Lucien Lévy-Bruhl (1903), La morale et la science des mœurs. 5
IV. Rôle considérable des mathématiques dans le développement des sciences de la nature.
- Jusqu'à quel point les sciences historiques peuvent jouer un rôle analogue dans le
développement des sciences de la réalité sociale
CHAPITRE V. - Réponse à quelques objections
I. Comment rester sans règles d'action, en attendant que la science soit faite ? – Réponse :
la conception même de la science des mœurs suppose des règles préexistantes
Il. N'est-ce pas détruire la conscience morale que de la présenter comme une réalité
relative ? - Réponse : ce n'est pas parce que nous le connaissons comme absolu que le
devoir nous apparaît comme impératif; c'est parce qu'il nous apparaît comme impératif
que nous le croyons absolu. -Si les philosophes ne font pas la morale, ils ne la défont
pas non plus. - Force du misonéisme moral. - L'autorité d'une règle morale est toujours
assurée, tant que cette règle existe réellement
III. Mais il y a pourtant des questions de conscience : au nom de quel principe les résoudre
? - Réponse : notre embarras est souvent la conséquence inévitable de l'évolution
relativement rapide de notre société, et du développement de l'esprit scientifique et
critique. - Se décider pour le parti qui, dans l'état actuel de nos connaissances, paraît le
plus raisonnable. - Se contenter de solutions approximatives et provisoires, à défaut
d'autres
IV. Qu'importe que l'autorité de la conscience morale subsiste en fait, si elle disparaît en
droit ? Que devient l'idéal moral ? - Réponse : analyse du concept d'idéal moral. - Part
de l'imagination, de la tradition et de l'observation de la réalité présente dans le contenu
de ce concept. - Rôle conservateur, au point de vue social, d'une certaine sorte d'idéalis-
me moral. - La recherche scientifique, héritière véritable de l'idéalisme philosophique
d'autrefois
CHAPITRE VI. - Antécédents historiques de la science des mœurs
I. État présent de la science des mœurs. - Principales influences qui tendent à maintenir
les anciennes « sciences morales » : traditions religieuses ; prédominance de la culture
littéraire. - Les moralistes ; caractères généraux de leurs descriptions et de leurs
analyses. - Plus près de l'artiste que du savant, préoccupés de peindre ou de corriger, ils
ont peu de goût pour la recherche spéculative
II. Les philologues et les linguistes, véritables précurseurs d'une science positive des
mœurs. - Leur méthode rigoureuse et scrupuleuse. - Rôle analogue des sciences écono-
miques et de la psychologie expérimentale. - Influence des théories transformistes. -
Rôle capital des sciences historiques. - Conflit apparent et connexion véritable de
l'esprit historique avec la méthode d'analyse génétique du XVIIIe siècle
III. Lenteur inévitable des changements de méthode. - Exemple pris de la physique du
XVIe siècle. - Causes qui retardent la transformation des « sciences morales ». - For-
mes de transition où les anciennes méthodes sont encore mêlées aux nouvelles. -