HISTOIRE 3 Du 1er siècle au XVIIième siècle - Au 1er siècle Tarascon, petite bourgade de pêcheurs devient un centre religieux. L'importance des villes voisines de Nemausus (Nîmes) et Arelate (Arles) incite les romains à implanter de façon permanente une surveillance fortifiée sur le rocher de Tarascon. La Tarasque, crocodile ou dragon mythique , provoque des ravages, sur la plaine au bord du fleuve - Vers l'an 50 Tarascon est un ancien comptoir phénicien favorable au commerce, les Romains y font passer une route très fréquentée et l'agglomération se développe. - Jusqu'en 250 Durant une assez longue période, la Pax Romana permet l'assimilation des populations à l'empire romain. Construction de ponts, de bâtiments d'agrément, de théâtres (Arles, Marseille, Fréjus, Orange, ...), de thermes publics. Les Gallo-Romains de la vallée du Rhône commercent avec les marchands d'Orient qui introduisent les cultes de Cybèle et de Mithra. Le sénateur Annius Camars, arlésien donne son nom à la Camargue...). Le Languedoc-Roussillon forme la province Narbonnaise. La langue le Latin et des écoles s'ouvrent à Marseille et Arles. Les anciens dieux ligures s'intègrent au Panthéon, Toutatis devient Mars, et Belenos Apollon... De 250 à 300 Apparition du christianisme. Selon la légende, cette nouvelle foi a abordé en Gaule aux Saintes-Maries-de-la-Mer avec les trois Marie (MarieJacobé, Marie-Madeleine, et Sara, leur servante noire). De la Camargue, le christianisme remonte la vallée du Rhône, au grand mécontentement des Romains. Quelques ermites (anachorètes) s'installent dans des grottes et répandent "la bonne parole". Début des persécutions. - Au Ve siècle Lyon, Vienne et Arles deviennent des villes chrétiennes. Peu à peu un réseau urbain s'organise autour des cités (Valence, Viviers, Die, Saint-Paul). Les Wisigoths s'installent dans l'actuel Languedoc-Roussillon, formant la Septimanie. Après les Wisigoths en 412, les Alains en 430, les Bourguignons viennent, en 460, se fixer dans le Valentinois et y fondent un royaume qui dure jusqu'au milieu du VIIIe siècle. - En 476 la ville d'Arles tombe aux mains des Wisigoths. - Vers 500 Les Burgondes aidés des Francs s'emparent de la basse Durance. Ils sont arrêtés en Arles par les Ostrogoths. Théodoric, le roi des Ostrogoths, repousse les Burgondes au-delà de l'Isère et rétablit brièvement les institutions romaines. - En 536 : Les Francs se font céder la Provence. Pour les descendants de Clovis, la Provence n'a que l'intérêt du débouché Méditerranéen qu'offrent ses ports. Démembrements et pillages lombards. - A partir de 700 Relatives autonomies des comtes francs installés en Provence. Les Sarrasins montent jusqu'à Lyon en passant par les Pyrénées, mais, arrêtés par Charles Martel en 732, ils se replient sur le Sud-ouest. Les comtes provençaux s'insurgeant contre le pouvoir central, Charles Martel s'empare en 736 d'Arles et Marseille. L'armée franque revient en 737 et massacre la quasi-totalité de la population d'Avignon. Le renfort des Lombards permet de chasser provisoirement les Sarrasins en 739. La Septimanie est temporairement dominée par les Arabes, avant d'être conquise par Charlemagne, qui la nomme Marche de Gothie. A la mort de Charlemagne, la Provence est attribuée à Lothaire. - A partir de 838 Les Sarrasins reviennent et dévastent Marseille. Arles est pillée en 842. Des Normands passent en Méditerranée, envahissent la Camargue. - En 843 Par le traité de Verdun, l'Empire de Charlemagne est divisé en trois souverains indépendants, la Provence est incluse dans la part de Lothaire*. Son royaume s'étend de l'actuelle Hollande au sud de l'Italie. Le Rhône devient une frontière politique. Tarascon, devient de part sa position sur le Rhône, une zone frontalière stratégique. - En 860 Les pirates normands pillent et ravagent la vallée du Rhône. - En 1033 -Royaume de Bourgogne intégré au Saint Empire Romain Germanique. Nouvelle période de prospérité, qui enrichit les villes : nouvelle population de bourgeois payant l'impôt en argent (non plus en corvées). Coches et barques circulent sur le Rhône. Apparition des routiers et les aventuriers. Plusieurs de ces compagnies, de retour d'Italie, veulent traverser le Valentinois, mais le comte s'y oppose. Les routiers s'emparent de Châteauneuf et font prisonniers l'évêque de Valence, le prince d'Orange et le comte de Valentinois. Aimery de Sévérac, chef des routiers, met le pays à rançon, et obtient le libre passage. - En 1125 : -La partie sud de la Provence est donnée à la maison de Catalogne et la partie nord au Comte de Toulouse. Le Comte Raimond VI de Toulouse, accusé de favoriser les Cathares, est ajourné à comparaître en personne devant le concile à Valence. Mais les croisés ne veulent pas poser les armes. Il est excommunié. Simon de Montfort accourt mais le comte Aymar, qui commande les révoltés, le contraint à se retirer. Le concile de Latran laisse à Raimond VI la jouissance de ces terres provençales. En partant de Marseille, Tarascon et Avignon, il reconquiert son royaume soulevé contre Simon de Montfort. Ce dernier installe des chevaliers français dans le sud ouest et écarte l'hégémonie catalane. La ville indépendante d'Avignon prend l'avantage sur Guillaume des Baux. Le clergé oblige le roi de France Louis VIII à mettre le siège devant Avignon finit par capituler et voit ses remparts détruits ainsi que son fameux pont Saint Bénezet. Mais, malade, il ne peut continuer la campagne. Raimond VII est obligé de céder à Louis IX une grande partie de ses états, et les Capétiens s'installent dans la forteresse de Beaucaire. - En 1176 -Les comtés du Diois et du Valentinois sont réunis. - En 1177 -Début de la construction du Pont St-Benezet (dit d'Avignon) : 22 arches et plus de 900m de long - En 1216 : -Le pouvoir vacant est confié par les seigneurs provençaux à jeune Raimond Berenger V, premier Comte Catalan à administrer directement les terres provençales. Il installe sa cour à Aix-enProvence, crée une administration forte et unifie la région. - En 1245 : -Après la mort de Raimond Berenger V, Charles d'Anjou, fils de Blanche de Castille, épouse l'héritière de Provence et s'empare ainsi de la région en 1246. A son retour de croisade en 1251, il doit mettre fin à une révolte mené par un seigneur des Baux soutenu par Marseille, Arles et Avignon. Paix totale signée en 1257. Période de forte prospérité et croissance démographique. Installation des Papes en Avignon, qui deviennent propriétaires de tout le Comtat durant presque 100 ans. Avignon prend un large essor avec un flux de population d'origine italienne, catalane, allemande, française et languedocienne, selon la nationalité des Papes élus. Trafic fluvial intense : Avignon s’approvisionne en bois, laine, plantes tinctoriales, cuivre, étain, fer, plomb, chanvre, étoupe, poix, poisson et bétail, et exporte le fruit de ses industries prospères : blé, cuir, cordes, draps… La batellerie, organisée en corporation de nautes, assure ces échanges, tandis que les portefaix, surnommés les gagnedeniers en raison de leur maigre salaire, s’activent au déchargement des marchandises. Les moines construisent les ponts les plus solides et les plus importants, ceux des Romains s’étant effondrés plusieurs fois. Il en existe quatre entre Lyon et la mer pour franchir le Rhône : le célèbre pont de Saint-Bénezet, et ceux de la Guillotière, de Vienne et de Pont-St-Esprit au XIIIème siècle. La construction du pont de SaintEsprit de 1265 à 1309 est un des faits majeurs de la période médiévale. Le pont construit un peu en amont de Saint-Saturnin du Port(aujourd’hui Pont-Saint-Esprit) est placé sous la protection du Saint-Esprit, qui aurait assisté les bâtisseurs. Un oratoire, puis bientôt un hôpital et une chapelle sont élevés à son entrée occidentale alors que le roi de France installe sa puissance sur la rive droite du fleuve. L’œuvre chargée de gérer l’entretien de l’ouvrage exploite le succès de la légende pour attirer pèlerins et donateurs. Point stratégique majeur dans la moyenne vallée du Rhône, important nœud commercial, sa conservation est confiée à une fraternité laïque dirigée par trois recteurs qui ont d’abord recours au produit des quêtes, des dons et des legs, puis à partir des années 1382-1390 à la perception d’une taxe sur le sel, le “petit blanc” du nom de la pièce qui sert à la régler. Grande fragmentation politique : les comtés de Roussillon et de Cerdagne, de langue catalane passent dans l'orbite des rois d'Aragon, alors que le Bas-Languedoc passe sous la domination de la maison Trencavel, puis après la Croisade des Albigeois sous celle du roi de France. Le traité de Corbeil de 1258 entérine cette division : les Corbières forment la frontière entre le royaume de France et le royaume d'Aragon - En 1302 - Arles est capitale d’un royaume qui fait partie du Saint-Empire romain germanique. Le Rhône est frontière : les pays de gauche sont d’Empire(d’Empi), les pays de droite sont de France (de Réaume ou Riaume). Les villes jumelles deviennent soeurs ennemies, mais le Rhône reste le trait d’union entre le Nord et le midi. - De 1309 à 1378 - La vallée du Rhône jouit d’un renom mondial avec Avignon comme capitale de la chrétienté. Vers 1340 - Apparition de famines, et de la peste noire décimant la moitié de la population de Provence. - En 1365 - Charles IV, empereur du Saint empire Romain Germanique, se fait couronner roi d'Arles. - De 1400 à 1534 on relève une trentaine de représentations religieuses (mystères, miracles, moralités) entre Grenoble, Die, Montélimar, Romans, Vienne, Valence ; 9 pour Romans, et 7 pour Valence. - Jusqu'en 1481 - La paix revenue, les villages se repeuplent d'étrangers venus d'Italie à Marseille, des Ligures dans les Alpes Maritimes, des piémontais entre Manosque et Cavaillon. Les nouveaux venus de religion vaudoise fondent un bastion d'hérétiques. Des Savoyards s'installent dans le Comtat. On cultive le blé, la vigne, l'olivier, les figues, les amandes, le chanvre, la lavande et le vermeil du chêne Kermès (teinturerie). L'élevage est prépondérant, et l'on commence à faire transhumer boeufs et moutons. Les routes plus sûres favorisent commerce et artisanat (cuir, peaux, laine, tissage). La soie est importée d'Italie. Des moulins à papier s'installent dans le Comtat, des verriers dans le Lubéron. Le commerce est entre les mains de banquiers Avignonnais au détriment de Marseille affaiblie. En 1435, René d'Anjou, surnommé "Le Bon Roy René", hérite de la Provence et séjourne souvent dans son château au bord du Rhône à Tarascon. Avec sa cour de chevaliers, de nobles familles et d'artistes, il organise des tournois et des fêtes, dont les Jeux de la Tarasque qui ont encore lieu chaque année, le dernier week-end de juin. Il conclut des accords internationaux de commerce avec Gènes, Florence, Tunis, favorise la prospérité, accorde sa protection aux juifs moyennant de substantiels versements d'argent, et il lève de nouveaux impôts. Il fait codifier le droit public provençal. A sa mort, en 1481, la Provence devint française, car il déshérite son successeur naturel (René II de Lorraine) au profit de Charles du Maine. Ce dernier, sans successeur, donne ses terres à Louis XI. Passage des navires vikings sur le Rhône, qui voit prospérer d’autres pirates appliquant une taxation sur les voyageurs et les marchandises. Louis IX, sur le chemin des croisades, fait la rencontre, à Glun, d’un seigneur qui prétend faire payer un droit de passage à son armée. Les péages deviennent par la suite une institution. - En 1481 : Louis XI donne les pleins pouvoirs à Palamède de Forbin. Après sa mort, les Provençaux veulent leur indépendance, et le représentant du roi a l'idée d'orienter cette agressivité sur les juifs : en 1484 un pogrom a lieu à Marseille, et les juifs sont expulsés d'Arles. - En 1496 La France veut faire valoir les droits d'Anjou sur Naples, la guerre reprend en Italie. Les Marseillais arment à la course (deviennent pirates) et pillent de nombreux vaisseaux Génois, Florentins et Espagnols. Le roi ordonne la construction d'un quai pour désencombrer le port des prises nombreuses. - 1520 Les français sont chassés d'Italie, le connétable de Bourbon trahit la France et envahit la Provence. La population rase les faubourgs des villes et s'enferme dans les remparts. La Réforme se répand en Vivarais dès 1528 . Les “idées nouvelles” sont combattues très vite par les autorités ecclésiastiques, notamment par l’Évêque de Viviers. Les protestants du Vivarais, arrêtés, risquent la prison, les galères ou la mort. Le Rhône est pour les révoltés comme pour les candidats à l’exil, soit un obstacle à franchir soit une voie de pénétration ou de fuite. - A partir de 1530 Les montagnes du Lubéron, repeuplées de Piémontais et de Dauphinois se réclamant de la secte des Vaudois. Déjà dénoncés comme hérétiques lors de l'expulsion des juifs en 1501, ils sont de nouveau inquiétés par l'église. Premières exécutions à Aix en 1534. - En 1535 La France s'allie aux Turcs, met la main sur Barcelonnette, la Savoie et le Piémont. Charles Quint franchit de nouveau le Var et masse ses troupes sur Marseille et Avignon. Sans ravitaillement, il se replie en 1536. Le Comté est délimité par le Rhône, la Durance, l'Ubaye et le Var. L'administration de France bien acceptée permet une reconstruction assez rapide. La noblesse est peu nombreuse et la classe dirigeante est constituée de marchands. La terre appartient souvent à celui qui la cultive. Différences sociales peu marquées. Les productions principales sont le blé, la vigne et l'élevage. Nombreux bergers. Grands troupeaux de boeufs et de taureaux en Camargue. Le ver à soie se développe avec la multiplication des mûriers blancs, les plans de tabac donneront lieu plus tard à une industrie. Industrie régionale : tissage de la soie, du satin et du velours, moulins, tannerie, savon de Marseille, papier, tuiles, briques et carreaux, fonderies pour les canons des galères. Le grand commerce est concentré en Avignon et à Marseille grâce à la présence de banques italiennes et lyonnaises. Par le Rhône descendent la soie, le cuir, le chanvre, et les métaux venus de Lyon. Développement des arts et de la culture. Nostradamus né en 1503 à St. Rémy, médecin spécialiste de la peste consulté par Catherine de Médicis et médecin du roi écrit ses centuries. L'état sanitaire est médiocre et provoque une épidémie de peste environ tous les 10 ans. Clergé nombreux mais médiocre, amenant de plus en plus de gens à adhérer à la réforme de Luther. Seuls les jésuites créent un collège en 1593, les autres ordres monastiques sont en pleine décadence. Persécutions accrues des hérétiques. En 1555 une cage de fer au sommet du palais des Papes sert à enfermer les hérétiques jusqu'à la mort. - En 1560 Début des guerres de religion, avec le soulèvement des protestants. Orange se met sous la conduite de Perinet Parpaille. La reine mère envoie le Comte Sommerive balayer les bandes qui infestent le Comtat et reprendre Orange. Parpaille est exécuté en 1562 (le sobriquet "parpaillot" désigne en Provence un protestant). La prise d'Orange amène le Baron des Adrets à se convertir au protestantisme, il s'empare de Mornas, y commet un carnage et lance sur le Rhône un bateau de cadavres vers Avignon portant la mention : "Gens d'Avignon, laissez passer ces marchands, car ils ont payé le péage à Mornas." A Valence, Montélimar, Romans, Saint-Paul-Trois-Châteaux, les protestants s'emparent des églises. Après le massacre de Vassy, la révolte devint générale. Le baron des Adrets devint suspect à son parti, qu'il compromet par ses cruautés, ce qui le fait arrêter à Valence en janvier 1563. La peste réapparaît et la guerre s'arrête. - En 1584 : L'arrivée d'Henri IV comme roi protestant relance les hostilités, La guerre met à feu et à sang la Provence, tour à tour envahie par les Espagnols et les Savoyards, et ne s'arrête que lors de l'abjuration d'Henri IV en 1594. - Vers 1645 Troubles dans le Comtat liés à la fiscalité et du chômage. Louis XIV renforce son pouvoir à Marseille et sur toute la Provence. Le Clergé poursuit son redressement, aidé par le courant totalitaire de son mode d'administration. Le hollandais Van Ens assèche le marais d'Arles et permet la mise en culture de 2 500 ha. Le déboisement s'amplifie de façon critique. L'huile d'olive et le vin sont produits en trop grande quantité, on transforme le vin en eau de vie à exporter. La lavande se développe pour les abeilles et le miel. Les laboureurs deviennent rentiers en louant de petites parcelles à des métayers. Les impôts continuent d'augmenter. Navigation sur le Rhône à l'aide d'un ensemble de bateaux de formes et de fonctions différentes. Services réguliers de coches d'eau halés par des chevaux, où sont mêlées toutes les classes de la société. Départs et étapes sont fixés par des horaires, le prix et les conditions du voyage sont affichés. Cependant, le voyage en coche reste une aventure. La descente, "la descize", s'effectue à "gré d'eau", les bateaux sont dirigés individuellement à l'aide de grands avirons de pointe, placés à l'avant et à l'arrière. La remontée exige des attelages de 20 à 40 chevaux et des hommes nombreux.