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Performance, art et anthropologie
Paul Ardenne, Miquel Barceló et Josef Nadj, Paso Doble,
présentation.
Performance à quatre mains (Festival d’Avignon, 2006), Paso Doble met en scène Miquel
Barceló, plasticien, et Josef Nadj, chorégraphe, aux prises avec un mur d’argile. Quarante
minutes durant, les deux protagonistes de cet exercice de sculpture en live décorent la matière
molle, la triturent, s’y fondent enfin. Fruit de l’imaginaire de mudmen hors norme, cet
étonnant ballet tient à la fois de l’art, du rituel, de la transe païenne ou sacrale, de la
gymnastique, au choix. Paul Ardenne examine ici cette synthèse créative à la lumière des
pratiques corporelles, artistiques ou non, élisant avec la matière molle un rapport d’élection,
entre décoration primitive du corps, recouvrements rituels et performances plus récentes
recourant à la terre, telle Lutter dans la boue, demeurée fameuse, de Kazuo Shiraga, artiste
affilié au mouvement Gutai (années 1950, Japon).
Ecrivain, historien de l’art. Universitaire (Faculté des Arts, Amiens), collaborateur, entre
autres, des revues Art press et Archistorm, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs ouvrages
ayant trait à l’esthétique actuelle : Art, l’âge contemporain (1997), L’Art dans son moment
politique (2000), L’Image Corps (2001), Un Art contextuel (2002), Portraiturés (2003), outre
diverses monographies d’architectes, un essai sur l’urbanité contemporaine, Terre habitée
(2005), et deux romans. Autres publications : Extrême - Esthétiques de la limite dépassée
(2006), Images-Monde. De l’événement au documentaire (avec Régis Durand, 2007),
Working Men. Art contemporain et travail (avec Barbara Polla, 2008), À Flux tendu. La
création plastique au tournant du 21ème siècle (2009).
Miquel Barceló, A propos de Paso Doble.
A l’occasion de la 60e édition du Festival d’Avignon, Miquel Barceló crée avec Josef Nadj
Paso Doble, un spectacle qui conjugue l’univers artistique de l’un et l’univers chorégraphique
de l’autre. A partir de cette œuvre, l’artiste parlera de son rapport à la performance.
Artiste espagnol, Miquel Barceló est l'un des artistes contemporains les plus en vue sur la
scène artistique internationale. Ses travaux sont orientés vers le dessin, la peinture, mais aussi
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la sculpture, la céramique et la performance comme supports de création artistique alternatifs.
L’artiste vient entre autres de terminer une intervention à l’ONU (Palais des Nations Unis à
Genève) sur l'immense voûte de la « Salle des droits de l'homme et de l'alliance des
civilisations », un espace circulaire de 1500 mètres carrés. Depuis quelques années, Miquel
Barceló vit et travaille en alternance à Majorque, à Paris et au Mali.
Lucien Castaing-Taylor, Hell-Roaring Creek et Into-the-Jug
(geworfen) : propos d’artiste.
Lucien Tylor projettera deux de ses films récents sur la temporalité et posera la question de
leurs relations avec l’art et l’anthropologie. Ces travaux font partie d’un projet plus vaste qui
est une ode a l’Ouest américain une évocation sensorielle de la vie des derniers bergers qui,
l’été, guident leurs troupeaux à travers les pâturages de la montagne de Bear Tooth au
Montana. Sans voix-off et ne cédant à aucun compromis, les films révèlent un monde dans
lequel la nature et la culture, les animaux et les humains, les paysages et les climats, la
vulnérabilité et la violence sont intimement liés.
Cinéaste, artiste et anthropologue, Lucien Castaing-Taylor a récemment mené à terme une
série de huit installations vidéo utilisant différents registres stylistiques pour évoquer
l’attraction et l’ambivalence de la vie rurale en justapposant des paysages monumentaux et
mythologiques de l’Ouest américain avec plusieurs prises de son rapproché et synchrone.
Parmi les publications de Castaing-Taylor : Visualizing Theory (ed., Routledge, 1994), Cross-
Cultural Filmmaking (avec Barbash, University of California Press, 1997), Transcultural
Cinema, une collection d’essai du cinéaste David MacDougall (ed., Princeton University
Press, 1998), et The Cinema of Robert Gardner (coed., avec Barbash, Berg, 2008). Il a été un
des fondateurs de la revue de l’American Anthropological Association, le Visual
Anthropology Review (199194). Lucien Castaing-Taylor est directeur du Film Study Center
et du Laboratoire d’ethnographie sensorielle à l’Université de Harvard.
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Francesco Careri et Lorenzo Romito (Università di Roma TRE -
Stalker / Osservatorio Nomade), Fermer les « Campi Nomadi »
d
Italie et d
Europe.
Depuis 2007, le collectif d’artistes et de chercheurs Stalker - Osservatorio Nomade, mène, en
collaboration avec le Dipartimento di Studi Urbani de l’Università di Roma Tre, un travail de
recherche avec les communautés Rom installées dans la périphérie romaine, en recourant à
des actions de terrain, des cours universitaires et des actions d’art civique. Les Rom sont le
plus grand peuple européen sans état (environs 15 millions d’individus). En Italie, ils sont
confinés dans des camps nommés « Villages de la Solidarité », où leur culture et leur mode de
vie sont gravement menacés. Hors de tout dispositif légal, leurs droits y sont suspendus.
Le travail de recherche présenté ici, intitulé « Nomadisme et ville. Habitats informels, camps
nomades, abris occasionnels, lus à travers des pratiques et des expériences d’art public », a
commencé par une marche exploratoire le long des berges du Tibre où l’on rencontre plus de
cinquante bidonvilles (Sui letti del fiume, 2007). Il s’est poursuivi par un séminaire
international itinérant, prenant la forme d’un voyage à la rencontre des habitats marginaux, à
travers dépôts de containers, zones barbelées équipées d’un réseau de vidéosurveillance,
constructions spontanées (Campus Rom 2008). Ce projet s’est achevé par la mise en place, à
l’intérieur du Campo Rom Casilino 900, d’un chantier ouvert à l’auto-construction en bois et
à la multiculturalité (Savorengo Ker la casa di tutti, brûlé en décembre 2008).
Catherine Choron-Baix, Shirin Neshat et les cours d’amour au Laos
(titre provisoire).
En Octobre 2008, l’artiste Shirin Neshat filme à Luang Prabang, l’ancienne capitale royale du
Laos, des cours d’amour, chants alternés d’hommes et de femmes qui s’affrontent dans des
joutes improvisées. Ses images d’une performance qui s’enracine dans les anciens rites lao
d’accordailles, donnent à cet art poétique et vocal, qui se fait rare aujourd’hui, une tout autre
résonance. Elles seront projetées en avant-première à Paris, et commentées dans la double
perspective des travaux d’ethnologie menés sur cette tradition orale et des interprétations de
l’artiste.
Catherine Choron-Baix est ethnologue au Laboratoire d’anthropologie urbaine du CNRS.
Après une thèse de 3è cycle et une thèse d’habilitation consacrées à la diaspora lao en France,
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elle poursuit sa réflexion sur le changement social dans la société lao, partageant ses
recherches entre les sociétés d’exil et la RDP Lao, et s’intéresse tout particulièrement aux
pratiques de création. Elle a notamment publié Le choc des mondes. Les amateurs de boxe
thaïlandaise en France. Paris, 1995 Ed. Kimé (Collection « Anthropologies »). « La danse,
objet patrimonial. A propos des Lao de France », in Yves Goudineau et Michel Lorillard
(eds), Recherches nouvelles sur le Laos, Etudes thématiques n°18, EFEO, Paris, Vientiane,
2008, pp. 385 - 402. Art and virtue. Gold thread embroidery in ancient court of Luang
Prabang in Grant Evans (ed) The Last Century of Lao Royalty. A documentary History,
Chiang Mai, 2009, Silkworm Books : 303-314. Elle est l’auteur réalisateur de Mémoire d’or,
mémoire de soie, film documentaire, 51 minutes, Vidéo numérique, co-production CNRS
Images Media/CNRS-LAU.
Craigie Horsfield, Le transfert des âmes.
La discussion porte sur le contexte et la pratique de ce qu’on appelle, dans le champ
artistique, « projet social ». Considérant l’artiste et l’anthropologue comme protagonistes, la
communication concerne les notions de séparation, d’interactivité, de discursivité et de
performatif. Des questions pratiques seront mises en avant, avec des exemples concernant
l’île el Hierro dans les Canaries et la ville de Nola en Campanie (Italie). Ce panorama
conduira, d’une part, à une proposition concernant le rituel, et, d’autre part, à faire le point sur
les engagements actuels et futurs des artistes et des spectateurs dans les projets sociaux.
À partir de 1988, date de sa première exposition, Craigie Horsfield devient un acteur
essentiel de la scène artistique contemporaine en proposant une nouvelle approche de la
photographie. Il a défendu pendant plus de trente ans l’introduction des œuvres sonores au
musée, le potentiel des projections sur écrans multiples comme espace social, et le rôle
central du public. Pour l’artiste, "la réalisation d’une œuvre, que ce soit son tirage, sa
contemplation ou son effet émotionnel, s’effectue dans notre espace commun, se déroule
dans un présent relationnel". L’artiste utilise la photographie comme un moyen pour
aborder la séparation entre le monde de la fiction et le monde de l’expérience. Il associe
film, photographie, travail sur le son, gravures et dessins pour interroger à la fois l’art et la
vie, le familier et l’extraordinaire, l’épique et le quotidien, le "temps lent" du présent qui
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garde trace du passé et amorce le temps à venir.
Kjersti Larsen, Rituel, Performance, et Transformation du corps.
Kjersti Larsen analyse la transformation du corps dans des rituels les participants
acquièrent différentes identités. A Zanzibar, pendant les cérémonies du ngoma ya sheitani, les
esprits habitent les participants dans le but de se matérialiser et d’agir parmi les hommes. La
parodie - un jeu de répétition et de distance critique - y joue un rôle décisif. Les protagonistes
sont engagés dans une création interactive. Ils explorent leurs savoirs sur le différent et le
même, sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas. Donnant la possibilité d’endosser
successivement plusieurs identités et de se projeter dans des contextes différents, la
performance se révèle être comme une discipline mentale visant la production de
connaissances nouvelles.
Kjersti Larsen est Professeur associé d’Anthropologie Sociale au département d’ethnographie
du Musée d’histoire culturelle de l’Université d’Oslo. A partir de 1984, elle mène des
recherches de terrain à Zanzibar et, à partir de 1997, dans le nord du Soudan. Ses centres
d’intérêts sont l’identité, le genre et les notions de différence ; le rituel et la performance ; la
religion, la modernité et le multiculturalisme, l’émigration et la mobilité.
George Marcus, Considérations sur le théâtre contemporain et l’art
conceptuel pour le renouvellement de l’ethnographie.
Ces dernières années, George Marcus a exposé ses propositions pour un renouvellement de
l’anthropologie et des méthodes de l’ethnographie dans diverses discussions et collaborations
(Navigators of the Contemporary : Why Ethnography Matters, par David Westbrook, 2008 ;
Designs for an Anthropology of the Contemporary, 2008 ; Centre d’Ethnographie de l’
Université de Californie, Irvine http://www.socsci.uci.edu/~ethnog). Son travail consiste à
repenser l’imaginaire à partir « des scènes de rencontres » et des transactions effectuées sur le
terrain. Amplement reconnu dans la littérature ethnographique, depuis 1980, cet imaginaire
est devenu de plus en plus « réflexif ». Cependant, les sujets et les objets ethnographiques
contestent cette pensée réflexive. Aux Etats-Unis, l’innovation tend à délaisser
l’anthropologie critique pour se tourner vers une anthropologie « active » ou « participative ».
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