A. Philosophie avant la term et cafés-philo

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Philosopher avec des enfants ?
Introduction
Approche pragmatique
J’adopterais volontairement dans cet exposé avant tout une approche pragmatique.
Au lieu de m’interroger disons abstraitement sur la possibilité de la philosophie dès le
plus jeune âge par exemple, je vais essayer de prouver le mouvement en marchant
et vous exposerai l’histoire de l’émergence de pratiques dites « philosophiques »
avec des enfants ou des élèves dès la maternelle mais aussi à l’école, au collège,
avec des élèves en difficultés (SEGPA) et même des IME dans le monde,
particulièrement en France et à Poitiers. Car mes collègues enseignants de
philosophie m’ont souvent fait penser à ces aristotéliciens qui refusaient de regarder
les cratères de la lune dans le télescope de Galilée prétextant que c’était contrenature.
Attitude différente par rapport à un tel phénomène : soit on y est indifférent et
on se réfugie dans sa tour d’ivoire soit on s’y penche et on accompagne et on
risque de se salir les mains (le bon mot de Péguy : Kant a les mains pures mais il
n’a pas de mains.
Débat
Et puis, comme un certain nombre de mes collègues du premier et du second degré,
avec qui je collabore, de mes amis du café-philo avec lesquels j’apprécie philosopher
sont ici je propose de réduire l’exposé pour qu’on ait un temps maximum d’échange
entre nous.
I. L’émergence de la philosophie pour enfants dans le
monde.
A. Mathiew Lipman à partir de 1969
LIPMAN (M.), trad. par DECOSTRE N., à l’école de la pensée, DE BOECK, Bruxelles
1995
LIPMAN, Matthew. La découverte d’Harry Stottlemeier, trad. Pierre Bélaval, Vrin,
Paris, 1978, 146 p
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philosophy for children P4C ou philosophie pour les enfants
Dewey. Pragmatisme anglo-saxon.
C’est diffusé dans tout le monde surtout le monde anglo saxon. Cf. les liens du site
www.pratiques-philoosphiques.net/philenf.htm
Pour ce qui nous intéresse
B. Les canadiens à partir du début des années 80
Seulement continuateurs. Marie-France Daniel
- DANIEL (M.F.), La philosophie et les enfants, Éditions. logiques, Montréal, De
Boeck, Bruxelles, 1997.
C. Les belges à partir du milieu des années 80
Continuateurs donc lipmaniens mais ajoutent une spécificité liée à la morale nonconfessionnelle. Jacques Duez. Dilemmes moraux.
II. En France à partir de la moitié des années 90
A. Deux sortes de praticiens et des formateurs
Vers 97-98, deux sortes de praticiens.
1. Des enseignants du premier degré
qui ont pratiqué quasi clandestinement avec leur classe des ateliers de débats
philosophiques, A. Lalanne de Montpelier, P. Sonzogni, J.C. Pettier de Seine Saint
Denis, Agnès Pautard de la région de Lyon, mais aussi Alain Delsol de Narbonne,
Jean-Marc Juret d’Angers, Alain Taurisson de la Creuse, Pascal Chevalier de
Rouen… et
2. des animateurs de café-philo ayant une formation
philosophique universitaire
(O. Brénifier à Paris et moi-même à Poitiers, Michel). A côté de ces praticiens de
terrain, il y a eu
3. Des formateurs de formateurs
M. Bailleul à Caen, E. Auriac-Peyronnet à Clermont-Ferrand et un chercheur en
science de l’éducation animateur de cafés-philo très impliqué dans la didactique de
la philosophie Michel Tozzi à Montpellier.
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B. La philosophie avant la term s’est développée en France
dans un contexte très particulier
1. l’hégémonie des professeurs de philosophie
et de leur influence sur l’enseignement de cette discipline au sein même de
l’éducation nationale. La question qui se posait à eux était celle de la légitimation
disciplinaire. Déjà à partir de 92 et surtout de 95, avec le développement des cafésphilo un peu partout en France, l’institution de philosophie se recroquevillait sur ses
prérogatives1. Légalement, la philosophie n’est pas la médecine, et son exercice ne
peut pas être déclaré illégal, mais on ne parlait plus beaucoup de popularisation.
Ainsi dans un premier temps, l’institution de l’enseignement de la philosophie de par
son action a contribué à marginaliser ces nouvelle pratiques.
Action salutaire il est vrai pour pallier à certaines dérives qui pourraient tenter les
professeurs de philosophie, en particulier des dérives dogmatiques historisantes,
sociologisantes ou psychologisantes mais qui empêchent aussi, c’est le cas avec la
philosophie avant la terminale, toute innovation radicale.
Tous ces innovateurs n’étaient pas égaux devant la légitimité. Un certain nombre
était légitimé par une formation universitaire2, Outre les animateurs de cafés-philo,
Michel Tozzi, Oscar Brenifier et moi-même, Anne Lalanne, J.-C. Pettier, Jean-Marc
Juret en ont une. Mais cela n’était pas toutefois suffisant. Même Michel Tozzi n’était
pas si légitime que cela : bien que professeur de philosophie puis professeur de
science de l’éducation, il a été depuis toujours en marge de l’enseignement de la
philosophie à cause de ses positions partisanes en faveur de la didactique de cette
discipline. Oscar Brenifier était en thèse de philosophie mais, ni certifié ni agrégé, il
n’avait pas le label enseignant. Moi-même, ayant une maîtrise de philosophie et
ayant enseigné à l’époque 6 ans, j’étais seulement Maître-auxiliaire et de plus au
chômage. Anne Lalanne avait une Maîtrise de philosophie et Jean-Marc Juret un
DEUG. Seul J.-C. Pettier armé d’un CAPES de philosophie pouvait tirer son épingle
du jeu mais son goût pour la philosophie avec les élèves en difficulté lui enlevait
jusqu’au moindre semblant de respectabilité.
C. Praticiens de terrain et figures légitimantes
Les autres innovateurs semblaient encore plus mal lotis. C’est pourquoi, chacun avec
sa sensibilité et en gardant plus ou moins de distance, s’est tourné vers une figure
légitimante. Agnès Pautard à pris contact et travaillé avec le psychanalyste Jacques
Lévine et utilisé le réseau de Dominique Sénore. Alain Taurisson, Pascal Chevalier,
Marc Bailleul et Emmanuèle. Auriac-Peyronnet, se sont tournés vers les canadiens
lipmaniens, Richard Palascio, Louise Lafortune et Marie-France-Daniel. Jean-Marc
Juret s’est senti investi par Jacques Lévine et a travaillé Lipman, Et Anne Lalanne et
surtout Alain Delsol se sont fait légitimer par Michel Tozzi. Si bien que nous sommes
en présence d’un cas exemplaire d’émergence et de diffusion d’une innovation.
D’abord des praticiens de terrain sans légitimité qui ont ensuite trouvé des figures
légitimantes, ce qui a conduit à une diffusion accélérée par les échanges par
internet.
1
2
Il faudrait arriver à évaluer la relation entre le degré de légitimation et le fait que les instituteurs sont devenus
des professeurs des écoles niveau licence et que certains ont fait des études de philosophie.
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Il y a eu de nombreuses autres légitimations croisés entre ces innovateurs premiers,
cela reste à découvrir au fil de la lecture des articles. Et la plupart a initié d’autres
praticiens. Par exemple, Agnès Pautard, Jacques Lévine et Dominique Sénore ont
initié Corinne Famelart et Rémi Castérès, Marc Bailleul à initié Gilles Geneviève,
Alain trouvé. Et, plus on est praticien impliqué, moins on initie en donnant le goût à
d’autres. C’est le moins praticien de tous, Michel Tozzi qui a permis de développer
ces pratiques et qui a légitimé un grand nombre de commencements.
D. La diffusion parmi les profs de philo
Très rapidement après ces premiers pionniers innovateurs, les professeurs de
philosophie, particulièrement ceux d’IUFM, ont investi ce champ de pratique étant
investis par Michel Tozzi ou par les informations qu’ils avaient pu avoir, connaissant
les méthodes lipman et lévine, ils ont fabriqué leur propre méthode inspirée par leur
formation universitaire et leur concours de professeur de philosophie.
François Galichet - Edwige Chirouter - Nadia Lamm
III.Histoire des interventions dans les environs de Poitiers
A. Philosophie avant la term et cafés-philo
1. Organiser des interventions de philosophie à l’école et au
collège a été dans la continuité des animations de cafés-philo.3
Dans un cas comme dans l’autre l’objectif était de faire entrer la philosophie dans
des lieux où elle n’est pas encore présente et de permettre de philosopher à ceux qui
ne philosophent pas encore ou qui ne pourront pas philosopher du tout…
Il s’agissait aussi d’avoir des arguments dans la polémique qui m’opposait à l’époque
à mes collègues profs de philo : j’étais MA de philo au chômage et je trouvais que
l’extension de la philosophie avant la terminale était une solution pour
2. Donner du travail aux profs qui n’en avaient pas
3. Tous philosophes.
A partir de 1994, ayant eu connaissance des interventions annuelles de Marc Sautet 4
au collège de Latillé (petit village à 25 km de Poitiers) durant les journées
Pour des informations à ce sujet voir le site de l’Association Philosophie Par Tous http://www.philopartous.org et
de Café-PhiloWeb http://www.cafephiloweb.net . On pourra se référer en outre aux articles suivants :
- Fait-on de la philosophie dans les cafés-philo ? par Jean-François Chazerans, Article paru dans
Diotime/L’Agora, n°3 janvier 1999, http://www.ac-montpellier.fr/ressources/agora/ag03_039.htm
- Tout le monde peut-il philosopher ? par Jean-François Chazerans et Jean-Pierre Seulin Article paru dans
Comprendre le phénomène café-philo - Les raisons d'un succès mondial en 30 questions. Ouvrage collectif sous
la direction de Yannis Youlountas, La Gouttière, 2002, http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib25.htm
- Philosophe-t-on vraiment au café-philo ? par Jean-François Chazerans et Jean-Pierre Seulin Article paru dans
Comprendre le phénomène café-philo - Les raisons d'un succès mondial en 30 questions. Ouvrage collectif sous
la direction de Yannis Youlountas, La Gouttière, 2002, http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib24.htm
- A quoi peut bien servir un animateur dans un café-philo ? par Jean-François Chazerans et Jean-Pierre Seulin
Article à paraître dans Diotime /L’Agora, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/chazseu3.htm
3
4
Professeur de philosophie qui a créé le premier café-philo au café des Phares place de la Bastille à Paris,
auteur d’ Un café pour Socrate, Laffont, 1995.
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philosophiques de Vouillé, et ayant organisé celle de Guy Samama5 en 1996, il m’est
apparu que l’enseignement de la philosophie pourrait être possible bien avant la
terminale. J’avais lu les articles du GREPh6 et des Cahiers Pédagogiques7 et
quelques articles dans la presse, en particulier sur la philosophie à l’école maternelle
au Québec. Je portais donc un œil intéressé sur les controverses sur l’âge du
commencement et sur la maturité. L’enjeu n’était-il pas de taille : ou bien
seulement certains sont capables de philosopher et cela à partir d’un certain
âge (18 ans) ou bien philosopher est (ou devrait être) une activité de tous : les
très jeunes comme ceux qui n’ont pas suivi d’études ?
B. Le club-philo du début
Dès 1996, suite à mes activités dans les cafés-philo, j’ai effectué quelques
interventions sous forme de débats dans des lycées professionnels et des classes de
seconde et de première des lycées d’enseignement technique et général. Mais les
choses ont vraiment commencé en 1997. J’étais maître auxiliaire de philosophie et il
m’a été proposé par le rectorat un poste de réemploi au collège de Latillé. M.
Fleurisson, le Principal, m’a proposé d’être son adjoint. Je montais, entre autre, les
dossiers et j’en ai profité pour proposer un « club philo » sous forme d’atelier de
pratique artistique, pour les 4° et 3°. Le dossier a été accepté par les services de la
MAAC (Mission Académique à l’Action Culturelle) et j’étais payé à la vacation. A
partir de septembre suivant, à raison d’une séance d’une heure par semaine, j’ai
animé avec une collègue de français Elisabeth Ballaguy, ce club-philo sur le modèle
du café-philo8.
C. La philosophie en SEGPA
Mi-octobre 1997, j’ai été contacté par Pablo Carrion de la Fondation93 9 de SeineSaint-Denis. Il m’avait trouvé par internet et il essayait d’étendre en province des
interventions de philosophie au collège, particulièrement en classe de SEGPA
(Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté). Avec Alain Beretesky, il
partait du principe que, « face à des élèves en difficulté, les opérations culturelles
proposées devaient être les plus ambitieuses possibles ». Ce projet consistait à faire
intervenir des philosophes, en général quatre heures, dans des classes de SEGPA 10,
ce qui provoquait un certain bouillonnement qui devait déboucher sur la production
d’une œuvre artistique créée dans ou à partir d’un carré en bois de 3 mètres sur 3. Il
cherchait deux classes. J’ai de suite accepté et lui ai communiqué les établissements
5
A l’époque assistant de François Jullien, président du Collège International de Philosophie.
Sylviane Agacinski, « Ces éducations prématurées qui font tant de bruit » ; Jacques Derrida, « l’âge de Hegel » ;
Roland Brunet, « Margarita Philosophica » et « Platon en sixième » et Bernadette Gromer et Jean-Luc Nancy,
« Philosophie en cinquième », in GREPh, Qui a peur de la philosophie ? Garnier Flammarion, 1977.
6
7
Roland Brunet, « Enseignement philosophique en sixième », Les Cahiers Pédagogiques, n°159, décembre
1977.
8
Voir Jean-François Chazerans, Un club philo au collège de Latillé, www.pratiquesphilosophiques.net/contribu/contrib01.htm.
9
www.fondation93.org
10
Voir par exemple « un agrégé de philo en SEGPA » par Jean-Pierre Zarader Diotime / L'Agora, n°9, mai 2001.
http://www.ac-montpellier.fr/ressources/agora/ag_f_09.htm
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de Poitiers qui avaient des SEGPA. Seul Philippe Pohin du collège Jean Moulin de
Poitiers a répondu présent. Et Pablo a accepté que je fasse participer à l’expérience
une 4° générale du collège de Latillé en collaboration avec leurs enseignants, en
particulier Elisabeth Ballaguy avec qui j’animais le club-philo, Jean-Pierre Chabanne,
un professeur d’histoire-géo et Georges Delplanque un professeur de technologie.
Nous avons mené à bien ce projet jusqu’au bout avec les deux classes. Nous avons
même exposé les deux carrés tout l’été à l’Espace Scientifique Mendès France à
Poitiers. Nous n’avons pas pu continuer la collaboration avec la Fondation 93 car le
financeur étant le conseil général de Seine Saint Denis, il ne pouvait pas
subventionner un projet qui avait lieu dans un autre département. Nous avons donc
continué de notre côté avec Philippe Pohin en gardant toutefois des relations étroites
et en prenant les mêmes thèmes qu’eux : la violence la première année, l’amour la
seconde, apprendre la troisième. Nous avons choisi comme thème l’année suivante :
la vie et les années suivantes nous avons adopté le choix du sujet en début de
séance parmi ceux proposés par les élèves.
A la même époque, j’ai rencontré par Internet Jean-Marc Juret, un instit qui faisait
son stage pour passer le CAAPSAIS F et qui avait pris pour sujet de son mémoire
professionnel : Philosopher en classe de SEGPA. Nous avons quelque temps
échangé, il m’a fait connaître Lipman et Marie France Daniel. Je lui ai proposé
d’écrire un article pour la revue Diotime l’Agora11 et j’ai l’ai mis en relation avec
Michel Tozzi.
Le projet initié avec la Fondation93 continue encore aujourd’hui et s’est étoffé. A
partir de septembre 2000, je suis intervenu une heure semaine avec les 3° SEGPA
du collège Jean Moulin de Poitiers, et à partir de septembre 2001 s’est rajoutée une
heure semaine avec les 3° SEGPA des deux autres établissements de Poitiers ayant
des SEGPA, les collèges Renaudot et Serazin.
Nous avons continué cette année (2002-2003) en ajoutant la classe de 4° SEGPA du
collège Jean Moulin. Une stagiaire CPE12, Anne-Frédérique Brault, qui a fait des
études de philosophie jusqu’à la maîtrise, suit la classe de 3° du collège Renaudot,
anime elle-même des séances avec la classe de 6° a pris ces pratiques pour objet
de son mémoire professionnel.
D. La philosophie à l’école primaire
En décembre 1998, comme on parlait des cafés-philo et de la philosophie en
SEGPA, avec l’institutrice de ma fille, Patricia Roux, elle m’a demandé d’intervenir
dans sa classe de CM1-CM2. La classe travaillait sur la Justice, ils avaient eu
l’intervention d’un juge sur l’institution, et nous avons décidé de continuer en
proposant des débats sur ce sujet. Ces séances ont été suivies par une candidate au
concours de professeur des écoles ayant une maîtrise de philosophie, Sandrine
Fillatre et celles de l’année suivante ont débouché sur la rédaction de son mémoire
professionnel : Le débat : une pratique philosophique à l’école primaire et sa
Voir « Philosopher en classe de SEGPA », Diotime/L’Agora, n°2, http://www.acmontpellier.fr/ressources/agora/ag02_008.htm
11
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Conseillère Principale d’Éducation.
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soutenance à l’IUFM de Poitiers. L’expérimentation continue depuis à raison d’à peu
près une heure tous les 15 jours et a encore été suivie en 2001-2002 par deux
candidates au concours de professeur des écoles dont une, Stéphanie Mure à
soutenu le dossier professionnel : Les ateliers philosophiques à travers le débat à
l’école primaire13, toujours à l’IUFM de Poitiers.
E. La philosophie au collège
1. Latillé et Ronsard
Durant l’année 2001-2002, sur la demande du Principal Mme Evrart et de la CPE,
Mme Lahorgue, j’ai effectué cinq heures d’intervention sur les quatre 6° du collège
de Latillé (20 heures). Il s’agissait de mettre en place des débats philosophiques en
classe afin d’essayer d’améliorer les relations entre élèves et de réduire les
incivilités. En effet, les élèves dominants le sont parce qu’ils sont physiquement plus
fort que les autres. Les règles mises en place dans le débat : on peut parler de tout,
égalité de la prise de parole, respect de celui qui parle… inversent ce rapport, car, le
plus souvent, les plus forts physiquement ne sont pas ceux qui parlent le mieux, et
rééquilibrent les relations, si bien que le dialogue prend progressivement le pas sur la
violence. Je suis intervenu dans la classe de collègues de diverses disciplines, avec
certains collègues avec qui on avait déjà travaillé ensemble en 1998, histoire-géo,
maths, français, anglais, arts plastiques et EPS. De la même façon, en 2002-2003 je
suis intervenu sept heures sur chacune de trois classes, une sixième, une quatrième
et une troisième (21 heures) au Collège Ronsard à Poitiers sur la demande d’une
stagiaire CPE, Nathalie Lassalle, qui a fait des études de philosophie jusqu’à la
maîtrise, et qui a pris ces pratiques pour objet de son mémoire professionnel :
L’initiation à la pratique du débat philosophique comme alternative à la violence.
2. Le Comité d’environnement social et citoyenneté) du collège
France Bloch Sérazin
En 2000, 2001 et 2002, nous avons participé, mon ami David Sawadogo, docteur en
philosophie actuellement CPE au lycée Marguerite de Valois à Angoulême, et moimême, au CESC (Comité d’environnement social et citoyenneté) du collège France
Bloch Sérazin de Poitiers (4 ou 5 heures).
F. Philopoème
En 2002-2003, à la demande de Danielle Lacam la directrice du Centre
Départemental de Documentation Pédagogique des Deux Sèvres et avec la
collaboration de deux conseillères pédagogiques et de quatre puis cinq enseignants,
trois de 6° SEGPA des collèges Rabelais et Pierre et Marie Curie à Niort et deux de
CM2 des école Mermoz de Niort et de la Rochénard (79) et d’une libraire, nous
avons lancé le projet Philopoème. Il s’agit pour moi d’intervenir et d’accompagner et
pour le groupe de s’organiser collaborativement pour mener à bien les débats. Il est
convenu que quelques classes effectuent une production écrite suite aux discussions
et qu’une rencontre soit organisée avec Brigitte Labbé, l’auteur avec Michel Puech
de la collection Les goûters philo chez Milan.
13
www.pratiques-philosophiques.net/contribu\contrib74.htm
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G. Le groupe d’accompagnement et d’échange de pratiques.
Au début de l’année scolaire 2003-2004, ayant beaucoup de demandes de la part de
collègues, j’ai constitué un groupe de co-accompagnement au débat philosophique
et d'échange de pratiques. Il s'agit de réunions régulières, une fois par mois, durant
lesquelles on planifie les interventions et on apporte de l'aide à ceux qui veulent se
lancer dans l'aventure de la philosophie. Cet accompagnement se fait aussi en
utilisant une liste de discussion sur internet.
H. La philosophie en maternelle et au CP
A la fin de l’année scolaire 2003, je suis intervenu plusieurs fois à l’école Jacques
Brel à la demande Lucien Deslandes pour les CP-CE1 et de Joëlle Baron pour les
grandes sections de maternelle.
A partir de début 2004 j’interviens tous les 15 jours dans la classe de CP de l’école
de Biard à la demande de Christine Morin et dans la classe de grande section de
maternelle de l’école Condorcet à la demande d’Annie Lemaçon. Une analyse plus
précise devrait suivre.
I. La philosophie en IME
Institut médico-éducatif (accueillant des enfants et des adolescents malades,
handicapés, en difficulté scolaire ou en difficulté sociale).
A partir de début 2004 j’interviens tous les 15 jours dans la classe des 9-11 ans de
l’IME de Moulins (Sèvres Anxaumont) à la demande de Servane Pillet. Une analyse
plus précise devrait suivre.
J. La philosophie au centre socioculturel des 3 cités.
A partir de début 2004 j’interviens tous les 15 jours dans les groupes des 6-12 ans et
des 4-5 ans du centre socioculturel des 3 cités à la demande de Nathalie Arsicaut.
Une analyse plus précise devrait suivre.
K. Internet
Parallèlement à ces activités locales dans des classes et à l’élaboration progressive
de ma méthode d’animation, j’ai été invité par la Fondation93, sur les conseils de
Michel Tozzi, fin avril 2001 au colloque « Nouvelles pratiques de la philosophie » qui
s’est déroulé à l’INRP et j’ai proposé de participer au comité de pilotage des
colloques suivants qui ont eu lieu au CRDP de Rennes en 2002 et à Nanterre en
2003.
A ce même colloque j’ai proposé de créer un site internet et une liste de discussion
web, ce qui fût fait le 26 avril. Aujourd’hui la liste compte à peu près 190 adhérents et
le site plus d’une centaine de travaux qui vont de l’article à la thèse14.
14
www.pratiques-philosophiques.net pour le site et http://fr.groups.yahoo.com/group/pratiques-philosophiques par
la liste pour des explications voir Qui sommes-nous ? www.pratiques-philosophiques.net/sommes.htm
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IV. Les 5 méthodes
Quoi qu’il en soit, et nous suivrons ici Sylvain Connac, il y a 5 méthodes présentes
au début, qui ont servi à innover :
(Exposées en fonction de l’ordre croissant d’intervention du maître)
A. - Entretien philosophique de groupe à fort guidage de
l’enseignant : philosophie socratique
Anne Lalanne, à laquelle je rajouterais Oscar Brenifier
1. Anne Lalanne
L’atelier de philosophie a commencé en 1997-98 dans ma classe de CP avec 24
élèves.
L’année suivante, la classe fut partagée pour être également répartie entre les 2 CE1
de l’école. L’enseignante de l’un d’entre eux, accepta de décloisonner, me
permettant de continuer l’atelier de philosophie avec 12 anciens élèves qui
constituèrent un groupe témoin, formé au hasard des répartitions. Celui-ci resta
constitué, avec l’accord de l’IEN, jusqu’en CM2, leur permettant de pratiquer l’atelier
de philosophie durant tout leur cursus élémentaire.
1– déroulement :
L’atelier de philosophie a lieu 2 fois par mois et sa durée varie de 20 à 30 mn au
cycle 2 et de 30 à 45 mn au cycle 3.
 organisation
En cycle 2 (CP, CE1) : l’atelier se partique uniquement à l’oral, les enfants sont assis
en cercle dans le coin bibliothèque de la classe. Aucun dispositif particulier n’est
recherché, les règles en usage font référence à celles de la classe.
Chaque séance traite d’un thème différent, car les jeunes enfants ont du mal revenir
sur un sujet déjà travaillé.
Une séance comprend plusieurs moments :
une lecture d’un texte court ou la proposition de questions.
Un moment de réflexion personnelle par rapport au texte ou la question proposée.
un moment de discussion qui prend fin lorsque l’enseignante, avec l’aide des enfants
retrace le cheminement réflexif du groupe, ce à quoi ils sont parvenus.
En cycle 3 (CE2, CM1, CM2) : les enfants ayant émis le besoin de passer par l’écrit,
des tables sont installées en cercle dans la classe, permettant d’alterner les phases
orales de tour de table et de discussion avec les phases écrites de réflexion
personnelle ou à deux.
Les enfants étant plus grands, un thème est travaillé sur plusieurs séances,
généralement trois :
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La première est consacrée à l’élaboration des idées : les enfants réfléchissent seul
ou par deux aux idées, représentations, questions qu’ils ont sur le sujet. Suit un tour
de table qui permet de repérer les points communs, les différences et les oppositions
exprimées dans le groupe. A partir de là, les enfants recherchent ensemble comment
formuler ce qui leur pose problème.
La seconde séance est consacrée à la confrontation des idées : un moment de
réflexion personnelle précède un tour de table pendant lequel l’enseignante note sur
un tableau ce qui se dit, laissant apparaître les points d’accord et de désaccord.
Cette 1ère mise en forme sert de base à la discussion.
La dernière séance est consacrée à la structuration des idées : chaque enfant
(parfois cela peut se faire à plusieurs) note ce qu’il a retenu de la discussion. Le
groupe, avec l’aide de l’enseignante tente de formaliser le thème travaillé.
2 – thèmes et supports utilisés :
Au cycle 2 : c’est généralement l’âge des questions métaphysiques sur la mort,
dieu, l’existence, l’origine du monde, la différence avec les animaux...
La littérature enfantine est riche d’extraits intéressants mais on peut partir
directement ce que disent les enfants, ce qui est souvent très instructif.
Au cycle 3 : en grandissant, ils posent des questions plus en rapport avec la
connaissance, les disciplines scolaires telles que l’histoire, et découvrent les
questions d’ordre éthique. Toutefois, certains thèmes leur restent particulièrement
chers, comme celui de l’amitié ou la question de dieu.
A ce stade, ils sont capables de mieux formuler leurs interrogations et le support
n’est plus une difficulté majeure.
Entre les cycles 2 et 3, nous pouvons noter un changement dans l’attitude des
enfants. Alors que les plus jeunes investissent la discussion pour le plaisir d’exprimer
et de découvrir leurs idées jusque là insoupçonnées, celle-ci est appréciée chez les
plus grands pour ce qu’elle leur apporte du point de vue du contenu. Les enfants du
cycle 3 sont dans une réelle dynamique de recherche de sens même s’ils savent
bien que celui-ci se construit sans cesse.
2. Oscar Brenifier
L’atelier de philosophie est théoriquement le lieu de fabrication de vérités : vérités
individuelles et collectives, vérités de raison, vérités efficaces, vérités révélatrices de
l’être, etc. Les modalités sont diverses qui permettent et favorisent une telle
exigence, et les recettes varieront selon lieux et circonstances. Dans l’absolu, peu
importe la nature des questions ou des supports (livre, film, objet...), la disposition de
la classe, le rôle du maître, la durée ou autres considérations pratiques, libre à
l’enseignant d’effectuer ces choix, selon sa compétence et sa sensibilité, ainsi que
celles de la classe.
L’exigence philosophique seule nous paraît digne de considération. Et nous tentons
de la définir à travers quelques caractéristiques qui devraient guider le travail du
maître et de la classe. Premièrement : poser la discussion, afin de prendre le temps
de penser. Il ne s’agit pas tant de produire de nombreuses idées que d’examiner
lentement leur contenu. Cette temporisation de la parole permet d’évaluer et
d’analyser, plutôt que de réagir ou de rebondir. Deuxièmement : établir des liens, afin
de construire la pensée. Toute idée ou prise de parole devrait déterminer la nature
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de son rôle dans la discussion, établir son rapport avec ce qui a déjà été énoncé :
est-elle là pour expliquer, justifier, questionner, contredire, exemplifier, analyser,
etc. ? Troisièmement : problématiser les idées, à travers des questions, des
objections et des interprétations diverses. Ceci permet d’extirper les idées de leur
statut d’évidence, mettant au jour les présupposés ignorés. Quatrièmement :
conceptualiser, afin de clarifier les opérateurs de pensée. Identifier et produire des
termes qui servent de mots-clefs, de pierre angulaires, afin de conscientiser la
pensée. Cinquièmement : approfondir, en définissant les enjeux, les obstacles et les
accomplissements. De telles analyses obligent à distinguer l’essentiel du secondaire,
d’effectuer un tri entre les idées, d’universaliser la spécificité des propos tenus. Ainsi,
au fil de sa pratique, l’enseignant tentera de travailler ces divers fonctionnements et
dysfonctionnements, en inventant des règles du jeu, en demandant aux élèves d’en
faire autant. Cette démarche expérimentale nous paraît plus productive et conforme
à la réalité philosophique que la transmission de règles établies, bien que rien
n’empêche l’enseignant débutant de piocher ici et là des fonctionnements divers
décrits par d’autres praticiens.
B. - L’assemblée démocratique et compétences
philosophiques
1. Alain Delsol-Michel Tozzi
Installation de l'atelier de DVP dans la classe de maternelle avec tous les enfants (28
à 30 enfants). Les séances sont hebdomadaires, durée 30 minutes, l'enseignant
attribue différents rôles aux élèves (animateurs, discutants, dessinateurs) pour une
durée de 2 mois, dans l'année tous les élèves auront été une fois animateur.
L'enseignant choisit les thèmes de discussions. L'atelier se déroule en classe, dans
le coin regroupement. On forme un carré dont 3 côtés sont formés avec des bancs
qui ne se touchent pas et un quatrième côté avec 4 chaises. L¹enseignant prend
place sur ce quatrième côté, il est au milieu, à sa droite et à sa gauche s'assoient
deux animateurs (le reformulateur et le président de séance) ; au centre du carré
s'assoit, sur le sol, un troisième animateur (l'élève-micro) ; sur chaque banc prennent
place 4 à 5 discutants ; 6 dessinateurs sont à l'extérieur du groupe assis à leur table.
Les trois autres chaises intercalées entre les bancs sont réservées aux 3 élèves qui
observeront les animateurs.
Lors du prochain atelier, les observateurs deviennent animateurs et vice-versa. Le
dispositif est donc composé de 6 animateurs, 6 dessinateurs et d'une quinzaine de
discutants. Ce dispositif rend donc possible, une discussion avec un groupe
conséquent d'élèves. La séance est enregistrée sur cassette, utilisation d'un
magnéto et d'un micro qui amplifie la voix des enfants. L'enseignant relève dans un
cahier de bord une analyse synthétique de chaque séance afin d'établir une
progression. Enfin, avec l'autorisation des enfants, l'enseignant affiche les remarques
les plus pertinentes sur le panneau "Sagesses d'enfants" qui est installé dans le
couloir, et que pourront lire les parents.
2. Sylvain Connac
Les séquences de philosophie sont scindées en plusieurs étapes. Toutes ont pour
visée d’enrichir chacune des autres et ainsi, dans la complémentarité, de tenter
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l’atteinte des intentions posées. Au tout départ, il est mentionné à l’ordre du jour d’un
conseil de coopérative le choix d’un thème. Les enfants émettent des idées, celle qui
satisfait le plus grand nombre est retenue. Chacun est alors amené à exprimer par
écrit, sur un cahier de philosophe prévu à cet effet mais comportant également tous
les documents employés pour ces séances, ses représentations initiales quant au
sujet choisi : « écris tout ce que tu as envie de dire sur ce thème ... » Le travail se
poursuit par l’étude d’un texte philosophique dont l’objectif est de répondre aux
questions de bases indispensables au débat puis de renforcer le questionnement
des apprentis philosophes. Par exemple pour un échange autour du racisme, ce
texte conduira à distinguer les concepts de race, de religion et de nationalité. L’étude
de ce document se fait de manière collective et les interventions des enfants
consistent soit à préciser un point d’entendement soit à soulever une
incompréhension trop forte. Le recours aux pairs est alors appelé pour lever ce type
de doute. Toutes les éventuelles tentatives de débat sont reportées.
Pour le déroulé des discussions, le groupe d’élèves est réparti en deux entités. Alors
qu’une première sera amenée à discuter autour du thème, la seconde se constituera
pour organiser le débat. Dans ce groupe sont nommés un président de séance dont
le but est la gestion de la discussion d’un point de vue d’animation (distribuer la
parole, rappeler le temps, nommer les gêneurs, éventuellement recentrer, ...), des
reformulateurs qui assureront des relais de compréhension et de précision des
propos, des journalistes qui prendront en note l’essentiel de ce qui sera dit, des
observateurs pour bénéficier de retours distanciés et toute une série de métiers dont
l’objet sera de faciliter l’engagement des participants et la référence au philosopher.
En entame des échanges et après que le président ait précisé les règles de
fonctionnement, chacun des discutants se voit donné la possibilité de formuler un
premier avis puis d’intervenir dans le débat en fonction de ses envies et si possible
en respectant les exigences du philosopher. Cette discussion dure environ ½ heure
et laisse une dernière intervention possible aux enfants désireux de le faire avant de
céder la parole à une élève dont le métier est de synthétiser le débat. Il est bien
évident que la séance qui suit consiste en une permutation des fonctions : ceux qui
étaient discutants deviennent titulaires d’un métier et inversement.
La séquence de philosophie se termine par un retour sur les représentations relatives
au thème. Les enfants sont amenés à le poser une nouvelle fois puis à estimer leur
degré d’évolution.
Dans ces séquences n’apparaissent pas de manière formelle la référence au
philosopher guidé par le triptyque des exigences. Celui-ci est en fait suscité de
manière transversale à travers deux outils pensés à cet effet. Le premier est ce que
l’on nomme la ceinture de philosophe15. Instrument tiré des pédagogies
institutionnelles, il consiste, sous forme de couleurs, à dresser des niveaux de
maîtrise du philosopher. A chaque enfant correspond un état de compétence mais
aussi une liste d’indicateurs qui lui permettront de se préparer à la couleur suivante.
Parce que l’entraide est une valeur de référence dans une classe coopérative,
chacun a la possibilité de s’appuyer sur un camarade qui est en mesure de l’aider à
réussir son entreprise d’évolution.
Le second outil vecteur du philosopher est un conte philosophique inspiré de
l’univers de Tolkien16 à travers lequel les enfants, en début d’année, peuvent donner
sens à l’énigme de la vie souvent en question en philosophie mais aussi prendre
15
16
http://pratiquesphilo.free.fr/contribu/contrib23.htm
Tolkien J.R.R. « Le Seigneur des Anneaux », Christian Bourgeois Editeur, Paris, 1992.
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connaissance une première fois des éléments du triptyque des exigences. Ils y
rencontrent des personnages imaginaires du nom de Gésian et Bombadil qui sont à
la poursuite du secret des Hommes...
C. - Philosophie pour enfants de Lipman
Matthew LIPMAN, outre toute sa réflexion sur la possibilité de faire entrer des
enfants dans le philosopher, a proposé un dispositif qui s’appuie sur l’utilisation de
sept romans philosophiques pour déclencher les discussions. Chaque roman a été
pensé pour qu’il corresponde à un âge bien précis. Ainsi, Elfie est prévu pour les plus
jeunes alors que Mark l’est pour les plus âgés. Pour LIPMAN et ses collaborateurs,
les enfants se posent naturellement des questions philosophiques. C’est de plus
pour eux un passage obligé vers leur vie d’adulte que d’apprendre à penser par euxmêmes et être en mesure de porter une critique sur leur environnement. L’objectif de
leur méthode est de stimuler la pensée de l’élève et de leur permettre de la
confronter dans le dialogue à celle des autres.
La méthode Lipman se décompose en cinq parties17. La première consiste à faire lire
à haute voix par les élèves des extraits de romans philosophiques. C’est la
présentation du texte. Dans la deuxième partie, l’établissement d’un ordre du jour,
l’adulte note les réactions ou les questions des enfants regroupés dans ce que
LIPMAN appelle « la communauté de recherche ». « Une communauté de recherche
est un groupe de discussion engagé dans une pensée d’excellence,18 » la pensée
d’excellence étant ce que développe le philosophe. Une fois les grands thèmes
reconnus, ils sont ordonnés afin de déterminer un ordre du jour. La troisième partie
peut débuter : elle consiste à renforcer la cohésion de la communauté. Il s’agit d’une
discussion suivant ce qui vient d’être posé et où la communauté de recherche opère.
Les enfants prennent la parole en se manifestant (doigt levé, bâton de parole, etc.),
le but pour eux n’étant pas de chercher la bonne réponse mais plutôt de s’appuyer
sur la solidarité du groupe dans une recherche dialogique. L’enseignant se doit alors
de permettre aux enfants une clarification du sens des choses, de provoquer chez
eux un nouvel élan vers la critique, le raisonnement cohérent dans l’élaboration
d’une réponse acceptable. Souvent, ces séances se poursuivent par la quatrième
partie où sont proposés des exercices d’application, en lien direct avec les romans et
ce qui a été débattu par les enfants. C’est l’appel à des exercices et de plans de
discussion. Enfin, Le dispositif se termine par la cinquième partie : l’encouragement à
d’autres réponses et l’ouverture vers d’autres sujets.
Ces séances de philosophie durent généralement une heure, deux fois par semaine,
la fréquence des situations permettant l’évolution des enfants dans la maîtrise de la
pensée d’excellence.
MARCIL-LACOSTE Louise, « La philosophie pour enfants – La méthode Lipman », Le Griffon d’argile, Saintefoy, 1990, p176. Site internet de l’école Bernanos à Rouen : http://www.acrouen.fr/ecoles/bernanos/htlm/philo4.htm
LIPMAN M., « A l’école de la pensée », De Boeck Université, Bruxelles, 1995, p 287
18 LIPMAN M., « A l’école de la pensée », De Boeck Université, Bruxelles, 1995, p251.
17
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D. - « Courant des préalables à la pensée philosophique » ou
Philosophie naturelle
Pautard-Lévine
1. Historique
Cette pratique est née en 1997, de la rencontre d’ Agnès Pautard, enseignante à
Lyon, et de Jacques Lévine, psychanalyste et fondateur de l’AGSAS. Ils ont copiloté, avec Dominique Sénore, IEN, une équipe de recherche, qui a permis, à partir
du protocole, de poser les fondements théoriques que voici :
- L’« Atelier-Philosophie » vise à permettre, à tous les élèves, de faire l’expérience
irremplaçable d’être à la source de leur pensée, et de s’autoriser à penser.
- Cette expérience, à la fois intime, sociale, et universelle, valorise la construction
identitaire et l’accès au sens des savoirs, par le fait qu’elle introduit paradoxalement
du « non-scolaire dans le scolaire »,
- En écho aux grandes énigmes de la vie, ce sont les questions des enfants, -celles
qui n’appellent aucune réponse définitive-, qui ouvrent le cheminement de la
réflexion dans la classe. Un groupe de pairs est institué. Il est suffisamment
rassurant et exigeant, pour donner envie, à chacun, d’inventer sa vie. Se construit
alors, dans le respect, ce sentiment précieux d’appartenance à une communauté
humaine.
- Le protocole choisi met en lumière les différentes étapes « naturelles » et fragiles
de la construction de la pensée de l’enfant, encore peu connues ; elles constituent
les préalables à la pensée rationnelle, à la pensée philosophique.
2. Protocole et fondements
Concrètement, le dispositif prévoit 2 temps distincts devant les élèves, temps
réguliers et ritualisés :
Le premier temps est celui de la découverte et de l’expérience du cogito (= prise de
conscience de sa pensée propre) et il dure10 mn -10 mn de recherche commune
entre pairs, pendant lesquelles le maître adopte une posture spécifique-. Celui-ci est
garant du cadre, il accompagne le groupe, en restant bienveillant et silencieux (c’est
la condition sine qua non de la pratique). Ce temps est enregistré. Exemple de
question proposée par les élèves (qui les déposent dans un carnet) : « Quand on
grandit, est-ce qu’on reste pareil ou est-ce qu’on change ? »
Le deuxième temps, de10 mn également, -juste après ou en différé-, est celui de la
réécoute et des réactions. Les échanges sont facilités par le maître, qui intervient
parcimonieusement.
Cette pratique, qui n’est pas un enseignement, requiert l’engagement personnel de
l’enseignant, qui sera aidé par une formation spécifique et un suivi. L’ »AtelierPhilosophie » est aujourd’hui représentatif dans le paysage de la philosophie pour
enfants partout en France.
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3. Effets
Les effets auprès des enfants -de tous niveaux- sont évidents :
parole authentique par rapport à soi, pour penser sa vie (positionnement face à des
enjeux, esprit critique, goût de l’effort à penser dans le dialogue, à transformer sa
pensée),
structuration de la pensée (questionnement, explicitation, argumentation,
concentration, capacité à faire des liens, à passer des émotions à une pensée plus
rationnelle),
implication humaine (écoute, solidarité, et aussi responsabilité, estime de soi,
reconnaissance)
Chez l’enseignant se renforcent une attitude réflexive et des questionnements
éthiques sur la pratique de classe (respect de l’humain, statut de l’élève-sujet, statut
de la parole à l’école, posture de confiance et regard différent sur les élèves, savoir
et médiation).
E. - Méthode de l’intervenant ou Philosophie populaire19
Ma méthode
1. intervenant extérieur
fait appel à un intervenant extérieur spécialiste des débats philosophiques. C'est la
méthode que j’ai utilisée la première fois en 1997 pour le club philo du collège de
Latillé et pour l’opération"carré de nature, carré de culture" de la Fondation 93.
L'enseignant est présent durant toute la séance, prend le plus souvent des notes et
peut intervenir (surtout s'il est mis personnellement en cause par les élèves de la
classe...). Mais son rôle ne se limite pas à cela puisqu’il peut aider les élèves avant le
débat, dans leurs recherches préalables des sujets, des définitions, ou des exemples
et anecdotes, et après le débat dans la mobilisation des acquis et la préparation de
la séance suivante. Enfin, cela se passe ainsi au début quand ils ne savent pas ce
qui va arriver et qu’ils ont besoin d’être rassurés. Après, avec l’expérience ils
acceptent l’improvisation.
2. Règles
J'ai adapté la méthode que nous avons mise en œuvre dans le cafés-philo de
Poitiers et tirée de celle initiée par Marc Sautet. Ordinairement, le débat de café-philo
dure au plus deux heures et consiste en une libre argumentation entre les
participants. Le sujet n’est pas donné à l’avance, mais choisi parmi ceux qui ont été
proposés par les participants en début de séance. En votant les élèves choisissent,
soit de continuer sur la question débattue lors de la précédente séance, soit de
changer mais alors, ils doivent en proposer de nouvelles. La durée des séances en
classe est assez variable, de une heure en CM2 à deux heures en 3°SEGPA et les
sujets peuvent être aussi donnés d’une séance à l’autre. Les élèves sont en cercle
voir Jean-François Chazerans, La méthode de l’intervenant en philosophie par les enfants, Diotime/L’Agora,
n°17, mars 2003, www.pratiques-philosophiques.net/contribu\contrib33.htm
19
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(pas en demi cercle mais en cercle). Le professeur est assis parmi eux ou un peu en
retrait. L’animateur doit trouver et prendre sa place, le plus souvent un peu en retrait
du cercle. Les règles de la prise de parole sont aussi très simples, quand le sujet est
choisi en début de séance, celui qui l’a proposé ne peut pas accaparer la parole au
début du débat. Chacun doit demander la parole que l’animateur distribue dans
l’ordre dans lequel elle a été demandée. Sauf dans certains cas : ceux qui n'ont pas
encore parlé ont priorité sur ceux qui ont déjà parlé et ceux qui ont peu parlé sur
ceux qui ont beaucoup parlé.
3. Animateur et distributeur de parole
L'animateur dans un débat philosophique est pour moi comme un psychanalyste
dans une analyse : un ferment catalytique20 Comparaison que l'on peut prolonger en
disant que comme dans une psychanalyse le patient à besoin de quelqu'un
d'étranger pour cheminer, il en est de même de la classe dans le débat
philosophique. Puisque l’ « agitateur » n'est pas l'enseignant de la classe, ni un
enseignant mais un "ferment catalytique", cela permet en particulier aux élèves de
pouvoir passer plus facilement de l'hétéronomie à l’autonomie en acceptant le
dialogue collectif. L'enseignement généralement est un "flux" prof-élèves avec de
temps en temps un retour élève-prof ou élèves-prof. Le débat philosophique est un
"flux" élève-élèves ou élèves-élèves, dans lequel l’animateur ne sert pas de
médiation entre les élèves. Dans une situation d'enseignement un élève particulier
s'adresse rarement à un autre élève, tout passe par le prof. Dans un débat
philosophique les élèves s'adressent toujours les uns aux autres.
4. L’action pédagogique
Il ne s'agit pas d'enseigner un "savoir" mais de faire apparaître, de faire prendre
conscience, d’ouvrir, de délester en suscitant l’autonomie en pensant par soi-même
et le dialogue collectif en pensant avec les autres. Jean-Toussaint Desanti faisait un
jour cette métaphore : Il y a deux attitudes lorsqu'on est en présence d'une déchirure.
Dans la première, l’attitude techniciste, on va prendre du fil et une aiguille et tenter de
la recoudre. Dans la seconde, l'attitude philosophique, on va essayer d'ouvrir cette
déchirure pour aller voir ce qu'il y a derrière. L'artiste est celui qui fait des déchirures.
Recoudre ici, c'est utiliser un savoir ou un savoir faire, science, technique ou opinion
(idée toute faite, préjugé.). Et philosopher c'est non seulement s'empêcher de
recoudre mais aller y voir. Et personne ne peut le faire à la place d’un autre.
5. les phénomènes de groupe
Bien qu’il y ait un rythme propre à chaque groupe, certaines constantes sont à
remarquer. Puisque je suis identifié comme un « intervenant », les élèves, surtout les
plus jeunes, dans leur quasi totalité attendent des réponses de ma part à leurs
questions. Nous faisons donc, une grande partie de la première séance, un travail
sur la question et le sujet du débat. Les élèves doivent apprendre à poser leur
propres questions et je me défends de répondre à celles qu’ils me posent. C’est
20
Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, p. 61.
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frustrant pour beaucoup qui, quelques fois, m’en veulent car ils pensent que je fais
de la rétention. J’ai peut-être dernièrement trouvé un moyens de les mettre sur la
piste. C’était en CP-CE1 et je leur ai demandé de poser les questions qu’ils se
posent et qu’ils posent autour d’eux, à leurs parents à leurs enseignants et
auxquelles ils n’obtiennent pas de réponses. Cela semble les avoir aidés.
Mais cela ne s’arrête pas là car si les élèves ont l’habitude qu’on pose des questions
à leur place, ils ont aussi l’habitude qu’on leur pose des questions, d’être interrogés
par leur enseignant pour savoir s’il ont compris. Après avoir choisi collectivement le
sujet, ils vont donc répondre à la question très dogmatiquement. Par exemple avec la
même classe de CP-CE1, après avoir choisi le sujet : Où va-t-on quand on est mort ?
les cinq premières interventions ont apporté la même réponse : au paradis. Et puis
progressivement cette réponse est apparue pour ce qu’elle était : un « occulteproblème » car il était très difficile de savoir où était le paradis et ce qu’il était. Surtout
que j’ai posé l’autre question : ou étions-nous avant de naître ? Là aussi les
réponses ont jailli immédiatement : dans le ventre de notre mère ? dans les roses et
les choux (et même les choux de Bruxelles…) ? mais très vite la « simplicité » de la
réponse et le fait qu’elle servait à éviter d’aller penser plus loin, sont apparus de
façon cruciale. Le débat a alors dérivé sur : est-ce que les sorcières existent ?
Mais était-ce vraiment une dérive ? Car il m’a semblé que le groupe devait s’atteler à
la question : est-ce que le paradis ça existe ? et donc ils ont trouvé un autre cas plus
immédiat « les sorcières » pour en débattre. Il fallait s’entendre sur la réalité, si je le
vois, est-ce que ça existe vraiment ? Si quelqu’un nous dit qu’il l’a vu, est-ce que ça
existe ? Cette façon de procéder, qui semble, pour les enseignants que nous
sommes, tourner longuement en rond, et qui n’est pas toujours si évident à
comprendre, est un moment remarquable de tout débat. Ni l’enseignant de la classe,
ni moi même, pouvons arriver à ce que les élèves le dépassent. Il faut que ce soit
l’un d’entre eux qui le fasse. Par exemple, en CM2 à l’école Mermoz de Niort, le sujet
était : Pourquoi la guerre ? et ça tournait, tournait et retournait sur la guerre en Irak,
quand à un quart d’heure de la fin, un élève n’ayant jamais rien dit avant, ni dans
cette séance ni dans les précédentes, a recentré le débat sur la nature même de la
guerre en proposant une définition qui synthétisait les propos déjà entendus, ce qui a
eu comme effet de permettre une suite d’interventions plus structurée d’autres élèves
et de permettre la mise en place d’un dialogue.
6. La pédagogie institutionnelle
J’ai découvert tardivement qu’il s’agissait comme en pédagogie institutionnelle,
tendance Lobrot21, Lapassade22 ou Lourau23 de proposer un cadre pour que la
classe s’institutionnalise et s’autogère. Mais, différemment de ces auteurs, je pense
que, puisqu’il s’agit de l’intervention d’un enseignant dans la classe de ses collègues,
le débat philosophique est à la fois le but et le moyen d’institutionnalisation. On dit
souvent qu’il n’est pas possible d’enseigner à philosopher, et je serais plutôt
d’accord. Je considèrerais même que, comme l’écrit si justement Michel Lobrot dans
« l'autonomie de l'acteur », in Les pédagogies autogestionnaires (Ivan David, 1995) :
21
Michel Lobrot, La pédagogie institutionnelle, Gauthier-Villars, 1966.
22
Georges Lapassade, l’autogestion pédagogique, Gauthier-Villars, 1971.
23
René Lourau, l’analyse institutionnelle, Editions de Minuit, 1970.
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« rien, dans le domaine de la construction psychologique, ne peut être obtenu par la
contrainte ». Ne faudrait-il donc pas en tirer comme conséquence que peut-être on
pourrait commencer à apprendre à philosopher tout seul si on nous en donnait les
moyens ? De plus, n’en est-il pas d’un groupe constitué comme d’un individu
particulier ? Ne peut-on pas suivre Kurt Lewin sur ce point ? En effet, Michel Lobrot
l’explique ainsi dans « l'autonomie de l'acteur », in Les pédagogies autogestionnaires
(Ivan David, 1995) :
"L'idée de base, venue de Kurt Lewin et que celui-ci avait soumis à des épreuves
expérimentales, était que tout groupe, quel qu'en soit le but et l'origine, est
fondamentalement autonome. Il se conduit lui-même et toutes les tentatives pour lui
imposer, de l'extérieur, une direction ou une orientation ne peuvent que le paralyser
ou le rendre stérile. La seule position valable et utile que puisse prendre quelqu'un
qui prétend l'aider et le rendre efficace est de se placer en marge, dans un rôle
d'observateur, d'analyste voire de conseiller, en tout cas pas dans un rôle de
dirigeant" (p.66). Et donc, ne s’agirait-il pas d’apprendre et de commencer à
philosopher parce qu’un enseignant nous l’apprend, ni tout seul en autodidacte, mais
dans notre relation, non pas à un individu particulier mais à un groupe ? Ne s’agirait-il
pas en pensant par soi-même avec les autres par le dialogue toujours entretenu
d’acquérir et de garder son autonomie personnelle et l’autonomie collective du
groupe ?
Conclusion : La philosophie qui se déploie dans les débats
Comme pour les cafés-philo j’étais très inspiré par Eric Weill et Jean Toussaint
Desanti. Avec le premier, je pensais qu’on commençait à philosopher en rupture
avec une attitude première violente et qu’il s’agissait de mettre en place des
conditions pour passer de la violence à la philosophie24. Avec le second, que la
philosophie était un jeu dont on créait les règles en jouant25. Tout cela, pour moi,
allait de pair avec un engagement individuel psychanalytique et collectif politique :
s’émanciper soi-même avec les autres par la philosophie.
Mon action était guidée et est toujours guidée par deux principes :
Philosophie par tous
Philosopher devrait être une activité pratiquée par tout le monde « Hâtons nous de
rendre la philosophie populaire »
Pensée collective (dialogue public)
Philosopher est une pratique collective et non individuelle. Il s’agit en débattant
collectivement de créer de la « pensée collective » ce qui est, au sens propre, du
dialogue.
24
Eric Weil, Logique de la philosophie, Vrin.
25
Jean-Toussaint Desanti, Philosophie : un rêve de flambeur, Grasset, 1999.
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Michel Tozzi
En mai 1997, j’ai eu la chance de rencontrer Michel Tozzi au premier Colloque des
cafés-philo à Marseille. Comme j’arrivais en retard le vendredi soir et que je ne
connaissais pas grand monde, j’ai demandé en entrant au café de la Samaritaine où
se tenait ce colloque à l’un des organisateurs, Pascal Hardy, de me placer à une
table. Une place était libre à une table de quatre : il y avait François Housset, Michel
Tozzi et Marcelle sa femme. Il n’y a pas de hasard : bien que ne les connaissant pas
physiquement, j’avais participé avec François Housset (et Eric Coulon et surtout
Jean-Christophe Grellety) au magazine philo-journalistique Socrate & C° et, étant
« échoué » sans appui et sans aide dans un lycée de campagne, j’avais appris à
enseigner la philosophie en lisant les productions de Michel Tozzi. Cette première
rencontre s’est transformée en des relations étroites conduisant à des échanges,
d’abord sur les cafés-philo et l’enseignement de la philosophie, puis, en y ajoutant la
philosophie avant la terminale, par une collaboration continue. En même temps que
je commençait à faire de la philosophie au collège je découvrais les articles publiés
dans l’ARDAP (Association pour la Recherche en Didactique de l’Apprentissage du
Philosopher) qui avait le charme d’être artisanalement photocopiée dans tous les
sens…
Et fin 1998 l’ARDAP est devenue Diotime.l’Agora. C’est Oscar Brénifier, que j’ai lui
aussi rencontré la première fois au colloque de Marseille, qui a proposé à Michel
Tozzi de transformer les photocopies même pas agrafées en revue imprimée et de
faire une coédition du CRDP de Montpellier et de ses éditions, les Editions Alcofribas
Nasier. Michel m’a proposé de participer au comité de rédaction ce que j’ai accepté
de suite.
Philosophie et didactique
Je n’ai pourtant jamais été tout à fait d’accord avec Michel Tozzi sur l’enseignement
et l’apprentissage de la philosophie. J’ai toujours bien sûr souscrit à sa critique de
l’exclusivité du cours magistral, de la dissertation et de la référence aux grands
textes qui définissaient les cours de philosophie de terminale mais j’ai toujours pensé
par ailleurs, selon le bon mot de Jacques Muglioni, que la philosophie était à ellemême sa propre pédagogie, et ne me suis jamais retrouvé dans une perspective
didacticienne de son enseignement. Je fondais aussi ma critique de la façon exigée
d’enseigner la philosophie en terminale plutôt dans le fait que toutes les
conséquences n’avaient pas été tirées : si la philosophie était à elle même sa propre
pédagogie, il y avait identité de la philosophie et de la pédagogie. La pédagogie ne
pouvait pas être une science séparée de la philosophie et la dirigeant de l’extérieur.
Cela me conduisait à penser que la philosophie n’était pas un savoir mais une
activité questionnante et critique à la base de tout savoir, prenant ce dernier pour
objet. Ce qui m’avait amené à postuler que l’objet de la philosophie était le sujet
philosophant lui-même. Elle ne pouvait pas être une discipline à côté des autres
disciplines scolaires mais traversait de part en part l’enseignement qui se déployait
dans chacune d’elles. Cela me conduisait donc à rejeter, non pas le nouveau
programme de philosophie pour en revenir à celui de 1973, mais tout programme.
Cela m’amenait aussi à trouver scandaleux le fait que la philosophie était cantonnée
seulement aux classes terminales et y avait une fonction presqu’exclusivement
sélective. Je postulais d’ailleurs que, pour être vraiment de la philosophie, il fallait
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qu’elle soient l’activité reine de tous et que, s’il y avait des exceptions, nous étions
dans le rapport de force, le pouvoir et la violence et pas du tout dans la philosophie.
Je trouvais aussi que le « tryptique » tozzien « conceptualiser – argumenter –
problématiser » ne permettait pas de définir l’essence de la philosophie 26,
considérant que le critère distinctif en était plutôt le dialogue, pas la conversation
socratique mais la mise en place d’un discours rationnel collectif27. Philosopher était
pour moi penser par soi-même et avec les autres.
Publications
Articles
La substance composée chez Leibniz, Revue Philosophique de la France et de l’Étranger, numéro 1,
janvier-mars 1991
(version remaniée : http://www.philopartous.org/apptt/leibniz.html)
Lettre du 15 janvier 1996, Philos, février 1996
( disponible sur Café-PhiloWeb, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/debat01.htm .)
Aux professeurs de philosophie de l'Académie de Poitiers (juin 1996), Avec David Sawadogo, CaféPhiloWeb, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/debat02.htm
Un club philo au collège de Latillé L'Incendiaire 2nde mouture, n°4, janvier 1998.
http://www.incendiaire.net/texte/archives/2incend4/college.htm
(Disponible aussi sur Pratiques Philosophiques : http://www.pratiquesphilosophiques.net/contribu/contrib01.htm)
Fait-on de la philosophie dans les cafés-philo ? Diotime / l’Agora, n°3, septembre 1999.
http://www.ac-montpellier.fr/ressources/agora/ag03_039.htm
Contribution à l'histoire du mouvement des cafés-philo poitevins 1989-1997, L'Incendiaire 2nde mouture,
n°14, mars-mai 1999 et n°15 septembre 1999.
(Disponible sur Internet sur Café-PhiloWeb, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/contribu.htm )
Réponse à l’article DE LA PHILOSOPHIE POUR TOUS ? A propos des Journées d'étude de la Fondation
93 les 25 & 26 avril 2001 de Jean-Jacques Guinchard, Pratiques Philosophiques, 9 août 2001.
http://www.pratiques-philosophiques.net/contribu/contrib14.htm
A propos du nouveau programme de philosophie : pourquoi je ne suis ni « républicain », ni « pédagogue »
Pour une critique de cette définition, voir François Galichet, « Qu’est-ce que le philosopher ? », Les activités à
visée philosophique en classe : l’émergence d’un genre, Actes du Colloque de Rennes, sous la direction de
Michel Tozzi, CRDP de Bretagne, 2003.
26
Voir l’article écrit avec Jean-Pierre Seulin, « A quoi peut donc bien servir un animateur de café-philo ? » Article
à paraître dans Diotime /L’Agora, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/chazseu3.htm
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Comment le débat argumenté peut-il contribuer à une éducation démocratique à la fois civile et citoyenne
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Philosophe-t-on vraiment au café-philo ? Avec Jean-Pierre Seulin. Article paru dans Comprendre le
phénomène café-philo - Les raisons d'un succès mondial en 30 questions, ouvrage collectif sous la direction
de Yannis Youlountas, préface d'Edgar Morin, La Gouttière, 2002
(Disponible sur Café-PhiloWeb : http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/debat10.htm )
Tout le monde peut-il philosopher ? Avec Jean-Pierre Seulin. Article paru dans Comprendre le phénomène
café-philo - Les raisons d'un succès mondial en 30 questions, ouvrage collectif sous la direction de Yannis
Youlountas, préface d'Edgar Morin, La Gouttière, 2002
(Disponible sur Café-PhiloWeb : http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/debat09.htm )
Sitographie, in Michel Tozzi (Coord.) Les activités à visée philosophique en classe : l'émergence d'un
genre, Actes du Colloque de Rennes 27-28 mai 2002, sous la direction de Michel Tozzi, CRDP de Bretagne,
2003.
A quoi peut donc bien servir un animateur de café-philo ? écrit avec Jean-Pierre Seulin, Article à paraître
dans Diotime /L’Agora, http://www.cafephiloweb.net/cpwt/contrib/chazseu3.htm
Qui sommes-nous ? , Pratiques Philosophiques, Date de création : 14 juin 2002 Date de révision : 12 mai
2003, http://www.pratiques-philosophiques.net/sommes.htm
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Site internet de l’association philosophie par tous : www.philopartous.org (en ligne depuis le 27 août 1997)
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Site internet de l’e-zine Café-philoWeb : www.cafephiloweb.net (en ligne depuis le 21 novembre 1998)
Liste de diffusion - discussion Café-PhiloListe : http://fr.groups.yahoo.com/group/cafe-philoliste (en ligne
depuis le 27 novembre 2000)
Site internet Pratiques Philosophiques : www.pratiques-philosophiques.net (en ligne depuis le 27 avril
2001)
Liste de diffusion - discussion Pratiques Philosophiques : http://fr.groups.yahoo.com/group/pratiquesphilosophiques (en ligne depuis le 27 avril 2001)
Liste de diffusion - discussion Recherches Philosophiques : http://fr.groups.yahoo.com/group/recherchesphilosophiques (en ligne depuis le 16 juin 2002)
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