Séquence II Économie, société, culture.
2. Économie, société, culture
On met l’accent sur les mutations des structures économiques et sociales. On analyse l’évolution de la population, des modes de vie, des
pratiques culturelles et des croyances.
Séance 1 : La société française depuis 1945.
Le choix du plan
«Depuis 1945 », la société française a bien changé. Il faut donc mettre en évidence, dans un
plan thématique, les axes de ce changement sans oublier de souligner les permanences. Par
ailleurs, il est nécessaire de brosser le cadre dans lequel a évolué la société française, sans
pour autant accorder une importance démesurée à la mutation économique qui a conditionné
la mutation sociale. On pourrait également envisager un plan chronologique car trois
périodes se détachent : I - L’avènement de la société de consommation et le recul de la
France traditionnelle pendant la croissance (1945-1968) ; II - La société française touchée
par la crise et la libération des moeurs (1968-milieu des années 80) ; III - La nouvelle société
française de la fin du siècle : urbaine, multiculturelle, fracturée.
Introduction
Amorce du sujet : opposer la société française en 1945 (importance des campagnes, niveau
de vie médiocre...) et maintenant (civilisation urbaine et ses problèmes pollution ; insécurité ;
société de consommation avec ses gadgets, ses modes ; crise économique et chômage...).
• La problématique: quelles sont les raisons de cette étonnante mutation Qu’est-ce qui est
nouveau ? Qu’est-ce qui a disparu ? Qu’est-ce qui est inquiétant dans toutes ces
transformations
Annonce et justification du plan.
I. Le cadre de la mutation
A. L’inversion du mouvement démographique
• En cinquante ans, la population de la France est passée de 40 à près de 60 mil lions
d’habitants. Cette croissance s’explique par le recul de la mortalité infantile, l’allongement de
la durée de la vie (passée de 65 à 76 ans), l’explosion de la natalité dans les vingt années qui
ont suivi la guerre, le rapatriement d’un million de Français d’Afrique du Nord, et l’entrée de
millions d’immigrés.
• Mais, à partir de 1971, la natalité s’est ralentie puis effondrée à cause du style de vie urbain,
de l’allongement des études, du travail féminin, du contrôle des naissances et de la crise
économique. On se marie moins et plus tard, on divorce plus facilement, on a peu d’enfants.
L’urbanisation accélérée
• Les campagnes se sont vidées : près de la moitié de la population y vivait pendant la guerre ;
1/5 maintenant.
• La population urbaine est passée de 53 % à 80 % de la population totale. Les grandes
métropoles se sont démesurément étendues banlieues-dortoirs, grands ensembles, villes
nouvelles.
B. De la croissance à la crise
• De 1945 à 1974, la France est emportée par la croissance qui touche tous les pays
industriels. Certes, il y a des périodes de ralentissement (1950-1953 1965-1968) mais
l’expansion explique l’élévation du niveau de vie, la poussée du secteur secondaire dans les
années 60 (plus de 38 % de la population active) et la naissance de la société de
consommation.
• La récession, après 1974, a brutalement arrêté cette progression mais elle n’a modifié ni les
structures de la société ni les habitudes de vie.
II. La mutation sociale
A. Tertiarisation et féminisation de la population active
Depuis 1945, deux groupes sociaux ont vu leurs effectifs diminuer. La paysannerie, qui est
passée de 36 % de la population active en 1946 à 6 % actuellement, et les « petits patrons » de
l’industrie et du commerce (artisans, commerçants, petits chefs d’entreprise), victimes de la
concentration liée à la modernisation de l’économie.
• La classe ouvrière a vu son importance numérique croître de 1946 (30 % de la population
active) à 1975 (39 %), puis décroître depuis (29 % en 1997) à cause de la crise et de
l’automatisation des tâches.
• En revanche, les cinquante dernières années sont caractérisées par la croissance du nombre
des salariés de la banque, de l’administration, du commerce, du tourisme. Les classes
moyennes représentent 65 % de la population active contre 34 % en 1946, ce qui marque
l’entrée de la France dans l’âge postindustriel.
B. Essor du progrès social
• Modernisation de la vie quotidienne
Alimentation plus « riche » et plus variée (moins de pain, plus de viande) confort ménager,
meilleure information (un téléviseur dans chaque foyer) facilité pour les déplacements grâce à
la voiture et aux transports en commun.
Élévation générale du niveau de vie. Depuis 1945, le pouvoir d’achat des Français a été
multiplié par 3,5. Des objets de consommation très chers il y a quarante ans comme
l’automobile et la télévision sont devenus accessibles.
• Amélioration de la protection sociale
C’est en 1945 que la Sécurité sociale a été créée, couvrant les salariés, puis peu à peu toute la
population, pour les risques sociaux (maladie, accident....). La durée du travail a été abaissée à
35 heures par semaine, et les travailleurs, qui n’avaient que deux semaines de congés payés en
1945, en ont cinq maintenant. Le salaire minimum créé en 1947, indexé au coût de la vie
depuis 1950 (SMIG), relevé de 36 % en 1968, est devenu le SMIC et il progresse plus vite
que les salaires plus élevés.
• Accentuation des inégalités
10 % de la population possède la moitié du patrimoine (immeubles, terres, or, actions,
épargne...) alors que 5 millions de « pauvres » ont des revenus inférieurs ou égaux au SMIC.
Certes, l’État favorise la redistribution d’une partie des revenus grâce à des aides diverses
(allocations familiales, chômage, retraites, bourses...) et aux équipements collectifs (crèches,
hôpi taux, stades...) mais la société française a ses exclus (chômeurs, agriculteurs pauvres,
immigrés, personnes âgées, handicapés, SDF).
II. La mutation culturelle
A. La société de consommation
Dans cette société de l’abondance où la publicité prétend rendre le gadget indispensable, le
crédit permet de jouir d’un bien ou d’un service avant de l avoir paye c’est vers 1960 que les
Français sont entres dans ce type de société.
B. Le recul des valeurs traditionnelles
En l’espace de cinquante ans, un certain nombre de valeurs sociales et morales ont reculé : la
famille (rétrécie à un ou deux enfants), l’Église (1000 prêtres nouveaux en 1945,99 en 1977 ;
60% de pratiquants en 1945, 15 % en 1980), la patrie... Le mouvement de mai 1968 a étendu
la contestation aux tabous sexuels, à l’art, à l’urbanisme, au travail, à la consommation.
C. La crise de l’enseignement
• Depuis 1945, l’enseignement français est devenu progressivement un enseignement de
masse. En 1945, 30 000 jeunes obtenaient le baccalauréat; maintenant plus de 300 000 par an.
En 1945, il n’y avait pas 100 000 étudiants, ils sont maintenant entre 1,5 et 2 millions.
• Il a fallu transformer un enseignement élitiste en un enseignement populaire ; c’est pourquoi
la réforme la plus importante a été la création des collèges. Avant 1959, les enfants des
milieux modestes arrêtaient leurs études à 14 ans (certificat d’études) ; désormais, ils vont
jusqu’à la troisième ou à la seconde. Toutefois, le contenu de l’enseignement (très abstrait) a
peu varié, d’où l’importance de l’échec scolaire.
• L’enseignement technique n’a pas été revalorisé et l’enseignement supérieur ne s’est pas
assez démocratisé (6 % d’enfants d’ouvriers en 1960, 10 % en 1995).
D. Le rôle prépondérant des médias
• Ils ont pris le relais de l’école sans démocratiser la culture. La presse quotidienne n’a pu
résister à la concurrence de la télévision ; la radio a survécu grâce à la chansonnette et aux
jeux; le cinéma a reculé, concurrencé par les feuilletons et les téléfilms.
• C’est la télévision (1,3 million de postes en 1960 ; plus de 25 millions maintenant) qui a pris
la première place, diffusant des émissions de variétés, des matches, des feuilletons américains
et, à l’occasion, des émissions «culturelles ». Mais cette « culture de masse » destinée au «
grand public » maintient les inégalités culturelles car le « public d avant garde» très
minoritaire se réfugie dans le « nouveau roman », la peinture non figurative alors que les
classes moyennes se passionnent pour l’histoire, les films à thèse, les livres de poche.
Conclusion
La société française a plus changé en cinquante ans qu’en vingt siècles.
Cette mutation est celle des pays industriels.
La société française est une société inachevée. Ce n’est pas encore une société postindustrielle
Elle est menacée par le vieillissement (faible natalité) et le racisme (plus de 4 millions d’
étrangers).
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