sous la main des Alliés. Il reste à verser les réparations en deutschemarks, sur quoi Paris se montre intransigeant car
les fonds lui manquent pour reconstruire les régions dévastées et verser les pensions aux anciens combattants (dont le
ministère nouvellement créé est devenu le premier poste budgétaire de l'État). La conférence de Spa, en juillet 1920,
fait admettre le principe que la France touchera 52% des dommages de guerre, dont le montant est fixé le 5 mai 1921
(conférence de Londres) à 132 milliards de marks-or. L'hyper-inflation qui frappe l'Allemagne des années 1920 met
le pays hors d'état de payer. Le 12 juillet 1922, Berlin demande un moratoire sur le paiement que Paris refuse. Il
s'ensuit le 11 janvier 1923 l'occupation militaire de la Ruhr. Cela ajoute à la confusion en Allemagne, où l'extrême-
droite et les milieux nationalistes développent des thèses antisémites et opposées aux socialistes, gênant la
République de Weimar naissante.
La France, redevenue « suspecte » aux yeux du Royaume-Uni, a du mal à en obtenir toutes les garanties qu'elle
recherche pour éviter une revanche allemande qui n'est pas à exclure. Elle souhaite en parallèle humilier l'Allemagne
pour la rendre inoffensive, ce à quoi les Anglo-saxons renâclent car cela risquerait de donner du grain à moudre aux
nationalistes. Wilson estime ainsi « [qu']'il ne faudrait pas donner à l'Allemagne l'occasion de prendre sa revanche. ».
En 1920, le républicain Warren Harding, élu président des États-Unis sur une ligne isolationniste, prend ses distances
avec l'Europe et ne prête qu'un intérêt limité aux affaires internationales, notamment concernant la question des
réparations.
2.Les transferts de souveraineté
La suppression de l'Autriche-Hongrie, entérinée par le traité de Saint-Germain (19 septembre 1919), redessine la
carte de l'Europe centrale. L'Autriche est ramenée à son centre alpestre du XIVème siècle. Le Reichsrat, qui a
proclamé la République à Vienne, demande l'Anschluss, auquel Alliés et Allemands opposent une fin de non-
recevoir, sur l'insistance d'Orlando, qui refuse qu'une Allemagne agrandie borde l'Italie. L'éclatement de l'empire
austro-hongrois place 4 millions d'Autrichiens sous domination étrangère.
La Tchécoslovaquie reçoit les Sudètes, où l'on trouve de nombreux germanophones sur les monts de Bohême.
L'Autriche voit par ailleurs ses forces militaires diminuées à 30 000 soldats, sans armes offensives.
La partie hongroise de l'empire, régie par le traité de Trianon, le 2 juin 1920, est elle aussi démembrée. La Hongrie
indépendante, reformée, n'en comporte qu'un tiers, alors que 3 millions de Hongrois sont dispersés (dont beaucoup
dans la Roumanie qui s'en trouve agrandie). Une armée de 35 000 encadrée comme ses homologues autrichienne et
allemande lui est laissée. Le Danube voit sa neutralité confirmée. La République ne dure pas et le pouvoir tombe aux
mains de Miklos Horthy, qui y instaure un régime d'extrême-droite en 1920, portant le titre de régent.
Ailleurs, le traité de Neuilly (27 octobre 1919) prive la Bulgarie de son accès à la mer Égée.
Conformément aux points de Wilson, la Pologne est recréée. Son territoire empiète pour partie sur l'Allemagne, pour
partie sur les territoires concernés par le traité de Brest-Litovsk. La dispute à propos de la Silésie entre la Pologne et
l'Allemagne se solde en mars 1921 par un partage plébiscitaire, dont les résultats, dénoncés par les Polonais, mènent
à un partage territorial qui ne satisfait aucune partie en présence. La Tchécoslovaquie récupère Teschen, portion
minière de Silésie, au grand dam de Varsovie.
L'Est de l'Europe voit ses frontières redessinées par la mission Curnoz. Ce diplomate britannique suggère des
frontières « ethniques », que la SDN cautionne. En mai 1920, la Pologne, profitant des désordres en Union
soviétique, lance une offensive visant à prendre des territoires à l'Est. L'offensive polonaise parvient jusqu'en
Ukraine, avant que l'Armée rouge, commandée par le général Tchoukachevski, ne l'arrête. Les Soviétiques ne
décolèrent pas contre cette agression et contre-attaquent vigoureusement. Lénine affirme que « la révolution
mondiale passe sur le cadavre de la Pologne! ». L'Armée rouge se rapproche de Varsovie, ce qui oblige les Franco-
britanniques à intervenir. Le corps expéditionnaire, sous les ordres du général Weygand, stoppe les Soviétiques et
rétablit la situation. L'armistice, signé le 10 décembre 1920, accorde à la Pologne une frontière située à 150
kilomètres de la ligne Curzon.
L'Union soviétique, qui essuie là un revers, ne parvient pas davantage à annexer les pays baltes, qui, en tant
qu'anciennes possessions tsaristes, étaient susceptibles de lui revenir. Les Estoniens, Lettons et Lituaniens, aux
indépendances proclamées en février 1918, posent problème à Lénine. Si celui-ci tolère l'indépendance de l'Estonie,