l’histoire, qui mène sa propre vie. La volonté d’une stylisation des ambiances lumineuses
s’inscrit dans le désir de flirter avec un certain réalisme symbolique.
Les clairs-obscurs seront recherchés dans les séquences dans le théâtre.
Celles-ci s’inspireront de certaines lumières décrites dans « Jeux d’été » d’Igmar
Bergman. Le monde du théâtre, constitué de faux-semblant et d’illusions, la limite ténue
entre le vrai et le faux, le secret, l’intime sous le masque, les apparences… sont autant
d’éléments que cette lumière mettra en valeur. Reflets de miroirs, ampoules murales des
loges, brillance des maquillages, scintillements des costumes, rampe lumineuse... sont
autant de sources lumineuses spécifiques à traiter, à détourner, afin de recréer à l’écran le
monde du spectacle.
Des films comme « Les feux de la rampe» de Chaplin, « Les feux du Music-hall » de
Fellini seront également des références de travail.
Ce dernier décrit merveilleusement bien le dénuement d’une troupe de province tout en
conservant la magie et le charme désuet de la représentation théâtrale à faibles moyens.
D’une manière générale, le rapport au magique et le goût de l’illusion dans l’œuvre de
Fellini seront une source d’inspiration précieuse.
LA MUSIQUE
Vincent Cahay, interprète et compositeur de la célèbre danse du film Calvaire de Fabrice
Du Welz, mettra son expérience et sa sensibilité créatrice dans la recherche d’un thème
musical dont on entendra des ébauches, tout au long du film. Un peu comme si le
morceau se créait progressivement, comme s'il se cherchait durant le film. Plus
précisément, les notes d’un vieux piano faussement désaccordé chercheront à
s’harmoniser avec une flûte traversière, agile et expressive, afin de composer un air
dynamique et enjoué, fait de bouffées poétiques et mélancoliques. A la fin du film, après
l’envol d’Armand, lorsque se dénouent les conflits, lorsque les tensions se libèrent pour
faire place à l'exultation collective, le thème musical se fera entendre dans son entièreté.
Aucune autre musique additive ne viendra illustrer ni enrober le récit.
COSTUMES
Les costumes seront un mélange d’éléments de costumes appartenant à la pièce que la
troupe va représenter et des éléments de vêtements civils. Les acteurs costumés en
répétition sont amenés à quitter le théâtre pour rechercher Armand allant jusqu’au fin
fond de la forêt. Pour ce faire, ils enfilent manteaux, écharpes, pulls etc. La présence du
costume théâtral hors contexte insistera encore un peu plus sur l’incongruité des
situations. Cela permettra également de glisser vers un terrain plus onirique, où les
repères deviennent flous. D’une certaine façon, le vrai spectacle se joue en dehors du
théâtre. Néanmoins, le mélange vestimentaire hybride sera traité subtilement pour créer
une esthétique agréable, évidente, acceptée par le spectateur.
Les silhouettes évoqueront l’univers expressionniste du cabaret berlinois des années 1920
et 30. Les acteurs jouent un spectacle fait de textes de Karl Valentin, acteur et auteur
Munichois qui épingla avec un humour grinçant et jubilatoire la petite bourgeoise
allemande de l’entre-deux guerres en pleine montée du nazisme.
LES PERSONNAGES