Regards croisés - Travail, emploi, chômage Chapitre 1.1 Comment s'articulent marché du travail et gestion de l'emploi Définitions : Travail : activité humaine de création de biens et de services. Elle peut être professionnelle (avec rémunération), bénévole ou domestique. Emploi : part du travail qui est rémunéré. C'est une activité déclarée qui prend place dans un cadre juridique et social. Offre de travail : quantité de travailleurs disponible, càd la population active. Les travailleurs cherchent à louer leur force de travail. Demande de travail : quantité du travail dont ont besoin les entreprises pour réaliser leur production. Pour satisfaire leur demande, les entreprises vont offrir des emplois. Taux de salaire réel : salaire nominal - variation des prix. Le salaire horaire est une mesure en terme de pouvoir d'achat. Il permet aux salariés d'estimer ce qu'une heure de travail leur permet de consommer. Pour l'employeur, c'est un coût et cela lui permet de mesurer la quantité de biens et de services qu'il devra produire et vendre pour payer le salaire. Comme tout prix, il est véhicule d'informations. Productivité marginale du travail : quantité supplémentaire fournie par un travailleur supplémentaire/ un heure de travail supplémentaire. Tant que le supplément de production apporté par le dernier est supérieur à ce qu'il coûte, l'entreprise embauche. Marché du travail : lieu réel ou abstrait où se confrontent l'offre et la demande. Cette confrontation aboutit à des échanges (embauche) et à la fixation d'un prix d'équilibre qui est le taux de salaire réel. Ce marché est rarement à l'équilibre. Segmentation du marché du travail : découpage du marché du travail en deux : le marché primaire, caractérisé par des travailleurs bien rémunérés et qualifiés, et le marché secondaire caractérisé par un travail atypique. Le marché primaire était la règle durant les 30 glorieuses. Depuis les chocs pétroliers, le marché secondaire s’est développé, et il s’intensifie actuellement avec la crise. Conventions collectives : accords signés entre les syndicats et les patrons. Elles définissent les rémunérations, les conditions de travail et les grilles de salaires. Partenaires sociaux : les agents économiques qui participent à des négociations d'ordre social. A - L'emploi, une relation marchande L'analyse néoclassique se base sur un raisonnement microéconomique. Elle s'intéresse donc aux agents économique qui sont considérés comme isolés (cf individualisme méthodologique). Le comportement de ces derniers est rationnel : ils font un calcul coût/avantage. La théorie néoclassique est également souvent qualifiée de marginaliste. Détermination de la demande : Comparaison entre la productivité marginale et le taux de salaire réel pour les entreprises. Si les salaires sont trop élevés par-rapport à la productivité marginale du travail, les entreprises vont chercher à substituer le travail par le capital. => les entreprises ont recours au prix relatif. Détermination de l'offre : Arbitrage travail/loisir, c'est-à-dire, la désutilité marginale (pénibilité d'une heure travail contre une heure de loisir) vs le taux de salaire réel. La désutilité marginale est un coût d'opportunité. Ainsi, le travailleur effectue un calcul coût/avantage. Il cherche à voir si l'heure passée à travailleur va lui permettre d'accéder à plus de biens de consommations qu'auparavant. Néanmoins, des éléments modifient cet arbitrage : - le RSA qui augmente la rémunération marginale pour inciter à la reprise d'un emploi. - les autres sources de revenu, notamment ceux générés par le patrimoine. La demande de travail est une fonction décroissante du taux de salaire réel. Plus le salaire est élevé, plus les entreprises sont encouragées à subsister le capital au travail. A l'inverse, l'offre de travail est une fonction croissante car plus le salaire est haut, moins le coût d'opportunité est grand. Pour les néoclassiques, il y a un chômage durable lors le taux de salaire réel est trop élevé par-rapport au salaire d'équilibre. Exemple avec le SMIC qui est la cause de tous les maux selon les néoclassiques. Les néoclassiques n'excluent cpdt pas un chômage frictionnel, càd temporaire, le temps que l'offre et la demande s'ajuste, que les salariés voient leurs prétentions à la baisse et inversement. => Jobsearch, Georges Stigler. Pour que la marché du travail fonctionne, il devrait reposer sur les 5 conditions de la CPP : - atomicité => pas de syndicat - homogénéité => les travailleurs ont les mêmes caractéristiques. La comparaison se fait sur le prix. - transparence => pas d'asymétrie d'infos - fluidité => pas de rigidités - mobilité Limites de l'analyse néoclassique : Il existe des défaillances de marché : - la transparence n'est pas respectée du fait des asymétries d'infos entre employeurs et salariés. L'employeur ne connaît pas la productivité d'un salarié => risque d'aléa moral. D'autre part, si l'employeur souhaite remédier à cette asymétrie d'info, cela engendre des coûts supplémentaires qui ont souvent un effet néfaste sur la productivité. Pour avoir des employés productifs, les entreprises ont tendance à utiliser le salaire comme un moyen d'incitation. Un salaire élevé permet de fidéliser les employés (donc d'éviter de reformer de nouveaux salariés), d'augmenter la productivité et surtout, d'attirer les employés les plus qualifiés. => salaire d'efficience, La Théorie du salaire d'efficience explique en partie la rigidité des salaires à la baisse. - Le marché du travail n'est pas homogène. C'est un marché segmenté fortement influencé par les caractéristiques individuelles : genre, origine, physique.. La qualification joue également un rôle essentiel : les individus les plus qualifiés ont un pouvoir de marché. 2 types de marché du travail : -Le marché primaire : marché des emplois à haute rémunération. Il n'obéit pas à la logique de marché : les employés sont protégés et on leur propose un salaire d'efficience. Sur ce marché, la demande n'est pas sensible au prix car la VA crée est importante. - Le marché secondaire : correspond à une sorte de prolétariat, emplois instables et peu protégés, principalement des métiers de service. La main d'oeuvre est peu qualifiée. Les travailleurs sont donc facilement remplaçables et de ce fait, sont preneurs de prix. - Il n'y pas d'atomicité sur le marché du travail. Il existe des coalitions, càd des syndicats de salariés et de patrons, qui empêchent l'ajustement de l'offre et de la demande. Ex : les Close-Shop aux USA où seuls les syndiqués sont embauchés. - la condition de fluidité n'est pas respectée => SMIC => La CPP n'existe pas sur le marché du travail. L'analyse néoclassique ne permet donc pas d'expliquer totalement le fonctionnement du marché du travail. B- La relation salariale est encadrée par des normes sociales collectives L’institutionnalisation de la relation salariale: La relation salariale n’est pas une simple relation d’échange de marchandise sur un marché. Elle s’est construite historiquement à travers des conquêtes sociales et des négociations collectives, en s’appuyant sur le rôle d’arbitre de l’Etat et le contrat de travail. Au début du XIXème siècle, le droit du travail n'existait pas et les relation étaient totalement asymétriques. Les salariés n'étaient pas protégés et les syndicats étaient interdits (Loi le Chapelier, 1871) A cette époque, ce qui protégeait, c'était la propriété. L'état était un état-gendarme. Aujourd'hui, les salariés ont des droits. Ils sont protégés par les conventions collectives et par la protection sociale qui est assurée par l'état. Le contrat de travail est désormais décidé collectivement. La protection sociale permet de faire face aux conséquences financières d'un risque social. Elle suit une logique d'assistance(CMU) ou d'assurance (seuls ceux qui cotisent en bénéficient). Les normes d'emploi (SMIC, durée du travail..) résulte de ces négociations collectives. Le SMIC n’a rien à voir avec le fonctionnement du marché du travail. C’est un arbitrage politique et social. Le SMIC a un rôle important car il conditionne les autres salaires. Les acteurs sont à l'origine de ce changement sont les organisations syndicales (patrons et salarié) et l'état (passage d'un état-gendarme à un état providence). De l'instauration des normes d'emplois à leur remise en cause : Depuis 1980, on assiste au dvt du travail atypique. Bien que l'emploi typique reste tjrs la norme, la création d'emploi et les embauches sont de plus en plus atypiques. =>En 2010, 75% des embauches étaient des CDD. R. Castel parle d'effritement de la société salariale : => dvt des emplois atypiques => affaiblissement de la protection de l'emploi => réduction des droits associés à l'emploi Les 2 chocs pétroliers et la crise qui s'en suit voit la stagflation et la fin du compromis fordiste qui trouve ses limites. => le fordisme ne permet pas de répondre à la demande de différenciation des clients. => il y a moins de gains de productivités. Les leaders politiques souhaitent renouer avec le libéralisme (Tatcher, Chirac en 86, Reagan). L'état n'est plus la solution. => le poids de l'état est excessif et les prestations sociales créent des trappes à inactivités. => diminution des prestations + déréglementation+ désindexation des salaires sur les prix (1983) La lutte contre l'inflation prend le pas sur la lutte contre le chômage et une politique de l'offre est mise en place. Les employeurs ont à nouveau l'avantage dans la relation salariale. Le SMIC est également remis en cause car il empêche le salaire réel de s'ajuster au salaire d’équilibre. Il pénalise l'emploi, en particulier celui des moins qualifiés et favorise la substitution du capital au travail. Le SMIC conduit à un phénomène de rationnement. Il n'est pas intéressant pour les entreprises d'embaucher car le prix plancher est trop important.