PHI 1710 Éléments de philosophie anglo-américaine Prof.: Michel Seymour Tél.: 343-5933 Courriel : [email protected] Disponibilités : du lundi au jeudi de 14h00 à 16h00 PLAN DE COURS Présentation générale Le cours vise à introduire l’étudiant à la philosophie anglo-américiane contemporaine, mieux connue sous le vocable de ‘philosophie analytique’. En l’occurrence, il s’agira de discuter de thèmes tels que le langage, la pensée et la connaissance qui sont souvent abordés par les auteurs oeuvrant au sein de ce mouvement. La philosophie analytique ne peut toutefois être définie comme un ensemble de doctrines philosophiques particulières telles que l’idéalisme, le conventionnalisme, l’empirisme, le rationalisme, le réalisme ou l’anti-réalisme. Il ne s’agit pas non plus de la circonscrire géographiquement, en la restreignant par exemple à la Grande-Bretagne ou aux ÉtatsUnis, ou de l'identifier exclusivement à la philosophie pratiquée par les philosophes anglophones, et ce, même si la majorité des philosophes analytiques est composée de philosophes anglophones et même si la langue anglaise est la langue dans laquelle s'écrivent la plupart des contributions à ce courant de pensée. Que faut-il donc entendre par l'expression « philosophie analytique » ? Il s’agit d’une conception globale de ce qu'est la philosophie (une conception métaphilosophique), issue au début du 20e siècle, qui affirme le caractère central de la philosophie du langage au sein de l’ensemble des disciplines philosophiques, et qui fait intervenir l'analyse du langage comme méthode de découverte philosophique, d'où son caractère « analytique ». Si l’ontologie (la science de l’être en tant qu’être) était conçue comme la discipline fondamentale à l’époque antique, et si la théorie de la connaissance jouait un rôle prépondérant au sein de l’ensemble des disciplines philosophiques à l’époque moderne, c’est la philosophie du langage qui a occupé au vingtième siècle cette place pour les philosophes analytiques. Les philosophes analytiques ne sont pas les seuls au 20e siècle à avoir accordé une importance très grande et même centrale au langage. À bien des égards, et même s’ils appartiennent à la philosophie dite « continentale », des philosophes tels que Martin Heidegger, Hans-Georg Gadamer ou Jacques Derrida et, d'une manière générale, les philosophes associés au courant « herméneutique », peuvent eux aussi être interprétés comme défendant la même idée. Mais les philosophes analytiques sont les seuls à se servir de l'analyse du langage comme d'une méthode systématique de découverte dans tous les champs de la philosophie. (Heidegger utilise lui aussi l'analyse du langage comme méthode de découverte philosophique, mais il s'agit surtout d'une recherche étymologique pratiquée sur la langue grecque, recherche qui est subordonnée à sa thèse concernant l'importance de la philosophie pré-socratique) 2 Il s’agit donc de présenter l'un des plus importants courants de pensée du vingtième siècle, développé surtout (mais pas exclusivement) dans les pays anglo-saxons et s'exprimant presque toujours (mais pas exclusivement) dans des ouvrages et des revues de langue anglaise. Il s’agit d’un courant de pensée rassemblant des philosophes de tendances très diverses. Mais tous s’entendent à dire que les réflexions sur le langage en général ou les analyses linguistiques particulières peuvent servir à résoudre ou à dissoudre, en totalité ou en partie, la plupart des problèmes philosophiques traditionnels. La première partie de la session sera consacrée presque essentiellement aux deux principales philosophies du langage développées au XXe siècle. Cela nous permettra de faire un rapide survol historique des deux principales orientations prises au sein de la philosophie analytique. Le premier courant est représenté principalement par les philosophes Gottlob Frege, Bertrand Russell, Ludwig Wittgenstein (première manière) et Rudolf Carnap. Leur influence s’est fait sentir surtout dans la première moitié du XXe siècle. Le deuxième courant est principalement représenté par des philosophes tels que Ludwig Wittgenstein (deuxième manière), Willard Van Orman Quine, Michael Dummett, Donald Davidson et Hilary Putnam. Leur influence s’est fait sentir de la deuxième partie du XXe siècle à nos jours. Nous nous servirons de deux textes représentant chacun de ces deux courants. Nous examinerons un texte de Frege et un texte de Wittgenstein. Dans la deuxième partie de la session, nous concentrerons notre attention principalement sur des développements récents survenus au sein de ce mouvement depuis le début des années soixante-dix. Il s'agira de s'initier à une variété de problématiques, d'écoles de pensée et de positions théoriques qui vont nous permettre de mettre en évidence la richesse philosophique de la philosophie analytique en philosophie de l’esprit et en théorie de la connaissance. On opposera des philosophes dans un débat ayant cours au sein d'un domaine particulier. Il conviendra notamment de s'arrêter à la discussion opposant les individualistes (ou internalistes) aux anti-individualistes (ou externalistes) en philosophie de l'esprit. Les protagonistes au sein de ce débat sont fort nombreux, mais on étudiera essentiellement l'opposition entre John Searle (individualiste) et Hilary Putnam (anti-individualiste). La discussion se poursuivra par l'examen du débat entre les « ethnocentristes » et les réalistes en épistémologie générale et scientifique, et nous permettra d’opposer l’ethnocentrisme de Richard Rorty au réalisme de Bertrand Russell. Ce rapide survol connaîtra son aboutissement dans la discussion de l'opposition entre les réalistes et les anti-réalistes, et nous fera pénétrer les domaines de l'ontologie et de la métaphysique. Dans ce dernier cas, on sera amené à étudier la contribution anti-réaliste de Nelson Goodman. Malgré la diversité des points de vue, des écoles et des thèmes abordés, un fil conducteur nous permettra de nous déplacer d'une discussion à l'autre. On sera en mesure de montrer comment et pourquoi des débats surgissant à un niveau se répercutent sur des débats surgissant à d'autres niveaux. En un certain sens, la discussion se poursuivra selon une ligne continue, parce que les discussions au sein d'une discipline donnée mettront en évidence des présupposés qui requièrent des développements au sein d'autres disciplines. 3 Calendrier: 6 septembre : Présentation du plan de cours et introduction générale. 13 septembre : Gottlob Frege : « Sens et dénotation ». 20 septembre : Frege : « Sens et dénotation », suite. 27 septembre : Ludwig Wittgenstein : extraits des Recherches philosophiques. 4 octobre : Wittgenstein : extraits des Recherches philosophiques, suite. 11 octobre : Récapitulation avec les auxiliaires / premier travail. 18 octobre : semaine de lecture. 25 octobre : John Searle : « Les significations sont-elles dans la tête? », remise du premier travail. 1 novembre : Hilary Putnam : « La signification, les autres et le monde ». 8 novembre : Richard Rorty : « Solidarité ou objectivité ». 15 novembre : Bertrand Russell : « Apparence et réalité ». 22 novembre : Nelson Goodman : « Mots, oeuvres et monde ». 29 novembre : Récapitulation avec les auxiliaires / deuxième travail. 6 décembre : Conclusion / récapitulation générale avec les auxiliaires / remise du 2e travail. 13 décembre : examen final. Pédagogie Des extraits d'articles ou de chapitres écrits par les sept auteurs à l'étude serviront de base à l'exposé des cours. Un recueil contenant ces extraits de textes sera distribué et vendu aux étudiants. Ces recueils devraient être disponibles dès la première séance. Autrement, les étudiants devront faire affaire avec les responsables de l'association étudiante pour en prendre possession. Il faudra alors commander le recueil auprès des responsables et se présenter au local de l’association (2910 Édouard-Montpetit, 3e étage) pour le récupérer. Les locaux de l’association étudiante sont ouverts du lundi au jeudi entre 11h30 et 12h45. L’achat du recueil de textes photocopiés est obligatoire. 4 Les cours porteront essentiellement sur les textes à l'étude. À la 6e semaine, le 11 octobre, deux auxiliaires d'enseignement se chargeront de récapituler la matière vue en classe depuis le début de la session (6 septembre au 4 octobre). La classe sera à cette occasion divisée en deux groupes et dans deux salles différentes (B-3215, Pavillon Jean-brillant et Z-337, Pavillon principal). Chaque auxiliaire aura son groupe. On répétera la même procédure le 29 novembre pour le deuxième travail (25 octobre au 22 novembre). Les cours, le recueil de textes photocopiés et les révisions avec les auxiliaires sont autant de moyens mis à la disposition de l’étudiant pour lui permettre de bien comprendre la matière au programme. Évaluation À la fin de chacune des deux périodes de récapitulation, une question sera posée à laquelle les étudiants devront répondre sous la forme d'un travail fait à la maison. Les travaux compteront chacun pour 30% des points. Le premier travail devra être remis aux auxiliaires le 25 octobre, ce qui veut dire que les étudiants ont deux semaines pour faire le travail. Si le travail ne peut être remis en classe, il pourra être déposé dans la boîte aux travaux située au 4 e étage du 2910 Édouard-Montpetit, au bout du couloir, en face de l’entrée du secrétariat du département de philosophie. Les portes du 2910 sont ouvertes entre 7h30 et 18h00. Le second devra aussi être remis deux semaines après que la question ait été posée (13 décembre). Les retards seront pénalisés. On retranchera 5% de la note pour chaque jour de retard (5% de 30% = 1.5 points/jour). Une fin de semaine comptera pour 1.5 points, mais il faudra remettre le travail avant 9h00 le lundi matin pour ne perdre que 1.5 points. Tout travail déposé lundi après 9h00 sera pénalisé pour trois points (deux jours de retard). Pour ne pas perdre de points, il faudra remettre son travail dès le début du cours, ou s’assurer que le travail soit déposé dans la boîte aux travaux avant la fin de la journée du vendredi (avant 17h00). Tout travail déposé le vendredi après 17h00 mais avant la fermeture (18h00) sera pénalisé pour une journée complète. Un examen aura lieu le 13 décembre de 8h30 à 11h30 (salle G-715, Pavillon principal). Les étudiants auront alors trois heures pour répondre aux questions qui leur seront posées. L’examen comptera pour 40% de la note globale, et couvrira toute la matière vue depuis le début. Les travaux et l’examen final seront corrigés par les auxiliaires, mais l’examen sera aussi supervisé par le professeur. Les étudiants auront à cette occasion droit à leurs notes de cours et à leur cahier de textes photocopiés. Les travaux devront être chacun d'une longueur maximale d'environ quatre pages dactylographiées à double interligne (au maximum 8 500 caractères). Le texte rédigé à l’occasion de l’examen doit être d’une longueur équivalente. L'étudiant doit lire et relire son texte avant de le remettre. Il doit faire attention à éliminer les fautes d'orthographes. Un trop grand nombre de fautes peut donner lieu à une perte de points. Le texte doit constituer une réponse succincte, claire et rigoureuse. L’étudiant doit absolument faire attention de ne pas reproduire intégralement de larges extraits de textes, qu'il s'agisse de ceux distribués dans le recueil de textes photocopiés ou de n'importe quel autre texte. Il doit éviter de paraphraser les propos du professeur ou des auteurs à l’étude. Un trop grand nombre de phrases copiées à partir d'autres textes constitue un plagiat et entraînera une perte substantielle de points. 5 La bonne réponse est à trouver dans les textes étudiés et ne doit pas être le fruit d'une réflexion personnelle de l'étudiant. En ce sens, les travaux et l’examen ont plutôt le caractère d'examens objectifs. Mais une évaluation favorable sera accordée à l'endroit des textes dans lesquels l'étudiant cherche à formuler les bonnes réponses dans ses propres mots et en se fiant à sa propre intuition pour reconstruire l'argument de l'auteur à l’étude. L'étudiant doit mettre ses réflexions personnelles entre parenthèses, mais il doit aussi faire preuve d'imagination et de créativité dans sa façon d'expliquer les idées des autres. Par exemple, il peut illustrer la pensée de l’auteur en se servant d’exemples nouveaux, chercher à définir tel ou tel mot important, etc. La plupart du temps, la bonne réponse à la question posée doit prendre la forme d'un argument. Autrement dit, les différents éléments de réponse ne doivent pas être transposés pêlemêle. Il faut que le texte ait une structure logique appropriée. Il convient de mettre des intertitres dans le texte qui correspondent aux différentes prémisses dans l’argument. Cela permet au lecteur de suivre le raisonnement de l’étudiant. L'étudiant ne doit pas non plus incorporer à son texte des idées qui ne sont pas pertinentes pour s'assurer de tomber par hasard sur la bonne réponse. Il doit par contre définir les notions principales qu'il invoque (qu’il s’agisse de concepts, de thèses ou de théories), et il doit chercher à les clarifier. Éléments bibliographiques : Gottlob FREGE, « Sens et dénotation », dans Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971. Nelson GOODMAN, « Mots, oeuvres et mondes », dans Manières de faire des mondes, Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 1992. Hilary PUTNAM, « La signification les autres et le monde », dans Hilary Putnam, Représentation et réalité, Paris NRF Gallimard, 1990. Richard RORTY, « Solidarité ou objectivité », dans La pensée américaine contemporaine, sous la direction de John Rajchman et Cornel West, Paris, PUF, 1991. Bertrand RUSSELL, « Apparence et réalité », dans Problèmes de philosophie, Paris, Payot, 1989. John SEARLE, « Les significations sont-elles dans la tête? », dans L'intentionalité, Paris, Éditions de Minuit, 1981. Ludwig WITTGENSTEIN, Recherches philosophiques, Paris, NRF Gallimard, 1953.