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I.1. Chronologie générale de l’Asie orientale I 2
De 600 à 900, l’Europe vit selon les règles de la féodalité. Charlemagne échoue dans sa
tentative de rebâtir un Empire à l’image de celui de Rome. En 700, l’Islam rompt l’unité du monde
occidental : une séparation entre le Nord et le Sud s’installe qui marquera les relations et les conflits
pour de nombreux siècles. En Chine, les Tang (618-906) succèdent aux Sui (581-618). C’est la
renaissance d’un empire puissant, qui contrôle la route de la soie et la propagation du bouddhisme.
Une nouvelle organisation administrative, basée sur le système des concours, et une force militaire
puissante, sont mises en place. Le commerce entre l’Orient et l’Occident se fait au profit des pays
d’Asie, ce que certains considèrent comme une perte monétaire dangereuse. L’Islam coupe à cette
époque ces voies commerciales et impose à l’Europe des taxes insupportables.
Les Tang établissent un équilibre entre seigneurs locaux et pouvoir central, qui servira de
modèle pour le Japon ou les populations soumises Viet (code de lois du 11e s.). Leur civilisation et
celle du califat de Bagdad sont alors bien supérieures à celles d’Europe, qui organiseront les
croisades comme un moyen de défense. Le déclin chinois s’amorce quand l’équilibre entre
puissance administrative et production économique est rompue du fait de dirigeants décadents.
La Chine du 10e siècle est divisée entre de petits Etats. Les Song (960-1279) dirigent un
empire bien différent de celui des Tang, plus chinois. C’est l’apogée de la civilisation chinoise
classique, dans les domaines techniques (oléoducs en bambou, artillerie, plans cadastraux) et
spirituels (une synthèse philosophique donne naissance à la conception actuelle du confucianisme).
La floraison des arts renforce le prestige de la Chine, qui ne retrouve cependant pas ses anciennes
frontières.
Les invasions du Nord annexent la Chine au gigantesque empire mongol, qui à la fin du 13e
siècle s’étend de la Corée à la Pologne, du Vietnam à l’Egypte, en passant par les étendues russes,
perses et du Nord de l’Inde : c’est la dynastie Yuan (1271-1368), qui adopte le néo-confucianisme
et amène les échanges commerciaux à un niveau inégalé. Mais elle est balayée par une révolution
au 14e siècle pour ne pas s’être assez sinisée et intégrée aux mœurs de la population. L’Occident
connaît des rénovations basées sur les Etats nationaux. On assiste à une bifurcation des civilisations.
La Chine effectue une synthèse du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme dans le néo-
confucianisme, qui proclame une cosmologie et un ordre général qu’on ne peut perturber. Toute
activité est assujettie à ce système. L’Europe connaît une séparation nette entre le laïc et le
religieux : le développement scientifique se fait hors de la sphère religieuse. Thomas d’Aquin
concilie la raison et la foi en considérant la science comme une vue partielle de la vérité divine.
Le 14e siècle voit la restauration d’un vrai empire chinois, celui des Ming (1368-1644), d’une
superficie toujours inférieure à celui des Tang. L’Asie du 10e au 17e siècle est agitée de nombreuses
frictions : en Asie Centrale, consécutivement aux différentes périodes d’importation du
bouddhisme, en Asie du Nord, où les guerres avec les Mongols sont périodiques du 15e au 18e
siècle. Du 14e au 18e siècle, le Tibet représente un enjeu entre les Mongols et les Chinois. Ceux-ci
se désintéressent des mers et des côtes orientales, à une époque où les Européens les contournent.
De là naît la fausse idée de l’isolement de la Chine, trop occupée à combattre les pouvoirs rivaux
continentaux. Au 16e siècle émerge une littérature contestataire des institutions en place. Les
royaumes coréen, vietnamien et japonais profitent des difficultés de restauration chinoise.
La dynastie mandchoue Qing (1644-1912) s’installe sur le trône de Chine. Cette caste
dominatrice étrangère, malgré un essai de sinisation (empereurs lettrés), entraîne un blocage
politique et un retard de développement, alors qu’au même moment l’Europe connaît un dynamisme
sans précédent par la confrontation d’Etats mercantiles. Les 17e et 18e siècles voient cependant
l’émergence du mythe du sage chinois, en même temps que celui du bon sauvage d’Amérique.