Lucien Castaing-Taylor

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Performance, art et anthropologie
Paul Ardenne, Miquel Barceló et Josef Nadj, Paso Doble,
présentation.
Performance à quatre mains (Festival d’Avignon, 2006), Paso Doble met en scène Miquel
Barceló, plasticien, et Josef Nadj, chorégraphe, aux prises avec un mur d’argile. Quarante
minutes durant, les deux protagonistes de cet exercice de sculpture en live décorent la matière
molle, la triturent, s’y fondent enfin. Fruit de l’imaginaire de mudmen hors norme, cet
étonnant ballet tient à la fois de l’art, du rituel, de la transe païenne ou sacrale, de la
gymnastique, au choix. Paul Ardenne examine ici cette synthèse créative à la lumière des
pratiques corporelles, artistiques ou non, élisant avec la matière molle un rapport d’élection,
entre décoration primitive du corps, recouvrements rituels et performances plus récentes
recourant à la terre, telle Lutter dans la boue, demeurée fameuse, de Kazuo Shiraga, artiste
affilié au mouvement Gutai (années 1950, Japon).
Ecrivain, historien de l’art. Universitaire (Faculté des Arts, Amiens), collaborateur, entre
autres, des revues Art press et Archistorm, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs ouvrages
ayant trait à l’esthétique actuelle : Art, l’âge contemporain (1997), L’Art dans son moment
politique (2000), L’Image Corps (2001), Un Art contextuel (2002), Portraiturés (2003), outre
diverses monographies d’architectes, un essai sur l’urbanité contemporaine, Terre habitée
(2005), et deux romans. Autres publications : Extrême - Esthétiques de la limite dépassée
(2006), Images-Monde. De l’événement au documentaire (avec Régis Durand, 2007),
Working Men. Art contemporain et travail (avec Barbara Polla, 2008), À Flux tendu. La
création plastique au tournant du 21ème siècle (2009).
Miquel Barceló, A propos de Paso Doble.
A l’occasion de la 60e édition du Festival d’Avignon, Miquel Barceló crée avec Josef Nadj
Paso Doble, un spectacle qui conjugue l’univers artistique de l’un et l’univers chorégraphique
de l’autre. A partir de cette œuvre, l’artiste parlera de son rapport à la performance.
Artiste espagnol, Miquel Barceló est l'un des artistes contemporains les plus en vue sur la
scène artistique internationale. Ses travaux sont orientés vers le dessin, la peinture, mais aussi
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la sculpture, la céramique et la performance comme supports de création artistique alternatifs.
L’artiste vient entre autres de terminer une intervention à l’ONU (Palais des Nations Unis à
Genève) sur l'immense voûte de la « Salle des droits de l'homme et de l'alliance des
civilisations », un espace circulaire de 1500 mètres carrés. Depuis quelques années, Miquel
Barceló vit et travaille en alternance à Majorque, à Paris et au Mali.
Lucien Castaing-Taylor, Hell-Roaring Creek et Into-the-Jug
(geworfen) : propos d’artiste.
Lucien Tylor projettera deux de ses films récents sur la temporalité et posera la question de
leurs relations avec l’art et l’anthropologie. Ces travaux font partie d’un projet plus vaste qui
est une ode a l’Ouest américain – une évocation sensorielle de la vie des derniers bergers qui,
l’été, guident leurs troupeaux à travers les pâturages de la montagne de Bear Tooth au
Montana. Sans voix-off et ne cédant à aucun compromis, les films révèlent un monde dans
lequel la nature et la culture, les animaux et les humains, les paysages et les climats, la
vulnérabilité et la violence sont intimement liés.
Cinéaste, artiste et anthropologue, Lucien Castaing-Taylor a récemment mené à terme une
série de huit installations vidéo utilisant différents registres stylistiques pour évoquer
l’attraction et l’ambivalence de la vie rurale en justapposant des paysages monumentaux et
mythologiques de l’Ouest américain avec plusieurs prises de son rapproché et synchrone.
Parmi les publications de Castaing-Taylor : Visualizing Theory (ed., Routledge, 1994), CrossCultural Filmmaking (avec Barbash, University of California Press, 1997), Transcultural
Cinema, une collection d’essai du cinéaste David MacDougall (ed., Princeton University
Press, 1998), et The Cinema of Robert Gardner (coed., avec Barbash, Berg, 2008). Il a été un
des fondateurs de la revue de l’American Anthropological Association, le Visual
Anthropology Review (1991–94). Lucien Castaing-Taylor est directeur du Film Study Center
et du Laboratoire d’ethnographie sensorielle à l’Université de Harvard.
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Francesco Careri et Lorenzo Romito (Università di Roma TRE Stalker / Osservatorio Nomade), Fermer les « Campi Nomadi »
d’Italie et d’Europe.
Depuis 2007, le collectif d’artistes et de chercheurs Stalker - Osservatorio Nomade, mène, en
collaboration avec le Dipartimento di Studi Urbani de l’Università di Roma Tre, un travail de
recherche avec les communautés Rom installées dans la périphérie romaine, en recourant à
des actions de terrain, des cours universitaires et des actions d’art civique. Les Rom sont le
plus grand peuple européen sans état (environs 15 millions d’individus). En Italie, ils sont
confinés dans des camps nommés « Villages de la Solidarité », où leur culture et leur mode de
vie sont gravement menacés. Hors de tout dispositif légal, leurs droits y sont suspendus.
Le travail de recherche présenté ici, intitulé « Nomadisme et ville. Habitats informels, camps
nomades, abris occasionnels, lus à travers des pratiques et des expériences d’art public », a
commencé par une marche exploratoire le long des berges du Tibre où l’on rencontre plus de
cinquante bidonvilles (Sui letti del fiume, 2007). Il s’est poursuivi par un séminaire
international itinérant, prenant la forme d’un voyage à la rencontre des habitats marginaux, à
travers dépôts de containers, zones barbelées équipées d’un réseau de vidéosurveillance,
constructions spontanées (Campus Rom 2008). Ce projet s’est achevé par la mise en place, à
l’intérieur du Campo Rom Casilino 900, d’un chantier ouvert à l’auto-construction en bois et
à la multiculturalité (Savorengo Ker – la casa di tutti, brûlé en décembre 2008).
Catherine Choron-Baix, Shirin Neshat et les cours d’amour au Laos
(titre provisoire).
En Octobre 2008, l’artiste Shirin Neshat filme à Luang Prabang, l’ancienne capitale royale du
Laos, des cours d’amour, chants alternés d’hommes et de femmes qui s’affrontent dans des
joutes improvisées. Ses images d’une performance qui s’enracine dans les anciens rites lao
d’accordailles, donnent à cet art poétique et vocal, qui se fait rare aujourd’hui, une tout autre
résonance. Elles seront projetées en avant-première à Paris, et commentées dans la double
perspective des travaux d’ethnologie menés sur cette tradition orale et des interprétations de
l’artiste.
Catherine Choron-Baix est ethnologue au Laboratoire d’anthropologie urbaine du CNRS.
Après une thèse de 3è cycle et une thèse d’habilitation consacrées à la diaspora lao en France,
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elle poursuit sa réflexion sur le changement social dans la société lao, partageant ses
recherches entre les sociétés d’exil et la RDP Lao, et s’intéresse tout particulièrement aux
pratiques de création. Elle a notamment publié Le choc des mondes. Les amateurs de boxe
thaïlandaise en France. Paris, 1995 Ed. Kimé (Collection « Anthropologies »). « La danse,
objet patrimonial. A propos des Lao de France », in Yves Goudineau et Michel Lorillard
(eds), Recherches nouvelles sur le Laos, Etudes thématiques n°18, EFEO, Paris, Vientiane,
2008, pp. 385 - 402. Art and virtue. Gold thread embroidery in ancient court of Luang
Prabang in Grant Evans (ed) The Last Century of Lao Royalty. A documentary History,
Chiang Mai, 2009, Silkworm Books : 303-314. Elle est l’auteur réalisateur de Mémoire d’or,
mémoire de soie, film documentaire, 51 minutes, Vidéo numérique, co-production CNRS
Images Media/CNRS-LAU.
Craigie Horsfield, Le transfert des âmes.
La discussion porte sur le contexte et la pratique de ce qu’on appelle, dans le champ
artistique, « projet social ». Considérant l’artiste et l’anthropologue comme protagonistes, la
communication concerne les notions de séparation, d’interactivité, de discursivité et de
performatif. Des questions pratiques seront mises en avant, avec des exemples concernant
l’île el Hierro dans les Canaries et la ville de Nola en Campanie (Italie). Ce panorama
conduira, d’une part, à une proposition concernant le rituel, et, d’autre part, à faire le point sur
les engagements actuels et futurs des artistes et des spectateurs dans les projets sociaux.
À partir de 1988, date de sa première exposition, Craigie Horsfield devient un acteur
essentiel de la scène artistique contemporaine en proposant une nouvelle approche de la
photographie. Il a défendu pendant plus de trente ans l’introduction des œuvres sonores au
musée, le potentiel des projections sur écrans multiples comme espace social, et le rôle
central du public. Pour l’artiste, "la réalisation d’une œuvre, que ce soit son tirage, sa
contemplation ou son effet émotionnel, s’effectue dans notre espace commun, se déroule
dans un présent relationnel". L’artiste utilise la photographie comme un moyen pour
aborder la séparation entre le monde de la fiction et le monde de l’expérience. Il associe
film, photographie, travail sur le son, gravures et dessins pour interroger à la fois l’art et la
vie, le familier et l’extraordinaire, l’épique et le quotidien, le "temps lent" du présent qui
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garde trace du passé et amorce le temps à venir.
Kjersti Larsen, Rituel, Performance, et Transformation du corps.
Kjersti Larsen analyse la transformation du corps dans des rituels où les participants
acquièrent différentes identités. A Zanzibar, pendant les cérémonies du ngoma ya sheitani, les
esprits habitent les participants dans le but de se matérialiser et d’agir parmi les hommes. La
parodie - un jeu de répétition et de distance critique - y joue un rôle décisif. Les protagonistes
sont engagés dans une création interactive. Ils explorent leurs savoirs sur le différent et le
même, sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas. Donnant la possibilité d’endosser
successivement plusieurs identités et de se projeter dans des contextes différents, la
performance se révèle être comme une discipline mentale visant la production de
connaissances nouvelles.
Kjersti Larsen est Professeur associé d’Anthropologie Sociale au département d’ethnographie
du Musée d’histoire culturelle de l’Université d’Oslo. A partir de 1984, elle mène des
recherches de terrain à Zanzibar et, à partir de 1997, dans le nord du Soudan. Ses centres
d’intérêts sont l’identité, le genre et les notions de différence ; le rituel et la performance ; la
religion, la modernité et le multiculturalisme, l’émigration et la mobilité.
George Marcus, Considérations sur le théâtre contemporain et l’art
conceptuel pour le renouvellement de l’ethnographie.
Ces dernières années, George Marcus a exposé ses propositions pour un renouvellement de
l’anthropologie et des méthodes de l’ethnographie dans diverses discussions et collaborations
(Navigators of the Contemporary : Why Ethnography Matters, par David Westbrook, 2008 ;
Designs for an Anthropology of the Contemporary, 2008 ; Centre d’Ethnographie de l’
Université de Californie, Irvine – http://www.socsci.uci.edu/~ethnog). Son travail consiste à
repenser l’imaginaire à partir « des scènes de rencontres » et des transactions effectuées sur le
terrain. Amplement reconnu dans la littérature ethnographique, depuis 1980, cet imaginaire
est devenu de plus en plus « réflexif ». Cependant, les sujets et les objets ethnographiques
contestent cette pensée réflexive. Aux Etats-Unis, l’innovation tend à délaisser
l’anthropologie critique pour se tourner vers une anthropologie « active » ou « participative ».
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Dans cette perspective, les enquêtes ethnographiques sur les productions théâtrales, sur les
projets d’art conceptuel et sur les performances, deviennent une source d’inspiration pour une
anthropologie ethnographique revisitée. Tandis que l’anthropologie reste généralement
incapable de reconnaître ses présupposés poétiques, son engagement « actif» et « participatif»
la conduit à se rapprocher de certaines pièces théâtrales et artistiques. L’intervention de
Georges Marcus vise à encourager ces connections.
George Marcus a puissamment contribué à la critique de l’anthropologie des années 1980 et a
formulé les célèbres Writing Culture (Clifford et Marcus, 1986). Son projet est explicitement
collaboratif. Il participe à la ré-articulation et à la ré-invention des normes et des formes
classiques de la recherche en anthropologie sociale et culturelle. Récemment, ses travaux ont
porté sur la noblesse portugaise, les hommes politiques européens, les artistes sud-américains,
les banquiers nord-américains et les intellectuels brésiliens. Parmi ses très nombreuses
publications : The Late Editions series of annuals, 1993-2000, University of Chicago Press;
Lives in Trust: The Fortunes of Dynastic Families in Late Twientieth Century America,
Westview Press (1992); Anthropology as Cultural Critique: An Experimental Movement in
the Human Sciences, University of Chicago Press (1986) with M. Fischer; Writing Culture,
University of Chicago Press (1986) with J. Clifford; and Elites: Ethnographic Issues,
University of New Mexico Press (1983).
Barbaro Martinez-Ruiz, Le langage du corps des Kongo.
Cette intervention porte sur l’agencement entre langage corporel, gestes et performance, en
tant qu’éléments inhérents à la culture des Kongo. L’auteur montre comment ces différents
modes d’expression s’intègrent sans rupture notable. De tels ensembles incluent aussi des
mambos, des rythmes syncopés, ainsi qu’une très grande variété de symboles, écrits ou de
tradition orale, partagées par les Bakongos. La présentation incorpore des exemples clés du
peuple Kongo à travers le monde, tant dans le nord de l’Angola que dans le sud de la RDC,
tant dans les manifestations religieuses de l’intérieur du Kongo que dans les Caraïbes ou en
Amérique du Nord. Cette lecture explore des questions de cognitivité, de mémoire et
d’identité, prenant en compte tant le point de vue multiculturel, que la culture visuelle,
l’histoire de l’art et l’anthropologie.
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ORLAN, Des self-hybridations aux biotechnologies.
Le parcours artistique d’ ORLAN l’a amené à croiser des thèmes de prédilection des
anthropologues. A partir de ses travaux sur l’hagiographie (Sainte ORLAN), sur la selfhybridation (précolombienne, africaine…), mais aussi à partir de son travail sur l’hybridation
des cellules souches, elle montre dans quelle mesure elle prend en considération et dialogue ou s’oppose - avec les cultures dont elle s’inspire.
Depuis 1964, ORLAN pratique la peinture, la sculpture, la poésie, la danse, le théâtre et la
performance. Elle réalise ses premières œuvres photographiques en considérant son propre
corps comme une sculpture. Très tôt, elle en fait le sujet d’un débat public, réalisant parfois
des performances provocantes dans les institutions les plus prestigieuses. Explorant des voies
multiples et utilisant toutes sortes de supports, de la performance à la vidéo, de la
photographie aux installations, l’œuvre d’ORLAN se révèle complexe et s’articule autour de
thèmes récurrents : problématiques du corps et de la sexualité, questions sur l’identité de la
femme, dialogue entre le virtuel et le réel, défiguration et refiguration.
Caterina Pasqualino, Voix de l’au-delà : du rituel à l’art
contemporain.
Existe-t-il un point commun entre les voix rauques, cassées, tremblées ou saccadées, venant
d’univers culturels aussi différents que le culte du Palo Monte à Cuba, le flamenco des Gitans
d’Andalousie ou les créations avant-gardistes des artistes occidentaux (Schwitters,
Dubuffet…) ? Pour les cultures dites traditionnelles, les voix faites de sons gutturaux ou
altérés renvoient à la parole inarticulée des morts. Pour les artistes occidentaux, elles
constituent la quête d’un sens originel libéré du carcan des conventions. Dans les deux cas, la
déconstruction de la voix et de la parole exprime une même volonté de s’affranchir du
commun des mortels. L’auteur propose ici de dépasser les clivages religieux ou esthétique qui
distinguent actions rituelles et artistiques, pour tenter de mettre à profit une même approche
en vue de l’élaboration d’une théorie générale de la performance.
Après plusieurs études sur les minorités du bassin méditerranéen (dont un ouvrage, Da
Milocca a Milena. Un villaggio siciliano vent’anni dopo, Edizioni Scientifiche italiane, 1989,
Napoli ), elle entreprend un travail sur les populations gitanes. Son second ouvrage, Dire le
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chant. Les Gitans flamencos d'Andalousie (CNRS édition MSH, Paris, 1998), innove entre
autres en abordant le flamenco andalou, genre musical habituellement entrevu en termes
pittoresque ou musicologique, dans une perspective anthropologique. Ses recherches récentes
la conduisent à s’interroger sur la notion de performance artistique et rituelle, ceci en relation
à des nouveaux terrains entrepris à Cuba et à Madrid, ainsi qu’à des thèmes tirés de l’art
contemporain tels que la marche, la transe et l’expérimentation vocale.
Bibliographie : «The Gypsies, Poor but Happy: A Cinematic Myth”, Third Text, 2008 ; « Le
ralenti comme instrument de connaissance. Filmer les chants gitans », Ethnomusicologie et
anthropologie musicale historique de l'espace français, L’Harmattan, 2008 ; « Filming
emotion: The Place of Video in Anthropology », Visual Anthropology Review, spécial issue
on European Anthropology, coéditeurs Peter di Biella et Colette Piault, 2007. Elle est
également réalisatrice de films documentaires (Des chants pour le ciel. Les saetas des Gitans
d’Andalousie, Espagne, produit par CNRS image-média, avec le concours du Centre National
de la Cinématographie, 52 mn., 2003 ; Petit théâtre napolitain, CNRS, 56’, Naples-Paris,
2006.
Richard Schechner, Blessures infligées à soi-même ; art, rituel et
culture populaire.
Les individus qui se blessent intentionnellement le font à travers un large champ d’action qui
va de la sub-incision jusqu'à des formes d’automutilation raffinées, en passant par la
performance artistique. Pourquoi ? Certaines blessures sont exigées par la religion, d’autres
sont l’expression d’un goût personnel ou d’une culture populaire, d’autres encore sont de l’art.
L’auteur aborde ce thème sous différents angles. Ces champs d’expression ont-ils un lien
entre eux ? Se rapportent-ils tous à un acte de chirurgie ? Les automutilations constituent-elles
une catégorie spéciale de l’art ? Existe-il une proposition théorique pouvant rendre compte de
toutes les catégories de l’automutilation ?
Richard Schechner est Professeur de Performance Studies à la Tisch School of the Arts, à la
New York University. En mars 2005, a été inauguré le Richard Schechner Center for
Performance Studies, au sein du Shanghai Theatre Academy où Schechner est Professeur
honoraire. Il est l’éditeur de TDR : A Journal of Performance Studies, et Directeur artistique
de East Coast Artists. Schechner est l’auteur de nombreux livres parmi lesquels Public
Domain, Environmental Theatre, The End of Humanism, Performance Theory, Between
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Theatre and Anthropology, The Future of Ritual, Performance Studies—An Introduction, and
Over, Under, and Around. Ses livres ont été traduits en espagnol, coréen, chinois, japonais,
français, polonais, serbo-croate, allemand, italien, hongrois et bulgare. En 1967, Schechner a
fondé The Performance Group à New York. Avec TPG, Schechner a dirigé entre autres
Dionysus in 69, Mother Courage and Her Children, Oedipus, The Tooth of Crime et The
Balcony. En tant que Directeur artistique de East Coast Artists, Schechner a mis en scène ses
propres versions du Faust, Faust/gastronome, Three Sisters, Hamlet, and YokastaS Redux (codirigé avec Saviana Stanescu). Il a dirigé The Cherry Orchard avec le Repertory Theatre de la
National School of Drama à New Delhi, Ma Rainey’s Black Bottom de August Wilson pour le
Grahamstown Festival en Afrique du Sud, Tomorrow He’ll Be Out of the Mountains de Sun
Huizhu au Shanghai ’Peoples’ Art Theatre et The Oresteia (dans son adaptation) avec le
Contemporary Legend Theatre de Taiwan. En 2007 à Shanghai, il a dirigé Hamlet: That Is the
Question – une version expérimentale des pièces de Shakespeare en tournée en Europe en
2009. Schechner a dirigé des workshops sur la performance en Europe, en Asie, en Afrique et
en Amérique latine.
Arnd Schneider, Appropriation et Performance en collaboration
avec des Artistes en Argentine.
Chaque année, les habitants du village de Sainte Ana en Argentine célèbrent leur saint patron.
Fruit d’une collaboration entre l’auteur et des artistes de Corrientes, chef-lieu de région, ce
projet est basé sur une série de travaux impliquant plusieurs modes de participation à la
procession (plutôt qu’une « observation de »), qui vont de la production d’une vidéo et de
prise de notes de terrain, à la conception d’un nouveau vêtement pour la statue du Saint.
Produisant des connaissances hybrides, l’appropriation de et l’intervention dans le cadre de la
religion populaire soulève des questions sur le statut épistémologique des collaborations entre
art et anthropologie.
Arnd Schneider est professeur au Department d’Anthropologie Sociale de l’Université de
Oslo. Il a obtenu son Ph.D. de LSE (1992), et l’habilitation de l’Université de Ambourg
(2006). Among his books are Futures Lost: Nostalgia and Identity among Italian Immigrants
in Argentina (Berne/New York: Peter Lang) Appropriation as Practice: Art and Identity in
Argentina (New York: Palgrave, 2006), and Contemporary Art and Anthropology (co-edited
with Christopher Wright; Berg, 2006). Arnd Schneider co-organized Fieldworks: Dialogues
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between Art and Anthropology, at Tate Modern, 2003, organized the International
Symposium, Art/Anthropology: Practices of Differences and Translation, at the Museum of
Cultural History, Oslo, 2007, and was the co-curator of The World Kaleidoscope: Images and
Objects from Fieldwork in Anthropological Research, at Galleri Sverdrup and the Museum of
Cultural History, University of Oslo, 2008.
Marthe Thorshaug, Comancheria.
L’artiste norvégienne Marthe Thorshaug montre des extraits de son film Comancheria, road
movie sur les Indiens comanche vivant en Oklahoma (USA). Cette projection est pour elle
une tentative d’attribuer à l’artiste le statut de « trickster ».
Marthe Thorshaug est artiste. Elle vit et travaille en Norvège. Ses films et ses photographies
s’inspirent tant de la réalité que de la fiction.
Barthélémy Toguo, Circoncision, série.
Circoncision, série, est un ensemble de trois vidéos dans lesquelles l’artiste montre le trauma
causé par la brutalité de la circoncision des jeunes enfants dans certains pays d’Afrique de
l’Ouest. Dans la première, habillé d’un pagne blanc taché de sang et assis sur une pile de bois,
il coupe à la hache le tronc d’arbre qui le soutient. L’action lente, comme rythmé par un
métronome, se termine par un cri. Dans la deuxième, filmé à l’aide d’une caméra posée au
sol, il enlève lentement ses vêtements en se balançant et en se roulant par terre ; la dernière
prise de vue montre les taches du sang apparaissant sur la culotte. Enfin, assis sur un fauteuil,
il se réveille entouré d’une serviette ensanglantée.
Barthélémy Toguo est un artiste camerounais dont la stature est aujourd’hui reconnue au plan
international. Il vit et travaille entre Paris et Bandjoun (Cameroun). Il réalise des
performances, des sculptures, des aquarelles, des vidéos. Son travail procède par
l’accumulation et la prolifération de signes propres à perturber et à interroger les clichés et les
clivages entre monde « occidental » et monde « non-occidental ». Dans sa pratique, deux
esthétiques s’affrontent, stigmatisant son parcours personnel et le déracinement. Dès 1996, il
entreprend la série des Transit. Ces performances ont toujours lieu dans des aéroports, gares,
ou autres lieux de passage. C’est ainsi que l’artiste se présente à l’embarquement de son vol à
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l’aéroport Roissy-Charles De Gaulle, muni d’une cartouchière… remplie de carambars. Ou
bien, récupérant ses bagages en provenance d’Afrique, il se fait interpeller par la douane à
cause de ses valises en bois plein. Habillé en éboueur, il prend place en première classe du
Thalys Cologne-Paris. Incommodant les voyageurs, cette tenue pousse le contrôleur à le
menacer de lui faire quitter le train. L’humour et une certaine forme de provocation prennent
ainsi place dans son œuvre.
Christ Wright, Observation et Contexte.
Certains anthropologues critiquent le travail d’artistes contemporains qui oeuvrent en dehors
de tout contexte, élément qu’ils considèrent essentiel à leur discipline. Mais inversement,
l’excès de contextualisation de certains films des anthropologues donne un manque de vitalité.
En revanche, des critiques d’art ont qualifié la façon qu’à l’artiste Cameron Jamie de
documenter des éléments de la culture populaire de « jardin anthropologique ». Utilisant un
extrait d’un de ses derniers films, l’auteur montre que, contre toute attente, la compréhension
des événements peut découler du manque de contexte. Cet argument sera développé en
utilisant des extraits des films dits d’« observation » de John Marshall et de Ron Lapid.
Ayant reçu une formation visuelle, Chris Wright, dirige actuellement la Maîtrise
d’anthropologie visuelle à la Goldsmiths de Londres. Ses recherches concernent la relation
entre photographie, matérialité et mémoire dans les îles Salomon. Il est co-éditeur (avec Arnd
Schneider) de L’art contemporain et l’anthropologie (Berg 2006). En 2000, il a co-organisé
la conférence « Au-Delà du texte ? », à l’Université de Manchester.
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