Novell Expose

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Novell Expose
Novell s’intéresse à Linux.
Eric lapaille
Novell vient de poser les premiers jalons d’Expose, un nouveau système d’exploitation 32 bits pour PC qui
marierait applications Dos, Windows, Unix et Netware. Le tout est basé sur le fameux Linux.
Le poster de Linus le Viking trône dans les kots de nos futurs EDP managers.
Plusieurs messages dans les newsgroups Linux, confirmés par PC Week, laissent entendre que Novell est en plein
développement d’un système d’exploitation 32 bits bon marché incluant des personnalités Dos, Windows et Unix
en plus de clients Netware. Novell devrait en faire la démonstration à quelques privilégiés à l’occasion du salon
Networld+Interop. La couche kernel de ce nouvel OS au nom de code Expose, n’est ô surprise pas basée sur
l’UnixWare maison mais sur Linux, ce surprenant clone Unix gratuit tournant sur machines Intel. La couche
graphique elle, s’appelle Looking Glass. C’est un environnement graphique XWindow dont Visix Software aurait
cédé la licence à Novell. Selon les premières indiscrétions, Expose serait plus un front-end vers Unix, Netware ou
Windows qu’un OS in fine. Ce serait plutôt un petit OS idéal pour des connexions à Internet, pour découvrir par
exemple les joies de Mosaïc et de World Wide Web. A une démo réalisée face à un parterre trié sur le volet,
Novell a montré Microsoft Office tournant au-dessus d’Expose sans émulateur. Pourtant, en ce moment, la seule
façon d’utiliser des applications Windows sous Linux est de recourir à Wine, un émulateur Wabi-like.
De projet insensé, Linux est en passe de devenir un produit qui intéresse les grands. Les choses ont bien changé
depuis août 1991 lorsque Linus Torvalds, jeune étudiant Finlandais en informatique, a entrepris d’écrire lui-même
un système d’exploitation proche d’Unix optimisé pour les plates-formes Intel 386. Pour réaliser son rêve, Linus a
opté pour le compilateur C de GNU (Gnu is Not Unix) disponible comme freeware. Petit à petit, par Internet
interposé, une armée de programmeurs enthousiastes s’est mise à croire au projet et à développer des extensions
pour Linux. La version 1.0, disponible depuis mars, ne suscite que des louanges. Distribuée pour une
bouchée de pain sur CD-ROM ou gratuitement sur les sites Internet, Linux 1.0 enthousiasme d’abord les étudiants
en informatique ravis de pouvoir étudier un système d’exploitation dans ses profondeurs. Mais Linux intéresse
aussi les sociétés à la recherche d’un Unix performant. Pas plus tard que cette semaine, un responsable Français du
Commissariat à l’Energie Atomique nous avouait, avec un soupçon de honte, qu’il utilisait de plus en plus Linux
plutôt que Solaris. Les machines Intel sont beaucoup moins chères à l’achat que des stations Unix et Linux,
réellement optimisé pour l’Intel 386, est nettement plus rapide que les versions hâtivement portées sur Intel et non
optimisées signées SunSoft ou Novell/USL. Et de plus, Linux est en passe de devenir un phénomène de société
avec toutes ces Linux-parties qui éclosent dans l’Europe entière. Les héros de 81 sont fatigués et/ou ventripotents.
C’est maintenant le poster de Linus le Viking qui trône dans les kots de nos futurs licenciés en informatique ou
EDP managers.
Les fans de Linux ne peuvent qu’être ravis de l’apparition d’Expose. La licence GNU permet aux développeurs
d’utiliser et modifier le code Linux, de le vendre à n’importe quel prix, à condition toutefois que les sources soient
librement distribuées avec le produit. C’est déjà ce qui avait obligé Next à publier les sources de son Objective C
désormais intégré à GNU. Cela pourrait signifier par exemple la disponibilité de stacks IPX/SPX dans les
prochaines versions de Linux.
Mais ne rêvons pas, ceci n’est probablement pas le dernier projet utopique de Novell. Au printemps dernier,
Novell laissait croire à demi-mots qu’une couche graphique développée en collaboration avec Apple trônerait audessus du Novell Dos 7. Et on peut se demander s’il est bien raisonnable de lancer un nouveau gladiateur dans
l’arène des OS 32 bits, face à OS/2, NT, UnixWare, Solaris ou NextStep.
Tout ceci n’est peut-être finalement qu’un pied de nez supplémentaire de Novell à Microsoft. Il est impossible
pour l’instant à Novell de vendre UnixWare (249 $) à un prix aussi attractif que Windows (+- 3500 FB). Expose,
lui, basé sur du freeware et exempt de presque toutes royalties, pourrait se vendre à moins de 150 $ et taquiner les
ventes de Windows. Ray, s’il ne tenait qu’à lui, donnerait Expose gracieusement rien que pour contrarier Bill, son
ennemi de toujours.
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