
la ligne Oder Neisse ; en 1971 c’est un accord sur le statut de Berlin qui est négocié entre les
quatre Grands ; enfin un traité RDA/RFA doit permettre de surmonter les divisions par la
reconnaissance des réalités de Yalta et Potsdam, idée centrale du Chancellier Brandt pour
aller vers l’unification de l’Allemagne ;
- multilatéralisation de la détente avec le processus d’Helsinki : en 1973, 35 Etats de
l’Est, de l’Ouest et neutres négocient pendant deux ans pour élaborer non pas un traité de
normalisation des rapports Est/Ouest, mais un code de bonne conduite, le 1er août 1975,
l’Acte Final d’Helsinki. C’est un document d’une cinquantaine de pages comprenant trois
« corbeilles » : la sécurité politique Est/Ouest, énonçant dix grands principes repris de la
Charte des Nations Unies (non agression, non ingérence, …) ; la sécurité économique
(coopération économique, technique, scientifique) ; les droits de l’homme. Les Etats
socialistes veulent bénéficier des technologies occidentales et obtenir la légalisation du statu
quo territorial qui a suivi Yalta et Potsdam. Les Etats-Unis veulent rendre les Etats de l’autre
camp dépendants économiquement et diplomatiquement, en utilisant l’arme des droits de
l’homme pour apporter leur appui aux opposants. Pour la première fois on assiste à une
approche globale de la sécurité (économique, écologique, technologique, humanitaire) : il
s’agit ici de sécurité coopérative (et non intégrative comme le suppose le marché commun en
Europe de l’Ouest)