d’une Constitution et en automne ils étaient 77% (pour une moyenne européenne de
68%) à soutenir personnellement le projet constitutionnel.
En ce qui concerne la compétition politique au Luxembourg, il n’existe pas de véritable
clivage sur la construction européenne entre les partis représentés à la Chambre des
députés. Tous ont ratifié les différents traités qui ont accéléré le processus d’intégration
européenne (Traité de Maastricht en 1993, Traité d’Amsterdam en 1997 et de Nice en
2001), et pendant la campagne pour les élections européennes de 2004, tous – même le
parti souverainiste ADR (Comité d’Action pour la Démocratie et la Justice Sociale,
membre de l’Union de l’Europe des Nations fondée par Charles Pasqua) – avaient appelé
à voter oui au Traité constitutionnel. Gast Gibéryen, membre de la Convention et
président du groupe parlementaire de l’ADR à la Chambre avait fortement critiqué le
Traité pendant les travaux (le parti, qui voit en l’Union une menace pour la souveraineté
nationale et critique le fonctionnement non transparent des institutions européennes,
demandait la fixation des frontières de l’Union et rejetait la candidature de la Turquie),
avait pourtant en effet finalement approuvé le projet de texte, pour peu que celui-ci soit
un « Traité constitutionnel » et non pas une « Constitution ».
Cette position fut renversée
lors du congrès du parti en avril 2005, où la majorité des adhérents se prononcèrent en
faveur d’un motion engageant le parti à mener campagne pour le « non ». La présidence
du parti, désavouée, respecta le vote interne et rejoignit donc les partis de gauche radicale
(La Gauche et le Parti Communiste Luxembourgeois), qui n’ont plus de représentation
parlementaire depuis 1999, parmi les opposants à l’adoption du Traité. Ces formations à
la gauche de la gauche, qui avaient déjà voté contre les Traités de Maastricht et
d’Amsterdam, s’opposaient au projet et à la construction européenne en général pour des
raisons nettement distinctes de celles du parti souverainiste : héritiers de la tradition
marxiste européenne qui s’est toujours opposée à la Communauté européenne, ils
rejetaient principalement l’aspect libéral et marchand de la construction européenne, mais
aussi ses liens avec l’OTAN et plaidaient pour le respect de la diversité culturelle intra-
sociétale européenne (les minorités religieuses, sexuelles, etc.). Au total, les formations
politiques faisant campagne contre le Traité en 2005 ne pesaient qu’environ 12% du
corps électoral en 2004 (13% aux législatives et 11% aux européennes) et leur
représentation parlementaire était limitée au groupe de l’ADR, soit 5 députés sur 60.
Si le potentiel électoral du « non » reposant sur les forces politiques eurosceptiques était
donc particulièrement faible, le camp des opposants pouvait compter capitaliser sur une
conjoncture économique morose (voir plus haut) et sur la déception d’europhiles qui
considéraient que le projet constitutionnel n’était pas assez ambitieux et devait être
renégocié. En tout état de cause, en 2005 la population luxembourgeoise allait enfin
pouvoir s’exprimer sur des enjeux européens à la faveur d’un scrutin séparé, ce qu’elle
n’avait jamais pu faire auparavant car depuis 1979, les élections pour le Parlement
européen se déroulent le même jour que les élections législatives.
Cette simultanéité des
Voir GIBERYEN G., « Remarques, Amendements et Propositions du parti luxembourgeois ADR quant
au projet d’articles 1 à 16 du traité constitutionnel », http://www.avenir-
europe.lu/FR/PDF/Giberyen17022003.pdf, 7 février 2003 , page consultée le 20/04/2006.
L’ADR avait demandé un référendum sur le Traité de Maastricht. La ratification parlementaire de celui-
ci, qui passait outre la révision de certains articles de la Constitution en ouvrant des droits aux non-