d’épidémies majeures. C’est dans les régions tropicales d’Afrique et d’Asie qu’ont
été identifiés de nouveaux pathogènes comme les virus responsables des fièvres
Ebola et de Lassa.
L’émergence ou la réémergence de nouveaux germes au 20ème et 21ème
siècle, et particulièrement de virus, illustre les thèses de Charles Nicolle, Prix
Nobel de Médecine en 1928, qui prophétisait : « Il y aura donc des maladies
nouvelles. C’est un fait fatal, elles apparaîtront comme Athéna sortant toute
armée du cerveau de Zeus. Il faut se résigner à l’ignorance des premiers cas qui
seront méconnus, confondus avec des maladies existantes ».
L’émergence d’un pathogène et sa diffusion nécessitent une somme de
différents événements. La croissance de la population humaine augmente avec les
modifications écologiques de déforestation et de modification climatique. Ces
altérations des contacts entre l’homme et la nature permettent l’émergence de
pathogènes dont la diffusion est accélérée par la fréquence des voyages
intercontinentaux. La surpopulation urbaine et les conditions socio-économiques
dans de nombreux pays aux conditions d’hygiène insuffisantes favorisent la
circulation des pathogènes.
Lors de l’émergence d’un nouveau pathogène, on retrouve souvent la
notion de zoonose, c'est-à-dire du passage de pathogènes qui vont
accidentellement franchir la barrière d’espèce et infecter l’homme. L’homme est
contaminé directement par proximité avec des animaux réservoirs de la maladie
(rongeurs, animaux de bétail), ou par l’intermédiaire de vecteurs (tiques,
moustiques). Ce mécanisme suit généralement les modifications de
l’environnement et/ou du climat entrainant la pullulation des hôtes
intermédiaires, et des vecteurs de la maladie. La proximité accrue entre l’homme
et l’animal, ainsi que les habitudes culturelles ou culinaires, favorisent les
contacts et les risques de passage.
L’exemple du SRAS illustre bien ce risque. En Chine, les marchés offrent
une grande variété d’animaux sauvages et domestiques à des fins de
consommation humaine. Ces animaux sont vendus vivants afin de garantir leur
fraîcheur… A l’origine le coronavirus du SRAS était un virus de chauve souris qui
a été accidentellement transmis à des civettes (sortes de chat) sur ces marchés
et qui après quelques adaptations génétiques mineures a pu infecter l’homme.
Les densités de populations dans les zones urbaines ou périurbaines ont alors
permis une amplification de la maladie chez l’homme à l’origine d’une véritable
épidémie.
Ce passage de virus entre les espèces peut avoir des conséquences
majeures dans l’espace et dans le temps. Le passage des VIH entre les