Il s’agit donc de présenter l'un des plus importants courants de pensée du
vingtième siècle, développé surtout (mais pas exclusivement) dans les pays anglo-saxons
et s'exprimant presque toujours (mais pas exclusivement) dans des ouvrages et des revues
de langue anglaise. Il s’agit d’un courant de pensée rassemblant des philosophes de
tendances très diverses. Mais tous s’entendent à dire que les réflexions sur le langage en
général ou les analyses linguistiques particulières peuvent servir à résoudre ou à
dissoudre, en totalité ou en partie, la plupart des problèmes philosophiques traditionnels.
La première partie de la session sera consacrée presque essentiellement aux deux
principales philosophies du langage développées au XXe siècle. Cela nous permettra de
faire un rapide survol historique des deux principales orientations prises au sein de la
philosophie analytique. Le premier courant est représenté principalement par les
philosophes Gottlob Frege, Bertrand Russell, Ludwig Wittgenstein (première manière) et
Rudolf Carnap. Leur influence s’est fait sentir surtout dans la première moitié du XXe
siècle. Le deuxième courant est principalement représenté par des philosophes tels que
Ludwig Wittgenstein (deuxième manière), Willard Van Orman Quine, Michael Dummett,
Donald Davidson et Hilary Putnam. Leur influence s’est fait sentir de la deuxième partie
du XXe siècle à nos jours. Nous nous servirons de deux textes représentant chacun de ces
deux courants. Nous examinerons un texte de Frege et un texte de Wittgenstein.
Dans la deuxième partie de la session, nous concentrerons notre attention
principalement sur des développements récents survenus au sein de ce mouvement depuis
le début des années soixante-dix. Il s'agira de s'initier à une variété de problématiques,
d'écoles de pensée et de positions théoriques qui vont nous permettre de mettre en
évidence la richesse philosophique de la philosophie analytique en philosophie de l’esprit
et en théorie de la connaissance. On opposera des philosophes dans un débat ayant cours
au sein d'un domaine particulier. Il conviendra notamment de s'arrêter à la discussion
opposant les individualistes (ou internalistes) aux anti-individualistes (ou externalistes)
en philosophie de l'esprit. Les protagonistes au sein de ce débat sont fort nombreux, mais
on étudiera essentiellement l'opposition entre John Searle (individualiste) et Hilary
Putnam (anti-individualiste). La discussion se poursuivra par l'examen du débat entre les
« ethnocentristes » et les réalistes en épistémologie générale et scientifique, et nous
permettra d’opposer l’ethnocentrisme de Richard Rorty au réalisme de Bertrand Russell.
Ce rapide survol connaîtra son aboutissement dans la discussion de l'opposition entre les
réalistes et les anti-réalistes, et nous fera pénétrer les domaines de l'ontologie et de la
métaphysique. Dans ce dernier cas, on sera amené à étudier la contribution anti-réaliste
de Nelson Goodman.
Malgré la diversité des points de vue, des écoles et des thèmes abordés, un fil
conducteur nous permettra de nous déplacer d'une discussion à l'autre. On sera en mesure
de montrer comment et pourquoi des débats surgissant à un niveau se répercutent sur des
débats surgissant à d'autres niveaux. En un certain sens, la discussion se poursuivra selon
une ligne continue, parce que les discussions au sein d'une discipline donnée mettront en
évidence des présupposés qui requièrent des développements au sein d'autres disciplines.