s'offrir «lui-même à Dieu sans tache» ² (Hébreux 9, 14.) «Cette femme, en répandant ce parfum sur
mon corps, l'a fait pour ma sépulture» ³ (Matthieu 26, 12.)
¹ L'évangile de Jean contient une période intermédiaire: la résurrection de Lazare et les circonstances qui s'y rattachent.
Dans cet évangile, le ministère public du Seigneur prend fin au chapitre 10.
² En Matthieu et Marc qui nous présentent Christ comme le Messie et le Prophète, respectivement, le parfum est répandu
sur sa tête, tandis qu'en Jean, où Christ est révélé comme le Fils de Dieu, Marie oint ses pieds. Il est compréhensible que Luc
ne contienne pas ce récit, car dans cet évangile, le Seigneur Jésus est présenté comme le fils de l'homme, homme abaissé et
humilié.
³ En Marc, il est dit: « Elle a anticipé le moment d'oindre mon corps pour ma sépulture (14, 8.) On sait que les autres
femmes qui se rendaient au sépulcre du Seigneur dans cette intention, sont arrivées trop tard (Luc 24, 1-3.)
Telle est la signification que le Seigneur donne lui-même à son acte, lorsqu'il s'interpose entre elle et
les disciples qui la blâment. Il proclame solennellement que cet acte ne tomberait jamais dans l'oubli ;
cela montre tout le prix qu'il y attachait. De même que Jonathan, poursuivant l'ennemi, avait goûté un
peu de miel au bout de son bâton « et ses yeux furent éclaircis» (1 Samuel 14, 27), de même et com-
bien davantage notre bien-aimé Sauveur goûta en cette circonstance, un rafraîchissement qu'aucun
homme, à l'exception cependant du brigand sur la croix, ne lui accorda plus durant les heures doulou-
reuses qu'il allait traverser.
Le jour de la fête, « le premier jour des pains sans levain », arrive. Le soir étant venu, Jésus se met à
table avec les douze pour célébrer la Pâque (Matthieu 26, 17-20 ; Marc 14, 12-18 ; Luc 22, 7-18.) Il
leur dit: «J'ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre. » Avant que le fils de
l'homme, l'héritier de toutes choses, soit rejeté définitivement, avant que les vagues de la haine de
l'homme s'abattent sur la tête du saint et du juste, avant que le vrai Agneau pascal donne sa vie et que
son sang soit versé, le désir de son cœur est d'être réuni une fois encore avec le faible résidu de son
peuple sur le terrain de l'ordonnance parfaite instituée par Dieu (Matthieu 26, 21-25, 31-35 ; Marc 14,
18-21, 27-31; Luc 22, 21-38 ; Jean 13,18-30, 36-38.) Toutefois cette scène d'adieu si solennelle est as-
sombrie par bien des sujets de tristesse. Ce n'est pas seulement Judas, le traître soudoyé par les princi-
paux sacrificateurs, et qui, possédé tout entier par son sinistre dessein, s'enfonce dans la nuit pour l'ac-
complir. Ce sont aussi les disciples qui contestent entre eux «pour savoir lequel serait estimé le plus
grand. » C'est, enfin, Simon Pierre affirmant avec jactance qu'il est prêt à aller en prison et à la mort
avec son Maître, alors qu'il devait le renier trois fois cette même nuit.
Bien qu'il ressentît tout cela infiniment plus que nous, le Seigneur ne recula pas. «Ayant aimé les
siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin» (Jean 13, 1-17.) Durant le souper, il leur
montre, par le symbole du lavage des pieds, qu'il serait toujours prêt à secourir les siens par la puis-
sance purificatrice de sa Parole. Après le repas, il leur confie un legs particulièrement précieux (Mat-
thieu 26, 26-30 ; Marc 14, 22-26 ; Luc 22, 19, 20.)
Il savait combien nos cœurs sont oublieux et combien cette scène si émouvante de ses souffrances et
de sa mort, ne laisse, trop souvent hélas! Que des impressions fugitives dans notre esprit ! C'est pour-
quoi il institua, à notre intention, son repas, la cène du Seigneur: le pain et le vin, son corps et son sang
séparés; son corps donné pour nous, son sang versé pour nous, symboles d'un Christ mort pour nous,
d'un Christ qui a parfaitement glorifié le Père et satisfait à jamais le Dieu saint. « Faites ceci en mé-
moire de moi» (Luc 22, 19.) Ce vœu du Seigneur, qu'il confirma plus tard du haut des cieux (1 Corin-
thiens 11, 24-25), ne devrait-il pas trouver en nos cœurs à tous, un écho plus chaleureux ?
Le chant d'une hymne s'élève, puis ils sortent dans la nuit (Matthieu 26, 30.) «Il s'en alla, selon sa
coutume, à la montagne des Oliviers» (Luc 22, 39.) Mais les paroles qu'il adresse cette fois aux dis-
ciples sont des paroles d'adieu. «Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ! » (Jean 14, 1 et 27.)
Quelle sollicitude! Il aurait eu bien des raisons de n'être préoccupé que de lui-même, et le voilà qui
console, encourage et enseigne les onze. Il leur parle des «plusieurs demeures dans la maison de son
Père» et du chemin qui y conduit (Jean 14.) Ensuite il les entretient de la relation si tendre et si intime
qui les unit eux, les sarments, à lui, le vrai cep (Jean 15.) Mais ils poursuivent leur chemin dans la nuit,
laissant loin derrière eux la sainte ville. Alors il leur annonce que les ombres de l'ancienne alliance
vont disparaître pour eux et que va venir bientôt un autre Consolateur, l'Esprit saint, qui les conduira
«dans toute la vérité» et les introduira dans une relation toute nouvelle avec le Père (Jean 16.) Puis, le-
vant les yeux au ciel, il prononce la prière qui nous est rapportée en Jean 17. Il tend, en quelque sorte,
au Père ceux qu'il lui avait donnés du monde, afin que le Père les garde jusqu'à la fin, au milieu du