Concernant la proposition d'une information claire, destinée au grand public :
initialement, j'étais assez favorable à cette proposition car cela permettrait effectivement
au grand public de mieux comprendre la psychiatrie, les maladies mentales et les divers
moyens de prise en charge. Mais enfin de compte, cette spécialité est tellement
complexe et incertaine que l'on peut se demander comment il va être possible de donner
au grand public une information claire, précise et conforme aux données de la science.
Cette transmission d'une information compréhensible par tous va conduire à une
simplification extrême des concepts nosographiques et thérapeutiques et aboutir à une
information sans grande valeur informative, source probablement de malentendus.
L'autre question que l'on peut aussi se poser est de savoir par qui sera validée cette
information ? Y aura-t-il un comité de sage qui décidera que telle information sera
bonne à transmettre et que telle autre ne sera pas bonne ? Il y aura donc des concepts
psychiatriquement corrects et d'autres qui ne le seront pas. Quant aux émissions
médicales « grand public », à part faire plaisir à certains psychiatres en passant à la
télévision, le niveau me semble tellement bas que si elles étaient supprimées cela
n'entraînerait pas de catastrophe sanitaire.
Pour ce qui est de l'augmentation du nombre des psychiatres (libéraux et publics), je ne
peux être que d'accord avec cette proposition. Par contre, je ne suis pas d'accord avec
l'octroi d'une rémunération complémentaire pour les psychiatres exerçant dans le public
(ils bénéficient déjà d'un certain nombre d'avantages : retraite, couverture maladie,
garantie des revenus, 35 heures, RTT).
Concernant l'organisation fédérative à l'échelle d'un « territoire de santé » : attention à
ce que ne soit pas transféré à la charge la psychiatrie privée libérale des obligations qui
incombent réglementairement et légalement au service public, comme par exemple les
urgences en général et psychiatriques en particulier. Ce n'est pas aux psychiatres
libéraux de pallier les défaillances du service public.
La création d'une commission territoriale de psychiatrie et de santé mentale : encore une
instance nouvelle, alors qu'il existe déjà la commission départementale de santé
mentale. C’est soit l'une, soit l'autre, mais pas les deux.
Attention aussi à la possibilité offerte aux établissements privés de développer des
activités répondant aux besoins reconnus au niveau national et/ou régional dans un souci
de répartition harmonieuse des tâches entre le public et le privé. C'est cette répartition
harmonieuse qui est dangereuse car elle risque d'obliger certains établissements privés à
assurer des fonctions qui reviennent au public (l'accueil des urgences, l'accueil des
patients détenus, les hospitalisations sous contrainte). Ce qui ne me semble pas pensable
dans le privé compte tenu de certaines obligations réglementaires, compte-tenu
également des problèmes médicaux que cela peut poser, mais aussi par rapport aux
difficultés qui sont posées par la couverture assurancielle des établissements. Les
établissements privés n'ont aucun intérêt dans la prise en charge coordonnée de certains
besoins d'hospitalisation jusque-là supportés exclusivement par les établissements
publics. Il n'est pas choquant que les établissements publics assurent la prise en charge
les hospitalisations sous contrainte et celle des détenus. Cela fait partie des devoirs de la
République. Il serait très intéressant de faire un référendum auprès des établissements
privés afin de savoir s'ils acceptent de recevoir toutes les hospitalisations sous contrainte
ainsi que les patients détenus.
Vouloir que privé et public fassent à la même chose, cela va avoir deux conséquences :
la première, c'est que cela n'améliorera pas le service public, la seconde, c'est que cela
détériorera sûrement le niveau de qualité des établissements privés.
Donner au CMP-Ressource Territorial le rôle pivot du territoire de santé en psychiatrie
et santé mentale : c'est encore créer une structure supplémentaire. Cela ne va pas