imposées par la discipline); 4) modèle de « la culpabilité transférée » (restitution de la parole
aux observés, la « contemporanéité », l'institution de « l'allochronisme » et le problème de la
distance, au sens de J. Fabian); 5) modèle du « dialogue de sourds » (malveillance dans la
critique de travaux jugés sur ce qu'ils auraient omis de dire; donc pas vraiment une critique
car se fonde sur des non-énoncés).
Augé se sert de ces modèles permettant une critique des travaux anthropologiques existant
pour affiner la pertinence de son propos et trouver un objet. En particulier, pour ce qui est de
la question du « hors-jeu », il est nécessaire que le nouvel objet lié à l'épreuve de la
contemporanéité ne doit pas dépasser les limites de la discipline. L'anthropologie est censée
être une discipline du présent. Or du fait de la décolonisation, l'anthropologie a perdu son
objet, doit-elle alors devenir une discipline historique? Il semble cependant que toutes les
leçons de la colonisation n'ont pas encore été tirées. De la même manière, pour ce qui est du
modèle de la « culpabilité transférée », il est nécessaire d'avoir une réflexion spécifique sur le
présent. En effet, plus on avancera dans la contemporanéité, plus il y a de risque que les
informations données par l'informateur intéressent de moins en moins l'enquêteur et
apparaissent comme redondantes ( du fait justement de la contemporanéité entre l'observateur
et l'observé). L'anthropologue doit se demander quelle est la contemporanéité réelle des
interlocuteurs, car c'est la transformation du monde qui l'impose. Augé définit la
contemporanéité dans le sens où le dialogue entre l'observateur et l'observé s'inscrit dans un
univers où ils se reconnaissent l'un et l'autre; même s'ils occupent des positions différentes et
inégales. De plus, l'auteur précise qu'il ne faut pas avoir une image simpliste par rapport à la
notion d'altérité ( caractère de ce qui est autre). Il n'y a pas un système dual entre un Ouest
indéterminé et le reste du monde, l'Autre. Au contraire, cet autre est en perpétuel changement,
c'est pourquoi l'objet de l'anthropologie change.
L'anthropologie doit donc continuer dans son domaine sous deux dimensions: elle doit réaliser
une étude de la propre histoire de l'anthropologie; et elle doit se consacrer à l'étude (présente)
de son objet. Ce changement dans son étude est lié à deux raisons: du fait de la sollicitation
des différents aspects de l'actualité et parce qu'elle a épuisé tout ses premiers terrains et toutes
les possibilités d'autocritique respective.
IV. Les deux rites et leurs mythes: la politique comme rituel.
Pour Augé, le bilan est clair: l'anthropologie est non seulement possible, mais nécessaire, et
ceci à partir d'une triple expérience: la pluralité (renvoie à toutes les diversités et non pas
simplement à celles qui ont été connotées comme exotiques), l'altérité et l'identité. Son objet
central sera alors ce que Augé appelle la « double altérité », c'est-à-dire la conception que
d'autres se font de l'autre et des autres. Le symbolique est alors l'objet premier de
l'anthropologie (question de l'altérité chez les autres et question du sens).
Après cet exposé, Augé va alors montrer que c'est le rite qui est un des objets essentiel de
l'anthropologie de la contemporanéité. Le rite est essentiellement politique, et sa réussite
dépend de la maîtrise du langage politique et du langage de l'identité. Il définit alors le rite
comme « la mise en œuvre d'un dispositif à finalité symbolique qui construit les identités
relatives [ à une référence géographique, sociale ou morale ] à travers des altérités
médiatrices. » (p89). Augé précise alors son objet et parle de « dispositif rituel élargi »: il