Infos sur TRAC
Trac
réalisé par Fabrice Schillaci
Image : Christophe Larue
Son : Charles Hennuyez
17 min. N/B
Tourné en HD en Juin 2009
5 jours de tournages
Pitch
A la veille de la première du spectacle, les membres d’une troupe de théâtre
amateur décident de remplacer le doyen des acteurs pour le pire et le meilleur.
LE SYNOPSIS
Armand fait partie de la troupe de théâtre amateur de son village depuis son enfance.
D’un naturel plutôt timide, Armand est sujet au trac. Et cela devient de plus en plus
problématique avec l’âge. Une peur insaisissable le rend fébrile et insécurise les membres
de la troupe qui décident de le remplacer à la veille de la première.
Armand, profondément blessé disparaît mystérieusement. Sa voiture abandonnée aux
abords de la forêt et une lettre d’adieu retrouvée chez lui laisse imaginer le pire au sein de
la troupe ; son suicide.
Le doute et la culpabilité envahissent les membres de la troupe qui se mettent à sa
recherche, sans succès. Dans l’urgence, ils décident d’assurer tout de même la
représentation du spectacle et d’alerter la police ensuite.
Coup de théâtre ! Armand apparaît au lever du rideau, non costumé, démuni, tétanisé par
la peur. Il improvise entre fiction et réalité, une tentative de suicide qui prend très vite
l’allure d’un numéro de magie dans lequel Armand s’envole dans les airs. Le public est
conquis. Armand, en exorcisant son trac, a créer un moment de théâtre fait de vérité et
d’émotion dans lequel il a joué son plus beau rôle ; le sien. Devant le courage d’Armand
et le succès remporté auprès du public, les membres de la troupe sont contraints de poser
un nouveau regard sur Armand et la place qu’il occupe au sein du groupe.
NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
L’histoire de TRAC a pris racine à Habay-la-Vieille et plus précisément au sein de la
troupe du Théâtre Royal des Forges que j’ai mise en scène sept années de suite.
Tout au long de ces années, j’ai pu observer la vie de la troupe et de ses membres ; les
doutes, les joies, les peurs, les enthousiasmes, le perfectionnisme dans le travail, les
coups de gueules, la solidarité, les moments de grâce, le succès, les tempêtes, bref tout ce
qui écrit l’histoire au quotidien de gens qui, tous passionnés par le théâtre, ont créé une
vraie famille artistique, patiemment, avec amour et ténacité.
TRAC, à sa façon, rend hommage à cet état d’esprit de compagnonnage, de camaraderie
née de leur passion commune. Les personnages s’inspirent en effet librement des acteurs
des Forges mais ce sont bel et bien des personnages à part entière évoluant au sein d’une
fiction.
TRAC fait le portait sans complaisance ni jugement de comédiens amateurs qui, pour le
bien du spectacle, vont sacrifier le doyen de la troupe. Ils décident de le remplacer la
veille de la première du spectacle sous prétexte que son trac devient handicapant pour le
bon déroulement de la représentation.
En se débarrassant d’Armand, ils se coupent, sans s’en rendre compte, d’une partie
importante de l’histoire de la troupe, celle qui abrite son âme et son histoire. Comme dit
un personnage : « Nous devons être plus exigeant avec nos spectacles » et ce, au point de
congédier un des leurs comme un inconnu sans importance. Acte qu’une troupe de théâtre
amateur digne de ce nom ne commettrait évidemment pas. L’humain passant toujours
avant l’artistique.
Dans le scénario, je pousse volontairement les membres de la troupe à franchir ce pas
pour justement les placer face à leurs propres contradictions.
La disparition d’Armand provoque chez eux la peur, la culpabilité, le remord, le
sentiment de lâcheté…Ils réaliseront plus tard qu’ils avaient voulu sacrifier Armand pour
être « plus professionnel », plus performant, comme dans le monde de l’entreprise. Cela
évidemment au détriment de l’humain particulier et unique. Dans ce sens, la troupe,
comme la société contemporaine, tend à évincer, à se débarrasser des plus faibles,
ignorant les richesses et talents insoupçonnés de ces individus mis sur le carreau. L’idée
même de la perte d’Armand les invite à prendre conscience de la place qu’il occupe dans
la troupe et de sa valeur.
D’une certaine façon, il n’y a pas de personnage principal. Le personnage c’est la troupe.
De la même manière, le trac est vécu tout autant par les acteurs que par Armand
LE CASTING
Les membres de la troupe décrits dans le scénario seront interprétés par sept des
comédiens du Théâtre Royal des Forges d’Habay-la-Vieille. Les personnages du film
sont librement inspirés de ces comédiens. L’écriture a, en effet, exacerbé, extrapolé la
nature de chacun des comédiens pour en révéler une part fantasmée, sublimée voire
poétique. Les situations du film mettent en lumière et donnent à voir des natures, des
tempéraments, des êtres atypiques et attachants.
C’est donc tout naturellement que les comédiens du Théâtre Royal des Forges joueront
leur propre rôle. La recherche de l’authenticité du jeu et de la présence des acteurs est
primordiale et constitue le cœur du film.
DECOR
Le scénario s’articule autour de 3 décors : le théâtre, la forêt, la maison d’Armand.
Le théâtre
Les lieux de TRAC sont intimement liés à la réalité du Théâtre Royal de Forges à savoir
la salle Le Foyer à Habay-la-Vieille. Historiquement, c’est là qu’est née la troupe et
qu’elle a joué ses spectacles depuis plus de 50 ans. J’y ai moi-même travaillé. Le lieu
s’impose donc tout naturellement dans cette recherche d’authenticité. Le caractère
paroissial de la salle, sa charmante scène d’un autre temps donnera un cadre à la fois
vieillot, vivant, contribuant à renforcer l’univers légèrement décalé du film. Une scène
moderne suréquipée ne conviendrait pas. Le film ne fuira pas la modernité mais ne la
recherchera pas non plus. La salle Le Foyer a une âme qui s’accorde parfaitement avec
l’histoire mais également avec les partis pris esthétiques du film à savoir donner un
caractère intemporel et épique à l’image. Dans ce sens, le choix d’une vielle salle au
charme quelque peu désuet se justifie pleinement. Le film doit donner la sensation d’être
en présence d’une troupe de théâtre perdue au milieu de nulle part. A fortiori quant ils
sont dans le théâtre, monde clos qui doit avoir plus d’importance, de valeur visuelle que
les extérieurs.
Salle « Le Foyer » d’Habay-la-Vieille
La forêt d’Anlier: un hors champs ouvert sur l’imaginaire.
La forêt est l’élément naturel par excellence. Par opposition au théâtre avec ses artifices
et ses illusions, la forêt, elle, représente un point d’ancrage dans le réel. Il y a
évidemment une correspondance souterraine entre Armand, le vieil arbre de la troupe, et
ces forêts d’arbres solides, immobiles, fixés sur ce petit monde agité.
C’est le long de la forêt, sur une route, que l’on retrouve la voiture d’Armand. C’est là
que Véronique rencontre Géant. C’est dans la forêt que la battue a lieu.
C’est évidemment là que l’on perd la trace d’Armand, l’on imagine facilement qu’il est
dans la forêt. Le film doit donner le sentiment que le théâtre est situé dans un petit village
entouré de forêt.
Une forêt majestueuse, imposante, sans hostilité, traitée comme un personnage, un
contrepoint des membres de la troupe. Le spectateur doit sentir la présence vivante de la
nature. Elle est pensée comme un hors champ ouvert sur l’imaginaire.
La maison d’Armand
C’est une vieille maison de pierres, isolée, typiquement Gaumaise.
La maison d’Armand est le lieu de l’intime dans lequel on pénètre avec Jules et Richard.
C’est là qu’on découvre, à la fois le mot annonçant l’éventuelle tentative de suicide, et où
Armand guette ses camarades. La vision du lieu, même furtive, doit donner à voir un
intérieur de vieux célibataire où il n’y a aucune présence féminine. Un intérieur où règne
un désordre ordonné.
Il y a quelque chose de théâtral dans cet intérieur où, malgré le désordre apparent, les
objets divers ont pris une place et ne l’ont plus quittée.
LE POINT DE VUE
Eviter de poser tout jugement est une priorité.
Loin de tout manichéisme, les personnages évoluent, en toute bonne foi, selon leurs
désirs, leurs nécessités, les impératifs liés à l’urgence des situations. Leurs propres
contradictions ne servent jamais qu’à humaniser leurs actes, à les rendre plus proche de
nous.
La volonté de compatir au sort d’Armand n’implique pas pour autant la dépréciation,
voire la condamnation du reste de la troupe. Au contraire, l’accent sera mis subtilement
sur la remise en question de ceux-ci d’avoir voulu se débarrasser de leur compagnon.
La volonté est de suggérer la prise de conscience des membres de la troupe face à
l’importance et à la place que tient le vieil homme au sein du Théâtre, et in fine, de
ressentir la tendresse qu’ils lui portent..
Le spectateur, après s’être exalté et reconnu dans le numéro final d’Armand, s’identifiera
naturellement au désarroi des autres comédiens de la troupe. Chaque spectateur pourra
reconnaître en lui sa capacité à succomber aux petites lâchetés quotidiennes et à oublier
parfois la valeur des gens, notamment lorsqu’ils vieillissent.
D’un point de vue dramatique, l’histoire finit volontairement sur une impulsion
dynamique de vie, et invite le spectateur à y prendre part et à s’en réjouir.
L’IMAGE
La volonté de créer une image qui a de la matière, une profondeur de champs affirmée,
mais aussi la recherche d’une lumière baroque sont autant de raisons dictées par le souci
de rendre le caractère épique de l’histoire.
Le noir et blanc est une façon de renforcer le phénomène d’étrangeté de l’œuvre. Le
regard contemporain est de moins en moins habitué à cette esthétique qui renvoie, dans
l’imaginaire collectif, au passé, à une page ancienne de l’histoire du cinéma. Ce renvoi
dans l’inconscient appuie encore un peu plus, à mon sens, le caractère épique du film. Le
noir et blanc crée quasi naturellement une poésie de l’image et dans l’image, une poésie
bienvenue et désirée dans l’histoire faussement naïve de TRAC.
LA LUMIERE
La lumière jouera un rôle sculptural. Elle agit sur les situations, les corps de manière à
donner du nerf à l’image et à casser tout sentiment de réalisme académique. La lumière
sera tantôt envahissante, tantôt contenue comme une matière vivante indépendante de
l’histoire, qui mène sa propre vie. La volonté d’une stylisation des ambiances lumineuses
s’inscrit dans le désir de flirter avec un certain réalisme symbolique.
Les clairs-obscurs seront recherchés dans les séquences dans le théâtre.
Celles-ci s’inspireront de certaines lumières décrites dans « Jeux d’été » d’Igmar
Bergman. Le monde du théâtre, constitué de faux-semblant et d’illusions, la limite ténue
entre le vrai et le faux, le secret, l’intime sous le masque, les apparences… sont autant
d’éléments que cette lumière mettra en valeur. Reflets de miroirs, ampoules murales des
loges, brillance des maquillages, scintillements des costumes, rampe lumineuse... sont
autant de sources lumineuses spécifiques à traiter, à détourner, afin de recréer à l’écran le
monde du spectacle.
Des films comme « Les feux de la rampe» de Chaplin, « Les feux du Music-hall » de
Fellini seront également des références de travail.
Ce dernier décrit merveilleusement bien le dénuement d’une troupe de province tout en
conservant la magie et le charme désuet de la représentation théâtrale à faibles moyens.
D’une manière générale, le rapport au magique et le goût de l’illusion dans l’œuvre de
Fellini seront une source d’inspiration précieuse.
LA MUSIQUE
Vincent Cahay, interprète et compositeur de la célèbre danse du film Calvaire de Fabrice
Du Welz, mettra son expérience et sa sensibilité créatrice dans la recherche d’un thème
musical dont on entendra des ébauches, tout au long du film. Un peu comme si le
morceau se créait progressivement, comme s'il se cherchait durant le film. Plus
précisément, les notes d’un vieux piano faussement désaccordé chercheront à
s’harmoniser avec une flûte traversière, agile et expressive, afin de composer un air
dynamique et enjoué, fait de bouffées poétiques et mélancoliques. A la fin du film, après
l’envol d’Armand, lorsque se dénouent les conflits, lorsque les tensions se libèrent pour
faire place à l'exultation collective, le thème musical se fera entendre dans son entièreté.
Aucune autre musique additive ne viendra illustrer ni enrober le récit.
COSTUMES
Les costumes seront un mélange d’éléments de costumes appartenant à la pièce que la
troupe va représenter et des éléments de vêtements civils. Les acteurs costumés en
répétition sont amenés à quitter le théâtre pour rechercher Armand allant jusqu’au fin
fond de la forêt. Pour ce faire, ils enfilent manteaux, écharpes, pulls etc. La présence du
costume théâtral hors contexte insistera encore un peu plus sur l’incongruité des
situations. Cela permettra également de glisser vers un terrain plus onirique, où les
repères deviennent flous. D’une certaine façon, le vrai spectacle se joue en dehors du
théâtre. Néanmoins, le mélange vestimentaire hybride sera traité subtilement pour créer
une esthétique agréable, évidente, acceptée par le spectateur.
Les silhouettes évoqueront l’univers expressionniste du cabaret berlinois des années 1920
et 30. Les acteurs jouent un spectacle fait de textes de Karl Valentin, acteur et auteur
Munichois qui épingla avec un humour grinçant et jubilatoire la petite bourgeoise
allemande de l’entre-deux guerres en pleine montée du nazisme.
LES PERSONNAGES
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