possibilité de retourner aux étoiles à volonté, il met les étoiles sur terre en
souvenir de celles-ci. Comment ? En plaçant stratégiquement des jalons, des
repères, des inscriptions non déchiffrées, des rébus qui n’ont pas d’âge et pour le
moins, incompréhensibles. Il y a six ou sept mille ans, ces pratiques,
vraisemblablement à caractère religieux, étaient courantes ; aujourd’hui, elles
ont complètement disparu de la mémoire des hommes. Les derniers à s’être
préoccupés de cette nécessité étaient les constructeurs de cathédrales qui
jalonnèrent le Moyen-âge. Grâce aux bribes éparses de l’ancien secret, ils
disposèrent ces monuments à des endroits extrêmement précis qui mettent en
communication la terre et le ciel. Mais depuis eux, plus rien... Pourtant, en juillet
1798, un petit général débarque avec armes et bagages en Égypte pour l’arracher
aux mains des Anglais. L’effet est inattendu ; voilà que se réveille de son
sommeil de plusieurs milliers d’années un pays qui, depuis la plus haute
antiquité, mettait toujours le ciel sur la terre. Et ce réveil allait provoquer, en
cette fin de millénaire, le plus fantastique retour de l’homme sur son passé. Mais
avant d’expliquer cette « égyptomanie » insistante et chronique, il nous faut
quelque peu dépeindre l’astronomie.
Sœur jumelle de l’astrologie, elle doit son essor à celui des mathématiques
depuis l'Antiquité grecque, et à l'invention d'instruments d'observation,
notamment par les Arabes à la période médiévale, instruments perfectionnés par
Galilée au début du XVIIème siècle. Si l'astronomie n’avait jamais été
précédemment dissociée de l'astrologie, les deux disciplines étant par définition
conçues comme un tout, le Siècle des Lumières provoqua la distinction entre la
raison et la foi, et par là même, la scission entre ces deux disciplines, à tel point
qu’aujourd’hui, au XXIème siècle, astrologie et astronomie sont devenues deux
sœurs ennemies, l’une, péjorativement taxée de scientisme, l’autre, accusée de
sorcellerie…
Comment pouvait être conçue l’astronomie par les hommes qui vécurent
plusieurs millénaires avant J.C. ? De l’époque du Paléolithique, période que l’on
peut voir se terminer aux alentours de l’an 12000 avant J.C., il n'existe que peu
d’informations directes ou écrites, à part l’existence de rares objets qui, peut-
être, témoigneraient de l'observation des astres, hypothèses bien évidemment
non vérifiées. Par exemple, Chantal Jègues-Wolkiewiez, chercheuse
indépendante, considère même que les peintures des grottes du sud de la France
pourraient être des cartographies stellaires. Pour elle, la scène du Puits de la
Grotte de Lascaux, datée d’il y a environ 17.000 ans, supposerait des connais-
sances astronomiques : elle croit en effet y reconnaître quelques constellations,
notamment une représentation des Pléiades et de la constellation du Taureau. La
signification profonde de ces cartographies est encore aujourd’hui mal connue ;
elle pourrait être d'ordre religieux ou calendaire, voire les deux à la fois. Mais