SES – Dossier documentaire – Chapitre 1. Comment devenons

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SES – Dossier documentaire – Chapitre 1. Comment devenons-nous des acteurs
sociaux ?
Document 1. Une fillette russe de 5 ans ne parle que le chien et le chat
Ce n'est pas la Mowgli russe. Car son histoire est trop triste pour faire l'objet d'un
dessin animé pour enfants. […]. Des agents de la protection de l'enfance ont découvert
à Tchita (Sibérie orientale) une enfant de cinq ans qui a été «élevée par plusieurs
chiens et chats» et ne parle que le «langage des animaux».
La fillette a été trouvée dans un appartement délabré où ses parents et grands-parents
vivaient également mais ne s'occupaient pas d'elle. Elle n'était jamais autorisée à sortir,
n'a jamais appris à parler et cherche à communiquer en aboyant. […]
Lorsque l'enfant a été découverte, elle «se jetait sur les gens comme un petit chien», a
rapporté la police, qui a cependant précisé qu'elle comprenait le russe sans le parler.
La petite fille a été placée dans une institution où elle reçoit une aide médicale et
psychiatrique. Selon la police, elle «saute contre la porte et aboie» lorsque le
personnel soignant quitte la pièce. «La fillette ne mange pas avec une cuillère, elle la
met de côté et elle lape», a raconté une responsable de cette institution à la chaîne de
télévision russe Rossia.
« Une fillette russe de 5 ans ne parle que le chien et le chat », Libération, 28 mai 2009
1. Comment se comporte la fillette russe découverte à Tchita ?
2. Qu’est-ce qui explique ce comportement de la part de la fillette ?
3. Que faudrait-il pour que cette fillette se comporte comme une enfant «
normale » ?
Document 2. La socialisation
La socialisation, c’est le fait pour les individus d’apprendre et d’intérioriser les
comportements que la société dans laquelle ils se trouvent valorise. Ce processus se
réalise tout au long de la vie par ajustements successifs, mais certains moments sont
plus spécifiques, par exemple, la socialisation primaire de l’enfance.
La socialisation dans l’enfance consiste d’abord à apprendre des gestes (propreté,
nourriture), des manières de se comporter en société (saluer, remercier), le langage
(parlé, puis écrit). Cela se fait aussi bien par imitation (l’enfant reproduit ce qu’il voit
et entend) mais aussi par la contrainte (ce qui est permis et ce qui ne l’est pas). Ainsi
va se faire l’apprentissage des normes et des valeurs dominantes dans la société où vit
l’enfant. […]
Avant même et pendant la scolarisation, c’est aussi par le jeu que l’enfant va
apprendre les rôles qu’il convient de tenir dans son milieu. […]
Il va de soi qu’une grande part du processus de socialisation se fait de manière
inconsciente. Par exemple, l’enfant ne sait pas qu’il a appris telle langue plutôt que
telle autre parce que ses parents la parlaient.
G. Ignasse, M.-A. Genissel, Introduction à la sociologie, Ellipses, 1995.
1.
2.
3.
4.
Comment peut-on définir le processus de socialisation ?
Donnez des exemples d’apprentissages réalisés au sein de la famille.
Quelles sont les différentes façons de réaliser ces apprentissages ?
Expliquez la phrase soulignée.
Document 3. Qu’est-ce qu’une norme ?
Les normes sont des règles ou modèles de conduite propres à un groupe ou à une
société donnée, appris et partagés, légitimés par des valeurs et dont la non-observance
entraîne des sanctions. Les normes définissent le comportement approprié ou attendu
dans la vie sociale. Elles sont inséparables de l’activité de régulation qui les crée et les
maintient. Leur appropriation (apprentissage et intériorisation) au cours de la
socialisation inclut non seulement la connaissance de la prescription en elle-même,
mais aussi la marge de variation qu’elles comportent toujours.
Gilles Férreol, Dictionnaire de la sociologie, A. Colin, 1991.
1. Quelles sont les principales caractéristiques d’une norme ?
2. Quels sont les liens entre normes et valeurs d’après le texte ? Donnez des
exemples de valeurs puis remplissez le tableau ci-dessous.
Valeur
Politesse
Égalité
Fair-play
Norme
Ne pas tricher à un devoir
Être à l’heure
Ne pas tromper sa femme
3. Donnez des exemples de sanctions, lorsqu’une norme n’est pas respectée.
Activité 1.
Voici des exemples de situations. Pour chacune d’entre elles, vous vous demanderez :
- y a-t-il « transgression » d’une norme ?
- comment (par qui et avec quels moyens) la transgression est-elle sanctionnée ?
Transgression
norme ?
Ne pas tenir la porte a
une personne
Envoyer des SMS en
cours
Prendre le RER sans
ticket
Manger avec les mains
Fumer une cigarette
dans la cour du lycée
Fumer une cigarette sur
le trottoir devant le lycée
Comment (par qui, avec quels moyens)
la transgression est-elle sanctionnée ?
Document 4. Extrait du règlement intérieur du Lycée Jean Renoir
Article 4 :
La ponctualité est une obligation. L'acceptation en cours de l'élève en retard est laissée
à l'appréciation du Professeur concerné. En cas de refus, l'élève doit se présenter au
bureau du CPE et apporter le jour suivant un justificatif du retard.
Article 10 :
La politesse, la courtoisie et un langage correct, en bref le respect réciproque, sont la
règle entre les membres de la communauté scolaire. La violence verbale ou physique
n'est pas acceptée.
L'utilisation des baladeurs et des appareils de téléphonie mobile n'est tolérée que dans
la cour et sous les préaux, à condition de n'occasionner aucune gêne sonore.
Le port de tout couvre-chef est interdit dans les salles de cours, les couloirs et les lieux
couverts.
Règlement intérieur du Lycée Jean Renoir, http://jean-renoirbondy.info/lycee3/vie-scolaire/citoyennete/reglement-interieur/reglement-interieur.htm
1. Quelles sont les normes et les valeurs mentionnées dans cet extrait du
règlement intérieur du Lycée ?
2. Donnez un exemple de transgression des normes par les élèves, puis par les
professeurs.
3. Pourquoi peut-on dire que la socialisation se déroule aussi à l’école ?
Document 5. De nombreux agents de socialisation
1. Indiquez, pour chaque photo, l’agent de socialisation qui est représenté.
2. Donnez des exemples de valeurs, de normes ou de manières de faire ou d’agir
apprises dans chacun de ces contextes.
Document 6. Les groupes de pairs, un nouveau mode de socialisation
Jusqu'à présent, l’organisation sociale autour de la culture se construisait beaucoup par
la transmission familiale, à travers le rôle éducatif des parents, mais aujourd’hui, elle
semble s’effectuer de plus en plus au sein même des groupes de pairs¹ ; elle engendre
des changements dans les formes de la socialisation. […]
Désormais, les enfants vont avoir une expérience scolaire plus longue : 75% des jeunes
de 20 ans sont encore scolarisés. Et cette expérience de la scolarité devient une
expérience centrale pendant l’âge juvénile, car elle tend à renforcer le temps passé
avec les autres, ce qui n’a pas toujours été le cas. […] Par ailleurs, on observe un
phénomène de territorialisation des cultures dans le foyer, avec des chambres
d’enfants, qui, désormais, sont très équipés en matériels technologiques (internet,
téléphone mobile) et qui permettent à l’enfant d’avoir une activité culturelle intense et
en réseau avec ceux de son âge. [Ces] enfants, par l’intermédiaire de blogs par
exemple, ont crée un espace d’échange public qui devient en quelque sorte un espace
privé interdit aux adultes.
_______________
1. Groupes de personnes du même niveau (a parité) avec l’individu : groupes d’élèves, d’amis,
membres d’un club de sport….
Dominique Pasquier, « Une instance suprême de socialisation », L’école
des parents, n° 559, septembre 2006.
1. Quels sont les groupes de pairs dont parle le texte ?
2. Donnez des exemples illustrant le fait que les groupes de pairs sont aussi une
instance de socialisation.
3. En quoi les nouvelles technologies favorisent-elles le développement d’une
socialisation entre jeunes ?
Exercice
Complétez le texte à l’aide des termes suivants : socialisation primaire, socialisation
secondaire, normes (x2), valeurs (x2), imitation, injonction.
On ne naît pas spontanément apte à vivre dans le monde social des humains. Au cours
de son existence, chaque individu, doit apprendre les ____________ et les
_____________ propres à la société et aux groupes dans lesquels il vit. Les _________
sont les règles sociales qu’il faut respecter et qui définissent le comportement
approprié ou attendu dans la vie sociale, alors que les _________ correspondent aux
principes, aux idéaux jugés souhaitables ou non dans une société. Cet apprentissage se
fait en famille et à l’école pendant l’enfance à travers la ________________________,
mais se prolonge tout au long de la vie, au travail, par les médias, les amis, dans ce que
l’on appelle la _____________________________. Cette socialisation des individus
s’effectue de différentes façons : par _______________ (c'est-à-dire en observant et en
reproduisant ce que l’on observe) mais aussi par ______________ et par contrainte
(c'est-à-dire à travers des ordres ou des demandes explicites).
Document 7. Des jouets différenciés
Catalogue Jouet Club, noël 2008
1. Comparez ces deux pages de catalogue et classez les activités qui sont proposées
aux filles et celles qui sont proposées aux garçons.
2. Quelle va être la conséquence de ces différences en termes de socialisation ?
Document 8. Une socialisation différenciée selon le sexe
Tous les comportements de l’enfant sont, dès son plus jeune âge, « lus » et interprétés
différemment selon son sexe, par les adultes […]. Par exemple, les pleurs d’un
nourrisson sont interprétés en termes de colère si le bébé est présenté comme un
garçon, en termes de peur s’il est présenté comme une fille ; ou encore, devant des
bébés comparables, on emploiera plus souvent le qualificatif de « grand » si le bébé est
un garçon, de « mignonne » s’il s’agit d’une fille. Sans s’en rendre compte, les mères
se comportent différemment, notamment dans les jouets qu’elles proposent, mais aussi
dans leurs interactions verbales : on parle plus, on reprend plus les bruits émis par
l’enfant, quand il s’agit d’une fille. Il semble donc que l’on stimule leur comportement
social davantage que chez les garçons. Par contre, ces derniers sont plus stimulés sur le
plan moteur : on les manipule avec plus de vigueur, on les aide à s’asseoir, à marcher,
plus que quand il s’agit d’une fille […]. Les stéréotypes liés au sexe masculin ou
féminin, « ce qui se fait », quand on est un homme ou une femme vont donc être
partagés par les enfants dès leur plus jeune âge. Quand on demande, par exemple, à
des enfants de 3-4 ans de choisir, sur des photos ou parmi des objets réels, des jouets
(ou des activités) propres à leur sexe, ils expriment dès cet âge des préférences
conformes à leur sexe.
Marie Duru-Bellat, L’école des filles, L’Harmattan, 1990.
1. Quels exemples donne l’auteure pour montrer que la socialisation est différente
selon les sexes ?
2. Quelles vont être les conséquences de cette socialisation différente pour les
individus ?
Document 9. Quelle répartition des rôles au sein de la famille ?
1. Rédigez une phrase pour exprimer la signification des données entourées.
2. Peut-on dire que la répartition des tâches au sein de la famille est sexuée ?
3. Quel peut être le lien entre ces données et la socialisation différenciée des
garçons et des filles ?
Document 10. La socialisation inversée chez les Inuit
En cas de déséquilibre [dans les naissances]¹, les Inuit recourraient à l’adoption ou à la
socialisation inversée, en particulier quand les premiers enfants étaient des filles. […]
Une fille, aînée ou cadette, était ainsi souvent socialisée de façon inversée, jusqu’à ses
premières menstruations, que l’on célébrait comme si elle avait tué un gros gibier
(alors qu’en situation normale on aurait prétendu qu’elle avait eu un fils) ; elle devait,
à compter de ce jour, porter des vêtements féminins. Symétriquement, dans une fratrie
de garçons, un cadet était souvent travesti et socialisé comme une fille, jusqu’à ce qu’il
tue son premier gros gibier. Il devait alors couper ses tresses et s’habiller en garçon.
[…] Si nous passons maintenant des modalités du travestissement à ses effets sur ceux
qui le subissaient, il y a unanimité des témoignages pour souligner les difficultés et
souffrances morales éprouvées par les travestis et les socialisés inversés, quand ils
devaient adopter, à la puberté, les vêtements, outils et tâches affectés habituellement à
ceux qui avaient leur sexe biologique. Ils étaient rarement aidés par leurs parents
proches, qui avaient justement décidé de leur travestissement, participé à leur
socialisation, et qui continuaient d’ailleurs à utiliser les termes de parenté requis par
l’éponymie. Le fait d’avoir à se soumettre à une autre réalité que celle de leur enfance,
constituait une véritable crise pour ces adolescents, avec ses heurts et ses révoltes. Ce
n’est que lentement et progressivement qu’ils parvenaient à acquérir les aptitudes des
gens de leur sexe et, leur vie durant, ils restaient marqués par leur première éducation
et par le chevauchement de la frontière des sexes.
__________________
1. Il y a déséquilibre dans les naissances lorsqu’une famille ne possède que des enfants du même
sexe
Bernard Saladin D’Anglure, « Le “troisième sexe” », La Recherche,
n°245, juillet-août 1992
1. Qu’est-ce que l’auteur appelle « socialisation inversée » ?
2. Pourquoi est-ce que les inuit pratiquent la « socialisation inversée » ?
3. Les individus qui vivent cette socialisation gardent-ils toute leur vie les
manières de se comporter apprises dans leur enfance ?
4. Que pouvez-vous conclure de cet exemple sur la façon dont les sociétés vont
socialiser leurs nouveaux membres ?
Document 11. Les rallyes et la socialisation bourgeoise
Les rallyes existent depuis le début des années 1950. Après la seconde guerre
mondiale, les mariages trop explicitement arrangés devenaient de plus en plus
difficiles à imposer. Les rallyes, troisième instance de socialisation après la famille et
l'école, pallient cette difficulté. Ces réunions de jeunes, soigneusement sélectionnés,
cooptés par les mères, commencent dès l'âge de dix à treize ans, par des sorties
culturelles, pour se terminer par de grandes soirées dansantes. Les sorties culturelles
sont un exemple achevé de l'imbrication des différentes formes de capitaux. Le groupe
d'enfants pourra par exemple être emmené par quelques mères à l'ambassade de
Grande-Bretagne. Accueillis par l'ambassadeur en personne, qui a des liens amicaux
ou familiaux avec des parents du rallye, les enfants seront guidés par lui pour visiter le
bâtiment, monument historique classé. A d'autres occasions, le conservateur ou le
prêtre, eux aussi proches de familles du rallye, feront visiter le musée ou l'église.
Les enfants apprennent ainsi que la culture est un élément inséparable de leur vie,
qu'elle imprègne leurs relations amicales, que leurs familles sont chez elles partout,
accueillies avec la plus grande déférence, qu'il y a une affinité profonde entre leur
monde quotidien et celui des musées, des monuments, des salles de spectacle. Pour
eux, la culture, c'est la vie. Tant et si bien que le rallye atteint presque toujours son
objectif : faire en sorte que les jeunes ne ruinent pas un avenir brillant, un destin hors
du commun, par une mésalliance qui viendrait rompre le fil de la dynastie, noble ou
bourgeoise. Il n'y a pas de libre concurrence dans l'économie affective grande
bourgeoise.
M. Pincon et M. Pincon-Charlot, « Sur la piste des nantis », Le Monde
Diplomatique, n°570, septembre 2001.
1. Qu’est-ce qu’un rallye et en quoi peut-on dire que c’est une instance de
socialisation pour la jeune bourgeoisie ?
2. Quelle va être la conséquence de cette socialisation pour les jeunes issus de la
bourgeoisie ?
3. Donnez d’autres exemples pour illustrer le fait que la socialisation est
différente selon le milieu social.
Document 12. La scolarisation des jeunes de 18 ans selon leur origine sociale
1. Faites une phrase pour exprimer la signification des données entourées.
2. Dans quelle mesure la scolarité des enfants est liée à l’origine sociale de leurs
parents ?
3. Quel lien peut-il exister entre la scolarité des individus et leur socialisation ?
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