C'est, d'ailleurs, une interprétation extensive, mais légitime de l'agression qui permet aux mouvements de
libération nationale de se réclamer du jihad, comme on le voit en Palestine. Car il est question d'une agression
qui dure, celle d'un État colonisateur qui ne veut pas se plier au droit international qui lie sa réalité avec celle
d'un autre État, un frère jumeau monozygote qu'est l'État de Palestine.
De plus, la notion du martyr qui s'est imposée chez nous est un concept purement judéo-chrétien, car le
martyre en islam est le témoignage; ce qui suppose de vivre pour témoigner et non de mourir. On n'offre sa vie
à Dieu que par la piété; et cela nécessite le «jihad akbar», soit l'effort su soit pour se purifier, le diable ayant
une part dans l'humain, sa part sombre que n'illumine qu'une spiritualité cultivée comme une plante rare.
Arrêter une politique irréaliste
Or, que font les Arabes ? Au lieu d'en appeler au droit que méconnaît Israël, on l'oublie, se focalisant sur ce qui
doit être accessoire, l'acte belliqueux, tout en oubliant l'essentiel, la légalité et le droit. Agissant de la sorte, on
ne fait que perdre ce droit et servir donc Israël qui ne veut déjà s'y plier, usant de sa force actuelle pour
imposer son injustice.
Comment alors obtenir notre droit quand on ne fait rien pour l'obtenir, agissant même de la façon attendue par
celui qui tient à ne pas y revenir ? Quelle folie, d'autant plus qu'on se rend coupable en plus d'irréalisme en
niant un fait incontestable, à savoir la réalité d'État d'Israël, se limitant à ne le traiter que comme entité. N'est-
ce pas servir au mieux sa stratégie consistant à se prétendre victime des Arabes assez fous pour ne même pas
réclamer leur droit, celui d'agir pour l'application du droit international. Or, comment y arriver si on ne le viole
ainsi et de la manière la plus éhontée?
À cela s'ajoute le commerce que d'aucuns font de la religion, l'instrumentalisant pour leurs visées politiciennes,
quitte à en violer la substantifique moelle. Ainsi justifie-t-on violences et crimes par l'islam quand il ne les
admet que pour se défendre !
Qui est donc l'agresseur dans les derniers crimes de Turquie et d'Allemagne, perpétrés au nom d'une foi salie?
L'horreur atteint son comble pour nos, les Tunisiens, du fait de l'implication directement ou indirectement d'un
national dans les deux drames.
Il est vrai, certains peuvent toujours soutenir que l'agression de l'Occident en général est permanente,
continuant à cultiver une islamophobie déclarée ou occulte, outre celle d'Israël se refusant à la paix des braves
en Palestine. Mais que fait-on pour y arriver?
Nos prédicateurs, avec l'assentiment tacite pour le moins, de nos politiques, continuent à verser dans un
terrorisme mental cultivé à la faveur d'une confusion axiologique terrible.
Oser être éthique
C'est cet état des choses qu'il importe de traiter pour espérer sortir de l'impasse actuelle ou l'islam est devenu le
porte-drapeau des délinquants de tous poils, Arabes musulmans et pro-Arabes musulmans comme leurs
ennemis déclarés cherchent à en faire les boucs émissaires d'un nouvel impérialisme, mental celui-ci.
Car il se nourrit de la honte légitime que les vrais musulmans ont de la caricature qu'on donne de leur foi
foncièrement humaniste au point de renier leurs valeurs, leurs traditions et leur culture qui ont illuminé le
monde pendant un moment qui a bien duré et qui ont été au coeur de la Renaissance occidentale.
Aujourd''hui, avec la fin du monde ancien issu de la Seconde Guerre mondiale, ses tenants, occidentaux pour
l'essentiel, tiennent à en faire durer la dramatique agonie en s'alliant à des intégristes supposés musulmans et