Causes des évolutions de sens Considérations générales concernant l’évolution du lexique Prep.univ. Ramona IVĂNUŢĂ Universitatea Politehnică Bucureşti Avant-propos Ce mémoire porte sur l’évolution du lexique français et les facteurs (externes, internes, socioculturels) qui l’ont influencée. On essaiera de démontrer que l’évolution du lexique est l’un des effets des changements extralinguistiques qui se produisent au monde. On présentera ainsi l’effet de plusieurs éléments (les transformations sociales, le développement de la science et de la technique, l’apparition des professions nouvelles, l’évolution des mentalités, en général, la politique linguistique, le désir de s’exprimer avec cohérence et concision) sur l’enrichissement du lexique. Causes externes Les évolutions de sens sont le résultat des changements qui sont intervenus dans la société. Beaucoup de ces transformations sont l’effet des innovations : les nouveaux objets, condamnant les anciens, portent atteinte aux mots qui les représentaient. Toute science nouvelle exige sa terminologie. Pour dénommer une nouveauté, une langue a trois solutions : créer des mots nouveaux (logiciel, par exemple), réanimer des mots anciens (nuisance, maintenance, péage) ou importer un terme étranger en même temps que l’idée qu’il représente (fast food). Une étude effectuée par quelques chercheurs comme Wexler ou Guilbert (Henriette Walter, 1996 : 327) sur les exemples précis des chemins de fer, de l’aviation, de l’astronautique, nous montre comment se forme le vocabulaire d’une nouvelle technique, ce qu’il tire par extension de sens du fonds ancien, ce qu’il emprunte, ce qu’il crée, après quels doubles emplois il se stabilise, comment il pénètre dans la langue commune et y développe des polysémies et des métaphores. Nous pouvons donner plusieurs exemples pour prouver les différents procédés par lesquels on a dénommé les nouveaux objets apparus grâce au progrès de la technique. Un exemple serait le cas du terme train, qui a éliminé convoi grâce à son emploi fluvial dans train de bateaux et qui est arrivé à être employé couramment pour désigner la locomotive et l’ensemble des voitures qu’elle traîne (Le Petit Robert, 1993 : 2286). Un autre exemple pourrait être l’anglicisme wagon, qui a éliminé chariot et fourgon vers 1828. Le viaduc, copié sur aqueduc, est un mot savant, de même que locomotive, qui élimine vers 1837 voiture à vapeur, automoteur, chariot locomoteur, locomobile, locomoteur, locomotrice (Henriette Walter, 1996 : 327). Ce sont des exemples qui prouvent le fait que, face à des situations nouvelles, la langue trouve les ressources nécessaires pour renouveler son lexique. Les raisons pour lesquelles l’on a choisi d’employer un terme ou l’autre pour désigner un objet donné ne sont pas toujours claires. En général, c’est l’usage qui établit la règle. Causes socio-culturelles Les phénomènes sociaux du langage mettent en jeu des causes ethniques et politiques ; les guerres, les progrès et les reculs de la civilisation, les mœurs et les coutumes, la situation démographique, le développement de la technique, du transport, des médias y jouent leur rôle. Toutes les langues peuvent être analysées du point de vue de leur histoire externe (leurs luttes pour s’imposer sur un certain territoire) aussi bien que du point de vue de leur histoire interne (leurs sectionnements en dialectes et patois, leur extension). En ce qui concerne l’histoire externe d’une langue, nous devons prendre en considération le fait que toute langue évolue grâce aux influences exercées sur elle par les sujets parlants. Même les langues qui disparaissent – meurent en « sortant de la mémoire des hommes » (cf. Victor Henry, Albert Dauzat, 1922 : 203), soit que la population qui les parlait ait été détruite, soit qu’elle ait adopté un autre idiome. De l’autre côté, nous devons tenir compte aussi de l’histoire interne des langues. De ce point de vue, les linguistes ont pris en considération la tendance de la langue à la fragmentation en autant de subdivisions qu’il existe de groupes naturels parmi les locuteurs. Ces subdivisions peuvent être locales ou sociales. Les uns se constituent en raison de l’espace, possèdent une aire territoriale sur laquelle chacun d’eux est seul parlé, à l’exclusion de ses voisins et représentent les dialectes ou les patois ; les autres sont propres à un milieu social donné, coexistant sur le même territoire avec d’autre parlers du même genre et sont les argots. Si les dialectes et les argots sont le résultat de l’évolution de la langue étroitement liée aux influences sociales, nous pouvons aussi dire que toute notion, toute invention, toute découverte dont s’enrichit le patrimoine humain exerce un contrecoup immédiat sur la langue, par l’apparition de nouveaux termes ou par la transformation des termes anciens. Suivant les changements sociaux, le progrès de la civilisation, la mode et les usages, nous pouvons établir plusieurs types de changements des mots. Ainsi, il y a des mots qui s’en vont avec les objets qu’ils désignaient, certains d’entre eux restant cependant dans des expressions ou des locutions. Par exemple, on n’emploie plus un terme comme carosse (ancienne voiture à chevaux, de luxe, à quatre roues, suspendue et couverte, cf. Le Petit Robert, 1993 : 259) que dans l’expression avoir, rouler carosse (être assez riche pour posséder une voiture) ou dans les œuvres littéraires où l’écrivain veut recréer l’atmosphère d’une certaine époque. Au lieu de disparaître, beaucoup de termes ont changé de sens, suivant l’évolution des usages ou des idées. Par exemple, le tabouret était jadis un siège. Au début du XXe siècle, il était descendu d’un degré et ne servait plus qu’à mettre les pieds, tandis qu’aujourd’hui il est employé avec les deux sens. Un autre exemple : le terme commerce s’employait dans des expressions comme fuir le commerce de ses semblables avec le sens de « relations que l’on entretient dans la société » (Le Petit Robert, 1993 : 344), tandis que de nos jours il ne signifie plus que « opération qui a pour objet la vente d’une marchandise, d’une valeur, ou l’achat de celle-ci pour la revendre après l’avoir transformée ou non ; entreprise qui fait cette opération » (Le Petit Robert, 1993 : 343). Un autre type de changement de sens implique l’extension du sens de certains mots. Par exemple, le terme persienne dénommait d’abord une espèce de contrevent toute particulière. Ce mode de fabrication s’étant généralisé, tous les contrevents sont devenus des persiennes et le mot le plus récent a éliminé l’autre. Sous un autre aspect, nous pouvons remarquer le phénomène de remplacement des termes qui désignent le même objet. Cela s’observe surtout en matière médicale, où la variole a remplacé la petite vérole, la névralgie tend à s’imposer sur la migraine qui, à son tour, a remplacé les vapeurs, le tuberculeux a remplacé le phtisique, qui a éliminé le poitrinaire et ainsi de suite. Une autre catégorie de mots parus dans la langue grâce aux influences sociales est représentée par les mots qui doivent leurs étymologies aux lieux d’origine du produit désigné. Ainsi, on emploie aujourd’hui des termes comme : cachemire, dinde, cravate, etc. sans que l’on se rende compte qu’ils proviennent du Cachemire, respectivement de l’Inde ou des Croates. Il y a aussi des mots qui proviennent de noms de personnes. Par exemple, la silhouette vient de Silhouette, ministre des Finances en 1759, tandis que la guillotine porte le nom de Guillotin, qui en préconisa l’usage, en 1790. Enfin, nous ne devons pas omettre le fait que la société a exercé une grande influence sur la formation des tabous, en imposant la transformation des expressions comme : Sacré Dieu ou Par le sang [de]Dieu en sacrebleu, respectivement palsambleu. Le lexique a une relation plus étroite que la phonétique, la morphologie ou la syntaxe avec l’histoire des civilisations et des mentalités et intéresse particulièrement l’histoire et la littérature. Les mots dont la croissance ou la décroissance est interprétable de ce point de vue sont notamment les substantifs et les adjectifs. Les études effectuées pendant les dernières années (Henriette Walter, 1996 : 328) ont prouvé le fait que les termes abstraits ont connu une forte progression, tandis que les mots concrets sont en régression. On a observé la progression des termes comme : affirmation, allusion, attitude, ascension, aventure, conscience, effort, image, peur, question, sens, etc., ce qui démontre l’abstraction croissante de la langue française. Tout mot véhicule une idéologie héritée du passé qui subsiste tandis que des emplois nouveaux se développent ; ces emplois sont ressentis comme des abus de langage par les locuteurs, qui pensent que la « justesse » des mots est la juste image des choses. Par exemple, le terme humilité a perdu, chez la plupart des locuteurs, sa valeur religieuse pour devenir un substitut littéraire, un peu péjorative, de modestie (Picoche, J., Marchello-Nizia, Ch., 1996 : 329). En français moderne, humilité est le synonyme de modestie, mais un synonyme d’un niveau de langue plus soutenu, littéraire et légèrement archaïque. Il s’oppose au terme désigné par orgueil, qui représente la conscience que le sujet a d’être supérieur à une certaine norme. D’un autre côté, nous devons préciser qu’en français classique la modestie s’opposait à l’humilité (Jacqueline Picoche, 1995 : 98). Ainsi, l’humilité était une disposition purement intérieure, dont le seul témoin et le seul juge véritable était Dieu, alors que la modestie était un certain type de comportement en société, qui pouvait exprimer l’humilité, mais pouvait aussi avoir toutes sortes d’autres motivations. Le mot humilité paraît surtout chez les auteurs religieux ou dans un contexte religieux. Nous pouvons conclure alors qu’au XVIIe siècle et encore au début du XVIIIe, humilité et modestie s’opposaient l’un à l’autre par les traits pertinents suivants : « religieux » - « non spécifiquement religieux », « intérieur » - « extérieur ». Alors, l’on a proposé les définitions suivantes : Humilité – « conscience qu’un sujet, se comparant à Dieu, a de son peu de valeur » ; Modestie – « comportement d’un sujet donnant à penser à son entourage qu’il a conscience d’avoir peu de valeur » (Jacqueline Picoche, 1995 : 102). Ensuite, vers le milieu de XVIIIe siècle, le mot modestie a acquis le sème « intérieur » et le mot humilité a perdu le sème « religieux ». Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, l’on a parlé de « la fausse modestie » comme du « plus décent de tous les mensonges » (Jacqueline Picoche, 1995 : 103). Au début du même siècle, l’expression « fausse modestie » est devenue un pléonasme. Quant à humilité, le mot conservera jusqu’en plein XXe siècle sa valeur ancienne et religieuse, mais ce sera dans des écrits teintés de théologie, dans le langage technique, étranger généralement à l’usage courant. C’est un exemple qui prouve le fait que le changement linguistique est un phénomène complexe, auquel contribue aussi l’évolution des mentalités. Causes internes Nous avons présenté, jusqu’ici, quelques exemples des changements de sens intervenus à cause du progrès de la technique ou des évolutions des mentalités. Maintenant, nous allons aborder les changements mystérieux, auxquels l’on ne peut donner qu’une explication linguistique, reposant sur la morphologie du mot, ses relations syntagmatiques et paradigmatiques et surtout sur sa structure sémantique interne (Jacqueline Picoche, Christiane Marchello-Nizia, 1996 : 331). Soit l’exemple de comprendre. C’est un mot en forte progression, qui a explosé à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu’alors, ce terme a eu comme concurrent le verbe entendre, qui lui-même avait précédemment triomphé de ouïr. Ainsi, en ancien français, ouïr, fréquent et bien vivant, n’exprimait qu’une activité sensorielle (lat. audire). Comprendre, savant et très marginal, avait des emplois spatiaux, pouvant signifier tantôt « emplir » (lat. implere), tantôt « contenir » (lat. includere). Il avait aussi quelques emplois abstraits métaphoriques, un livre comprenant une certaine matière et un esprit humain une certaine notion. Entendre, très fréquent et très polysémique, exprimait l’activité de l’esprit tendant vers un résultat (lat. intendere : « s’orienter vers », « désirer », « s’occuper de », « être d’avis de », « écouter ») ou le moment où l’esprit atteint le but qu’il s’est fixé et l’état qui en résulte (lat. intelligere : « percevoir », « s’apercevoir de », « comprendre »). Dans les cas où entendre pouvait remplacer ouïr, le complément était représenté par un sens qui devrait être perçu par l’intelligence en même temps que son support sonore était perçu par l’oreille. Nous pouvons dire alors qu’à cette époque-là entendre était un verbe intellectuel et abstrait, tandis qu’ouïr était un verbe de perception strictement concret. Plus tard, au XIVe siècle, comprendre – implere disparaît ; seul subsiste comprendre – includere, mais ses emplois spatiaux reculent devant des emplois métaphoriques abstraits. Au XVIIe siècle, le verbe ouir disparaît aussi. Désormais entendre va cumuler les sens de intendere, audire, intelligere. Ensuite, à partir du XVIIIe siècle, entendre commence à perdre beaucoup de ses emplois abstraits. Il en subsiste aujourd’hui quelques-uns, tels : entendre raison, laisser entendre, bien entendu, s’entendre à faire quelque chose, s’entendre bien ou mal avec quelqu’un, j’entends faire des réformes, j’entends qu’on m’obéisse, etc. Cependant, ces expressions expriment une activité d’esprit insérée dans la vie pratique. Ceux où il exprimait la pure intellection se sont reportés sur comprendre : j’entends ce que vous me dites ne signifie plus « je m’en fait une idée claire et distincte, je peux analyser et synthétiser », mais rien d’autre que « je l’oi (audio) ». En outre, comprendre – intelligere est devenu un verbe plein de force et de vitalité. Une autre cause interne de l’évolution des mots est étroitement liée aux phénomènes mécaniques qui se produisent chez les sujets parlants et qui affectent les mots en tant que signes sonores. Les sons se modifient très lentement. Vue de près, l’évolution est presque insensible, mais une analyse historique des étapes parcourues par certains termes démontre l’existence des modifications. Par exemple, nous savons que eau provient de aqua. En réalité, c’est le même mot, insensiblement altéré d’une génération à l’autre. Le point de départ de cette transformation est la prononciation akwa (au IVe siècle) qui est arrivé à la prononciation ô (au XIXe siècle) par une série continue d’intermédiaires : agwa, aiwa, aiwe, èiwe (au XIe siècle), èwe, èawe, eâou (au XVe siècle), aou, óou, ó. Tenant compte du fait que les changements se produisent chez l’individu, nous pouvons dire que la cause de l’évolution phonétique est individuelle, mais nous ne devons négliger ni la production simultanée des mêmes faits chez plusieurs individus, appartenant généralement au même groupe social. Dans ce dernier cas, l’évolution phonétique peut être considérée comme le résultat d’une influence générale (Albert Dauzat, 1922 :46). L’évolution phonétique est alors, nous pouvons dire, un résultat de l’action de l’individu sur les sons, à travers plusieurs générations et prenant en considération son appartenance à plusieurs milieux sociaux. Cependant, nous devons envisager aussi, quand nous parlons des modifications des sons, les causes physiologiques qui ont transformé les sons. Il s’agit de ce que l’école allemande des néogrammairiens a appelé le déplacement du sens musculaire (Albert Dauzat, 1922 : 56), c’est-àdire le fait que les évolutions des sons sont conditionnées par une adaptation continue des articulations aux nécessités organiques. Autrement dit, les sons changent suivant l’évolution de nos organes de la parole. Nous n’avons plus le larynx, la langue, le palais disposés exactement comme nos ancêtres ; c’est pourquoi nous ne parlons plus comme eux. Ce sont des exemples qui prouvent que l’évolution linguistique est étroitement liée à l’usage ou, comme l’a dit G. Guillaume (Jacqueline Picoche, Christiane Marchello-Nizia, 1996 : 333), « L’homme linguistique des différents âges peut penser les mêmes choses. Il reste qu’il ne les pense mêmement. ». La politique linguistique - Les arrêtés de terminologie Suivant une politique linguistique de promotion des termes locaux, le Conseil international de la langue française, créé en 1967, s’est donné pour tâche de conserver aux peuples qui la parlent aujourd’hui une langue de diffusion internationale adaptée aux besoins du monde moderne. Persuadé que la langue française est parfaitement apte à transmettre la pensée scientifique et les connaissances techniques, la Conseil a publié plusieurs arrêtés de terminologie, qui incluent les listes des expressions et termes dont l’emploi est « obligatoire » ou seulement « recommandé » dans l’administration et les services officiels, y compris tous les niveaux d’enseignement. L’objet de ces arrêtés est de bannir la grande quantité d’anglo-américanismes et de néologismes peu appréciés. On a fait paraître des listes avec des termes de l’audio-visuel, de la construction (bâtiment et routes), de l’urbanisme, des techniques nucléaires, de l’industrie pétrolière, des techniques spatiales, des transports, des finances, de la santé, de la défense, de l’informatique, du tourisme, des télécommunications. En 1985, l’inventaire des termes comprenait déjà 1100 unités lexicales (Bodo Muller, 1985 : 182). Bien sûr, cet inventaire sera élargi par d’autres terminologies, dont l’élaboration était en cours à moment-là. Après avoir montré le rôle du Conseil international de la langue française dans la réglementation du lexique français afin de mettre à jour les termes et les réalités qu’ils désignent, nous allons prendre en discussion un cas particulier, c’est-à-dire le cas des termes de l’audio-visuel et des médias. L’arrêté du 12 janvier 1973 établit les termes obligatoires aussi bien que ceux dont l’emploi est recommandé. Expressions et termes approuvés Terme approuvé Terme anglais Baladeur radio Walkman Cadreur (tél.) Cameraman Coupure (tech., él.) Cut off Franc jeu Fair play Industrie du spectacle Show business Palmarès Hit parade Plan serré et gros plan Close up Postsonorisation Play back Retour en arrière Flash back Spectacle solo One man show Stylicien Designer Stylique Design Voix dans le champ Voice in Voix hors le champ Voice out Bien que le champ d’application des arrêtés de terminologie se limite aux administrations, il est souhaitable que leur usage se répande largement dans le public au bénéfice de l’enrichissement de la langue. Cela a été, au fait, le but du Conseil international de la langue française. Cependant, nous devons remarquer le fait que beaucoup de ces termes officiels ont été mal acceptés même par les dictionnaires, qui, tout en les présentant, se montrent réservés quant à leur récommandabilité. C’est la raison pour laquelle certains termes ont été déjà abandonnés. Ainsi, des termes comme : industrie du spectacle, palmarès, animateur ou franc jeu, préconisés en 1973 pour remplacer les termes anglais show business, hit parade, disk jockey, respectivement fair play, ont été abandonnés dans la nouvelle version de l’arrêté du 24 janvier 1983. Beaucoup d’autres termes sont restés. C’est pourquoi nous ne pouvons pas établir l’efficacité de ces arrêtés. Ce que nous pouvons dire sans hésiter c’est que les linguistes essaient de garder les valeurs traditionnelles françaises, en élaborant en même temps des terminologies qui répondent aux besoins des activités nouvelles. Conclusions Nous avons étudié quelques causes des évolutions de sens, afin de prouver le fait que les changements linguistiques dépendent des transformations sociales, du progrès des mentalités, aussi bien que de la politique linguistique. Les phénomènes du langage peuvent être alors envisagés de point de vue psychologique, social ou littéraire ; la conclusion que l’on en tire est la même : la langue, y compris le langage, évolue suivant l’individu et le changement des mentalités dans la société. 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