CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 33 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS La méthode la plus simple et la plus précise pour comparer des impédances, est de les comparer à des rapports de tensions fournis par les enroulements d'un transformateur. Les transformateurs construits avec soin sont capables de fournir des rapports d'enroulements variant très peu, au plus quelques 10-9, avec le temps et les conditions d'environnement (température, pression, humidité,…). Les transformateurs les plus simples possèdent deux enroulements bobinés autour d'un noyau ferromagnétique, qui forme le circuit magnétique de couplage entre eux. Ils peuvent être répartis en deux grandes familles. Pour la première, l'objectif est de transmettre une énergie électrique d'un circuit à un autre, en procurant une isolation entre eux. Pour ces transformateurs, le point important est la transmission de puissance, le rapport des tensions ou des courants entre les différents enroulements n'étant pas une considération essentielle. Quant à la deuxième famille leur conception doit permettre de s'approcher le plus possible d'un transformateur idéal, dans lequel la tension induite dans chaque spire des enroulements est identique, et la somme de ces tensions doit être égale à celle recueillie aux bornes de l'enroulement. Ainsi les tensions (ou les courants) recueillies aux bornes des différents enroulements sont dans le rapport de leurs nombres de spires. II.1 PROPRIETES GENERALES D'UN TRANSFORMATEUR A DEUX ENROULEMENTS 1.1 Equations fondamentales Un transformateur est constitué de deux enroulements disposés sur un même circuit magnétique. Soient n1 et n2 respectivement le nombre de spires des enroulements primaire et secondaire. Lorsqu'on applique une tension alternative aux bornes du primaire, le courant qui circule produit un flux alternatif qui induit dans le secondaire une force électromotrice d'induction. Les sens positifs des courants, des tensions, des inductions et des flux sont indiqués sur la figure II-1. 34 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS i2 i1 n2 n1 u1 u2 Figure II-1 : circuit magnétique muni de deux enroulements La loi d'Ohm appliquée au primaire s'écrit, si les n1 spires sont traversées par le même flux : (II-1) u1 r1 jL1 i1 jMi2 Si le flux traversant une spire primaire est le même que celui qui traverse une spire secondaire alors : u2 r2 jL2 i2 jMi1 L1 n n n12 n2 , L2 2 et M 1 2 (II-2) où L1 et L2 sont respectivement les inductances du primaire et du secondaire, M la mutuelle inductance entre les deux circuits et la réluctance du circuit magnétique. Celle-ci dépend de la perméabilité magnétique du matériau et de sa forme. Pour un circuit filiforme de section constante S, de longueur moyenne l et de perméabilité constante , 1.2 l (H-1) S (II-3) Le transformateur parfait Un transformateur est parfait si les conditions suivantes sont réalisées : Les résistances des enroulements sont négligeables devant leurs inductances : r1 L1 , r2 L2 Il n'y a pas de fuites magnétiques, le matériau a une perméabilité infinie, toutes les spires sont alors traversées par le même flux. Le matériau du circuit magnétique n'a pas d'hystérésis, plus généralement les pertes magnétiques sont nulles. Dans ces conditions on peut écrire : 35 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS n u1 jL1 i1 2 i2 n1 d'où 2 n n2 n n 2 u 2 jL1 i1 i2 jL1 i1 2 i2 2 n1 n1 n1 n1 u1 n 1 u2 n2 (II-4) (II-5) Les pertes par effet Joule dans le matériau magnétique étant négligeables, le principe de conservation d'énergie donne : u1i1 u2 i2 i1 n 2 i2 n1 d'où (II-6) Les équations (II-5) et (II-6) montrent que les tensions ainsi que les courants sont en opposition de phase. Le rapport des valeurs des tensions u1 u 2 est égal au rapport de transformation m n2 n1 , et le rapport des courants vaut quant à lui 1 m . Un transformateur parfait permet donc de quantifier un rapport de tension (ou de courant) en fonction d'un rapport de nombre de spires, cette quantité étant invariante dans le temps et indépendante de grandeurs d'influence telles que la température, l'humidité… Notons enfin que le rapport de transformation est indépendant de la fréquence. 1.3 Autotransformateurs Un autotransformateur est un transformateur dans lequel l'enroulement dont la tension est la plus faible est constitué par une partie des spires de l'enroulement dont la tension est la plus élevée. Cet appareil se réduit à un circuit magnétique à un seul enroulement, muni de prise(s) de potentiel intermédiaire(s). La figure II-2 reproduit schématiquement un autotransformateur. Il peut être considéré comme un transformateur à deux enroulements indépendants dont l'un serait l'enroulement BA, et l'autre l'enroulement DC. Ce sont les connexions établies entre les extrémités des ces enroulements qui déterminent le fonctionnement en autotransformateur. 36 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS i1 D D B n2 n1-n2 u1 A n1 C B C i2 n2 u2 A Figure II-2 : représentation d'un autotransformateur Soit n1 le nombre total de spires, n2 le nombre de spires de la partie commune AB, les tensions u1 et u2 sont reliées par la relation : u1 n1 (II-6) u 2 n2 et les courants i1 et i2 par la relation : i1 n2 i2 n1 (II-7) Les avantages d'un autotransformateur par rapport à un transformateur sont multiples : outre la diminution du nombre d'enroulements, il possède un meilleur rendement et permet de s'affranchir d'éventuelles fluctuations entre les enroulements primaire et secondaire. II.2 SOURCES D'ERREURS Dans un transformateur réel, les impédances des enroulements et les pertes magnétiques, bien que négligeables, ne sont pas nulles. Celles-ci sont à l'origine de l'écart entre le rapport des tensions et le rapport du nombre de spires des enroulements [12]. 2.1 Le noyau magnétique Les matériaux employés pour réaliser les noyaux magnétiques des transformateurs étalons sont des alliages de fer-nickel, connus sous l'appellation commerciale supermumétal ou supermalloy. Comme il est indiqué sur les figures II-3 (a) et (b), ces matériaux ont une perméabilité initiale très élevée (jusqu'à 100 000 pour le supermalloy) et un champ coercitif très faible (typiquement 0,5 A/m pour le supermalloy), ce qui permet d'obtenir des pertes magnétiques faibles. Par ailleurs, les propriétés magnétiques ne sont pas linéaires : on peut remarquer que la perméabilité relative augmente d'un facteur deux entre sa valeur à champ nul 37 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS et sa valeur maximale puis s'effondre jusqu'à la saturation. De plus, les caractéristiques magnétiques à une induction donnée peuvent évoluer avec le temps et dépendent également du passé du matériau. Les chocs mécaniques et magnétiques sont susceptibles de modifier ses propriétés. Pour limiter les fuites magnétiques les noyaux employés sont de forme torique et sans entrefer. C A B (a) 38 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS (b) Figure II-3 : (a) perméabilité magnétique en fonction de l'induction pour différents matériaux (A) Supermalloy, (B) Round Permalloy 80, (C) Square Permalloy 80; (b) cycles d'hystérésis du Square Permalloy 80 et du Supermalloy. Lorsque le flux magnétique dans le matériau varie, il induit une force électromotrice dans le plan perpendiculaire à sa direction. Il apparaît alors des courants de Foucault qui s'opposent aux variations de flux comme indiqué sur la figure II-4. 39 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS Figure II- 4 : courants de Foucault dans un noyau magnétique Cette tension, et ces courants sont proportionnels aux variations de flux. Pour une variation d'induction donnée, le seul moyen de réduire le flux magnétique BdS B dS est de réduire dS , c'est à dire la section perpendiculaire à B. Ceci est réalisé en construisant des noyaux magnétiques à partir de fines feuilles ou bandes de matériau magnétique électriquement isolées, ce qui permet de réduire l'influence de ces courants tout en gardant un flux total important à travers la section du tore. Les tores magnétiques utilisés dans nos transformateurs sont fabriqués à partir de bandes isolées de supermalloy d'épaisseur variant de 0,01 à 0,10 mm, bobinées en spirale aussi serrée que possible comme indiqué sur la figure II-5. Figure II-5 : tore réalisé à partir d'une bande magnétique bobinée en spirale, les pointillés représentent les flux de fuite existant aux extrémités de la spirale Le tore ainsi formé est enfermé dans un boîtier scellé rempli de graisse ou d'huile épaisse, pour réduire les contraintes mécaniques. 40 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 2.2 Les enroulements : l'effet des inductances, résistances et capacités de fuite 2.2.1 Inductances de fuite Il est impossible de faire occuper la même région de l'espace à deux conducteurs, une partie du flux créé par le courant traversant le primaire, ne traverse pas le secondaire (figure II-6), et le rapport de tension en sortie du transformateur est affecté. Enroulement primaire i UE US Enroulement secondaire Figure II-6 : représentation d'un flux de fuite Le rapport des tensions induites dans les enroulements du transformateur est : U E U S . Le courant i donne naissance à un flux dont une partie ne traverse pas le second enroulement. La présence de diminue US d'une quantité : d di l , et modifie le dt dt rapport U E U S . S'il n'y avait pas de flux de fuite , les tensions induites dans les enroulements seraient dans le rapport des nombres de tours. L’influence de ce flux de fuite peut être représentée par une inductance l en série avec l'enroulement. 2.2.2 Résistances de fuite La résistance des conducteurs qui forment les enroulements et les pertes par effet Joule dans le matériau peuvent être représentées par une résistance en série avec l'enroulement, et le transformateur peut être représenté par la figure II-7 où les enroulements sont parfaitement couplés et ont une résistance nulle. 41 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS r l U Figure II-7 : représentation des inductances et résistances de fuite d'un enroulement d'un transformateur 2.2.3 Capacités de fuite Le potentiel des spires successives d'un enroulement augmente régulièrement jusqu'à atteindre la valeur de la tension de sortie. Entre chaque paire de spires, il circule un courant capacitif comme indiqué sur la figure II-8. ic U Figure II-8 : capacités de fuite d'un enroulement d'un transformateur L'ensemble de ces capacités peut être représenté par une capacité équivalente en parallèle avec l'enroulement. Finalement, une représentation en paramètres localisés d'un transformateur est donnée par la figure II-9. r l U i C U US Figure II-9 : circuit équivalent de l'enroulement d'un transformateur Soit i le courant capacitif à l’origine de la chute de tension U aux bornes du transformateur. 42 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS i jCU S (II-8) U ir jl jCU S (r jl ) 2 lC jCr U S (II-9) Ce courant vaut : La chute de tension U est donc : Ce qui permet d’exprimer US en fonction de U par : U S U 1 2 lC jCr (II-10) L'équation (II-10) montre que la correction à apporter à la tension de sortie d'un transformateur présente une partie réelle évoluant de manière quadratique avec la fréquence et une partie imaginaire évoluant linéairement. Ainsi, dans un transformateur utilisé à des fins métrologiques, on aura intérêt à minimiser r, l et C afin de diminuer cette correction. II.3 TRANSFORMATEURS ETALONS DIT A DOUBLE ETAGE Afin de diminuer les effets des inductances et résistances de fuite par la diminution du courant dans l'enroulement destiné à fournir les tensions étalons, on utilise des transformateurs étagés. La figure II-10 représente un transformateur double étage. Enroulement métrologique Enroulement secondaire Tore 2 e2 e1 Tore 1 Enroulement magnétisant Figure II-10 : vue en coupe d'un transformateur double étage Ce type d'appareil comporte deux tores magnétiques. Un premier enroulement primaire, l'enroulement magnétisant, enveloppe le tore 1 seulement. Un deuxième enroulement primaire, l'enroulement métrologique, et le secondaire sont bobinés autour des deux tores magnétiques 1 et 2. Il n'est pas nécessaire que les deux tores aient les mêmes sections, les enroulements magnétisant et métrologique sont généralement alimentés par la même source et ont le même nombre de spires. La figure II-11 présente un schéma électrique équivalent de ce 43 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS type de transformateur. Les Zi sont les impédances d'entrée des différents enroulements, les Zi,j les impédances correspondant aux inductances mutuelles et les zi leurs impédances de fuite [13]. z1 l1 Nn spires Z1 r1 e1 i1 Z12 z2 l2 Z14 z3 r2 Nn spires Z2 r3 l3 Nn spires i2 Z3 Z24 Z35 n spires Z4 n spires i3 l4 e2 r4 z4 X r5 Z5 l5 z5 Figure II-11 : schéma électrique équivalent d'un transformateur double étage La loi des mailles appliquée à l'ensemble conduit au système d'équations suivant : e1 i1 z1 Z 1 i2 Z 12 i3 Z 14 0 (II-11) e1 i1 Z 12 i2 z 2 z 3 Z 2 Z 3 i3 Z 24 Z 35 0 (II-12) e2 i1 Z 14 i2 Z 24 Z 35 i3 z 4 z 5 Z 4 Z 5 0 (II-13) e2 i3 X 0 (II-14) En notant que : Z 1 Z 2 , Z 4 Z1 N 2 et Z 5 Z 3 N 2 ce qui implique Z 12 Z 1 , Z 14 Z 24 Z 1 N et Z 35 Z 3 N Les équations (II-11), (II-12) et (II-13) peuvent être réécrites sous la forme : e1 i1 z1 Z 1 i2 Z 1 i3 Z 1 0 N Z Z3 e1 i1 Z 1 i2 z 2 z 3 Z 1 Z 3 i3 1 0 N e2 Z Z i1 Z 1 Z Z3 i2 1 i3 z 4 z 5 1 2 3 0 N N N 44 (II-15) (II-16) (II-17) CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS En circuit ouvert ( i3 0 ), on montre que : e2 1 z1 z 2 z3 1 e1 N z1 Z1 z2 z3 Z 3 z1Z1 z1 Z1 (II-18) 1 z 1 z 2 z 3 1 N z 1 Z 1 Z 3 (II-19) i2 z1 z 1 i1 z 2 z 3 Z 3 Z 3 z z 3 Z 3 e1 i2 2 z1 z1 Z 1 Z 1 e1 z1 i2 z1 Z 1 z1 z 2 z 3 Z 3 (II-20) (II-21) (II-22) En examinant l'équation (II-19), on remarque que l'erreur sur le rapport de transformation est : z1 z 2 z 3 (II-23) z1 Z 1 Z 3 alors que pour un transformateur conventionnel simple étage, elle aurait été z1 z1 Z 1 . En pratique, le facteur z 2 z 3 Z 3 dû au deuxième étage est de l'ordre de 10-3, ce qui permet d'obtenir des erreurs sur les rapports de l'ordre de quelques 10-6. Les équations (II-20) et (II-22) montrent que uniquement une petite fraction du courant délivré par la source circule dans l'enroulement métrologique. Cette propriété est particulièrement intéressante si cet enroulement est subdivisé en sections, comme c'est le cas pour un autotransformateur, les erreurs des rapports de tension accessibles dues aux inégalités des impédances de fuite des différentes sections sont réduites par un facteur z1 z1 z 2 z 3 Z 3 , par rapport à un autotransformateur conventionnel. Les transformateurs (ou autotransformateurs) destinés à fournir des rapports de tensions étalons sont toujours des transformateurs double étage. II.4 TECHNIQUES DE CONSTRUCTION DES TRANSFORMATEURS ETALONS Les principales techniques de construction employées dans la fabrication des transformateurs visent à générer un flux magnétique toroïdal dans le noyau magnétique, et à réduire ou répartir au mieux les impédances de fuite. 45 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 4.1 Les enroulements Un enroulement doit être bobiné uniformément sur toute la surface du tore magnétique, ainsi ses deux extrémités sont adjacentes. Comme il est montré sur la figure II12, un enroulement bobiné "naturellement" sur un tore forme l'équivalent d'une boucle dans le plan de ce dernier. Est équivalent à Figure II-12 : bobinage naturel Pour éviter que le tore génère ou soit sensible à un champ magnétique extérieur, une spire de retour, dite spire "anti-progression" est ajoutée. Elle a pour effet de diminuer la surface de la boucle considérée comme indiqué sur la figure II-13. Est équivalent à Figure II-13 : bobinage avec spire de retour Une meilleure solution consiste à bobiner les enroulements selon la méthode "Ayrton-Perry" illustrée sur la figure II-14. La moitié des spires est bobinée dans un sens, l'autre moitié est 46 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS bobinée par dessus et dans le même sens mais dans la direction opposée jusqu'au début de l'enroulement. Figure II-14 : bobinage "Ayrton-Perry" Ces types d'enroulements, insensibles aux champs magnétiques extérieurs et ne rayonnant pas, sont appelés astatiques. 4.2 Minimisation des inductances, résistances et capacités de fuite Les performances d'un transformateur peuvent être optimisées selon la manière dont vont être bobinés les différents enroulements destinés à fournir les rapports étalons. Malheureusement, la minimisation des inductances et capacités de fuite sont mutuellement exclusives. En effet, réduire les inductances de fuite impose d'avoir des enroulements aussi proches que possible les uns des autres, ce qui a pour effet d'augmenter les capacités de fuite. Et inversement, réduire les capacités inter-enroulements conduit à éloigner les enroulements les uns des autres, ce qui augmente les inductances de fuite. Deux types de bobinages sont principalement employés dans la construction de transformateur étalon : le premier, constitué de fils torsadés, vise à diminuer les inductances de fuite, le second, constitué de fils en nappes, permet de réduire les capacités entre enroulements. 4.2.1 Bobinages constitués de fils torsadés Les différents conducteurs destinés à former les enroulements sont torsadés, la torsade ainsi formée est bobinée sur un nombre de tours suffisant autour du tore magnétique. La 47 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS position de chacun des conducteurs tout au long de la torsade doit être aléatoire, ainsi les capacités inter-enroulements peuvent être sensiblement égales. Figure II-15 : enroulements torsadés Pour minimiser le courant capacitif entre les différentes sections, on prendra soin de connecter entre eux les enroulements présentant la plus forte capacité, pour les soumettre à une faible tension. Une torsade de onze conducteurs est connectée comme indiqué sur la figure II-16 pour former un transformateur de rapport 10 (+10:-1). +10U +9U +8U +U 0 -U Figure II-16 : schéma des connexions des différents conducteurs dans un transformateur de onze sections 48 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 4.2.2 Bobinages constitués de nappes de fils Une meilleure répartition des capacités inter-enroulements est obtenue en bobinant des nappes de fils. Les conducteurs sont disposés les uns à coté des autres, aussi serrés que possible. Les différents enroulements sont connectés comme précédemment. Figure II-17 : enroulements en nappe Cette disposition d'enroulements présente l'inconvénient de répartir davantage dans l'espace les conducteurs qu'un bobinage en torsade. Ceci a pour effet de rendre le transformateur plus sensible au flux de fuite, et d'augmenter les inductances de fuite. 4.3 Ecrans électriques et magnétiques 4.3.1 Ecrans électriques Le courant capacitif circulant entre deux enroulements peut être éliminé en disposant entre eux deux écrans, chaque écran étant connecté à un enroulement. Comme indiqué sur la figure II-18, ils sont tous les deux au même potentiel, sans être directement reliés. Ces écrans sont réalisés à l'aide de feuilles de matériau conducteur dont la surface est recouverte d'un isolant afin qu'ils ne forment pas de spire en court-circuit. 49 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS V=0 i=0 Figure II-18 : écrans électriques entre enroulements 4.3.2 Ecrans magnétiques L'utilisation d'écrans magnétiques permet de s'affranchir d'une part, du flux de fuite existant aux extrémités de la spirale constituant le noyau magnétique (voir figure II-5) et d'autre part, d'être insensible aux champs magnétiques extérieurs et par réciprocité de ne pas rayonner. Chaque spire est ainsi traversée par le même flux. Un écran magnétique réalisé en matériau conducteur peut également être utilisé comme un écran électrique. On veillera toujours lors de leur mise en place à ce qu'ils ne forment pas une spire en court-circuit. On peut remarquer sur la figure II-19 qu'un écran forme une spire ouverte autour du noyau magnétique. Il existe donc à ces extrémités une différence de potentiel à l'origine d'un courant capacitif. Ce courant peut avoir un effet néfaste sur les performances du transformateur. Dans le cas d'un écran magnétique, il faut trouver un compromis entre l'efficacité du blindage et l'importante capacité qu'introduit une grande zone de recouvrement. 50 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS Figure II-19 : courant capacitif circulant dans un écran II.5 FABRICATION D'AUTOTRANSFORMATEURS AU BNM-LNE/LAMA 5.1 Autotransformateurs "ancienne génération" Ils sont au nombre de deux, référencés AT1 et AT2 : ils sont respectivement utilisés sur le pont de comparaison dit "Lampard", et sur le pont de capacité. Leurs principaux défauts résident dans le fait qu'ils ne possèdent pas d'écrans magnétiques, ce qui les rend sensibles aux champs magnétiques extérieurs. Figure II-20 : autotransformateur étalon "ancienne génération" du BNM-LNE/LAMA De plus, la tension maximale supportée par ces transformateurs est de l'ordre de 70 V à basses fréquences (400Hz). 51 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS Ces dispositifs ne possèdent que onze sections, ce qui ne permet pas de disposer de rapports multiples de 2, or ces rapports sont particulièrement intéressants pour comparer des impédances de même valeur nominale. Le dernier étalonnage de ces transformateurs a été effectué en 1993. Cet opération a permis de mettre en évidence un rayonnement des appareils et une influence de la position (verticale ou horizontale) sur la valeur des rapports. Ces transformateurs n'étant pas modifiables, il a été décidé de lancer la fabrication de nouveaux transformateurs [14]. 5.2 Fabrication d'une nouvelle génération d'autotransformateurs Ces nouveaux autotransformateurs sont au nombre de trois. Ils ont été conçus au BNM- LNE/LAMA et fabriqués en collaboration avec la société Mécagis. Les principales améliorations attendues de ces appareils sont les suivantes : - augmentation de la tension maximale d'utilisation (augmentation de la section des tores magnétiques), typiquement 200 V à 400 Hz. - réduction de l'effet des champs parasites extérieurs et des champs rayonnés par l'ajout de blindages magnétiques. - réduction du couplage électrostatique entre enroulements (ajout d'écrans électriques) - possibilité de réaliser des rapports multiples de 2, 3 et 4 par l'adjonction d'une douzième section. - possibilité de modifier la valeur des tensions métrologiques, sans changer les rapports (disposition d'un enroulement supplémentaire, dit de compensation, autour du tore métrologique) [15]. 5.2.1 Description des différents éléments Les figures II-21 et II-22 montrent une vue d'ensemble et un schéma électrique équivalent de ces appareils. 52 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS tores magnétiques "a" et "e" Sortie blindage "h"et "j" Enroulement métrologique "i" 240 spires (12*20) Sortie écran "c" Sortie écran "d" Enroulement de compensation "f" 30 spires Enroulement magnétisant "b" 240 spires (12*20) Les différents écrans sont prolongés par des tubes concentriques Blindages magnétiques "h" et "j" Ecrans électrostatiques "c" et "d" Figure II-21: vue d'ensemble des nouveaux autotransformateurs "b" magnétisant 12*20 spires "c" écran électrostatique "i" métrologique 12*20 spires "f" compensation 30 spires "h" et "j" blindages magnétiques "d" écran électrostatique Figure II-22 : schéma électrique équivalent des nouveaux autotransformateurs - tores magnétiques "a" et "e" : Tores en Perminphy 6 avec une épaisseur de bande de 0,07 mm; les diamètres intérieur et extérieur sont respectivement de 90 mm et 145 mm; la hauteur de 20 mm, enrobés d'un boîtier rigide. Le tore "e" est composé d'un tore seul et le tore "a" d'un empilement de deux tores (soit une section fer totale 53 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS de 1650 mm2), - enroulement magnétisant "b" : Fil en cuivre de 1 mm de diamètre, bobiné sur le tore "a" seul et formant 12 sections de 20 spires. L'enroulement est constitué par 12 fils en nappe formant 20 spires, bobinés 10 spires "aller" et 10 spires "retour" selon la méthode "Ayrton-Perry". - enroulement métrologique "i" : Fil de cuivre de 1 mm de diamètre, bobiné autour de l'ensemble des tores "a" et "e". L'enroulement est constitué de la même façon que l'enroulement magnétisant (12 fils formant 20 spires bobinées selon la méthode "Ayrton-Perry"). - enroulement de compensation "f" : Il est bobiné sur le tore "e" seul. Il est destiné à modifier la tension totale aux bornes de l'enroulement métrologique (sans modifier ses rapports) de façon à avoir un courant nul entre les enroulements métrologique et magnétisant. Il est constitué de 30 spires de fil de cuivres de diamètre 0,3 mm, également réparties sur le tore "e" terminé par une spire de retour. - écrans électrostatiques "c" et "d" : Ils sont constitués d'une feuille d'isolant recouverte de laque d'argent, avec une fente en recouvrement. Ces écrans sont prolongés par des tresses en cuivre sur les fils de sortie correspondants. Dans le cas de plusieurs écrans disposés côte à côte (c et d), une couche d'isolant est interposée entre eux. - blindages magnétiques "h" et "j" : Boîtiers en mumétal comportant des sorties tubulaires sur quelques centimètres pour les fils Tous ces éléments sont solidaires mécaniquement pour éviter les problèmes de vibrations microphoniques. 54 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 5.2.2 Mesures préliminaires Avant de procéder à la connexion définitive des différentes sections et de placer les transformateurs dans leur boîtier, un contrôle des différents éléments accessibles a été effectué. a - Capacités entre enroulements et blindages Les différentes capacités parasites entre les éléments constituant les trois autotransformateurs étalons ont été mesurées à la fréquence de 1 kHz à l’aide d’un pont d’impédance automatique. b c h i j d f Figure II-23 : représentation des différentes capacités mesurées Les résultats obtenus sont portés dans le tableau II-1. Les résultats trouvés sont du même ordre de grandeur pour les trois autotransformateurs. CAPACITE VALEUR MESUREE (pF) Cb,c Ch,i Cf,d Cc,h Cc,d Ch,d Cb,i Cb,f Ci,f 3500 1400 350 400 350 350 1,5 1,0 1,0 Tableau II-1 : capacités mesurées entre les différents éléments constitutifs des transformateurs 55 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS Les mesures des capacités Cb,c à Ch,d sont effectuées à titre de contrôle pour vérifier qu’il n’y a pas de contact entre les différents éléments. Les capacités Cb,i, Cb,f et Ci,f entre les différents enroulements sont mesurées pour évaluer l’efficacité des écrans. Ces capacités semblent fortes pour des transformateurs munis de deux écrans entre chaque enroulement, les valeurs attendues pour ce type de transformateur étant de l'ordre de quelques centièmes de picofarad. b - Capacités entre les sections des enroulements métrologiques Sur les trois autotransformateurs étalons, les capacités entre chacune des douze sections constituant l'enroulement métrologique ont été mesurées. Ces mesures avaient pour but de connaître l'ordre de placement, dans la nappe, de chacune des douze sections, afin de réaliser une mise en série permettant de minimiser les tensions aux bornes des capacités les plus fortes. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau II-2. section repérée: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 55 40 50 70 50 50 60 30 30 80 930 capacité (pF) par rapport à la section repérée : 11 10 9 8 7 6 5 4 40 45 65 50 35 30 20 50 45 45 45 40 30 10 15 45 60 30 20 30 30 15 70 950 40 35 25 25 25 50 950 20 15 10 40 60 990 25 15 30 60 990 20 15 40 940 40 50 950 70 1010 1000 3 50 1010 2 880 Tableau II-2 : capacités mesurées entre les différentes sections de l'enroulement métrologique Les différentes sections ont donc été branchées en série, selon l'ordre de leurs numéros de repère, afin que les capacités les plus fortes soient soumises à la tension la plus faible (les capacités les plus fortes, 880 à 1010 pF, se trouvant entre chacun des fils et le fil de numéro immédiatement supérieur). 5.2.3 Tension maximale d'utilisation L'essai a été effectué sur un seul autotransformateur, les nombres de spires et sections de mumétal étant identiques pour les trois appareils. Cet essai effectué à la fréquence de 40 Hz avait pour but de déterminer la tension maximale admissible, avant saturation du noyau magnétique. A cette fréquence, la tension ne se trouve pratiquement pas déformée jusqu'à une valeur voisine de 25 V, la saturation étant effective pour une tension de l'ordre de 35 V. 56 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS La tension maximale admissible étant proportionnelle à la fréquence, on peut en déduire : Umax= 0,6.f avec f : fréquence exprimée en hertz. Ces transformateurs pourront donc fonctionner à 200 V à 400 Hz. Pour les fréquences élevées, la tension maximale sera limitée à une valeur raisonnable (environ 350 V), la tenue avant claquage des isolants inter-écrans étant mal connue. 5.2.4 Boîtiers et plaques à bornes Les transformateurs on été montés dans des boîtiers spéciaux. Ils ont été installés dans le plan des tores magnétiques horizontaux, de façon à éviter les déformations des circuits magnétiques par flambage sous l'effet de leur propre poids. Afin de limiter les chocs mécaniques et les vibrations qui sont préjudiciables aux qualités magnétiques du mumétal et d'éviter les problèmes microphoniques, les transformateurs sont suspendus sur un support reposant sur quatre amortisseurs. Les deux enroulements (métrologique et magnétisant) aboutissent aux deux plaques à bornes qui sont disposées sur deux des faces opposées du boîtier, afin de diminuer leur couplage magnétique et capacitif. Les plaques à bornes assurent l'isolement des embases coaxiales (UHF) des connexions. Cette disposition permet de relier toutes les embases en un seul point pour assurer leur équipotentialité ; elle permet également de diminuer les inductances mutuelles des connexions en faisant cheminer les fils de liaison des embases coaxiales le long des fils reliés à l'âme correspondante. Cette disposition est illustrée sur la figure II-24. Figure II-24 : connexion de la plaque à bornes 57 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS La disposition géométrique des bornes coaxiales sur la plaque a été réalisée de telle façon que l'orientation de la boucle de mesure reste la même lorsque cette dernière se déplace sur tous les enroulements (de 1 à 12), lors de l'étalonnage des transformateurs. Cette précaution permettra de rendre quasiment constant l'effet éventuel d'un champ extérieur traversant la boucle de mesure. Pour cela, certaines prises ont été doublées, comme le montre la figure II25. Figure II-25 : disposition des bornes de l'enroulement métrologique Une vue d'ensemble de ces nouveaux autotransformateurs est présentée sur la figure II-26. Figure II-26 : nouveaux autotransformateurs étalons au BNM-LNE/LAMA 58 CHAPITRE II : TRANSFORMATEURS 59