AO LEFE 2009 : Les Enveloppes Fluides et l'Environnement Attendus de l’appel d’offre Au cours des dernières années, les interrogations concernant le devenir de notre environnement ont conduit le citoyen et ses relais politiques, à interroger la communauté scientifique sur le niveau de variabilité et de risque naturels et les impacts actuels et futurs des perturbations induites par les activités humaines. Par exemple, l’évaluation de l’intensité du réchauffement climatique, la prévision des pics estivaux d’ozone dans et autour des grandes agglomérations, l’éventuelle recrudescence des événements extrêmes, l’eutrophisation des eaux côtières… Il est donc devenu essentiel de pouvoir diagnostiquer l’état des différents milieux (air, mer, eau douce, sol, biosphère) et les modifications qu’ils encourent sous les perturbations d'origine naturelle ou anthropique, et de pouvoir comprendre la nature irréversible ou non des altérations qu’ils subissent. Afin de proposer des réponses aux très fortes demandes sociétales concernant les impacts des activités humaines sur notre planète, et plus particulièrement sur le changement climatique, la biodiversité, la composition chimique de l’atmosphère, la pollution, les ressources halieutiques, la gestion durable…. le programme LEFE mène des recherches sur le fonctionnement de l'atmosphère et de l'océan, leur couplage, leurs interactions avec les autres composantes du système climatique (cryosphère, biosphère, hydrosphère) d'un point de vue dynamique, physique, chimique, biologique et biogéochimique. Ces recherches permettent d’améliorer notre compréhension des réponses du Système Terre aux forçages anthropiques, de les détecter et d’en prévoir l’évolution. Le programme national inter-organisme LEFE, coordonné par l’INSU, est constitué de cinq actions reflétant les priorités définies par la communauté Océan Atmosphère lors du colloque de prospective de Lille de novembre 2005 : - Chimie atmosphérique (CHAT) - Evolution et variabilité du climat à l’échelle globale (EVE) - Cycles biogéochimiques, environnement et ressources (CYBER) - Interactions et dynamique de l’océan et de l’atmosphère (IDAO) - Assimilation de données (ASSIM) L’organisation en 5 actions est faite pour aider l’évaluation scientifique mais les projets peuvent s’adresser à plusieurs actions. Le programme LEFE souhaite favoriser l’émergence d’idées nouvelles tant aux frontières de la connaissance dans un domaine spécifique que sur les frontières entre disciplines, ou entre milieux. Les ruptures technologiques ou méthodologiques seront considérées avec intérêt ainsi que le montage de projets à forte composante transdisciplinaire. Une part significative du budget LEFE pourra être consacrée à : - des projets incitatifs potentiellement « à risque » mais auxquels est associé un fort potentiel de créativité et/ou d’essaimage ; - des projets coordonnés pour structurer la communauté ou mutualiser des efforts autour d’objets communs ; - des projets bi- ou multi-latéraux dans le cadre de la construction de l’Espace Européen de la Recherche (un objectif de 30% est visé à terme). Le cadre de fondamentale l’appel mais d’offre s’adresse recouvre des également à questions importantes l’émergence de de recherche nouveaux systèmes d’observations et de prévision à caractère pérenne ou pré-opérationnel, dans le cadre de l’initiative européenne GMES. Le renforcement des bases théoriques en recherche et développement nécessaires à l’élaboration des services pilotes GMES ainsi que la fédération des efforts français pour y apporter une contribution significative sont encouragés. Cet aspect intègre aussi la valorisation des missions spatiales en coordination étroite avec le programme TOSCA du CNES. Dans le cadre de la mise en place du Chantier Méditerranée, dit ECOMED, porté par le Comité Inter-Organisme Environnement (CIO-E)1 et piloté par l'INSU, un appel d’offre commun ST-EC2CO-LEFE est mis en place pour l’évaluation des différentes actions structurantes, en cours ou en gestation2, pouvant contribuer au chantier dont la phase intensive est centrée sur 2011-2016. Ces actions coordonnées de recherches, de campagnes de mesures, de développement de systèmes d'observation, et corrélativement d'informations, visent à évaluer l'évolution de « l’habitabilité en région méditerranéenne » au cours du XXIème siècle. A ce stade, il est attendu la soumission de lettre d’intention, synthétique ou très détaillée selon l’avancée des initiatives. La confrontation, et l’articulation, des différentes initiatives sera effectuée lors du colloque du lancement d’ECOMED (3-5 Novembre 2008, Aix en Provence). Ils devront notamment indiquer, outre les spécificités et les synergies avec les autres actions du chantier, un calendrier pluriannuel de mise en œuvre comprenant les moyens consolidés. Il est enfin important de souligner que ces actions auront d’autant plus de poids qu’elles s’inscrivent dans une dynamique internationale. Les moyens financés et labellisés par LEFE Le programme national inter-organisme LEFE, coordonné par l’INSU, assure désormais une triple fonction : i) il évalue des projets scientifiques complets basés sur des budgets consolidés, ii) il attribue des moyens spécifiques, iii) il décerne des labels spécifiques pris en compte par d’autres opérateurs ou agences de moyens. Cette démarche pro-active vise à consolider le portail unique LEFE dans le domaine de la recherche en OcéanAtmosphère, suite aux recommandations de la prospective nationale de Lille (2005). 1) Plus précisément, le programme LEFE peut financer directement : le fonctionnement général du projet (fournitures, petit équipement, missions, publications, etc…) ; les analyses (in situ, au laboratoire ou dans des services d’analyses nationaux) : la justification détaillée (e.g., coût unitaire de l'analyse et nombre d'analyses prévues, coût total par poste) des dépenses envisagées devra être fournie ; les frais de missions et de transport de matériel liés aux campagnes sur le terrain ; 1 Organismes partenaires du Comité Interorganisme Environnement : INSU, Andra, BRGM, CEA, Cemagref, Cirad, CNES, CNRS, IFP, Ifremer, Ineris, INRA, IRD, IRSN, LCPC et Météo France 2 à ce jour, mais pouvant être complété, ceci concerne les initiatives : HYMEX, MERMEX, CHARMEX, MOOSE, TERMEX, SICMED, PALEOMEX … le soutien des laboratoires à des projets scientifiques basés sur la mise en oeuvre de campagne ballon (à l’exception des campagnes de démonstration, d’étalonnage et de validation d’instruments ou de missions spatiaux) ou de valorisation de missions spatiales3. sauf exception4 le programme LEFE est destiné à financer des projets supérieurs à 10-15k€ 2) Surtout le programme LEFE favorise l’accès à un ensemble de soutiens complémentaires via une procédure de labellisation. Ceci concerne l’ensemble des volets suivants : 2a) AO coordonnées par l’INSU et synchronisés avec l’AO LEFE : Campagne(s) avion (cf AO SAFIRE) Personnel et/ou soutien DT/INSU (cf AO DT/INSU) 2b) AO coordonnées par d’autres organismes ou agences de moyens: Equipement (AO CNRS synchronisé avec LEFE ou autres organismes) Personnel temporaire : doc, post-docs et CDD (AO CNRS ou autres organismes) Campagnes ballon destinées à la démonstration ou l’étalonnage et la validation d’instruments ou de missions spatiaux (AO CNES) Campagne(s) à la mer Flotte Nationale et CIRs (AO ad-hoc) Calcul intensif (AO IDRIS, CIES, …) Coopération régionale (AO GIS, RTRA, Régions, etc …) Coopération internationale (AO DRI, DAE, ESF, etc …) Coordination internationale (programmation internationale, « assessments », etc …) Animation & formation, colloque, école d’été (AO CNRS ou autres organismes) Autres à préciser (ANR, …) Il est important de noter que les labellisations par LEFE donnent un plus au projet, mais nécessitent d’effectuer les démarches spécifiques aux divers AO auprès des organismes partenaires ou agences de moyens reconnaissant ce label LEFE parmi leurs divers critères de sélection. Ceci concerne notamment les demandes de support en ressources humaines comme les docs, les postdocs et les CDD. A noter que ces derniers pourront 3 LEFE peut également financer les coûts du laboratoire au cours des campagnes (missions, petits consommables, ..) et pour l'exploitation des résultats (publications, petit matériels,..) ainsi que des données validées issues de missions spatiales (POLDER 1 & 2, ENVISAT, POAM, SAGE, ADEOS, TOPEX/POSEIDON, JASON1, etc (Ocean Surface Topographie- Science Team) en excluant les aspects démonstration, calibration ou validation qui relèvent directement de comités scientifiques du CNES. Les projets sélectionnés fin 2007 dans le cadre de l’AO international CNES-Eumetsat « OST-ST » ( Ocean Surface Topographie- Science Team) dont les thématiques relèvent de LEFE seront suivis par les CS de ce programme. 4 comme un projet annuel particulièrement structurant ou innovant, notamment au sein de la nouvelle action ASSIM être financés que dans un petit nombre de cas par le CNES et l’INSU et seulement sur des projets jugés particulièrement prioritaires par ces organismes et ne pouvant se réaliser sans cet apport. Modalités de réponse Sauf procédure particulière5, toutes les demandes de moyens adressées au secteur Océan-Atmosphère de l’INSU doivent faire l’objet d’une réponse à l’appel d’offres LEFE. Les propositions pourront être sélectionnées pour 1 an, 2 ans ou 3 ans. Les propositions sélectionnées sur 2 ou 3 ans n’auront pas à être resoumises pendant cette période. 1) le nouveau formulaire informatisé Les porteurs de projet devront utiliser le nouveau formulaire unique informatisé qui sera mis en ligne sur le site de l’INSU. Il remplace les divers formulaires de soumission des programmes (LEFE, PNTS, EC2CO, …), de soumission aux « boîtes équipements mi-lourds », de soumission au soutien de la Direction Technique, de soutien avion, ... Ce formulaire prend donc en compte toutes les demandes financières, ainsi que les diverses demandes de labellisation LEFE pour consolider le projet en partenariat avec les autres organismes ou agences de moyens partenaires. Le projet doit notamment expliciter chaque demande correspondant à un type différent de labellisation en i) joignant un descriptif de la demande, ii) un échéancier, iii) un budget consolidé6 afin que le comité puisse émettre les recommandations auprès des organismes et agences concernés. Les ressources obtenues ou demandées en réponse à d’autres appels d’offres (européens, nationaux, régionaux, …) doivent être indiquées, permettant ainsi d’obtenir un coût consolidé pour chaque projet. Les lettres d’intention sont également possibles et doivent également faire l’objet d’une soumission via le même formulaire informatisé. Une action nécessitant plusieurs demandes, qu’elles soient financières ou pour des labellisations, fera l’objet d’une seule soumission, qui sera transmise aux différentes instances ad hoc pour évaluation. Dans le cas de projet transverse au-delà du domaine Océan-Atmosphère, il est également possible de soumettre le projet pour évaluation à une autre section de l’INSU (SIC, ST ou AA), ce peut-être notamment le cas d’actions envisagées dans le cadre du Chantier Méditerranée (voir note ci-dessus p.2). 2) le dossier scientifique Il est joint au formulaire informatisé et ne devra pas excéder 15 pages (a priori plus court dans le cas d’une Lettre d’Intention). Il décrira précisément le contexte scientifique dans le cadre international, les questions abordées et la méthodologie originale choisie pour les résoudre dans un contexte global et exhaustif, ainsi que la planification en termes d’objectifs et de moyens du travail de recherche. Les collaborations nationales, européennes ou internationales doivent être mentionnées. 5 6 identifiée hors appel d’offres LEFE une annexe précisera les divers coûts induits (ressources humaines, calcul, bateau, avion, etc…) Pour les projets pluriannuels, le plan de travail et de financement détaillé devra être impérativement proposé pour les durées entières du projet, tant pour les moyens financiers directs que les divers supports nécessaires via une labellisation (équipements, campagnes, calcul, ressources humaines, etc…). Pour permettre l'évaluation du projet, les proposants doivent veiller à fournir un échéancier cohérent, en précisant les soutiens financiers accordés ou demandés par ailleurs (autres programmes nationaux, soutien interne d'organisme, projet européen), les moyens nécessaires à la réalisation du projet (soutien de la DT INSU, heures de calcul sur un grand centre, campagne à la mer, campagne avion, ...) et une liste exhaustive du personnel impliqué, permanents et temporaires, en précisant le temps consacré au projet. Evaluation Le programme LEFE est piloté par un Comité InterOrganismes (CIO) formé par les représentants des organismes et agences partenaires. Le CIO décide, sur recommandation du Conseil Scientifique LEFE, des projets retenus et des moyens qui leur sont attribués. Le Conseil Scientifique LEFE s’appuie, pour émettre ses recommandations, sur les évaluations menées par les Conseils Scientifiques des différentes actions qui le composent. Le programme inter-organisme LEFE doit avoir une vue globale et consolidée du soutien nécessaire à la réalisation des projets qu’elle sélectionne. Pour sa recevabilité, le projet devra non seulement être jugé prioritaire de par son adéquation à l’appel d’offres, la pertinence de son questionnement scientifique et l'innovation et/ou la solidité de sa méthodologie, mais de plus il devra être accompagné d'une analyse attentive de sa faisabilité en terme de calendrier, de moyens financiers et humains, et d’accès aux moyens lourds (avion, flotte, ballon, temps calcul, …). Les projets interdisciplinaires ou favorisant les transferts de savoir-faire depuis ou vers les autres disciplines sont particulièrement recherchés, ainsi que la structuration de la communauté nationale et européenne sur des projets nécessitant une masse critique. L'ensemble de ces éléments sera déterminant pour son acceptation. Enfin, l’ensemble des projets sera évalué en estimant un indice de « retour potentiel » relativement à un indice de « risques » encourus lors de la réalisation selon le modèle joint en Annexe. Une appréciation de ces deux indices par les proposants est souhaitée. Le Comité Inter-Organisme peut, pour des raisons scientifiques ou budgétaires, ne proposer qu'un financement partiel dans un projet, ce qui se traduira par une réorganisation du projet. Les proposants sont donc expressément invités à mentionner explicitement leurs priorités. Formulation des réponses à l’appel d’offre La date de clôture de l’appel d’offres est fixée au 30 septembre 2008. Les porteurs de projet doivent impérativement utiliser le formulaire d’appel d’offres informatisé. Nota 1 : Les porteurs de projet appartenant à une unité associée au CNRS devront impérativement pré-renseigner la rubrique « dotation sur projet » du labintel via leur directeur d’unité avant le 12 septembre 2008. Nota 2 : Les porteurs de projets n’appartenant pas à une unité associée au CNRS devront envoyer par courrier postal la fiche d’identité du projet imprimée et signée par le directeur d’unité à l'INSU (Pascale Ebner) BP287-16 75966 Paris cedex16. Annexe 1 L’évaluation « Risques et retours potentiels » s’appuie sur les 2 indices suivants : 1) Identification de l’indice de « Retour Potentiel »: Ce critère est destiné à caractériser l’intérêt intrinsèque du projet s’il est effectivement réalisé. Le classement sera explicitement justifié par les experts et les conseils scientifiques de LEFE. Fort : Contribution certaine aux objectifs principaux de l’appel d’offre Moyen : Contribution probable aux objectifs principaux de l’appel d’offre Faible : Contribution marginale aux objectifs principaux de l’appel d’offre 2) Identification de l’indice de « Risques » : Ce critère est destiné à caractériser les risques associés à la réalisation effective du projet dans le cadre de l’échéancier affiché. Le classement sera explicitement justifié par les experts et les conseils scientifiques de LEFE. Faible : Pas de risque identifié dans l’implémentation Moyen : Certains risques identifiés (scientifique, technique, financier, humain, …) dans l’implémentation mais ne compromettant pas la réalisation principale du projet Fort : Risque identifié (scientifique, technique, financier, humain, …) que les proposants ne puissent mener à bien leur projet dans les échéances impartis. ACTION « Assimilation de données» (ASSIM) 1. Introduction Le Programme Assimilation de Données a été entériné par la CSOA (Commission Scientifique Océan-Atmosphère) de l’INSU au printemps 2005. Il a vocation à l'interdisciplinarité et concerne donc également d’autres divisions (Surfaces Continentales par exemple) et départements (STIC et SPM par exemple), ainsi que d'autres organismes. Les motivations principales de ce programme sont les suivantes : stimuler les recherches innovantes et fondamentales en assimilation, et leur donner la reconnaissance et le soutien nécessaires favoriser les échanges scientifiques sur les recherches théoriques dans le domaine de l’assimilation de données entre des communautés disciplinaires différentes, afin d’enrichir ces recherches grâce à cette pluridisciplinarité dynamiser le transfert des avancées théoriques vers les applications dans différentes disciplines participer à des actions de formation, et d'une manière générale diffuser largement les potentialités scientifiques et les techniques de l'assimilation jouer un rôle d’animation au niveau international dans ce domaine L’appel à propositions annuel sélectionnera et participera au financement de projets de recherche centrés sur les aspects méthodologiques et les aspects transverses en assimilation de données, ainsi que sur les applications innovantes, notamment vers de nouvelles disciplines. A cet égard, il est rappelé que le périmètre du programme Assimilation n’est pas limité aux disciplines océan-atmosphère : des recherches innovantes en assimilation de données relevant de toute autre domaine de recherche (par exemple la géophysique interne, les SHS, etc…) sont éligibles dans le présent cadre. 2. Contexte scientifique Les termes « Assimilation de données » d'utiliser les différentes informations recouvrent toutes les méthodes permettant disponibles (observations, lois théoriques, statistiques, images) sur un système pour reconstruire aussi précisément que possible l'état de ce système dans toute sa dimension spatio-temporelle. Ces méthodes sont déjà très utilisées dans plusieurs domaines de la géophysique (e.g. en météorologie et océanographie), et émergent dans plusieurs autres (e.g. hydrologie, glaciologie). Quelle que soit l’application considérée, la solution des problèmes inverses fait appel aux mêmes techniques, fondées sur des méthodes probabilistes (estimation bayésienne, apprentissage statistique, etc) et/ou sur les méthodes de contrôle optimal. Un certain nombre de difficultés spécifiques rencontrées en géophysique en font souvent un problème particulièrement ardu : caractère fortement non-linéaire, voire chaotique, de la dynamique du système étudié, complexité des opérateurs méconnaissance des statistiques d’erreur, grande taille des systèmes… d’observation, La nécessaire diffusion de ces méthodes dans des communautés scientifiques de maturité différente sur ces sujets, leurs fondements théoriques communs, et la nécessité de poursuivre les recherches sur ces méthodes et leurs mises en œuvre, ont conduit à définir une organisation, le programme Assimilation de LEFE, afin de piloter les actions relatives à l’assimilation des données. Sont plus spécifiquement ciblés, dans le présent appel à propositions, les travaux amont de recherches, alors que les travaux plus finalisés allant jusqu'à l'opérationnel relèvent de programmes par champs disciplinaires. Dans la lignée du GDR qui avait été consacré dans les années 90 aux méthodes variationnelles d’assimilation de données en météorologie programme Assimilation de Données vise donc à et océanographie, le regrouper la communauté des assimilateurs en géophysique sur des activités fondamentales pour continuer à stimuler les recherches théoriques, ainsi que sur des applications exploratoires soulevant de nouvelles difficultés. La communauté des mathématiciens sera associée étroitement à ce programme, afin de conserver des fondements théoriques solides qui fourniront des méthodes de bonne qualité et efficaces répondant aux nouveaux besoins rencontrés, et de bénéficier des nouvelles pistes de recherche en mathématiques pour alimenter les méthodologies de l’assimilation de données. Les travaux en lien direct avec des projets structurants du type GMES, AROME, ADOMOCA, GMMC… relèvent a priori des structures existantes : programmes nationaux, TOSCA, GIP MERCATOR… Selon le schéma en vigueur, les demandes de soutien et de cofinancement concernant chaque champ disciplinaire doivent être adressées aux autres programmes de LEFE pour la physique de l’atmosphère et océanographie physique, la chimie atmosphérique, l’océanographie côtière biogéochimique, la climatologie, la biogéochimie marine, à EC2CO pour l’hydrologie, au PNTS pour les données spatiales et au GMMC pour l’océanographie opérationnelle physique et biogéochimique. Outre un soutien financier, les propositions peuvent comporter une demande de « labellisation » de bourse de thèse BDI et de post-doc, labellisation dont le but est de favoriser l’obtention effective de ces bourses auprès des organismes. 3. Thèmes de recherche Le présent appel vise à susciter des propositions de projets de recherche centrés sur les aspects méthodologiques et les aspects transverses en assimilation de données, ainsi que sur les applications innovantes, notamment vers de nouvelles disciplines. Sans être exhaustif, on peut citer notamment les thèmes suivants (qui s’intersectent évidemment) : 1. Développements théoriques Limites des approches linéaires gaussiennes Méthodes adaptées aux cas où les approximations linéaires ne sont plus valides : filtres particulaires, algorithmes génétiques, assimilation variationnelle quasistatique… Méthodes d’ensemble (variationnelles et stochastiques) Développements conceptuels sur l’hybridation des approches variationnelle et séquentielle Etude de la propagation de l’information (notamment en assimilation séquentielle) Développement de méthodes optimales au sens de la théorie de l’information : inversion par régularisation selon le principe du maximum d’entropie, filtrage basé sur ce même principe Assimilation d’images Détermination des sources de traceurs Assimilation et prévisibilité, techniques d’identification des modes stables et instables, analyse de sensibilité, quantification et propagation d’incertitudes, études au second ordre … 2. Développements algorithmiques Développement d’algorithmes d’ordre réduit Méthodes d’assimilation multi-échelles (emboitement de modèles, désagrégation, …) Algorithmes duaux Méthodes variationnelles d’ensemble Modélisation et prise en compte des corrélations d’erreur (notamment temporelles) Développement d'algorithmes pour les problèmes d'identification (forçages, paramètres, termes sources, …) Assimilation pour la modélisation couplée Minimisation et optimisation Etude de la non-différentiabilité et algorithmes pour les problèmes nondifférentiables Développement de logiciels spécifiques : différentiation automatique, coupleurs, … Assimilation d'images Assimilation et nouveaux développements technologiques en informatiques … 3. Erreurs Modélisation des statistiques d’erreurs d’observation et de modélisation Identification des erreurs, biais systématique Contrôle d’erreurs multiples par méthodes adaptatives Sensibilité aux erreurs Validation a posteriori des algorithmes d’assimilation Tests objectifs de l’optimalité et de la cohérence interne des méthodes d’assimilation, estimation des statistiques d’erreur par ajustement a posteriori Minimisation a posteriori des erreurs d’estimation : validation croisée, filtrage adaptatif, … 4. Optimisation des systèmes d’observation Utilisation d’observations nouvelles et/ou de données hétérogènes Définition des correspondantes opérateurs (erreurs d’observation d’observation et stricto identification sensu et des erreurs erreurs de représentativité) Modélisation des covariances d’erreur d’observation Sensibilité aux observations et ciblage d’observations Expériences de simulation d’observations, méthodologies sur les études d’impact 5. Nouveaux champs d’application l’océanographie côtière la biogéochimie marine et terrestre la méso-échelle atmosphérique et océanique la chimie atmosphérique l’hydrologie du sol et les eaux continentales (surface et souterraine) la glaciologie la biosphère continentale … ACTION « Chimie Atmosphérique » (CHAT) Il est désormais établi que les activités humaines ont altéré, au cours du siècle écoulé, la composition chimique de l'atmosphère. Cela s'est traduit d’une part par une augmentation de la teneur en polluants gazeux et particulaires avec des impacts environnementaux, sanitaires mais aussi économiques et d’autre part, par une modification de l’abondance des gaz à courte durée de vie comme l’ozone qui contribue à l’effet de serre et des concentrations en particules qui modifient les propriétés radiatives de l'atmosphère et donc le climat terrestre. Il est donc devenu nécessaire de comprendre et de prédire les émissions de polluants, leurs transformations, dépôts et dispersion dans l'atmosphère. De même, identifier et comprendre les évolutions à long terme des teneurs de ces composés et leur impact est un défi majeur. Les résultats obtenus devraient apporter des éléments de réponse aux préoccupations majeures de la société, l’objectif final étant d’appréhender dans toutes leurs dimensions les conséquences des modifications de la composition de l'atmosphère sur notre environnement. Dans cet objectif, le plan de recherche de l’action CHAT est articulé autour de cinq thèmes majeurs : 1) Capacité oxydante de l’échelle locale à l’échelle globale 2) Aérosols 3) Chimie et microphysique des nuages 4) Bilan des espèces traces dans la haute troposphère et la basse stratosphère 5) Emissions et dépôts de constituants atmosphériques gazeux et particulaires Ces cinq actions prioritaires sont accompagnées de la mise en œuvre d'études amont et d'outils transversaux indispensables : A) Etudes des processus physico-chimiques atmosphériques en laboratoire B) Etudes spectroscopiques d'espèces atmosphériques C) Instrumentation D) Outils et méthodes pour la modélisation et l’assimilation 1. Capacité oxydante de l’échelle locale à l’échelle globale Il est proposé d’orienter les actions de recherche sur le domaine de la pollution atmosphérique au sens large, depuis l’échelle locale et les zones urbaines jusqu’à l'échelle planétaire. Ce choix résulte du besoin d'approfondir la connaissance des mécanismes complexes qui contrôlent la pollution atmosphérique dans les basses couches de l’atmosphère et de répondre à une demande sociale accrue en matière de qualité de l'air et d’évaluation de l’impact sanitaire de la pollution. Ces études doivent porter sur le développement d’outils fiables et optimisés, dont le transfert en mode opérationnel peut permettre une prévision de la qualité de l’air et des épisodes de pollution et donner une base rationnelle à l’élaboration ou à la discussion de politiques de réduction des émissions (par exemple au travers d'études de sensibilité et de scénarios d’émission). Par ailleurs, les modèles actuels, dont la formulation conduit à des simulations d’échelle supérieure à quelques kilomètres, ne permettent pas d’évaluer les concentrations réelles auxquelles sont exposés les habitants des grandes agglomérations, ce qui, in fine, est le questionnement majeur des responsables de la santé publique. Par conséquent, des développements méthodologiques sont sollicités dans ce domaine, en amont de réelles études d’impact. Sur ce thème, l’action CHAT souhaite soutenir en particulier trois types d’actions. le bilan instantané des radicaux libres et la production photochimique de l’ozone, approche expérimentale de « fermeture chimique », en incluant l’observation des radicaux et de leurs sources et pertes (notamment les espèces carbonylées) et la confrontation avec les simulations. Dans la mesure du possible, on cherchera à établir l’impact des aérosols sur le bilan des radicaux ; le transport transfrontière et intercontinental de polluants (évaluation des contributions respectives de la pollution photooxydante et particulaire des panaches transportés vers et depuis l’Europe et de celle produite régionalement, variabilité saisonnière et interannuelle de ces panaches intercontinentaux et leur impact sur le bilan de l’ozone à l’échelle globale). On se penchera tout particulièrement sur les mécanismes d’échanges verticaux à grande échelle. L’étude de ce thème tirera largement profit de l’utilisation d’observations satellitales et de l’application de techniques d’assimilation ; la pollution extérieure à l’échelle locale ; étude des processus chimiques ; développement des méthodes afin de spatialiser plus finement les concentrations surtout des espèces primaires (typiquement à 2 m de hauteur dans des mailles de l’ordre de la centaine de mètres en résolution horizontale). L’accent est mis sur une description climatologique et statistique de la distribution des polluants. En particulier, l’action CHAT sera attentive aux propositions ayant pour objet l’impact des mégapoles sur la qualité de l’air et sur la composition chimique de l’atmosphère à grande échelle. 2. Aérosols Les aérosols jouent un rôle très important au sein de la chimie de l’atmosphère. L’impact sanitaire, notamment des particules ultrafines (de diamètre inférieur à 100 nm), est de plus en plus reconnu. En modifiant le bilan radiatif de l’atmosphère et la microphysique des nuages, les aérosols jouent un rôle important dans la problématique du changement climatique. Enfin, ils sont susceptibles de catalyser certaines réactions entre composés gazeux et peuvent ainsi altérer le bilan de ces espèces dans l’atmosphère. L’intensité de ces effets (sanitaire, climatique, catalytique) dépend à la fois de la composition chimique des aérosols, de leur distribution en taille, et de leurs caractéristiques de surface. Il convient alors de mieux comprendre ces différentes caractéristiques des aérosols. En particulier les processus de formation et d’altération d’aérosols organiques sont toujours mal connus. L’action CHAT souhaite soutenir plus particulièrement des études portant sur : l’utilisation de mesures spatiales, disponibles ou programmées, afin de déterminer aux grandes échelles la variabilité spatio-temporelle et les caractéristiques (taille, composition) de l’aérosol ; le mécanisme de formation des aérosols secondaires, notamment à partir de précurseurs organiques (avec des expériences de terrain couplées aux expériences de laboratoire ou de modélisation, pour une caractérisation de nouvelles voies réactionnelles pouvant créer des aérosols,…) ; la relation entre propriétés chimiques et optiques (albédo de simple diffusion, taux d’échauffement atmosphérique,…) ; les propriétés hygroscopiques des particules, en particulier le rôle de la matière organique (évolution de ces propriétés lors du vieillissement des aérosols, mesures sur le terrain de ces propriétés, rôle dans le processus d’activation de nuages, rôle de la surface,…) ; identification de la fraction volatile des aérosols (nitrates d’ammonium, AOS, …) ; l’interaction entre les particules et les photooxydants, en particulier l’ozone (études de réactivité en laboratoire, rôle de la surface, en liaison avec des études en laboratoire,…) ; les relations entre modèles et expérience (développement de nouveaux modules numériques en s’appuyant sur les résultats des grandes campagnes d’observations, paramétrisation pour les modèles 3D,…). Concernant les points 3 et 4 ci-dessus (« propriétés chimiques et optiques » et « propriétés hygroscopiques »), il est entendu qu’une communauté sera encore engagée dans l’expérience AMMA partie importante de la (avec un financement par l’API-AMMA). Par ailleurs, un couplage entre expériences de laboratoire et de terrain est encouragé. 3. Chimie et microphysique des nuages Les nuages redistribuent les gaz et les aérosols émis depuis la surface vers la troposphère libre et la haute troposphère. Ils interfèrent avec les rayonnements solaire et infrarouge, altérant ainsi à la fois la photochimie de l'atmosphère et son bilan radiatif. Les précipitations dans les nuages chauds ou mixtes éliminent tout ou partie des gaz et aérosols les plus solubles. Enfin, les hydrométéores sont un milieu très favorable pour des transformations chimiques rapides qui affectent à la fois les gaz et les aérosols. Le rôle des hydrométéores glacés reste, quant à lui, mal connu à ce jour. Les nuages agissent ainsi sur la capacité oxydante de l'atmosphère, les propriétés chimiques et radiatives des aérosols et finalement à plus long terme sur l'évolution du climat. L’action CHAT souhaite soutenir plus particulièrement des études portant sur : la chimie en phase glace et, plus généralement, en phase mixte (photochimie en phase aqueuse, études des propriétés géométriques et chimiques des noyaux glaçogènes, altération du pouvoir glaçogène par la matière organique ou les microorganismes,…) ; l'impact des nuages sur les aérosols et les gaz (transport vertical, lessivage, formation de nouvelles particules, formation de COV oxygénés spécifiques à la phase aqueuse ...) ; l'impact des aérosols sur les propriétés optiques et les phases des nuages (sensibilité à la composition chimique des aérosols, ...), cet aspect pouvant bénéficier d’observations satellitales ; la modélisation du rôle des nuages (incorporation des aérosols et des gaz, propriétés optiques et phase des nuages en fonction de la composition,…) Au sein de ce thème, un aspect intéressant à développer est le transfert de connaissance depuis la recherche fondamentale vers la paramétrisation des processus dans les modèles micro-physiques, voire météorologiques et climatiques. Dans ce cadre. des interactions avec les actions IDAO et EVE sont encouragées. 4. Bilan des espèces traces dans la haute troposphère et la basse stratosphère La composition chimique comme la météorologie de la haute troposphère et de la basse stratosphère (UTLS), entre 10 et 25 km, varient sous l’impact des rejets anthropiques et des variations climatiques. Une des priorités doit être donnée à la compréhension des mécanismes qui contrôlent les variations de l’ozone et de la vapeur d’eau dans la haute troposphère/basse stratosphère. L'objectif est d’en comprendre à la fois les causes, l’impact sur le rayonnement UV au sol et sur le climat et, si possible, en prévoir l’évolution à long terme. Parmi les mécanismes intégrant à la fois la chimie et le transport, l’action CHAT souhaite soutenir les deux axes prioritaires suivant : la chimie de la haute troposphère/basse stratosphère et la composition de l’air entrant dans la stratosphère (transport vertical convectif, advection de grande échelle, échanges mésosphère-stratosphère-troposphère, mécanismes source de la vapeur d’eau stratosphérique, processus microphysiques et chimiques dans les nuages et les aérosols, flux d’espèces chimiques émises en surface,…) ; le bilan de l’ozone dans la basse stratosphère (tropiques, moyennes latitudes, régions polaires) ; la priorité est mise sur l’analyse de nouvelles données satellitales, la modélisation du transport et de la photochimie, et l’utilisation de techniques d’assimilations. L’action CHAT soutiendra également l’analyse des données fournies par les campagnes européennes passées ou à venir, par les Réseaux d’Observations et par les moyens d'observation avion, ballon et spatiaux. 5. Emissions et dépôts de constituants atmosphériques réactifs sous forme gazeuse et particulaire La connaissance des émissions conditionne largement la pertinence des simulations aussi bien en matière de climat que de pollution et qualité de l’air, et les dépôts sont un terme essentiel du bilan des espèces chimiques. En raison du domaine d’intervention de l’action CHAT, on s’intéressera ici surtout aux composés réactifs ayant une influence significative sur la chimie atmosphérique. Néanmoins, des travaux ayant pour objet les POP (polluants organiques persistants) font également partie de l’AO. Dans ce domaine, l’action CHAT souhaite soutenir des actions portant sur : le développement de modèles d’émissions et dépôts de constituants sur les surfaces naturelles, applicables aux espèces réactives et aux aérosols et intégrant l’interaction entre atmosphère, sol, eaux et végétation ; le développement de méthodes d’agrégation des émissions et dépôts à l’échelle d’une maille de modèle atmosphérique, l’objectif étant de prendre en compte les hétérogénéités des surfaces naturelles ; le développement de méthodologies de construction de cadastres d’émissions. Dans le cadre de ces actions, il est demandé de s’attacher à l’évaluation de l’incertitude des modèles et cadastres, notamment par comparaison avec des observations et par le biais de la modélisation inverse. Ces travaux devront être conçus en vue d’une utilisation des résultats, méthodes et modèles par des modèles de chimie atmosphérique. Concernant les émissions et dépôts, certains projets peuvent nécessiter de s’intéresser au métabolisme des plantes et des micro-organismes du sol ou au fonctionnement des écosystèmes. Ce type d’études spécifiques est cependant plus du ressort de l’action interorganisme EC2CO. Les cinq actions de caractère plus fondamental sont accompagnées de la mise en œuvre d'études amont et d'outils transversaux indispensables. A. Etudes des processus physico-chimiques atmosphériques en laboratoire Les études cinétiques et mécanistiques en laboratoire constituent un axe de recherche transverse aux actions thématiques prioritaires définies précédemment. Ces études devront permettre d’améliorer les codes chimiques servant à une description correcte de l’évolution des différentes espèces réactives dans l’atmosphère. Elles devront également permettre d’améliorer les méthodes théoriques visant à estimer les cinétiques et mécanismes chimiques difficilement mesurables expérimentalement. L’action CHAT souhaite une imbrication marquée entre chimie homogène et hétérogène. Elle soutiendra plus particulièrement des études portant sur : le mécanisme de formation des aérosols secondaires, notamment les processus de nucléation à partir de précurseurs organiques (identification de précurseurs gazeux aboutissant à la formation de nouvelles particules, caractérisation de nouvelles voies réactionnelles - multiphasiques ou non - pouvant créer des aérosols,…) ; l’interaction entre les particules et les photo-oxydants, en particulier l’ozone (liaison avec des études en terrain) ; l’évolution de la composition chimique des aérosols et de l’état de surface lors de leur séjour dans l’atmosphère (lien avec l’hygroscopicité et la réactivité) ; les réactions impliquant les composés atmosphériques à basse température (180230K) en liaison avec la modélisation moléculaire. Il est souhaité qu’un lien fort soit établi avec les spectroscopistes dans le cadre de développements de nouvelles techniques expérimentales ou théoriques ainsi qu’avec les chimistes analytiques. B. Etudes spectroscopiques d’espèces atmosphériques Cette action résulte de la nécessité d'améliorer les paramètres spectroscopiques afin de rendre plus opérationnels les moyens de mesures optiques dans l’atmosphère à partir de différentes plateformes (sol, avion, ballon, satellite), en particulier les sondeurs spatiaux à l'horizon de quelques années et d’étendre leur champ d'investigation à la troposphère. L’action CHAT se propose de soutenir des recherches en laboratoire en accompagnement scientifique des expériences atmosphériques en cours ou prévues utilisant la spectroscopie (micro-onde, infrarouge, visible-UV). Il s'agira plus particulièrement : d’améliorer des paramètres spectroscopiques d’espèces déjà étudiées mais absorbant dans de larges domaines spectraux (H2O, O3, CH4, HNO3…) en faisant porter l’effort sur la cohérence dans les différents domaines spectraux ; de déterminer, spectroscopiques expérimentalement d'espèces d’intérêt ou théoriquement atmosphérique instables les paramètres et/ou réactives (ClONO2, HNO3, BrONO2, Cl2O2…); d’étudier la spectroscopie ou les propriétés optiques d’espèces troposphériques encore peu étudiées (PAN, COV, COV oxygénés, aérosols, agrégats,…) ; de développer de nouvelles techniques de mesures optiques (spectroscopie diode laser, CRDS,…) soit au laboratoire, soit sur le terrain, plus sensibles que les méthodes actuelles, en liaison avec les besoins de la communauté atmosphérique ; de réaliser des études préparatoires et de définition de futurs sondeurs spatiaux pour la chimie troposphérique. Il est souhaité qu’un lien fort soit établi avec les chimistes de laboratoire dans le cadre de développements de nouvelles techniques expérimentales ou théoriques. C. Instrumentation Cette action est indispensable car l’étude de la chimie de l’atmosphère est avant tout fondée sur l’existence de mesures. Bien qu’une large panoplie de capteurs d’espèces chimiques et d’aérosols soit aujourd’hui disponible, il est indispensable de poursuivre le travail de développement instrumental pour en améliorer les performances (précision, constante de temps), l’utilisation (miniaturisation et embarquement sur des platesformes variées) et les possibilités de détection d’espèces encore difficiles à atteindre. Par ailleurs, grâce à l'émergence de nouvelles techniques d'observation in situ et l'adaptation de ces techniques aux mesures aéroportées, une meilleure compréhension des systèmes multiphasiques peut être envisagée. Enfin, un aspect particulièrement important est l’adaptation aux mesures de chimie de l’atmosphère de technologies développées pour d’autres finalités (spectrométrie de masse, CRDS,…). L’action CHAT souhaite plus précisément soutenir des actions portant sur : le développement de méthodes de mesures rapides de flux d’espèces réactives et particules ; le développement de méthodes permettant d’accéder aux profils verticaux dans la couche limite planétaire d’espèces d’intérêt pour la qualité de l’air ou intervenant dans les cycles photochimiques (O3, NOx, COV, radicaux, particules…) ; le développement de mesures in situ dans le domaine de la chimie/microphysique de nuages ; les nouvelles techniques de mesures, en particulier les études des aérosols par spectroscopie ainsi que l’optimisation de technique existantes pour la caractérisation du carbone organique (fiabilité et qualité des méthodes existantes et réflexion sur le dégrée de spéciation nécessaire) . Les développements instrumentaux aéroportés devront se faire en liaison avec le Comité Scientifique des Avions de Recherche Atmosphérique et de Télédétection (CSTA). La définition de Procédures Assurance Qualité est vivement encouragée, ainsi que la mise en place d’expériences dédiées à l’amélioration de la précision des systèmes de mesure. D. Outils et méthodes pour la modélisation et l’assimilation Les modèles numériques et les systèmes d’assimilation sont des outils intégrateurs et jouent ainsi un rôle transversal au sein de l’action CHAT. Au cours du précédent PNCA, des projets coordonnés ont permis l’émergence d’outils maintenant reconnus au plan international, tant pour la modélisation de la grande échelle et du climat, que pour la prévision de la qualité de l’air, le soutien aux campagnes de mesure ou encore les études de processus. Si certains outils et modèles ont atteint la maturité suffisante pour être largement impliqués dans des propositions thématiques, l’action CHAT désire encourager la poursuite des projets coordonnés d’assimilation et de modélisation dans le domaine de la chimie atmosphérique notamment en relation avec la modélisation du climat, de manière à favoriser la poursuite et la consolidation des collaborations engagées et à fédérer les compétences nationales dans ces domaines très compétitifs au plan international (dans la perspective de GMES). Le volet assimilation de l’AO de l’action CHAT est complémentaire à l’AO de l’action Assimilation. Les travaux soutenus par CHAT viseront plutôt l’application de méthodes d’assimilation aux problèmes de la chimie atmosphérique, tandis que l’action Assimilation vise des développements méthodologiques plus fondamentaux. INFORMATIONS SUR LE FONCTIONNEMENT de l’action CHAT Dans son fonctionnement, l’action CHAT soutiendra en priorité des propositions coordonnées pluriannuelles réunissant plusieurs équipes avec des compétences complémentaires. Cependant, environ 1/5ème du budget total pourra être consacré au soutien de propositions présentant un caractère particulièrement novateur. Les équipes soutenues par CHAT doivent s’engager explicitement dans leur proposition à rendre leurs résultats disponibles à la communauté via la base de données Ether (en particulier les observations issues de campagnes ou continues, mais aussi les simulations). Ils s’engagent à présenter leurs résultats lors de journées thématiques de restitution. ACTION « Cycles Biogéochimiques, Environnement et Ressources » (CYBER) Les modifications des forçages physiques (e.g. température, UV, régimes de vents, érosion) ou chimiques (e.g. CO2, pH) résultant du changement global et de l’augmentation des teneurs en gaz à effet de serre, sont susceptibles de modifier la biodiversité marine, la structuration et le fonctionnement des écosystèmes marins, ainsi que le niveau des ressources exploitables, les cycles biogéochimiques et finalement les flux d’éléments aux interfaces avec les autres réservoirs (atmosphère, terre). Les perturbations ressenties par le biotope peuvent rétroagir sur le climat en modifiant notamment la concentration atmosphérique de certains gaz impliqués dans l’évolution du climat (e.g. DMS, composés halogénés), ou en affectant le bilan thermique de l'océan superficiel. Malgré l’avancée des connaissances obtenues dans le cadre des grands programmes tels que JGOFS ou GLOBEC, les mécanismes abiotiques et biotiques par lesquels la variabilité du climat affecte les écosystèmes restent encore assez mal quantifiés, ce qui restreint notre capacité à prédire les changements futurs des cycles biogéochimiques et la modification des écosystèmes. Les rétroactions éventuelles des cycles biogéochimiques sur l’évolution du climat sont encore plus difficiles à prédire. C’est pourquoi, la compréhension et la paramétrisation de ces rétroactions restent essentielles pour réduire les incertitudes sur les simulations du climat. L’objectif général de CYBER est de favoriser l’émergence de recherches pluridisciplinaires. Le spectre des recherches potentiellement couvertes par CYBER s’étend des études de processus aux études globales. Ces études visent à l’acquisition des connaissances permettant rétroaction) de comprendre, entre climat, quantifier cycles et modéliser biogéochimiques et les interactions écosystèmes (impact marins. et Ces recherches, qui seront fortement ancrées dans le contexte programmatique international, s’appuieront globalement sur deux grandes catégories d’études : d’une part, des études à caractère générique, à sensibilité plus biologique (thème 1) ou géochimique (thème 2), se focalisant sur des processus ou des variables clés dont la paramétrisation apparaît essentielle pour la compréhension du système couplé climat cycles biogéochimiques - écosystèmes ; d’autre part, des études ciblées sur des objets, en l’occurrence deux interfaces majeures de l’océan, les marges continentales (thème 3) et l’interface océan - atmosphère (thème 4), dont il est désormais essentiel d’apprécier l’importance dans le cadre d’une approche intégrée et globale du domaine océanique. En 2009, des actions préparatoires au futur Chantier Méditerranée sont particulièrement attendues. 1. Structure des écosystèmes, diversité fonctionnelle et cycles biogéochimiques : observation, quantification et représentation dans les modèles. L’étude des interactions entre climat et cycles biogéochimiques nécessite de comprendre comment les communautés biologiques (du virus au poisson) s’adaptent aux modifications de l'environnement à différentes échelles de temps et d’espace et, en retour, contribuent à la modification des cycles. Dans ce thème, il est attendu un regroupement des communautés de biologistes, chimistes et physiciens qui ambitionnent de comprendre et de quantifier la réponse des organismes vivants et des cycles biogéochimiques à la variabilité des forçages physique et chimique, qu’ils soient d’origine naturelle, anthropique ou climatique. L’action recommande en particulier de : Améliorer la représentation des types fonctionnels du plancton dans les modèles couplés climat-cycles biogéochimiques. Pour apprécier et tenter de réduire les incertitudes inhérentes à ces modèles, un effort particulier sera porté dans trois directions : Définir ou préciser les constantes écophysiologiques (production, respiration, assimilation d’éléments, broutage, mortalité) des types fonctionnels du plancton, en particulier hétérotrophes (bactéries, zooplancton). Ces études pourront notamment inclure des analyses de sensibilité simulant expérimentalement des scenarii d’évolution climatique (impact du changement de pCO 2, des UV ou de la température). Regrouper les observations existantes, en réaliser de nouvelles ou développer des outils permettant de quantifier les types fonctionnels du plancton. Réaliser des exercices de validation de ces modèles sur des jeux de données les plus complets et réalistes possible. Explorer la biodiversité dans le domaine pélagique : isolation et caractérisation de nouveaux groupes planctoniques ; évaluation de leur impact éventuel sur les cycles biogéochimiques en quantifiant leur abondance ainsi que leurs taux métabolique et reproductif. Un effort particulier sera mis sur les fixateurs d’azote, les archeae, les bactéries photo-hétérotrophes et les organismes mixotrophes. Evaluer l’impact des processus physiques à sub-mesoéchelle et mésoéchelle sur la structuration des écosystèmes et les cycles biogéochimiques. Ces recherches, jusqu’alors essentiellement limitées à des expérimentations numériques, devront être poursuivies en tentant de s’appuyer sur des observations conduites aux mêmes échelles et permettant de valider les simulations. La description fine des mécanismes à petites échelles ne prendra toutefois tout son sens que replacée dans le contexte de la représentation des cycles biogéochimiques océaniques à plus grandes échelles. Améliorer la représentation des interactions trophiques. La compréhension des mécanismes physiques chimiques et biologiques, présidant à l'établissement, au maintien ou au remplacement d'un type de réseau trophique devra être abordée en même temps que celle des répercussions éventuelles sur les ressources vivantes exploitables. Ce thème relève de la contribution française aux programmes IMBER et GLOBEC et au Réseau d’excellence EUR-OCEANS 2. Cycles biogéochimiques des éléments traces et de leurs isotopes. Les éléments traces et leurs isotopes jouent un rôle fondamental comme nutriments et comme traceurs des processus actuels et passés dans l’océan. Notamment, la compréhension de leur cycle biogéochimique est essentielle pour les recherches relatives au cycle du carbone, au changement climatique et au fonctionnement des écosystèmes océaniques. Par le passé, le manque de connaissances a été un frein aux avancées dans ce domaine, mais grâce à des progrès méthodologiques récents (échantillonnage et analyse), il existe désormais un fort potentiel pour améliorer la compréhension de ces cycles. Dans ce cadre, l’action soutiendra les recherches visant à : Déterminer la distribution globale de certains éléments traces et isotopes clés en incluant leur quantification, leur spéciation chimique. Evaluer les sources et puits ainsi que les cycles internes des espèces chimiques pour mieux contraindre les processus physiques, chimiques et biologiques qui régulent leur distribution. En particulier, l’étude du comportement des éléments traces ou isotopes régulés par l’activité biologique devra être associée à la mesure de paramètres biologiques simples permettant d’évaluer la biomasse et/ou l’activité des groupes impliqués (e.g. phytoplancton, bacterioplancton…). Acquérir des connaissances suffisantes sur les processus déterminants dans le cycle des éléments traces afin de prédire leurs réponses au changement global et d’appréhender leur impact sur le cycle du carbone et le climat. Comprendre les processus qui contrôlent les traceurs utilisés comme proxis des paléo-environnements. Cette action requiert nécessairement d’associer les efforts des paléo-océanographes à ceux des océanographes. Ce thème représente la contribution française au programme GEOTRACES (voir aussi thème3) 3. Processus biologiques continentales et biogéochimiques au niveau des marges Les marges, interfaces entre les domaines côtier et hauturier, jouent un rôle essentiel dans la chimie, la biogéochimie et la production globale des océans. Bien que la communauté océanographique ait depuis plusieurs années pris conscience de la nécessité d’étudier ces zones, la complexité et la variété des échelles de processus à prendre en compte ont certainement contribué à ralentir l’émergence de recherches intégrées. L’apport de nouvelles techniques (modélisation aux fines échelles, observations in situ haute fréquence, télédétection et utilisation de nouveaux proxis) devrait désormais permettre de relever ce défi. Les questions importantes devront être posées dans un contexte océanographique préalablement bien ciblé ; les réponses à ces questions vont donc requérir, ici plus qu’ailleurs, un effort pluridisciplinaire reposant notamment, pour certains projets, sur des actions concertées transversales à CYBER et au PNEC. Pour la partie relevant de l’action CYBER les recherches sur les domaines suivants sont considérées comme prioritaires : En géochimie et biogéochimie: Quantification des transferts et des transformations d’éléments chimiques, y compris certains polluants organiques et métalliques, entre la zone côtière et le large. Export du sédiment vers le large et les fonds océaniques. Sensibilité de ces processus au changement climatique et aux événements extrêmes. Impact des fleuves sur le cycle du CO2. Anoxie en zone de marge : impact sur l’accumulation et l’enfouissement de matière et sur les cycles du carbone et de l’azote. En biologie des populations: Impact du transport des éléments chimiques et biologiques entre les zones côtières et hauturières sur la biodiversité, la biogéochimie et la productivité des marges continentales. Impact des processus physiques et chimiques en zone de marge sur la structuration de réseaux trophiques, notamment ceux favorables au recrutement d’espèces halieutiques hauturières (développement d’approches « end-to-end »). Amplification éventuelle de la productivité à l’interface côtier-hauturier et implications dans les flux biogéochimiques et trophiques. Ce thème représente la contribution française au programme LOICZ II, IMBER et GEOTRACES 4. Processus biologiques Atmosphère et biogéochimiques à l’interface Océan- L'évolution admise du climat a accru notre besoin de comprendre d'une part comment celle-ci influence les processus physiques et biogéochimiques dans le système couplé océan-atmosphère, et d'autre part, comment ce système rétroagit sur le climat. Dans ce thème, il est attendu qu'océanographes et atmosphériciens ayant une expertise notamment sur les gaz importants pour le climat, les aérosols, le transfert radiatif et la photochimie, joignent leurs efforts pour améliorer la compréhension des processus responsables des sources et puits de ces gaz dans l'océan superficiel, leur échange à l'interface air-mer, ainsi que leur influence sur la chimie de l'atmosphère. CYBER encourage les recherches suivantes sur : Le rôle des processus photo-chimiques et photo-biologiques sur les échanges de matière à l’interface. En particulier, un effort particulier sera porté sur l’étude des processus dans la micro-couche de surface. Les flux de CO2 à l'interface air-mer représentent un échange fondamental entre les deux réservoirs dans le cadre du cycle global du carbone. Non seulement les observations sur ces flux doivent être pérennisées, mais les études sur les mécanismes physiques et biologiques qui en sont à l’origine doivent être renforcées. La production de gaz intervenant dans l’évolution du climat (e.g. DMS). Les études viseront à mieux comprendre et quantifier les processus biologiques et chimiques contrôlant leur production et leur concentrations marines. L’impact des dépôts atmosphériques (émissions anthropiques et naturelles) sur les cycles biogéochimiques dans l’océan de surface, et notamment sur la fixation d’azote. Un effort sera également porté sur les processus chimiques responsables d’une modification de la bio-disponibilité des nutriments dans l’atmosphère. Ce thème relève de la contribution française au programme SOLAS. Note importante : Les porteurs de projets relevant de l’action CYBER peuvent bénéficier du soutien de deux services nationaux : La cellule base de données gère, en étroite concertation avec les porteurs de projets, le dimensionnement a priori de la base de données ainsi que l’alimentation régulière et les réactualisations de cette base au cours du déroulement du projet. Le comité scientifique juge essentiel que les données acquises soient visibles durant la vie du projet, puis disponibles à la fin de celui-ci. La cellule « pièges à particules intervient dans le traitement et l’analyse de paramètres de base des échantillons de pièges à particules. Elle s’occupe également de la gestion de l’archive d’échantillons de la série « Dyfamed », depuis 2007. L’utilisation de cette archive se fait au travers de projets scientifiques soumis à l’AO LEFE et évalués par le comité scientifique CYBER. ACTION « Interactions et dynamique de l'atmosphère et de l'océan » (IDAO) IDAO vise à la compréhension de la dynamique des enveloppes fluides de la planète par l'approche expérimentale, théorique et numérique des phénomènes atmosphériques, océaniques et de leurs interactions, des échelles locales à globales, des périodes diurne à décennale. IDAO encourage ainsi les travaux sur : les processus météorologiques et leurs interactions avec les surfaces sous-jacentes, aux échelles locales, moyennes et planétaires, en relation notamment avec le cycle de l'eau, sous les tropiques, aux latitudes tempérées et polaires ; les mécanismes conditionnant la circulation océanique et les transports associés de matière et d'énergie, à l'échelle globale, au niveau des différents bassins, à l'interface entre le talus et le plateau continental, dans les domaines côtier et littoral ; les processus concernant la cryosphère (banquise, calotte, glaciers, pergélisol, surfaces enneigées), leurs interactions avec les milieux atmosphériques et océaniques, l’impact climatique aux échelles pluri-annuelles. la variabilité du système couplé océan – atmosphère – continents – glace, aux périodes intra-saisonnières à décennales, concernant notamment les caractéristiques d'évolution, de périodicité, d'instabilité (transitions rapides, processus à seuil, évènements extrêmes, ... ), de prévisibilité, ainsi que la régionalisation de l'évolution climatique ; les échanges aux interfaces entre milieux (atmosphère, hydrosphère, lithosphère, cryosphère) et barrières (couche limite – troposphère libre, tropopause, couche mélangée - océan profond, eau douce – eau de mer, ... ) en terme de structures, d'échelles caractéristiques, de flux, de circulations induites ; les interactions entre échelles spatiales et temporelles (de la turbulence à la variabilité pluri-annuelle) atmosphérique, et perturbations entre processus (par météorologiques et ex. dynamique hydrologie, et chimie biogéochimie et circulation océanique, couplages entre l'atmosphère et les surfaces continentales et océaniques, ... ) dans le cadre de projets coopératifs avec d'autres actions de LEFE. Dans ce cadre, IDAO soutient la mise en place de coordinations fédérant les activités d'équipes travaillant par différentes approches sur des thèmes communs, ou sur différents aspects de thématiques complexes ; participe à la définition, la coordination, le suivi et l'évaluation de projets coopératifs au niveau national et international ; encourage les initiatives originales, notamment théoriques, susceptibles de donner lieu à des avancées numériques ou expérimentales. Les projets soumis à IDAO s'appuieront notamment sur : la valorisation de jeux de données existants (campagnes d'observation, expériences numériques, analyses opérationnelles et réanalyses, observations spatiales, ... ), notamment grâce à l'assimilation dans des modèles numériques, en relation éventuelle avec l’action « Assimilation » de LEFE pour les aspects techniques ; l'acquisition de mesures in situ et par télédétection, éventuellement lors de campagnes coopératives de mesures, dans un cadre national ou international ; des études numériques à l'aide de codes communautaires, les nouvelles approches avec les simulations par ensembles (en fonction de conditions initiales, de paramétrisations, de couplages externes, ... ), l'évaluation des performances et des caractéristiques des modèles (statistiques d'erreur, conditions d'équilibre, rétroactions internes, ... ) ; la dynamique des fluides expérimentale avec l'utilisation de plates-formes dédiées ; certains développements instrumentaux originaux liés à un objectif scientifique identifié dans le cadre IDAO, dans la mesure des moyens disponibles. Les thèmes prioritaires de IDAO sont détaillés ci-dessous. 1. Processus Atmosphériques Ces études concernent les perturbations du cycle énergétique atmosphérique (systèmes dépressionnaires et pluvio-nuageux des latitudes moyennes et tropicales, phénomènes conditionnés par les interactions avec la surface continentale ou océanique, ... ) afin de faire progresser la compréhension, la modélisation, la paramétrisation, et la prévision. Par ailleurs, le développement des recherches sur les interactions entre milieux ou processus est souhaité : dynamique de l'atmosphère et hydrologie, microphysique des nuages et rayonnement, dynamique et thermodynamique de l’atmosphère urbaine et pollution, impact du couplage océan-atmosphère, ... 1.Météorologie tropicale (en dehors des actions relevant de l'API AMMA) Les études relatives aux phénomènes de grande échelle (équilibres globaux radiation / convection / flux océan – atmosphère, ondes tropicales, moussons, ... ), d'échelle synoptique (zone de convergence inter-tropicale, épisodes de vent d'ouest, interactions tropiques – latitudes moyennes, ... ), et de moyenne échelle (cyclones tropicaux, systèmes convectifs, précipitations, zones sèches, ... ) sont encouragées, ainsi que les travaux concernant la variabilité intra-saisonnière à interannuelle, et les spécificités de la modélisation numérique en régions tropicales (paramétrisation de la convection, conditions d'équilibre, assimilation des données, statistiques d'erreur, échelles à résoudre, ... ). Les travaux préparant l’exploitation scientifique des futures données de la mission MEGHA-TROPIQUES (lancement prévu en 2009) sont encouragés dans le cadre de la coordination nationale des actions scientifiques MEGHA-TROPIQUES. Les projets seront coordonnés par Rémy Roca (LMD) et Nicolas Viltard (CETP). 2. Météorologie des moyennes et hautes latitudes Dans le cadre de la future expérience méditerranéenne HYMEX, les études concernant le forçage synoptique, l’évolution des systèmes dépressionnaires et la génération de précipitations intenses sont encouragées. Ces propositions seront coordonnées par les responsables du projet : Véronique Ducrocq (CNRM, Toulouse, [email protected]) et Philippe Drobinski (SA, Paris, [email protected]). Est aussi soutenue l’exploitation des données du projet international COPS, axé vers la prévision quantitative des précipitations avec un suivi du cycle de l'eau depuis l'humidité et les aérosols jusqu'aux précipitations, dans le contexte de la convection continentale estivale. Les propositions devront être envoyées à Evelyne Richard (Laboratoire d'Aérologie, Toulouse ; [email protected]) qui les coordonnera. Les recherches relatives à la prévisibilité des perturbations atmosphériques dans le cadre de THORPEX sont encouragées, par l'utilisation optimale d'observations ou par la mise en oeuvre de nouvelles approches en modélisation, adjoints et/ou ensembles y compris à mésoéchelle. Des propositions, axées sur les processus polaires et leurs interactions avec la circulation globale, pourront être faites dans le contexte de l’année polaire internationale. Le but est d'améliorer la prévision numérique du temps et les simulations climatiques dans les régions polaires par l'exploitation des données in-situ, aéroportées et satellitaires, et par des systèmes de modélisation avancés. 3. Physique des nuages Sont encouragées des propositions relatives à la formation et évolution des hydrométéores dans des nuages précipitants ou non, l’électricité atmosphérique, la géostatistique de la pluie et le couplage avec les modèles hydrologiques, les interactions microphysique – dynamique – rayonnement, le développement de techniques d'observations, l'amélioration de la représentation des nuages dans les modèles atmosphériques et de climat, les rétroactions des nuages sur le climat, ... L’exploitation scientifique de données spatiales (satellites de l’AQUA-Train, Meteosat-9, METOP, …) et de mesures de surface (ex : instrumentation au SIRTA) se rapportant à l’observation des nuages pourra être soutenue. Les études concernant les relations entre les propriétés physico-chimiques des aérosols et leur rôle dans la nucléation nuageuse, des échelles locales à globales, pourront faire l'objet de propositions soumises conjointement à IDAO et à l’action « Chimie Atmosphérique » de LEFE. 4. Phénomènes de couche limite : La priorité est donnée aux phénomènes se produisant en terrain complexe, et à la caractérisation des flux aux interfaces. Dans le domaine de la « Météorologie Urbaine », en incluant le climat urbain ou les relations avec la pollution urbaine, les études de processus dynamiques, thermodynamiques et radiatifs, devront concerner les questions suivantes : quantification et modélisation des échanges entre zones urbaines ou péri-urbaines et l’atmosphère ; interactions dynamique et thermodynamique dans la couche limite urbaine ; problèmes de mesure : flux turbulents en ville, microclimat des rues, évaluation de mesures par télédétection ... ; changement à long terme du climat urbain ; Le couplage océan-atmosphère est également un thème important car ce phénomène joue un rôle majeur dans le développement de perturbations atmosphériques à toutes les latitudes, et pour l'entretien des circulations océaniques à diverses échelles spatiotemporelles. Les études expérimentales et numériques concernant les relations entre la couche limite atmosphérique et la couche mélangée océanique sont encouragées. 2. Océanographie La compréhension et la modélisation des circulations océaniques et des interactions océan – continent – atmosphère – glace requièrent l’étude couplée à différentes échelles spatiales et temporelles des flux aux interfaces, de la dynamique océanique et des mécanismes de mélange. Dans ce cadre, IDAO incite à l'utilisation de données (par ex. observations par satellites, campagnes à la mer) et d'analyses numériques (par ex. DRAKKAR, MERCATOR, … ) disponibles, ainsi qu’à la recherche d’applications potentiellement utiles pour l'océanographie opérationnelle (côtière et hauturière) en liaison avec le GMMC (Groupe de Mission MERCATOR-CORIOLIS). Un renforcement de l'étude de la dynamique côtière et littorale est souhaité, en vue notamment d'améliorer la compréhension des processus hydrodynamiques et des couplages entre circulations – apports continentaux – écosystèmes. Les projets concernant les interactions entre circulations côtière et hauturière sont aussi encouragés. Les propositions concernant la Méditerranée devront expliciter leur positionnement dans le contexte des initiatives en cours sur le Chantier Méditerranée (voir note ci-dessus p.2). 1. Océanographie à Grande Echelle Les objectifs prioritaires concernent l'observation, la compréhension, la modélisation, la paramétrisation des processus dynamiques qui conditionnent la circulation océanique à l'échelle globale et à celle des bassins, et les transports associés de matière et d’énergie, sur les thèmes suivants : processus mettant en jeu la bathymétrie, le mélange, la convection profonde, les structures cohérentes, la formation de masses d’eau ; forçages de surface : couche de mélange océanique, détermination et paramétrisation des flux océan – atmosphère, détermination des flux à grande échelle, en particulier par l’utilisation des données satellitaires et l’intégration d'échelles, rôle de la glace de mer. Une coopération entre les équipes météorologiques spécialisées dans les interactions océan – atmosphère et les équipes impliquées dans l’étude des circulations océaniques est ici particulièrement souhaitable ; quantification de l'influence de la méso-échelle océanique dans les échanges océan – atmosphère; quantification des échelles efficaces du forçage atmosphérique des circulations, en particulier aux hautes fréquences (cycle diurne, période inertielle) et conséquences sur le couplage des modèles océan – atmosphère; étude des processus au niveau des marges océaniques (marge et talus continental, transitions entre bassins océaniques). 2. Océanographie à Moyenne Echelle IDAO soutient les projets s'appuyant sur des données in-situ, des observations satellitaires et des résultats de modélisation: étude des mouvements verticaux des masses d’eau (par ex : subduction, « cascading »…), de l’enfouissement de carbone et des processus de mésoéchelle. Sont également encouragées les études permettant d’identifier le rôle de la dynamique océanique et des échanges océan – atmosphère sur les écosystèmes marins et leur évolution (production et export de matière organique), sur la production océanique, sur les échanges de CO2 et d’autres constituants à l’interface aux échelles de temps allant de l’intra-saisonnier au pluri-annuel. Les points importants concernent les couplages d’échelles entre processus physiques et biologiques en association par exemple avec les fronts océaniques, les structures tourbillonnaires de méso-échelle et les systèmes d’upwelling. Toute proposition dans ce domaine devra être soumise conjointement aux actions LEFE / IDAO et CYBER. 3. Océanographie Côtière Cette partie concerne la circulation sur le talus et le plateau et son interaction avec la circulation de bassin, le rôle des flux atmosphériques et notamment du vent à mésoéchelle, l'étude de la dynamique océanique à méso- et sub-méso-échelle incluant notamment la formation d'eau dense, le rôle des panaches fluviaux et l'influence de la topographie du talus ou du plateau. Une attention particulière est accordée aux transferts d'énergie et de matière au travers du talus continental, ainsi qu'aux effets de mélange et de dissipation induits par la couche limite de fond. Dans ce contexte, sont encouragés : le développement et la valorisation de bases de données hydrologiques et courantologiques adaptées à ces études de processus ; le développement et la valorisation de bases de données atmosphériques, notamment à haute résolution spatio-temporelle, destinées aux forçages des modèles; le développement et la validation des modèles de circulation côtière, et leur couplage avec les modèles hauturiers ; l’étude de l'apport des observations disponibles par l'intermédiaire de l'assimilation de données (dans un contexte de coopération avec le GMMC et en relation éventuelle avec l'océanographie opérationnelle) ; la préparation d'une action intégrée pluriannuelle associant observations, modélisations et assimilation dans le but (i) d'améliorer la connaissance des processus, leur modélisation et leur prédictibilité, et (ii) de soutenir le transfert d’expertise de la communauté scientifique vers l’opérationnel (contexte EPIGRAM sur l’Atlantique, cadre Chantier Méditerranée) ; les études sur les ondes internes d’inertie-gravité (mécanismes de génération, dynamique non linéaire et déferlement) au moyen de modèles réalistes ou académiques, outils théoriques et approches expérimentales (en laboratoire ou dans le cadre de campagnes à la mer incluant des mesures spécifiques permettant de mieux quantifier l’impact de ces ondes sur la dissipation d’énergie et la mélange) ; Les propositions relatives au thème des ondes internes seront envoyées à Pascale Bouruet-Aubertot (LODYC, Paris ; [email protected]) qui les coordonnera. 4. Littoral Dans ce domaine, les priorités concernent les apports continentaux, les processus hydrodynamiques qui contrôlent le transport sédimentaire et les évolutions morphologiques en domaine littoral, et plus particulièrement : la dynamique des ondes de gravité (houle, marée, onde interne) et les circulations induites en milieu peu profond ; la propagation de la marée sur les zones émergeantes ; l'hydrodynamique de la zone sous influence du déferlement (transformations de la houle, dissipation d'énergie, courants et ondes associés) ; la caractérisation des forçages hydrodynamiques « représentatifs » susceptibles de contrôler la morphodynamique littorale ; couplage littoral – côtier : étude des échanges hydro-sédimentaires entre les franges littorales soumises à des houles énergétiques et le plateau continental ; extension des modèles de circulation côtière au domaine littoral (ou couplage avec des modèles littoraux), avec la prise en compte du forçage de la houle dans la génération des courants en milieu peu profond. couplage continent - littoral : apports fluviaux, impacts sur l'érosion côtière et sousmarine, mélanges de masses d'eau. Dans ce cadre, des actions coopératives entre les actions LEFE / IDAO, EC2CO / PNEC et ST / RELIEFS sont particulièrement encouragées. Les projets devront mentionner les interactions éventuelles avec les actions HYMEXMERMEX-CHARMEX. 3. CRYOSPHERE La cryosphère (glace de mer, neige, gel de sol, glaciers et calottes) affecte environ un quart de la surface de la planète. Son rôle à l'interface entre l'atmosphère et les surfaces océaniques ou continentales est important et particulier. L'impact climatique de la cryosphère et des processus qui lui sont liés, et la prise en compte imparfaite de ces processus dans les modèles de climat, ont conduit il y a 5 ans à la mise en place par le Programme Mondial de Recherche sur le Climat du programme CLIC (/CLImate and Cryospshere, http://clic.npolar.no//). Dans ce contexte, les projets d'étude des processus, des rétroactions et des propriétés d'intégration de la cryosphère sont donc encouragés par IDAO. Les demandes seront au besoin soumises conjointement à l’action EVE, si les aspects climatiques sont également traités. 1 Interfaces et rétroactions A l'interface entre l'atmosphère et les surfaces océaniques et continentales, la cryosphère affecte les échanges d'énergie (chaleur sensible et latente, rayonnement), d'eau et de certaines espèces chimiques. L'impact de ces interfaces sur le climat et l'environnement, ainsi que l'ampleur des rétroactions climatiques associées, nécessitent des études ciblées d'observation et de modélisation de la cryosphère et de ses couplages avec l'atmosphère, l'océan et les surfaces continentales. Les propositions visant l'étude de ce rôle d'interface, pouvant conduire à améliorer les paramétrisations dans les modèles atmosphériques, océaniques et climatiques sont encouragées. La circulation atmosphérique, largement influencée par les calottes et par les vents catabatiques, est un élément essentiel des interactions océan – glace – atmosphère en périphérie. De plus, et dans une large mesure par ce rôle d'interface, la cryosphère intervient dans plusieurs mécanismes de rétroaction climatique. Certains sont déjà reconnus comme majeurs (albédo, circulation thermohaline, cycle du carbone, ... ), d'autres sont encore si mal connus que, dans certains cas, le signe même de la rétroaction n'est pas évalué avec certitude. Les propositions relatives à une meilleure connaissance et prise en compte des rétroactions liées à la cryosphère dans les modèles de climat sont ainsi encouragées. 2 Intégration et enregistrement du signal climatique Les rapports successifs de l'IPCC soulignent les capacités uniques d'intégration et d'enregistrement naturels du signal climatique par la cryosphère. L'étude et l'observation de la cryosphère permettent de reconstruire les variations de l'environnement et du climat dans des régions d'altitude et/ou de latitude où l'observation directe est rare et délicate et la variabilité climatique insuffisamment connue. L'acquisition de ces données ne relève pas nécessairement d'IDAO (voir plutôt EVE). En revanche, les études des processus à l'interface qui génèrent ces données, dans la mesure où elles rejoignent les aspects plus généraux liés au rôle climatique de la cryosphère (cf. 3.1. /Interfaces et Rétroactions/) ou permettent une meilleure appréhension de la variabilité climatique saisonnière et pluriannuelle (cf. Thème 4 de l'Appel d'Offres) sont invités. 4. Variabilité saisonnière et pluriannuelle Il est souhaitable que les actions se situant dans ce cadre évoluent vers une plus grande coordination avec les thèmes concernant d’une part les grandes et moyennes échelles atmosphériques et océaniques, d’autre part la prévision à long terme et l’évolution climatique, ce dernier point entrant dans l’appel d’offre de l’action LEFE/EVE. Certaines études dans ce cadre nécessitent des actions à long terme (> 3 ans) qui devront être identifiées pour que LEFE et IDAO puissent les soutenir dans la mesure des moyens disponibles. 1. Atlantique Nord et Méditerranée : Les rôles respectifs de la variabilité interne de l'atmosphère et du couplage avec l’océan et la glace de mer doivent être approfondis par l'analyse des observations et de simulations dans un contexte couplé. L’accent sera mis sur le rôle du bilan d’eau douce dans la variabilité climatique et l’occurrence des transitions rapides. Il faut améliorer la compréhension du couplage entre circulations océaniques horizontale et méridienne. On s’attachera notamment à étudier le rôle du bilan d'eau douce des régions arctiques, de l'export d'eau douce par les courants de bord ouest et des relations entre glace de mer et atmosphère sur ce couplage. On s’interrogera sur les modes pouvant être importants pour le climat européen en particulier sur la stabilité spatiale et temporelle du mode NAO/AO en fonction de variations lentes – naturelles et anthropiques – du climat terrestre. On cherchera à déterminer le potentiel de prévision aux échelles saisonnière à décennale, sur l'Europe et les régions avoisinantes, en étudiant les poids respectifs des différents mécanismes locaux et de connexion de grande échelle, notamment avec les régions tropicales. 2. Régions Tropicales (en dehors des actions relevant de l'API AMMA) Les parts respectives de la redistribution zonale et méridienne de la chaleur et du sel dans l’émergence et le maintien des gradients de température en région équatoriale doivent être explorées pour les océans Pacifique, Indien et Atlantique. Les échelles de temps nécessaires pour ventiler la région équatoriale doivent être identifiées, ainsi que l’influence des téléconnexions dans la variabilité décennale. Par quels mécanismes, à quelles échelles et dans quelle région, l’atmosphère développe-t-elle une réponse cohérente à des modifications de la température de surface de l’océan ? quels sont les rôles respectifs des régions d’upwelling océanique, d’eaux chaudes ou de gradient ? peut-on identifier les structures océaniques critiques à l’origine des perturbations atmosphériques de grande échelle, et par quels mécanismes celles-ci contribuent-elles à la variabilité climatique ? Que peut-on apprendre de la variabilité des régions équatoriales à l’échelle des derniers siècles ? Les circulations de mousson sont déterminées par les gradients méridiens d'énergie entre les régions équatoriales excédentaires, principalement océaniques, et les zones continentales tropicales moins excédentaires ou déficitaires, comme le Sahara. Il faut déterminer les influences respectives des deux milieux pendant l’évolution de la mousson : anomalies des températures de surface océanique, conditions hydriques et couverture végétale des surfaces continentales. Aux grandes échelles spatiales et temporelles, le rôle des téléconnexions doit être analysé dans un contexte de variabilité décennale ou de changement climatique. Aux échelles synoptique et moyenne, la mousson interagit avec les perturbations convectives, principaux pourvoyeurs des précipitations dans ces régions. L’ensemble de cette physique complexe devra être étudié et quantifié. Un effort important doit être fait sur la prévision en région tropicale. Des anomalies climatiques majeures y prennent naissance et persistent de quelques mois à quelques années, avec des conséquences parfois lointaines par les téléconnexions. Dans le Pacifique tropical, on regardera les interactions entre la variabilité de type ENSO et le changement climatique global. Dans l’océan Indien, le démarrage et l’intensité de la mousson sont fortement conditionnés par des perturbations atmosphériques et océaniques intra-saisonnières à pluri-annuelles. Concernant la mousson d’Afrique de l’Ouest, la prévision saisonnière, à l’aide de schémas statistiques et de modèles dynamiques à améliorer, constitue une priorité au sein du programme AMMA et devra être intégrée dans le cadre de l’API 3. Océan Austral Le rôle de l'océan austral dans la dynamique du climat à l'échelle planétaire est important et cependant peu connu. La variabilité du transport circumpolaire et des échanges de propriétés (chaleur, sel, oxygène, carbone, ... ) avec les trois autres océans, la variabilité des formations des eaux intermédiaires et profondes, des remontés d'eaux profondes, des extensions de glace de mer, de la nébulosité, de la production primaire, … sont autant de mécanismes possibles des variations observées des climats du passé ou du futur. Mais les interprétations reposent sur des connaissances très limitées des mécanismes et de leurs couplages. Pour évaluer le rôle de cet océan dans le climat, certaines questions demandent investigation : comment cet océan contrôle-t-il le climat global ? Répond-il de façon brusque ou lente aux variations climatiques externes ? Quelles sont les variations d'amplitude et les déphasages des signaux climatiques entre les deux hémisphères ? Le rôle de l'océan austral dans le passé climatique est-il ou non indicateur de son rôle sur le climat futur ? Quelles sont les améliorations à apporter dans les modèles océaniques et couplés pour répondre à ces questions ? Quelles sont les observations nouvelles (in-situ, satellitaires, paléo et proxies) qui aideraient à répondre à ces questions ? 5. Régionalisation du changement climatique Les projections actuelles du changement climatique réalisées à partir des Modèles de Circulation Générale couplés Océan-Atmosphère décrivent des échelles spatiales au minimum de quelques centaines de kilomètres. Ces échelles sont trop importantes pour représenter nombre de phénomènes extrêmes tels que les cyclones tropicaux, les tempêtes des moyennes latitudes ou des phénomènes convectifs intenses, ou pour contraindre des modèles de calcul d'impacts. Les objectifs de la régionalisation sont d'une part de réduire les échelles des phénomènes résolus dans les études numériques du changement climatique, d'autre part d'améliorer la représentation du climat en termes de moyenne et de variabilité, dont celle liée aux événements extrêmes. Cela implique que les mécanismes à l’origine des signaux climatiques soient identifiés, compris et validés, notamment par études exhaustives, validées sur le climat présent. De même, il est important de bien identifier les biais systématiques qui peuvent se reporter sur la tendance moyenne et la variabilité de différentes variables. On s’intéressera aussi à la possibilité d’utiliser en retour l’information produite à l’échelle régionale pour améliorer le signal de grande échelle. Les méthodes de « désagrégation d’échelle » peuvent faire appel à des techniques statistiques reliant les variables de grande échelle à celles d’échelle régionale ou locale au moyen de modèles simples ou de fonctions ajustées sur les observations (générateurs de temps, fonctions de transfert, types de temps…). Il est également possible de mettre en oeuvre des modèles de simulation du climat avec une résolution plus fine que celle des MCGs couplés, en se restreignant à l'étude de l’atmosphère (à l’exclusion de l’océan) sur une période de temps limitée au plus à quelques décennies. L’utilisation de modèles couplés peut cependant être indispensable pour traiter l’évolution de certains phénomènes comme la propagation des ondes intrasaisonnières en région tropicale. L'utilisation de ces diverses techniques sur des domaines sensibles (Europe, Méditerranée, régions tropicales ou polaires) est encouragée. Les propositions soumises dans ce contexte veilleront à s’inscrire dans une démarche coordonnée, démontrant clairement la valeur ajoutée par la descente d’échelle. Elles devront être conjointement envoyées à l’action LEFE / EVE pour une évaluation croisée. 6. Recherches fondamentales en dynamique des fluides Les travaux théoriques, les simulations physiques, les approches numériques de la dynamique des fluides géophysiques concernant les écoulements atmosphériques et océaniques peuvent être soutenues dans la mesure où ils établissent clairement un lien avec les thématiques de IDAO ou s'intègrent dans des projets coopératifs qu'il soutient. ACTION «EVOLUTION ET VARIABILITE DU CLIMAT A L’ECHELLE GLOBALE» (EVE) Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été créé pour évaluer les informations scientifiques, techniques et socio-économiques pertinentes à la compréhension des risques liés aux changements climatiques causés par l'activité humaine. Il s'appuie sur des recherches de pointe portant sur la compréhension intégrée du système terre et une quantification améliorée des fourchettes d’incertitude des projections. L'objectif principal d'EVE est de fournir les bases d'une telle recherche qui doit sous-tendre notre stratégie pour aborder le changement climatique à l’échelle de la demande sociétale : c’est-à-dire de la décennie au siècle, à une échelle régionale. Renforcer l’observation, la compréhension de sa représentativité, son insertion dans un ensemble de données variées, et l’utiliser au mieux dans un système de modélisation, est un gage d’avancée sur la connaissance des mécanismes et de leur représentation dans des modèles de grande échelle. Comprendre, à défaut de réduire, les incertitudes des modèles climatiques actuels passe par le développement d’un cadre intégrateur où, dans diverses conditions spatiales et temporelles, les études de détection et d’attribution permettront de confronter les résultats de modèles aux réalités de terrain. Les données nécessaires pour cette confrontation sont à diverses échelles de temps et d’espace avec leurs caractéristiques propres (abondance de données récentes, rareté de données représentant le long terme), mais elles apportent toutes une contribution spécifique à la compréhension de l’évolution en cours. Les projets soumis à EVE tenteront de répondre à l’une ou l’autre des questions suivante : Comment notre système climatique va-t-il réagir au développement des diverses activités anthropiques et quels changements en résulteront ? Dans quelle mesure et depuis quand l’activité humaine modifie-t-elle l’environnement global ? Quelle est la part anthropique et la part de variabilité naturelle dans le changement global? Quelles sont les régions les plus vulnérables et comment se manifeste cette vulnérabilité ? Quels sont les mécanismes internes et les principaux modes de variabilité du système climatique ? Comment sont-ils reliés et à quelles échelles de temps ? Comment le changement global pourra-t-il affecter ces modes de variabilité et/ou leurs interactions ? Quelles sont les causes des variations naturelles des gaz à effet de serre, aérosols, capacité oxydante de l’atmosphère, …., ? Selon quelles séquences les changements des forçages, conditions de surface et des réponses écosystémiques se sont-ils déroulés ? Les gradients d’énergie équateur pôles sont modifiés. Quelles en sont les conséquences? Comment ce gradient a-t-il évolué dans le passé? Quels sont les mécanismes en jeu? Quels sont les seuils (et leurs causes) à l’origine des transitions rapides entre des états climatiques quasi-stables ? Quels sont les risques d’instabilité dans les prochaines décennies ? Y a-t-il un risque d’évolution irréversible du climat ? Quel est le lien entre la dynamique des calottes glaciaires et les variations passées et futures du climat ? Quel est le risque de disparition des calottes ? Quel est l’impact de la fonte des glaces sur la circulation thermohaline ? Quelles sont les modifications en cours des cycles hydrologiques ? quelles en sont les conséquences sur l’équilibre énergétique de la planète ? comment sont affectés les paysages et les ressources ? La réponse à ces grandes questions nécessite le développement d’un grand nombre d’outils expérimentaux, de modélisation et diagnostics, d’acquisition de données, ainsi que la mise en oeuvre de nouvelles méthodologies : développer des modèles à différents niveaux de complexité, couplant le système dynamique-physique (océan-atmosphère-cryosphère) avec les cycles (bio)géochimiques, la dynamique des écosystèmes (continentaux et océaniques) et l’hydrologie continentale ; développer des stratégies visant à hiérarchiser l'importance des couplages et des interactions d'échelle dans l'estimation des sensibilités climatiques ; mettre au point des outils d’évaluation et de comparaison des modèles à différentes échelles de temps, et en réponse à différents forçages (des échelles de temps orbitales à interannuelles voire saisonnières) ; mettre au point des stratégies d’utilisation des observations récentes et passées pour contraindre et évaluer l'éventail des changements climatiques futurs ; mettre au point des méthodes diagnostiques pour quantifier la sensibilité climatique et l’amplitude des changements à l’échelle globale ; développer des nouvelles méthodologies pour la caractérisation des différentes sources d'incertitudes, en particulier une approche probabiliste des scénarios climatiques ; développer des méthodes d’assimilation des données dans les modèles climatiques performantes à différentes échelles de temps ; renforcer la modélisation directe des proxies (ou traceurs) dans les modèles ; élaborer de nouveaux proxies capables de reproduire les fluctuations des modes principaux de la variabilité climatique, les évaluer au niveau du signal enregistré, de leurs erreurs et de leurs limites ; développer des approches de détection/attribution des forçages climatiques ; mettre en place les structures nécessaires pour développer l'acquisition de données globales et la gestion et l’interopérabilité de bases de données ( in-situ, spatiales, réanalyses, historiques, paléoclimatiques) : insolation, volcanisme, bilan radiatif, bilan hydrique, circulation océanique, fontes de calottes, gaz à effet de serre, aérosols, usage des sols … Ce programme visant avant tout un rôle d’animation et de structuration de la communauté nationale, nous avons défini quatre actions prioritaires. Elles ne sont pas exclusives, mais les projets proposés devront tenter d’apporter une vision globale et intégrée de notre système climatique. Idéalement, l’approche intégrative « modèlesdonnées » sera favorisée, mais une approche « purement données » qui permet de comprendre les forçages et les mécanismes à grande échelle est également recevable. Les deux premières actions focalisent l’attention sur certaines périodes de temps clés (l’anthropocène - i.e. les 150 dernières années et le prochain siècle, et la variabilité climatique récente – i.e. les 1000 dernières années). Les deux autres actions ont pour objectif de progresser sur la compréhension de mécanismes de rétroactions pouvant influencer de façon significative l’évolution du climat (interaction entre cycles biogéochimiques, aérosols et chimie atmosphérique et climat, caractérisation des variations abruptes et / ou irréversibles). 1. La variabilité climatique récente : les 1000 dernières années Les 1000 dernières années représentent la période transitoire clé de l’histoire de notre système climatique qui a vu l’arrivée d’une action anthropique suffisamment importante pour perturber son évolution naturelle. Notre capacité à comprendre et reproduire l’évolution du climat au cours de cette période, à détecter les variations attribuables à l’Homme est aujourd’hui un véritable défi. Il nous faut : reconstruire des forçages réalistes (solaire, volcanisme, usage des sols, …) ; étudier à la fois l’évolution du climat moyen, de la variabilité et de ses liens avec l’état moyen, aux évènements extrêmes voire abrupts ; développer les études de détection / attribution afin d’identifier les réponses climatiques aux différents forçages ; étudier la sensibilité des reconstructions climatiques à partir des proxies en fonction de leurs caractéristiques spatio-temporelles ; mettre en place les méthodologies ad-hoc d’initialisation des modèles (principalement océaniques, mais également les réservoirs de carbone) ; évaluer le rôle de différentes boucles de rétroaction (climat-cycles biogéchimiques, climat-dynamique naturelle et anthropique de la végétation, climat-chimie atmosphérique, …) sur l’évolution du climat de cette période. 2. L’anthropocène : de 1850 à 2100 La participation de la communauté française au dernier exercice du GIEC (Groupe Intergouvernemental pour l’Evaluation du Changement climatique) a donné lieu à la réalisation d’un grand nombre de simulations du climat des 150 dernières années et du prochain siècle. Ces simulations sont réclamées par de nombreux scientifiques s’intéressant à l’impact du changement climatique sur les écosystèmes (marins et continentaux), sur les ressources en eau, les risques de sécheresse ou autres évènements extrêmes … Par ailleurs, des questions scientifiques spécifiques se posent selon les échelles de temps auxquelles on étudie les évolutions du climat: évolutions récentes (avec un lien fort avec les observations), évolutions dans un futur proche (30 prochaines années, avec notamment les incertitudes liées à l'état initial de l'océan) et évolutions jusqu'à la fin du siècle, voire au-delà (avec notamment le rôle des processus "lents"). Il relève de notre communauté de : conduire des études systématiques de la dynamique simulée du climat de cette période de temps ; réaliser des études de sensibilité, ou de nouveaux scénarios, prenant en compte de nouveaux processus et/ou boucles de rétroactions potentiellement importants ; mener une recherche sur les liens entre la sensibilité des modèles aux forçages anthropiques et naturels externes et leur capacité à reproduire les principales caractéristiques du climat actuel (état moyen, cycle saisonnier, variabilité saisonnière à interannuelle, téléconnexions et processus, ...) ; étendre les études de détection et attribution à d’autres échelles spatio-temporelles (continentale et interannuelle) et à d’autres variables, en particulier océaniques ; développer de nouvelles méthodologies pour la quantification et la hiérarchisation des différentes sources d’incertitudes pour les scénarios climatiques ; Proposer des scénarios probabilistes basées sur des ensembles de simulations à la communauté des utilisateurs. 3. Quelles sont les relations causales et les rétroactions entre climat et cycles biogéochimiques ? L’interaction entre cycle du carbone et climat a été démontré de façon éclatante dans les carottes de glaces. L’étude et la compréhension des fluctuations des taux de gaz à effet de serre, des concentrations en aérosols dans l’atmosphère, de la composition chimique de l’atmosphère et de sa capacité oxydante nécessitent de bien comprendre les processus régulant la distribution des puits et des sources, de tenir compte des réservoirs lents (l’océan profond, la biosphère, la cryosphère), et de disposer d’outils de simulation de diverses complexités qui tiennent compte de l’ensemble des processus et interactions entre les différentes composantes de notre système climatique. Dans un contexte d’évolution future qui correspond à une longue période transitoire, il est nécessaire de documenter et comprendre (notamment par des exercices de sensibilité) : les grandes transitions climatiques pour appréhender les relations causales et les rétroactions à diverses échelles de temps entre climat et cycles biogéochimiques ; la variabilité de la composition chimique de l’atmosphère pendant les périodes chaudes interglaciaires dépourvues d’action anthropique ; les différentes trajectoires possibles du système couplé climat-cycles biogéochimiques-aérosols-chimie dans le futur. 4. Les variations rétroactions climatiques abruptes : risques, conséquences, On observe dans les enregistrements océaniques d'amples variations de la circulation thermohaline, avec en particulier des basculements rapides (de l’ordre du siècle), qui sont encore insuffisamment documentées, et qui ne sont toujours pas comprises ni modélisées correctement. Or, dans un contexte de changement futur où le cycle hydrologique va être profondément modifié, de tels évènements pourraient-ils se reproduire ? Le risque de déstabilisation des calottes Groënlandaise et Antarctique dans le futur est-il réel ? A quelle échelle de temps ? Quelles seraient les conséquences climatiques de cette déstabilisation ? Une bonne compréhension du rôle de la dynamique des calottes de glace dans le système climatique, notre capacité à simuler les entrées et sorties de glaciation, sont des étapes importantes et nécessaires. Quelles sont les régions les plus vulnérables aux changements climatiques ? Quels sont les modes de basculement d’un état à l’autre ? Peut-on identifier les seuils critiques et la la sensibilité de nos écosystèmes aux changements climatiques ? Ces études seront menées à la fois en étudiant les climats passés, par confrontation des enregistrements continentaux aux enregistrements océaniques et glaciaires, mais également en réalisation des études de sensibilité numériques explorant les risques de changements abrupts dans le futur, à des échelles de temps pouvant excéder le siècle. Contexte programmatique Ce programme est complémentaire d’EC2CO, du GICC2 et de l’ANR/VMCS qui prennent en charge les interactions avec les écosystèmes et les impacts du changement global. Il doit prendre en compte les acquis de grands programmes internationaux tels que AMMA (valorisation des acquis et suivi des efforts futurs), être en phase avec l’année polaire internationale (soutenir les projets phare, réflexion sur le suivi à long terme), et préparer les futurs chantiers tels que le Chantier Méditerranée (favoriser des pré-études permettant d’approfondir la stratégie scientifique et logistique de grandes campagnes à venir). Les projets soumis à EVE, mais relevant également des objectifs d'IDAO en ce qui concerne une meilleure modélisation des processus liés à la dynamique de l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, devront être soumis aux deux actions. Il en va de même pour les autres actions de LEFE, comme la calibration des proxies marins (CYBER), la prise en compte de la chimie atmosphérique dans les modèles climatiques (CHAT) et l'assimilation des données dans une optique d'amélioration de la paramètrisation dans les modèles climatiques (ASSIM). Les propositions concernant la Méditerranée devront expliciter leur positionnement dans le contexte des initiatives en cours sur le Chantier Méditerranée (voir note ci-dessus p.2).