vaccin et memoire immunitaire

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VACCIN ET MEMOIRE IMMUNITAIRE
Certaines maladies infectieuses infantiles dont on a été victime ne se contractent pas une
deuxième fois. Une immunité durable a été acquise après une primo-infection.
L'objet de la vaccination est de "mimer" ces infections pour exercer une action préventive et
conférer à l'organisme une immunité. Nous savons par expérience que cette pratique est facile à
mettre en oeuvre et efficace pour certains agents pathogènes, mais qu'elle est plus difficile
pour d'autres (le VIH par exemple).
L'étude des différents types de vaccins n'étant pas au programme, nous nous contenterons de
présenter quelques documents concernant vaccination et sérothérapie et l'état des recherches
en 2003 pour l'élaboration d'un vaccin anti-VIH.
1 La vaccination, une mise en mémoire
1.1 LES DEFENSES IMMUNITAIRES DU FOETUS ET DU
NOUVEAU-NE
Le document ci-contre
représente les taux
globaux d'anticorps
circulants transmis par la
mère au foetus et au
nouveau-né et ceux
fabriqués par l'enfant.
Montrez à l'aide
de ce document dans
quel état de protection
immunitaire se trouvent
un prématuré de 6 mois
(30 semaines) et un
nouveau-né âgé de 3
mois.
L'enfant à la naissance
possède-t'il ou non une
mémoire immunitaire?
1.2 VACCINATION ET SEROTHERAPIE: LE CAS DU
TETANOS
Le tétanos est une maladie infectieuse aiguë caractérisée par des contractures
musculaires intenses, extrêmement douloureuses. Elle est due à une bactérie, le bacille
de Nicolaïer ou Plectridium tetani, qui végète dans le sol à l'état de spores et qui
s'introduit généralement dans l'organisme par une plaie souillée.
Les contractures sont dues à l'action d'une toxine, la toxine tétanique, qui agit sur les
centres nerveux.
Chez une
personne
susceptible
d'avoir été
contaminée suite
à une blessure et non vaccinée , le médecin
procède à une
injection de
sérum
antitétanique
(anticorps
spécifiques
d'origine
humaine),
couplée à celle
d'une anatoxine
tétanique.
L'anatoxine
tétanique est la
toxine tétanique ayant perdu son pouvoir pathogène grâce à un traitement adéquat,
mais qui a gardé ses propriétés immunisantes, c'est-à-dire son caractère antigénique.
En vous référant au document ci-contre, vous montrerez les différences qui
caractérisent immunité passive et immunité active.
Comparez les caractéristiques de la réponse primaire (à la suite d'une primo-infection
ou d'une première injection d'anatoxine dans le cas présent) et de la réponse
secondaire (après une deuxième, une troisième... infection ou injection d'anatoxine).
Cette mémoire immunitaire s'explique par la formation, après un premier contact avec
l'antigène, de lymphocytes B mémoire et de lymphocytes T4 mémoire Ces cellules
sont plus nombreuses que les lymphocytes B ou T4 vierges, de même spécificité ; elles
ont une durée de vie plus longue et elles réagissent très rapidement lors d'un second
contact avec l'antigène.
Vous vous reporterez aux § 1.4.2 et 2.3 du chapitre précédent pour vous
remémorer les modalités de cette mémoire immunitaire respectivement:
- dans le cas d'une défense de l'organisme par des anticorps solubles,
- dans le cas d'une défense antitumorale, antivirale par des cellules cytotoxiques.
En ce qui concerne le vaccin antitétanique, celui-ci permet de conférer une immunité
qui, par sa solidité et sa durée, est capable de s'opposer à toutes les attaques de la
maladie.
L'immunisation de l'homme se fait par deux injections sous-cutanées d'anatoxine à un
mois d'intervalle et un rappel au bout d'un an, puis tous les 10 ans.
C'est M. RAYNAUD, E. H. RELYVELD, A. TURPIN et R. MANGALO qui ont
préconisé en 1959 de préparer l'anatoxine tétanique en détoxiquant par le formol des
toxines d'un haut degré de pureté, afin de réduire les phénomènes d'allergie.
2 Espoirs pour un vaccin anti-VIH
Comme pour le tétanos, il n'existe, à ce jour, vis-à-vis du SIDA aucun cas de guérison
spontanée de l'infection par l'agent pathogène, donc aucun sujet ayant développé une
immunité suffisamment efficace.
Dans le cas du virus du SIDA, il s'agit de trouver un vaccin contre un virus qui n'est pas
vaincu par les défenses immunitaires naturelles.
Nous essaierons tout d'abord de comprendre par quelles "stratégies" le VIH se soustrait à
l'élimination par l'organisme infecté.
2.1 LE VIH, UN VIRUS ARTIFICIEUX
Peu de temps après la contamination, le VIH se retrouve dans les ganglions
lymphatiques où il infecte et détruit de nombreux lymphocytes et
macrophages.
Quelle conséquence cette action peut-elle avoir sur la mise en place des
protections immunitaires?
Plus tard, le VIH se "réfugie"dans des organes comme le cerveau où les
lymphocytes pénètrent peu, il passe des cellules infectées vers des cellules
saines, il mute constamment et rapidement (nous avons vu au début de cette
partie "Immunologie" que dans les prémisses de la phase asymptomatique, le
nombre de formes virales mutées ou variants augmente fortement).
Par ailleurs, chez VIH1 par exemple, les protéines GP120 et GP41, qui
réagissent avec les récepteurs membranaires des cellules-cibles ont des sites
constants, véritablement "cachés" par des replis de la molécule protéique.
Quant aux autres protéines virales, ce sont justement celles qui sont le plus
variables en raison de mutations fréquentes.
2.2 LES DIFFICULTES DE LA MISE AU POINT D'UN
VACCIN ANTI-VIH

Les chercheurs ne disposent pas de "modèle" animal reproduisant la
maladie humaine:
- le chimpanzé peut être infecté par le VIH, mais ne développe
pas la maladie,
- le macaque, bien que développant une maladie proche du
SIDA humain, due au VIS, n'est pas sensible au VIH.


L'utilisation de virus complets inactivés n'est pas envisageable: les
risques de persistance d'éléments pathogènes dans la préparation
vaccinale ne peuvent en effet être pris.
La variabilité des souches virales, comme nous l'avons vu, rend
problématique la production d'anticorps.
Plusieurs essais thérapeutiques sont actuellement en cours, qui utilisent des
préparations variées (protéines d'enveloppe GP120, virus recombinants).
3 Le phénotype immunitaire: interaction entre génotype et
environnement
Le phénotype immunitaire, c'est-à-dire l'ensemble des spécificités des lymphocytes B et T à
un moment donné de la vie d'un individu (ou "répertoire" des anticorps et des récepteurs
des cellules T) résulte d'une interaction complexe entre le génotype et l'environnement.
Grâce à des mécanismes génétiques originaux, l'organisme produit des lymphocytes T et B
d'une infinie diversité.
Parmi ces cellules, la très grande majorité, notamment celles qui sont potentiellement
dangereuses pour l'organisme ("auto-réactives"), sont éliminées. Celles qui subsistent sont
sélectionnées par les antigènes des cellules malades ou des pathogènes présents.
Ces cellules sont à l'origine des clones actifs dans la défense immunitaire. Il en résulte un
phénotype qui change sans cesse en s'adaptant à l'environnement (variabilité).
La vaccination est un processus artificiel qui fait évoluer ce phénotype immunitaire.
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