Les mouches du pêcheur de truite .Léonce de Boisset.1939. LES ÉPHÉMÈRES p.194.195.196.197§12.LES PALINGÉNIIDÉS. Les auteurs français, assez rares d'ailleurs, qui ont écrit sur les Éphémères, paraissent admettre l'existence en France de l'unique espèce paléarctique de cette famille, Palingenia longicauda, la plus grande de toutes les Éphémères. Dans ses articles de 1a Pêche illustrée, publiés en 1926, M. Gros s'exprimait ainsi: « Cette espèce apparaît en vastes multitudes durant une ou deux soirées de la deuxième quinzaine de juin ; une apparition de si brève durée peut rester inaperçue et explique peut-être que cette Éphémère ne soit pas signalée dans beaucoup de rivières ». M. Vavon dit, à son tour, qu'on voit en juin Palingenia longicaùda, espèce ayant quatre ailes, un corps brun, et de très longues soies caudales. Et si l'on en croit Eaton, on l'aurait trouvée, en France, près de Sète. Il est curieux de noter que personne, en France, n'a plus retrouvé cette éphémère géante. N'ayant jamais, pour ma part, rencontré cette éphémère, j’ avais toujours pensé que je ne m’ étais jamais trouvé à la bonne place ou au bon moment. Mais une étude très documentée de M. Lestage, parue en 1937 dans sa série des Éphéméroptères de la Belgique, sous le titre « Palingenia longicauda, type disparu ou n'ayant jamais existé » (Bulletin de la Société Entomologique de Belgique) , est venue modifier mes idées. M. Lestage affirme que cette espèce a disparu « dans toutes les parties de l'Europe Occidentale où elle exista ou est censée avoir existé » , même en Belgique et en Hollande, où elle était cependant très abondante au temps de Swammerdam, et même encore en 1882. Et c'est grand dommage si l'on en juge par le récit du Dr Athanasiu qui observa sur le Danube, en 1937, un vol de Palingenia longicauda qui s'étendait, sur plus de cinquante kilomètres, avec une telle densité qu'on pouvait estimer leur nombre à plus de cent individus par mètre carré. Si l'on veut bien noter qu'il s'agit d'une éphémère de taille géante, on peut imaginer quel spectacle ce devait être. Notons donc, néanmoins, les caractéristiques de l'espèce. Cet examen n'aura peut-être pas, après tout, seulement un intérêt rétrospectif. Le nombre s'accroît d'année en année des pêcheurs fortunés que l'admirable protection accordée à la pêche en France pousse à diriger leurs pas vers les rivières peuplées de l'Europe Centrale ou Orientale. Ces confrères favorisés pourront emporter dans leur valise la description de Palingenia longicauda, pour le cas où ils en rencontreraient un vol sur un des affluents du beau Danube bleu! La famille des Palingéniidés est une branche issue du rameau éphéméroïdien. Les quatre ailes, très grandes, ont de très nombreuses nervures longitudinales et transversales (fig. 87) . Dans l'aile antérieure, la médiane antérieure se divise en deux rameaux seulement après le milieu de l'aile. Les tarses antérieurs des mâles ont deux fois la longueur du fémur. Les tarses postérieurs n'ont que quatre articles libres. Chez les femelles, les pattes sont plus courtes et plus minces que celles des mâles. Les yeux des mâles sont simpIes. Les pinces génitales ont jusqu'à six et sept segments . Mais le détail le plus remarquable, qui a fait donner à l'espèce son nom, c'est la longueur des cerques qui sont au nombre de deux dans les deux sexes, le cercode ayant disparu. Ceux de la femelle ont à peine la même longueur que le corps, mais ceux du mâle sont trois fois plus longs. Les ailes, fortement troubles, sont brun fauve avec les nervures brun sale. La tête est brun de poix, le thorax jaune, l'abdomen brun. Les pattes et les cerques sont jaune terni. Et voici les dimensions remarquables: corps du mâle, 25 à 35 millimètres, de la feme]le, 27 à 38 millimètres ; ailes du mâle, 24 à 30 millimètres, de la femelle, 28 à 38 millimètres; cerques. 60 à 80 millimètres chez le mâle, 26 à 30 millimètres chez la femelle. A l'état de subimago, les cerques sont velus. Voici ce qu'il est bon de connaître de cette espèce. Et regrettons qu'en maints pays l'homme ait une fois de plus contrarié la nature et anéanti de ses mains, pour un profit contestable, les conditions de vie qui étaient indispensables à la persistance de cet insecte que M. Lestage a qualifié de « splendide animal » .