Lettre à Ménècée, Epicure. Etude 2 : Les Dieux
Maryvonne Longeart, LOG
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Philosophie
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Lettre à Ménècée
Épicure
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Les Dieux
(#123 « Commence par te persuader... »; # 124 « comme absurde tout ce qui s’en écarte. »)
Présentation générale
Contexte immédiat : (Voir fiche de présentation de la Lettre à Ménècée, plan de la lettre,
préambule)
Thème de cet extrait:
Thèses principales:
La philosophie épicurienne, y compris sa théologie, est purement matérialiste. Rappelez ce qu’est
pour Epicure
un atome
un monde
les Dieux
un Intermonde
l’âme
Étude détaillée
Première partie : les Dieux existent
« ...un dieu est un vivant »
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Les dieux font partie de la nature au même titre que les autres êtres. ils sont « immanents », ce
qui veut dire qu’ils sont « à l’intérieur » (de la nature), par opposition à « transcendants », qui
veut dire être « à l’extérieur », « au-delà de » la nature.
Comme les autres êtres vivants, ce sont des corps composés d’atomes de matière.
Simplement, la matière des dieux est plus « subtile » que celle des autres êtres.
Les corps des dieux ont une forme humaine. On dit qu’ils sont anthropomorphes.
« immortel »
L’agencement des atomes du corps des dieux, contrairement à celui du corps humain, est
incorruptible. Chez les dieux, l’inévitable usure des corps (due en particulier à l’émission des
simulacres, voir plus loin, la théorie de la perception) est compensée par un
réapprovisionnement constant en atomes.
« bienheureux »
Les dieux sont bienheureux. Ils sont en état permanent d’aponie et d’ataraxie. (Voir la
présentation générale de la Lettre à Ménècée pour la définition de ces termes.) Les Dieux ne
sont troublés par rien. Ils ne désirent rien puisqu’ils sont comblés. Ils sont en fait les modèles du
sage.
« te conformant en cela à la notion commune qui est tracée en nous. »
1) « Notion » ici signifie « prénotion ».Qu’est-ce qu’une prénotion pour Epicure ?
Prénotion :
Une prénotion est infaillible. C’est un des quatre critères de vérité. C’est pourquoi Épicure dit
un peu plus loin que « la connaissance que nous en avons est évidente ». Quels sont les critères
de vérité selon Épicure?
Critères de vérité :
2) Les dieux existent puisque nous en avons des idées, c’est-à-dire des traces en nous.
Pour comprendre cela , il faut revenir à la théorie épicurienne de la perception et de la pensée
(qui est une forme de perception : « eidolon » = idée = ce qui peut être pensé = image = ce qui
peut être vu). « C’est parce que quelque chose des objets extérieurs pénètre en nous que nous
voyons les formes et que nous pensons. » (Épicure, Lettre à Hérodote # 49) Cette conception de
la perception est la conséquence du matérialisme d’Épicure. La science de son temps ne lui
permettait pas d’expliquer autrement l’effet des objets sur notre corps sans renoncer au
matérialiste.
Les objets de pensée et les objets de la perception émettent des simulacres.
Simulacres :
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Par conséquent, si nous avons une idée (notion) des dieux, c’est que leurs simulacres pénètrent
en nous et laissent en nous une impression (au sens étymologique de « laisser une
empreinte »).
« ...possédant tout ce que tu trouveras capable d’assurer son immortalité et sa béatitude. »
À l’être bienheureux, rien ne manque.
Maxime I :
Deuxième partie : nous nous faisons sur les Dieux des présomptions fausses
« ...les opinions de la foule...sont des présomptions fausses. »
L’erreur, pour Épicure est ce qui nous vient de l’opinion c’est-à-dire de ce que nous ajoutons
aux critères de vérité. La puissance de la pensée est de pouvoir être affectée par des simulacres
très subtiles (ex. : ceux émis par les dieux). Mais c’est aussi sa faiblesse, car ces simulacres
peuvent être affaiblis ou confus, d’où la possibilité de l’erreur.
« pour les méchants, source de maux, pour les bons, sources de biens »
L’erreur la plus commune est de croire que les dieux interfèrent dans les affaires humaines.
Mais étant bienheureux, Les Dieux sont indépendants donc libres, donc indifférents: Ils sont
trop épicuriens pour s’occuper de nous!
La vraie piété est la sagesse. Sa récompense est le bonheur terrestre. Et, disait Lucrèce
l’épicurien dans son poème De la Nature, « C’est ici-bas que la vie de l’insensé devient un
véritable enfer. »
Conclusion
Épicure semble avoir été le premier à suggérer que l’universalité de la croyance religieuse prouve
l’existence de son objet (les dieux). Cependant son raisonnement s’appuie sur des arguments qui
relèvent d’une physique révolue et soulève un paradoxe : pour Épicure, le consensus fonde la
croyance en l’existence des dieux, mais ne suffit pas à fonder les croyances concernant leur
essence (leur nature).
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