LE SYNDROME D’ALCOOLISATION FŒTAL (SAF) Conduite d’alcoolisation au cours de la grossesse. « CCAA » Centre de Cure Ambulatoire en Alcoologie. Historique Dans l’ancien testament : « …désormais tu ne boira ni vin, ni boisson fermentée … » 1958 : Paul Lemoine, un pédiatre français, débutera en 1958 une étude sur les enfants de mères alcooliques et sera le premier, 1968, le Dr Lemoine sera le premier à décrire de façon exhaustive le tableau clinique des enfants souffrant du syndrome. Son étude se basait sur l’observation de 127 enfants issus de 62 familles "alcooliques". 1973, l’expression FAS (Fetal Alcohol Syndrome) remplacera l’expression FLK (Funny Looking Kid) employée jusque-là. 1976 : Le DR Ann Streissguth de Seatel (USA) et le Dr Dehaene à Roubaix 2002 : La Société Française d’Alcoologie (SFA) propose en collaboration avec l’ANAES (aujourd’hui appelée Haute Autorité de la Santé : HAS) des recommandations. Epidémiologie En France on estime que les « troubles du spectre de l'alcoolisation fœtale » touchent 1% des naissances, c'est-à-dire 7 000 nouveaux enfants chaque année. Cela signifie qu'environ 500 000 Français souffrent à des degrés divers des séquelles de l'alcoolisation fœtale. Le syndrome d'alcoolisation fœtale proprement dit est, en France, la première cause de retard mental non génétique. Il touche 1 naissance sur 3 000 dans le Pas-de-Calais. L'alcoolisme touche en France 2 millions de personnes, dont 600 000 femmes (cette dernière statistique est particulièrement sujette à caution : l'évaluation rigoureuse est très difficile en raison d'une dénégation quasi-constante des faits). Pendant la grossesse, 5 % des femmes consomment trois verres d'alcool en moyenne par jour, ce qui constitue déjà un danger pour l'enfant à naître. Les spécialistes estiment aujourd'hui que le risque apparaît dès le premier verre : c'est la raison pour laquelle, pendant la grossesse, il faudrait maintenir une abstinence stricte. Dans le Douaisis il y a 3 fois plus de femme qui meurent de cirrhose alcoolique, psyhose alcoolique, alcoolisme que dans le reste de la France et pourant au CH de Douai on ne dénombre de SAG que : o 1 en 2002 o 1 en 2003 Cela met en évidence une méconnaissance de la SAF par le personnel soignant. Les effets de l’exposition pré-natale à l’alcool « L’alcoolémie du fœtus et à peu près égale à l’alcoolémie de la maman » L’effet de l’alcool sur le placenta Sur le placenta l’alcool altère : o La composition de cet « échangeur » o Le système de transport des médiateurs o Le fonctionnement des vaisseaux placentaires : Vasoconstriction hypoxie Les effets indirects o Manque d’oxygène o Trouble de la nutrition Elimination de l’alcool par le fœtus Normalement c’est le foie qui est chargé d’éliminer l’alcool du sang. Le foie du fœtus n’ayant pas atteint sa maturité, il ne possède pas la capacité de détoxification d’un foie adulte. Chez un être humain adulte, l’alcool est entièrement transformé dans le foie grâce à l’alcooldéshydrogénase, une enzyme cytoplasmique que le foie encore peu développé du fœtus ne contient pas en assez grande quantité. La dose d’alcool dans le sang du fœtus atteint donc dix fois celle présente dans celui de la mère. L’élimination de l’alcool par le fœtus est plus longue. Le SAF Le diagnostic se fait par l'observation d'une triade de facteurs caractéristiques : Retard de croissance intra-utérin : il est harmonieux, c’est-à-dire qu'il touche à la fois le poids, la taille, et le périmètre crânien. Les enfants naissent plus frêles, plus fragiles, et souvent prématurément ; Dysmorphie cranio-faciale : l'alcoolisation fœtale entraîne un aspect typique de la tête du bébé, avec des fentes palpébrales fines, une ensellure nasale marquée, une bosse entre les yeux, des oreilles basses et décollées, un important microrétrognatisme (mandibule petite et trop en arrière), une lèvre supérieure mince et convexe, des narines antéversées (tournées exagérément vers l'avant) ; Malformations : elles concernent environ 25% des cas, et peuvent toucher le cerveau, le cœur, l'appareil urinaire, etc. ; Troubles psychiatriques : ils apparaissent après la naissance, parfois dans l'enfance ; o Syndrome de sevrage alcoolique immédiat : avec tremblements, troubles du sommeil, o Hyperactivité pendant l'enfance avec irritabilité, déficit de l'attention, troubles de la concentration, o Retard mental : des études ont démontré qu'une consommation de 3 verres d'alcool par jour par la mère entraîne une perte moyenne de 7 points de QI, o Troubles du tonus, de la mémoire, de la motricité fine. Retard de Croissance Intra Utérin (RCIU) o Présent dans 90% des cas o Porte plus sur le poids que sur le taille o Aspect du nouveau né : maigre et pâle o Absence de tissus adipeux Atteinte du système nerveux o Anomalies neurologiques o Retard de développement o Trouble du comportement (difficulté à se concentrer) o Trouble de l’apprentissage L’effet de l’alcool sur le fœtus Les anomalies neurologiques et anatomiques sont fonction de la période d’alcoolisation fœtale : Anomalies neurologiques de la première période Les 23 premières semaines ces l’organogenèse et la corticogenèse qui consiste en la ise en place des deux hémisphères cérébraux et la strucuration de la ligne médiane. A partir de la 23ème semaine c’est l’organisation corticale (trouble de la motricité) Les malformations foetales (consommations importantes) Cardiaques (les plus fréquentes) se caractérisant par des communications interauriculaires ou inter-ventriculaires. Malformations squelettiques : thorax en carène, synthèse radiocubitale (les deux os de l’avant bras radius et cubitus fusionnent). Malformations rénales et urinaires. Malformations tégumentaires (cheveux), angiome tubéreux (tâche de vin). Hydrocéphalie Cérébrales : o hydrocéphalie, o Anencéphalie : L'anencéphalie est une malformation congénitale du système nerveux central qui se passe quand le tube neural ne se ferme pas à l'extrémité antérieure (du cerveau), généralement entre le 23e et le 26e jour de la grossesse. Anencéphalie Effets de l’alcool sur le fœtus (EAF) Encore appelé Désordre du Neurodéveloppement Lié à l’Alcool (DNLA) Ils dépendent de plusieurs facteurs : De la quantité d’alcool consommée : o Si plus de trois verres/jour soit 21 verres/semaines => DANGER De la capacité de la mère à dégrader l’alcool De l’équipement génétique du fœtus Du stade de la grossesse ; Premier trimestre Malformation de l’embryon Malposition et déformation des membres Scoliose, éventration diaphragmatique Deuxième trimestre Système nerveux central : hydrocéphalie, anencéphalie Troisième trimestre Retard de croissance intra-utérin (RCIU) Les conséquences de l’exposition à l’alcool prénatale s’exprime différemment selon l’age. Chez le nouveau né Syndrome de sevrage à la naissance Trémulations, convulsions Bâillement ou éternuements Troubles du sommeil Trouble de la succion Attention : Dans tous les cas donner la préférence à l’allaitement ! A la naissance Un bébé pas facile, petit, maigre, qui a du mal à téter Dans les bras d’une maman désemparée en proie, peut-être, elle aussi à un manque d’alcool. Chez l’enfant Retard du développement intellectuel Trouble de l’apprentissage Trouble de la mémoire et de l’attention Trouble de la motricité fine, de l’équilibre, de la coordination Trouble du comportement, hyperkinésie, hyper excitabilité, impulsivité Désordre émotionnel Troubles psychiatriques fréquents Troubles de la cognition Chez l’adulte Instabilité Trouble du comportement Trouble psychologique Conduite addictive Intolérance à la frustration Difficulté d’intégration, marginalisation Etude d’Ann Streissguth La cohorte d’Ann Streissguth de Seattle apporte depuis sa constitution en 1972 un éclairage prospectif sur le devenir des personnes ayant été exposées à l’alcool in utero. Exclus du système scolaire 43% Scolarité interrompue 70% Incarcération 60% Internement 30% Déviance sexuelle 65% Problème de logement 80% Problème d’emploi 80% En conclusion Il n’existe pas de seuil inoffensif de consommation d’alcool pour les femmes enceintes L’embrio-foeto-pathie alcoolique est évitable à 100% Elle est liée à l’action de l’alcool sur les cellules de l’enfant à naitre => un entretient avec la femme enceinte Par le biais d’une enquête alimentaire : oser parler d’alcool Mais la délicatesse s’impose : D’abord ne jamais parler d’alcool Utiliser comme support une enquête alimentaire : o Manger vous des féculents ? o Aimez vous la viande ? Les lipides ? les sucres ? o … o Sur le plan des boissons : o Consommez vous du coka, des jus fruits ? o De l’eau, du vin ? o Ou préférez vous de la bière ? => combien par jour …. Le questionnaire T-ACE Le questionnaire T-ACE est un questionnaire à 4 items : 1. T comme Tolérence Combien d'alcool consommez-vous avant d'en ressentir l'effet ? (TOLÉRANCE) 2. A comme ‘Annoyance’(contrariété) Quelqu'un vous a-t-il déjà FACHÉE en vous disant que vous devriez diminuer votre consommation d'alcool ? 3. C comme ‘cut down’ (restraindre) Avez-vous déjà pensé que vous devriez DIMINUER ? 4. E comme Eye opener (Ouvrir les yeux) Avez-vous déjà pris un verre le matin pour vous aider à démarrer ? (POUR VOUS OUVRIR LES YEUX) Notation T si plus de deux verres alors 2 points ACE donne un point à chaque réponse positive Un total de 2 ou plus indique que la femme est prédisposée à consommer de l'alcool et qu'elle présente un risque (source : Alcohol and Child/Family Health conference proceedings. BC FAS Resource Society, 1988).