1.3 Du doute au sursaut ou l’aspiration à la renaissance
Les questions posées aux Etats et aux élites sont nombreuses : la question du
communisme qui occupe l’espace politique et provoque un grand nombre de réactions. Il
y a aussi le contentieux franco-allemand qui explique les tensions des années 20. A
partir de 1932, la crise économique aidant, chacun se retire dans ses quartiers. Le retrait
de la SDN de l’Allemagne et les violations du traité de Versailles aggrave la situation. Les
Européens cherchent cependant à consolider leur unité, à l’initiative de la France mais
aussi d’intellectuels suisses. Un contexte particulier explique la situation.
1.3.1 Le contentieux franco-allemand
L’Europe de Versailles se divisent entre les démocraties prônant le statu quo et les
états révisionnistes. Les tensions et les clivages se cristallisent autour du thème de
la sécurité qui occupe une place centrale dans les relations internationales. De
nombreuses voix s’élèvent pour demander un rapprochement avec l’Allemagne.
Marc Sangnier appartient à la famille des démocrates-chrétiens. Au début de la III°
République, issu d’un milieu catholique traditionnel, il se « convertit à la
démocratie ». Entre 1873 et 1910, il y a eu un grand débat en France, entre
tradition et modernisme, entre ceux qui défendent les thèses ultramontaines du
Vatican (ainsi qu’une restauration de la monarchie) et ceux qui se rattachent à la
République. Marc Sangnier, rentier, se lance dans l’action politique : il milite pour
le ralliement à la République. Ce ralliement est recommandé aux catholiques
français par le pape Léon XIII, favorable à une pacification des esprits et qui
explique dans son encyclique aux catholiques français qu’il est temps de rentrer
dans le rang. La question des institutions ne doit pas être résolue par l’Eglise elle-
même. Les catholiques se divisent entre les orléanistes et les légitimistes. Les
seconds sont partisans de la monarchie ; ils rejettent la République et représentent
une force politique et sociale. Les premiers vont servir la République. Sangnier
s’inscrit dans le ralliement à la République avec la volonté de convertir l’Eglise à la
démocratie. Le Sillon, mouvement qu’il fonde, s’enracine dans l’espace religieux
français. Petit à petit, les séminaires vont être influencés par les idées du Sillon. En
1910, Pie X publie une encyclique qui condamne le modernisme et Marc Sangnier.
Celui-ci se soumet, après avoir semé ce qui sera la démocratie chrétienne de
l’entre-deux-guerres. En 1926, le pape Pie XI condamne l’Action Française.
Après l’occupation de la Ruhr, la France, sous pression des Etats-Unis, est
contrainte de négocier avec l’Allemagne.
Le projet européen d’Aristide Briand vient se placer dans la continuité du
rapprochement franco-allemand. Alexis Léger, Secrétaire Général du Quai d’Orsay,
lui écrit son discours du 5 septembre 1929. Un mémorandum en 1930 réaffirme
cet appel. Au même moment est fondé le mouvement Pan Europa et le Comité
Fédéral de Confédération Européenne de Coudenhove-Kalergi, austro-hongrois
d’origine japonaise.
C’est donc une former d’échec de la construction européenne. Mais en 1926 et en
1927, il y a une union douanière franco-allemande. En 1926, on met en place