Éthique et politique, A08 Cours 5
Christiane Gaudreault et Hélène Lemieux, Éthique et poltique, notes de cours 2, cégep de Jonquière, A-08
P3
plus l’action elle-même qui est jugée, ce sont les résultats de telle action à tel
moment qui sont déterminants. Pour Kant, au contraire, les conséquences du
geste n’ont aucune importance pour définir sa moralité. Le mensonge est
toujours moralement inacceptable puisqu’il ne peut être universalisé. Il n’y a pas
d’exception. C’est l’impératif catégorique. La position utilitariste est plus flexible
de sorte qu’on parle plutôt d’impératifs hypothétiques.
Le fonctionnement utilitariste se retrouve souvent dans la vie quotidienne. Par
exemple, quand on se demande si on doit ou non changer de programme au
cégep, il faut tenir compte de nombreux facteurs : les exigences du nouveau
programme, les emplois disponibles à la sortie, l’endroit où se donne le cours, le
budget nécessaire, l’intérêt suscité par la matière, etc. Ce sont les conséquences
de l’action que j’examine. Quand un gouvernement se demande s’il doit ou non
fermer une école dans un village, il tient compte des conséquences envisageables
de chacune des hypothèses et il va choisir la solution la plus avantageuse. Les
utilitaristes appliquent la même démarche à la morale.
Contrairement à Kant, les utilitaristes ne s’intéressent pas non plus aux
intentions ou aux motivations de la personne qui agit puisque l’intention elle-
même n’a pas d’influence sur les conséquences du geste. Ce n’est donc pas
l’intention qui fait que le geste est moral ou non. Qu’une action soit accomplie
par intérêt personnel, par amitié, ou par crainte d’une punition n’a aucune
incidence sur sa valeur morale. Pour Mill : Celui qui sauve un de ses semblables en
danger de se noyer accomplit une action moralement bonne, que son motif d’action soit le
devoir ou l’espoir d’être payé de sa peine… (MILL, John Stuart, L’Utilitarisme,
Champs, Flammarion, Paris, 1988, p.69). Par exemple, selon les utilitaristes, si
quelqu’un contribue à la Fondation de ma vie peu importe ses motivations (le désir
de soustraire de l’argent à l’impôt, le désir de paraître dans le journal pour
obtenir de la publicité etc.) l’action est toujours bonne puisqu’elle a comme
conséquence d’améliorer la santé de la population. Les motivations de l’action
nous permettraient de juger la vertu de la personne qui agit, c’est-à-dire sa
disposition à faire le bien mais pas la moralité ou l’immoralité du geste posé. De
plus, si on considère qu’il faut rechercher les vertus, n’est –ce pas parce qu’elles
ont généralement des conséquences positives sur l’entourage de la personne
concernée?
On qualifie donc souvent la morale utilitariste de téléologique ou de
conséquentialiste parce qu’elle se base sur les conséquences des gestes pour
évaluer leur moralité. Et ceci contrairement à la morale kantienne qui est
déontologique puisqu’elle se base sur une compréhension du devoir moral et ne
se soucie pas des conséquences ou du but poursuivi par la personne.