Lettre à Ménècée, Epicure. Etude 2 : Les Dieux
Maryvonne Longeart, LOG
Les dieux font partie de la nature au même titre que les autres êtres. ils sont « immanents », ce
qui veut dire qu’ils sont « à l’intérieur » (de la nature), par opposition à « transcendants », qui
veut dire être « à l’extérieur », « au-delà de » la nature.
Comme les autres êtres vivants, ce sont des corps composés d’atomes de matière.
Simplement, la matière des dieux est plus « subtile » que celle des autres êtres.
Les corps des dieux ont une forme humaine. On dit qu’ils sont anthropomorphes.
• « immortel »
L’agencement des atomes du corps des dieux, contrairement à celui du corps humain, est
incorruptible. Chez les dieux, l’inévitable usure des corps (due en particulier à l’émission des
simulacres, voir plus loin, la théorie de la perception) est compensée par un
réapprovisionnement constant en atomes.
• « bienheureux »
Les dieux sont bienheureux. Ils sont en état permanent d’aponie et d’ataraxie. (Voir la
présentation générale de la Lettre à Ménècée pour la définition de ces termes.) Les Dieux ne
sont troublés par rien. Ils ne désirent rien puisqu’ils sont comblés. Ils sont en fait les modèles du
sage.
• « te conformant en cela à la notion commune qui est tracée en nous. »
1) « Notion » ici signifie « prénotion ».Qu’est-ce qu’une prénotion pour Epicure ?
Prénotion :
Une prénotion est infaillible. C’est un des quatre critères de vérité. C’est pourquoi Épicure dit
un peu plus loin que « la connaissance que nous en avons est évidente ». Quels sont les critères
de vérité selon Épicure?
Critères de vérité :
2) Les dieux existent puisque nous en avons des idées, c’est-à-dire des traces en nous.
Pour comprendre cela , il faut revenir à la théorie épicurienne de la perception et de la pensée
(qui est une forme de perception : « eidolon » = idée = ce qui peut être pensé = image = ce qui
peut être vu). « C’est parce que quelque chose des objets extérieurs pénètre en nous que nous
voyons les formes et que nous pensons. » (Épicure, Lettre à Hérodote # 49) Cette conception de
la perception est la conséquence du matérialisme d’Épicure. La science de son temps ne lui
permettait pas d’expliquer autrement l’effet des objets sur notre corps sans renoncer au
matérialiste.
Les objets de pensée et les objets de la perception émettent des simulacres.
Simulacres :