le haut fourneau, à Liège ou en Rhénanie, dans la seconde moitié du 15ème,
les armes à feu dont les 1ère expérimentations sont faites pendant la guerre de Cent Ans mais
qui sont multipliées par la suite,
les innovations facilitant les échanges économiques : 1ère assurance maritime moderne en
Italie en 1384 ; lettre de change dès avant 1300, même si elle ne s'impose en Italie qu'au
15ème ; comptabilité à partie double présente à Gênes vers 1340 (diffusion lente ailleurs),
le zéro circule dans la péninsule ibérique au 13ème siècle, puis en Italie, puis en Europe au
16ème
L'Italie a une place essentielle dans cette marche en avant et la volonté de retour à l'Antiquité. Au
15ème siècle, l'Italie est la région la plus riche, urbanisée, cultivée d'Europe, elle est la plus avancée et
la plus outillée économiquement. Les rois de France qui veulent la dominer savent l'atout majeur
qu'elle représente pour qui en est le maître, ce que Charles Quint a bien compris lui-aussi. Cette
avance italienne explique sa participation aux grandes innovations : découverte de l'Amérique
(Colomb, mais aussi Vespucci, Cabot), les techniques bancaires, Galilée, débuts de la musique
moderne....
Pourtant, la marche en avant que constitue la Renaissance, n'est pas seulement italienne, mais
véritablement européenne : il y a 2 grandes écoles d'ingénieurs dans l'Europe de la Renaissance
(italienne et allemande) ; la Flandre est un des grands pôles économiques de la Renaissance (Anvers
est la capitale économique de l'empire de Charles Quint) et un grand foyer artistique (invention de la
peinture à l'huile), tout comme la vallée du Rhin (rôle de l'humanisme et de la contestation religieuse),
les ports espagnols et portugais, les cours de France et d'Angleterre... La Renaissance pénètre en
Europe centrale par la Pologne et la Bohême qui sont en relation avec la Flandre et l'Italie.
La Renaissance s'est donc épanouie en plusieurs sites. La Renaissance est alors synonyme d'une
avancée globale d'une civilisation (mieux que compris étroitement comme un retour à l'Antiquité). Aux
explosions artistiques, culturelles s'ajoutent les avancées techniques, la contestation religieuse, la
consolidation de l'Etat. Dans le cadre de cette période de marche en avant de la civilisation
occidentale, on ne peut trouver une place à toutes ces innovations que si par " Renaissance " on
désigne le bouillonnement culturel des 15ème et 16ème siècles.
La Renaissance ne doit pas être trop idéalisée.
En plus de sa signification étroite et de son sens large, l'historien doit rappeler les aspects sombres de
la période de la Renaissance, terme dont la connotation joyeuse est un danger et qui peut d'ailleurs
apparaître comme inadéquat à différents égards :
S'il est des fêtes brillantes, dans ses aspects sociaux la période est sombre : les différences
entre riches et pauvres s'accroissent, la mendicité progresse,
L'Humanisme est certes une position philosophique mettant l'accent sur les valeurs fondées
sur l'Homme, mais les humanistes (= spécialistes des lettres antiques pour les auteurs du
16ème) ne sont pas toujours optimistes sur l'Humanité (ex : Machiavel). Le discours de Pic de
la Mirandole (" De la dignité de l'homme ", 1486) eut très peu d'impact.
La Renaissance est la période de la plus grande intolérance (avant la 1ère moitié du 20ème) :
guerres de religion, poursuite et persécution des sorciers, antisémitisme... de la fin du 15ème
au début du 17ème.
Les hommes de la Renaissance n'ont pas la notion de progrès dans leur bagage mental
(notion qui n'est apparue qu'au XVIIè siècle). On pense alors que l'Humanité est vieille et
proche de sa fin (les logarithmes ont été inventés pour mieux calculer la date de la fin du
monde). Les humanistes ont conscience de l'imminente fin du monde : G. Budé, en 1535,
écrit " le dernier jour a commencé à tomber ", en 1494, Sébastien Brandt porte un jugement
analogue, annonce le même dénouement : l'Apocalypse précédée d'une série de
cataclysmes. L'accumulation de malheurs, qui n'ont pas manqué depuis le milieu du 14ème
(Peste noire, Grand Schisme de 1378-1417, guerre de Cent Ans, avance turque) et qui se
poursuivent (avance turque, cassure de la chrétienté latine avec l'émergence du
protestantisme) renforce ce sentiment d'angoisse. Cette accumulation de malheurs est
interprétée par les hommes d'Eglise comme des preuves de l'agitation de Satan œuvrant à