des différentes productions changent également, avec, par exemple une augmentation du potentiel du
maïs au nord de la France.
La question de la prise de décision des firmes en incertitude est abondamment traitée dans la littérature
économique. Nous citerons ici en particulier l’article de Sandmo (1971) qui propose un modèle dans
lequel la décision sur le volume à produire doit être prise avant de connaitre le prix de marché effectif.
L’intérêt de ce modèle est de proposer une méthodologie qui permette de tenir compte de l’aversion au
risque tandis que la grande majorité des modèles construits avant la publication de cet article
fonctionnait sur un critère de maximisation du profit espéré, supposant implicitement une neutralité
vis-à-vis du risque. La spécification de ce modèle le rend particulièrement bien adapté aux questions
de gestion de l’incertitude dans l’agriculture.
La plupart des travaux consacrés à l’impact du climat sur la sécurité alimentaire en zone soudano-
sahélienne se sont focalisés sur la pluviométrie, sans doute à cause de l’impact dramatique des
sécheresses des années 1970 et 1980. Or, il est bien connu que les modèles de climat divergent quant à
l’évolution future des pluies dans cette région du monde suite au réchauffement climatique (Cook et
Vizy, 2006). Par ailleurs, pour une pluviométrie donnée, on sait que la hausse des températures sera
néfaste aux rendements dans cette région déjà chaude (Luo, 2011), tandis que la plus forte
concentration de CO2 dans l’atmosphère leur sera au contraire bénéfique, même si l’ampleur de ce
dernier effet est très discutée. Enfin, la hausse des températures va rendre encore plus difficiles et
pénibles les travaux des champs, un point négligé jusqu’à présent.
Si de nombreuses études ont été consacrées à l’impact du changement climatique sur les rendements
dans la région soudano-sahélienne, la méta-analyse menée par Roudier et al. (2011) montre que les
connaissances actuelles souffrent de limites importantes. D’une part, la plupart se basent sur un
nombre très limité de modèles climatiques (un ou deux en général) et de scénarios de concentration en
gaz à effet de serre, ce qui empêche de prendre en compte l’incertitude sur le climat futur. D’autre
part, les variétés étudiées sont rarement précisées, et la robustesse des résultats au choix de ces variétés
n’est pratiquement jamais étudiée. Pourtant, l’impact d’un changement climatique peut différer
davantage entre deux variétés d’une même culture qu’entre deux cultures (Roudier, 2012a). Enfin,
l’adaptation est soit complètement négligée, soit supposée gratuite et sans que soit explicitées les
mesures d’adaptation retenues (cas des études dites « ricardiennes »). De plus, ces dernières études
souffrent de certains biais et leurs résultats, basés sur des régressions en coupe instantanée, montrent
une grande instabilité vis-à-vis du choix de l’année d’étude (Deschenes et Greenstone, 2007).
L'importance des conditions socio-économiques préexistantes pour l'adaptation au changement
climatique, ainsi que le lien avec les politiques de mitigation est également un sujet qui prend de plus
en plus d'importance, que ce soit au niveau de la grande échelle ou des études localisées. En effet, les
politiques d'agrocarburants, le niveau de déforestation ou les régimes alimentaires futurs ont des
conséquences très diverses sur la demande ou l'offre de terres, et également sur les possibilités
d'intensification ou de changement de localisation des productions agricoles. Pourtant, parmi les
nombreux travaux qui portent sur l’impact du changement climatique, peu présentent l’effet du
scénario socioéconomique utilisé, une exception notable étant Parry et al. (2004). Un effort de
coordination mondial autour des RCP (Representative Concentration Pathways) et des SSP (Shared
Socioeconomic Pathways) est en cours, et les travaux proposés se placent dans ce cadre.
3.3. Articulation avec les programmes régionaux, nationaux et
européens
Ce projet s’articule avec le projet ANR Escape, en particulier son WP 4. Cependant, celui-ci porte sur
les options pour améliorer le rendement dans un contexte de variabilité interannuelle, entre autres au
moyen de prévisions et d’assurances climatiques, alors que le présent projet porte également sur le
changement climatique. Ce projet s'insère également dans le cadre des RCP et SSP de l'AR5 de