L'État a consenti des efforts énormes pendant des années – et ce en dépit du contexte économique très difficile
– pour sauver la compagnie d'une déroute financière et, à chaque fois, ces efforts ont été anéantis.
La bande de profiteurs et de traîtres qui paralyse Tunisair fait échouer tout plan de restructuration et écrase
dans l'oeuf tout effort de redressement. Ils continueront de saboter toute tentative de sauvetage. Ils veulent que
la compagnie nationale reste une vache à lait, et pour qu'ils continent d'en profiter, ils feront tout pour qu'elle le
reste le plus longtemps possible. Ils sont tout sauf des patriotes et des gens honnêtes car la rentabilité et la
pérennité de l'entreprise, sont leurs derniers. Ce qui les obsède, ce sont leurs intérêts, ni plus ni moins.
Aussi, n'y a-t-il pas trente-six mille solutions mais une seule : il faut privatiser. Il faut que l'État sorte du capital
et que l'investisseur privé qui le remplacera – qu'il soit Tunisien ou étranger – en fera un vrai fleuron à la place
du boulet que contribuable tunisien traîne depuis des années.
Renouer avec la culture de la performance
Ce n'est qu'ainsi que Tunisair pourra renouer avec la culture de la performance, de la compétitivité et de la
croissance. Et ces profiteurs n'y auront plus alors de place et seront chassés comme des malpropres, ce qu'ils
sont en vérité. Car un investisseur privé ne gardera que les éléments compétents et dévoués. Et les bras cassés
ne pourront plus lui faire endurer ce qu'ils ont fait endurer à l'État tunisien.
Et là, il y a un stéréotype qui a la peau dure chez nous, c'est celui de voir dans le privé le dangereux prédateur
qui vient pour détruire, exploiter et réduire à l'esclavage.
C'est là, hélas, ce qui est inculqué de génération en génération et très souvent par des gens qui ne connaissent
rien à l'économie.
L'anti-libéralisme primaire
Le mot qui revient le plus souvent quand on évoque d'éventuelles privatisations, c'est le fameux «vous allez
vendre le pays». Ce cliché risible est véhiculé par des démagogues à la pensée archaïque qui usent de la
méthode Coué, méthode qui porte le nom du psychologue Émile Coué et qui consiste à répéter sans arrêt une
idée jusqu'à entraîner l'adhésion du sujet concerné. Dans notre cas, il s'agit de matraquer médiatiquement les
masses par l'anti-libéralisme primaire qui porte dans ses gènes cette phobie de toute privatisation mais aussi de
toute réforme. Ils sont partisans de l'immobilisme le plus total, d'une économie sclérosée et de la médiocrité
tout simplement.
L'économie tunisienne vit encore dans le XXe siècle. Elle doit se moderniser et être réformée pour entrer dans
le XXIe, pour exister et se frayer une place dans ce monde globalisé, pour être une économie compétitive et
performante.
Pour cela, le secteur bancaire doit être restructuré, les privatisations doivent reprendre leur cours y compris
dans ce secteur. Le marché financier doit accroître sa part dans le financement de l'économie. La bourse doit
être dynamisée et doit sortir de sa torpeur. Pour cela des entreprises de tailles importantes comme Tunisie
Telecom doivent être introduites en bourse. Comment se fait-il que ce fleuron de l'économie n'est pas encore
cotée?
Aucune entreprise du secteur des télécommunications n'st encore cotée en Tunisie. Est-ce normal? Y a-t-il un
pays qui se méfie autant que le nôtre de sa bourse et qui cherche autant à la marginaliser. Agissons et osons
aller de l'avant.
* Juriste.