4- Un modèle des structures socio-spatiales des Etats centraméricains
DIAPO STRUCTURES TERRITORIALES DE L’ISTHME 27
Les frontières des pays centraméricains comme les limites des provinces espagnoles
coupent transversalement ces zones longitudinales, ce qui a pour conséquence un schéma
spatial commun aux différents pays. La figuration chorématique de ce schéma permet de
mettre en évidence les structures communes mais aussi les singularités.
DIAPOS CHOROTYPE GUATEMALA et NICARAGUA 28-29
La composition de ces structures élémentaires forme un chorotype des états centraméricains
avec cependant des variantes qui nuancent ce modèle.
L’une des plus significatives concerne l’importance relative des populations
indigènes des hautes terres, forte au Guatemala, diluée ailleurs (au moins en
apparence) par le métissage (Salvador, Honduras, Nicaragua) ou formée de petits
groupes très minoritaires (Panama, Costa Rica).
Du fait de leur position géographique, certains pays ne possèdent pas toute la
gamme des chorèmes et doivent être regroupés par paires pour correspondre au
modèle : c’est le cas du Guatemala et du Belize ainsi que du Salvador et du Honduras.
Ces couples entretiennent des relations à la fois fonctionnelles et conflictuelles, liées
en partie aux conditions d’accès aux littoraux.
Le Honduras présente la particularité d’une double polarisation de l’espace national
entre la capitale, Tegucigalpa, située dans les montagnes, et San Pedro Sula, le centre
économique du littoral caraïbe. Dans les autres pays, aucune ville de second rang ne
peut rivaliser avec l’aire métropolitaine organisée autour de la capitale politique et
économique.
Au Nicaragua, plusieurs observations : DIAPO 30-31
o La dichotomie hautes terres-façade pacifique/ façade caraïbe est
particulièrement marquée (cf carte des densités, diapo 21)
o Une région atlantique très importante en superficie qui rassemble environ
700 000 hab avec une proportion croissante de métis (front pionnier) et
demeure très isolée par rapport au centre de gravité du pays
o Le pays ne dispose pas de port important sur le littoral caraïbe et le fret transite
par Puerto Limon au Costa Rica
la définition de chorèmes permet de formaliser les traits les plus marquants de l’organisation des espaces
nationaux en un modèle générique applicable mutatis mutandis aux sept pays
. Comme dans toute démarche de
modélisation, la réduction du « réel » à une figure simplifiée présente un double intérêt, heuristique et
pédagogique. La mise en évidence des structures élémentaires d’un espace donné résulte d’une réflexion
approfondie sur les formes spatiales et les logiques sociales qui les sous-tendent. La grammaire des chorèmes
n’est pas purement spatialiste mais croise les attributs géométriques de l’espace (point, ligne, aire, réseau) avec
des mécanismes de territorialisation (maillage, gravitation, tropisme…)
. Cette combinaison parfois critiquée a
cependant le mérite de proposer une lecture à la fois singulière et générale de l’espace étudié. Singulière, car les
chorèmes retenus font référence à des processus complexes liés à des expériences historiques particulières, à des
modèles de développement successifs, à des pouvoirs s’exerçant à différents niveaux. Générale, car en
simplifiant des combinaisons complexes, ils rendent possible la comparaison et éventuellement, la généralisation
du modèle proposé. En proposant des « modèles du singulier », l’approche chorématique contribue à réduire
l’opposition entre les démarches idiographique et nomothétique (R. Brunet, 1990).
« Ces chorèmes expriment des actions, des projets, des résultats : ils composent la signature des sociétés. Nous
allons y retrouver les lois de l’espacement, de la distance et de la gravitation et toutes les actions sociales
d’appropriation, d’exploitation, de communication, d’habitation et de gestion. » R. BRUNET Mondes nouveaux,
Vol I, Géographie Universelle, Hachette/RECLUS, 1990, p. 90.