1
1. L’orthographe française :
introduction
1.1. Quelques repères historiques
- Moyen Âge : graphies diverses selon les dialectes
évolution du latin qui aboutit à la formation de nombreux
homonymes.
- Renaissance : fixation de nombreuses graphies même si la
langue continue à changer recours à l’étymologie
notamment pour distinguer des homophones l’orthographe
française prend un aspect idéographique.
- XVIe siècle : modifications nombreuses des graphies sous
l’impulsion des grammairiens (Meigret, Estienne) et des
imprimeurs (Tory).
- Epoque classique : le mouvement des imprimeurs en faveur
d’une simplification de l’orthographe échoue au XVIIIe
siècle, entrée de nombreux philosophes à l’Académie et
nouveau mouvement en faveur d’une simplification.
- XIXe siècle : recomplexification de l’orthographe
prédominance des avis de l’Académie en matière de langue
fixation de l’orthographe suite à l’obligation
scolaire.
- Fin XIXe siècle : émergence de nouveaux dictionnaires
(Littré, Larousse) qui font concurrence à celui de
l’Académie tentatives de réformes.
- 1990 : nouvelle réforme de l’orthographe française.
1.2. Questions d’examen
L’étudiant veillera à répondre à ces questions de façon autonome.
Celles-ci ont trait au chapitre III de la Grammaire méthodique du
français de Riegel, Pellat et Rioul, PUF, Paris, 1994, pp. 63 81.
1) Quels sont les principes sur lesquels repose le
fonctionnement de l’orthographe française ? Etayez votre
réponse en donnant des exemples personnels.
2) Quelle différence fait-on entre un graphème et une
lettre ?
2
3) Il vous faudra également être capable de :
- découper un même mot en « syllabes graphiques » et en
« syllabes phoniques » et de découper le mot en fin de
ligne ;
- de décrire la polyvalence des unités graphiques d’un
mot ;
- d’utiliser correctement la majuscule ;
- de placer correctement les accents et autres signes
auxiliaires.
1.3 Orthographe grammaticale / orthographe d’usage
On distingue habituellement :
- l’orthographe grammaticale qui définit la façon
d’indiquer graphiquement les éléments variables des mots
(règles d’accords, conjugaisons,…).
- l’orthographe d’usage (ou lexicale) qui définit la façon
d’écrire les mots du lexique indépendamment de leur usage
dans la phrase ou le texte.
3
Le système orthographique français
Synthèse
1. Introduction
L’orthographe peut se définir comme « l’ensemble des fonctions
que l’on donne aux lettres et aux signes écrits »
1
. Comme
chacun sait, l’orthographe française ne reproduit pas
exactement la prononciation. Cela est notamment au fait que
l’on a souvent introduit des lettres pour rapprocher certains
mots français de leur étymon (ce qui a d’ailleurs parfois
donné lieu à des aberrations). Pour mieux comprendre le
fonctionnement de l’orthographe française, il faut tout
d’abord savoir ce que l’on entend par les notions de phonème
et de graphème.
2. Phonème et son
Un phonème est la plus petite unité phonique qui permet de
distinguer les mots d’une langue.
Ex. : Le mien / le tien : ici, les sons [s] et [t] sont des phonèmes car
ils permettent de distinguer, à l’oral, la personne de ces deux pronoms
possessifs.
Un même phonème peut pourtant connaître différentes
réalisations concrètes (sons). Certains sons n’ont aucun rôle
distinctif dans une langue.
Ex. : Soit le mot français « rien » : que l’on prononce ce mot en roulant
le « r » ou en le grasseyant, on comprendra tout de me l’idée contenue
dans ce mot.
3. Graphème et lettre
La Grammaire méthodique établit ici un parallèle : « le
graphème est à la lettre ce que le phonème est au son »
2
.
Ainsi, le graphème est-il la plus petite unité graphique à
valeur distinctive. On l’oppose à la lettre qui, elle, peut
connaître des réalisations multiples (manuscrite, imprimée,
majuscule, minuscule).
Un graphème peut se présenter sous plusieurs formes. Soit le
phonème [o], on peut le représenter graphiquement de plusieurs
manières :
- par une simple lettre (o) ;
- par un digramme (au) ;
- par un trigramme (eau).
1
GREVISSE, GOOSSE, Nouvelle Grammaire française, éd. De Boeck Duculot, Bruxelles, 1995, p. 31.
2
RIEGEL, PELLAT, RIOUL, Grammaire méthodique du français, éd. P.U.F., Paris, 2001, p. 65.
4
4. Principe phonographique vs principe idéographique
Dans le système orthographique français, un graphème peut :
- soit correspondre à un phonème de la langue (principe
phonographique). Selon la position dans le mot et les
règles de combinaison, un même graphème peut correspondre
à des phonèmes différents.
Ex. : Exonérer / exception : « x » seul devant une voyelle se prononce [gz]
tandis que suivi d’un « c », il se prononcera [k].
Les phonogrammes sont les graphèmes qui alisent
strictement le principe phonographique de représentation
des unités sonores.
Ex. : « ça » : « ç » = [s] ; « a » = [a]
- soit remplir un rôle sémantique ou grammatical (principe
idéographique). C’est le cas des lettres dites muettes,
c’est-à-dire des lettres qui ne correspondent à aucun
phonème.
Ex. : 1. Dans « ils trouvent » : le digramme « -nt », qui n’est pas
prononcé à l’oral, est la marque de la troisième personne du pluriel.
2. Dans « chant » : « t » sert à rapprocher ce mot d’un autre mot de la
même famille et à le distinguer du mot « champ ».
Les morphogrammes, les logogrammes ainsi que les lettres
étymologiques et historiques sont des graphèmes qui
réalisent le principe idéographique.
Les morphogrammes peuvent être :
- grammaticaux (désinences, marques du féminin, du pluriel,
conjugaisons : ils trouvent) ;
- lexicaux (comme indicateurs de série lexicale : chant -
chanter).
Les logogrammes jouent aussi un rôle sémantique en
permettant de distinguer les homophones (chant champ).
Les lettres étymologiques et historiques sont « des
lettres qui subsistent dans le système graphique comme
des témoins de l’histoire de la langue ou de sa
filiation par rapport au latin et au grec »
3
(campus >
champ).
5. Syllabe graphique vs syllabe phonique
Selon Grevisse, une syllabe est « un groupe de sons que l’on
prononce d’une seule émission de voix ». Une syllabe est dite
ouverte quand elle se termine par une voyelle, fermée quand
elle se termine par une consonne.
3
RIEGEL, PELLAT, RIOUL, op. cit., ibid., Paris, 2001, p. 72.
5
Le découpage d’un mot en syllabes diffère à l’oral et à
l’écrit, notamment à cause de l’ « e » muet (qui disparaît
souvent à l’oral) ou à cause des lettres muettes.
Exemple (voir RIEGEL, PELLAT, RIOUL, op. cit., ibid., p.66)
A l’oral :
- le mot « mère » n’est constitué que d’une seule syllabe
phonique fermée et se termine par le son[r] ;
- le mot « discret » comporte une syllabe phonique fermée
[dis] et une syllabe phonique ouverte [krè].
A l’écrit :
- le mot « mère » est constitué de deux syllabes graphiques
ouvertes (mè re) ;
- le mot « discret » comporte deux syllabes graphiques fermées
(dis cret).
Les principes de découpage d’un mot en syllabes graphiques
sont à la base des règles de la coupure d’un mot en fin de
ligne (voir RIEGEL, PELLAT, RIOUL, op. cit., ibid., p.67 et
pp. 79-80).
Exercices
1. Découpe les mots suivants en syllabes phoniques puis en
syllabes graphiques.
Trembler écriture savoir transpercer dompter
2. Où ces mots peuvent-ils être coupés en fin de ligne ?
Allègement sixième mille-pattes chatoyer - horizontale
1 / 70 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !