DIAGNOSTIC AGRICOLE D’UN TERRITOIRE PERIURBAIN Les enjeux pour l’agriculture dans le SCoT du Pays de Rennes Extraits du mémoire de Sarah Charre, le document intégral est un pdf de 105 pages PREMIERE PARTIE : LE PROJET DE TERRITOIRE (pages 2 à 21) I. LE PAYS DE RENNES, UN TERRITOIRE EN CONSTRUCTION L'essentiel Le Pays de Rennes construit son projet de vie depuis 1999. Il élabore actuellement un SCoT qui lui permettra d’orienter l’aménagement de son territoire à l’horizon 2020. Dans ce cadre, des diagnostics sur les thèmes structurant du territoire sont effectués. L’agriculture, dont la préservation et la valorisation constituent une des orientations fondatrices de la charte, est abordée sous différents angles (paysage, environnement, urbanisme) mais pas en tant que thématique à part entière. Comment l’agriculture est-t-elle prise en compte sur le territoire ? Quelles sont les politiques agricoles des différentes EPCI ? Comment le Pays de Rennes et le SCoT prennent-t-ils en compte cette activité dans leurs démarches ? II. LA PRISE EN COMPTE DE L’AGRICULTURE DANS LE PAYS DE RENNES L'essentiel L’activité agricole est inégalement prise en compte sur le Pays de Rennes, ce qui dénote d’une différence de situation et de moyens par rapport à l’agriculture. Le Syndicat Mixte, soucieux d’avoir une vision plus complète de cette activité et de pouvoir l’intégrer dans la réflexion prospective du SCoT semble rencontrer des difficultés dans la mise en oeuvre de mesures agricoles. La réalisation d’un diagnostic agricole apparaît être nécessaire pour préciser certains ressentis et clarifier les blocages existants. III. UNE NECESSAIRE PRISE EN COMPTE DE L’AGRICULTURE DANS LE SCOT : DES ENJEUX A PRECISER L'essentiel L’élaboration du projet de territoire du Pays de Rennes conduit le Syndicat Mixte du SCoT à réaliser un diagnostic de l’agriculture a caractère prospectif pour permettre aux élus de prendre en compte les voix du milieu agricole dans les orientations du SCoT. Pour ce faire, les objectifs du diagnostic sont d’établir un état des lieux de l’agriculture en tachant d’en dégager les caractéristiques et spécificités sur le territoire. Il s’appuiera sur une analyse de la perception des acteurs ainsi que sur une étude quantitative et évolutive des aspects de cette activité sur le Pays de Rennes. DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DE L'AGRICULTURE DU PAYS DE RENNES I. LES CARACTERISTIQUES DE L’AGRICULTURE DU PAYS DE RENNES (pages 22 à 55) L'essentiel L’agriculture du Pays de Rennes est caractérisée par des productions diversifiées bien que principalement tournées vers une production laitière dominante et efficace. Les agriculteurs du Pays de Rennes rencontrent des difficultés liées aux contraintes inhérentes à la profession et dont le Pays de Rennes n’a pas la maîtrise : poids de la législation et des contraintes environnementales, manque de main d’œuvre et exigences de la société. Ces caractéristiques du milieu agricole semblent fragiliser les exploitations et agissent sur le territoire par les évolutions qu’elles induisent. Les exploitations diminuent notablement, la SAU des exploitations augmente alors que les espaces agricoles diminuent. Par ailleurs, les formes sociétaires et les CUMA semblent prendre plus d’importance dans la profession. Face à ces caractéristiques du milieu agricole, quelles sont les spécificités locales du territoire qui interagissent avec l’agriculture ? Quel est l’influence de l’urbanisation et celle de la cohabitation avec la population sur les exploitations ? II. L’INFLUENCE DE LA PERIURBANITE SUR L’AGRICULTURE DU PAYS DE RENNES (pages 56 à 70) L'essentiel L’agriculture bénéficie sur le Pays de Rennes d’un contexte favorable. La proximité d’une population importante et urbaine permet à une diversité de productions et d’activités diversifiées de se développer ainsi qu’à la vente directe de se multiplier. Il existe une complémentarité entre le milieu agricole et le milieu périurbain qui fait la richesse et la spécificité de l’agriculture du Pays. Cette complémentarité doit être encouragée et ces atouts doivent être valorisés afin de préserver sur le territoire un espace social, écologique et économique de qualité. Cependant, la présence de Rennes implique une urbanisation qui contraint l’agriculture. Morcellement des exploitations, disparition des espaces agricoles, augmentation de la valeur des exploitations… Ces problèmes doivent être pris en compte par le Pays de Rennes et peuvent faire l’objet d’une réflexion collective. Quels sont les moyens dont dispose le Pays pour préserver l’agriculture sur son territoire ? Quelles peuvent être les réponses du SCoT? III. QUELLE PLACE DONNER A L’AGRICULTURE DANS LE PAYS DE RENNES ? (pages 71 à 75) A. Les outils de la préservation Les documents d’orientation du SCoT peuvent préconiser et utiliser un certain nombre d’outils de l’aménagement du territoire pour favoriser la prise en compte de l’agriculture dans les différents EPCI a) Le réaménagement foncier Les acteurs rencontrés (exceptés les agriculteurs dont les exploitations sont de petite taille, et qui ne semblent pas touchés par le morcellement des terres) évoquent le réaménagement foncier comme le moyen le plus efficace de résoudre les problèmes liés au morcellement des exploitations. C’est un outil qui permettrait de garder les terres autour du siège d’exploitation, laissant les bêtes pâturer plus facilement en évitant les déplacements d’un pré à un autre. Un aménagement structurel de ce type leur semble nécessaire pour le maintien d’un élevage de qualité. Le réaménagement foncier, anciennement "remembrement", laisse pourtant de mauvais souvenirs, et n’est pas très bien perçu, que se soit par les agriculteurs, les acteurs institutionnels ou la population. Il faut donc manipuler cet outil d’aménagement structurel du territoire avec prudence, en proposant comme beaucoup l’ont souligné : "un projet de territoire basé sur le réaménagement foncier avec un cahier des charges pour l’échange de parcelles" (élu Chambre d’Agriculture, éleveur laitier). Cette solution semble faire consensus au sein des acteurs rencontrés. La structuration de l’espace peut être envisagée comme un projet de territoire fédérateur et mobilisant l’ensemble des acteurs concernés : collectivités, acteurs professionnels (agriculteurs, CUMA, Chambre d’Agriculture, INPACT Bretagne), associations (protection de la nature, AILE). b) Le rôle des PLU Les PLU, outil à la base de l’aménagement du territoire est évoqué par les acteurs comme un allié clé pour la limitation de la consommation d’espaces agricoles. Le SCoT peut prescrire : - un diagnostic agricole précis et qualitatif dans le cadre des révisions de PLU qui devront suivrent l’approbation du SCoT, - l’inscription en zone agricole des corps de ferme, pour favoriser les reprises d’exploitation, - la préemption des exploitations agricoles non reprises par un exploitant pour éviter que les terres soient urbanisées. B. Un partenariat avec les collectivités à définir Les agriculteurs rencontrés éprouvent un besoin de reconnaissance (confirmé par certains acteurs institutionnels) par rapport aux différents services qu’ils procurent à la société : entretien du paysage, dynamique du milieu rural, maintien du bocage… Cela passe par une reconnaissance sociale et économique des surcoûts et contraintes que ces services engendrent. Six des dix neuf acteurs rencontrés pensent que l’agriculteur ne doit pas être le seul à assumer les coûts de la dépollution et de l’entretien du paysage dans la mesure où cela correspond à une volonté collective. La maîtrise du paysage et de l’énergie apparaît être une des dimensions prioritaires. Le bocage, un des atouts paysagers principaux du Pays de Rennes est très lourd à entretenir selon les agriculteurs. Actuellement, beaucoup d’entre eux l’entretiennent mais brûlent les branches sur place, ne sachant pas quoi en faire car cet entretien jadis pourvoyeur de bois de chauffage n’a plus d’utilité. Nombreux sont ceux qui détruisent leurs haies, par commodité. Mais ce bois de haie peut être valorisé par une filière dite "bois-énergie" dont l’association AILE fait la promotion sur le Pays. La filière consiste à alimenter une chaufferie bois par des copeaux issus des résidus de l’entretien des haies. Ce type d’énergie est très avantageux pour une collectivité et peut alimenter une salle polyvalente, une piscine ou un lotissement. La maîtrise de l’énergie risquant d’être une variable clé pour le développement de demain, les actions de ce type doivent être réfléchies et mises en place rapidement. D’autres partenariats ont fait leurs preuves et sont cités par différents acteurs. Comme pour la préservation des commerces de proximité, les collectivités peuvent acquérir des exploitations sans repreneurs et y installer un agriculteur qui rachèterait l’exploitation petit à petit. Les formes de cette collaboration peuvent être multiples et sont à inventer, elles doivent être incitées dans les orientations du SCoT et le Pays de Rennes pourra en faire la promotion auprès des élus. C. La place de coordinateur du Pays de Rennes Le manque de communication et de coordination du milieu agricole étant un des facteurs évoqués comme une entrave majeure au développement d’une agriculture périurbaine adaptée à son environnement, le Pays de Rennes peut proposer un poste de coordinateur sur le Pays. L’échelle du Pays a souvent été évoquée pour instaurer un dialogue, une communication entre milieu rural et monde urbain/périurbain. Ce poste peut être envisagé comme un référent agriculture/environnement/paysage, ayant une vision transversale du système agricole et des mesures d’accompagnement, avec pour missions : - instaurer et favoriser un dialogue entre agriculteurs et population au travers d’une communication sur les activités agricoles envers la population, mais également par une collaboration avec le milieu agricole pour l’inciter à partager les décisions agricoles. - Constituer un relais d’information sur des démarches agricoles correspondant aux orientations du Pays : démarche ADAGE d’exploitations en système herbagé ; démarche RAFAEL (Côtes d’Armor) de commercialisation en circuit court, liée à un programme européen. Ce type de poste est déjà en place sur le Pays Centre Ouest Bretagne : chargé de mission accompagnement agricole. - Mise en place d’une politique de soutien aux exploitations pouvant se traduire par l’acquisition de structures agricoles par les collectivités, louées à des agriculteurs qui pourraient racheter petit à petit l’exploitation ; ainsi que par la généralisation du contrat SAFER/Rennes Métropole à l’ensemble du Pays de Rennes. L'essentiel Par rapport au caractère périurbain de l’agriculture, les enjeux du SCoT doivent être de permettre au Pays de Rennes d’avoir une position collective sur la préservation de l’agriculture et de prévoir l’urbanisation en accord avec les orientations agricoles définies. Les conditions du maintien de l’agriculture résident au regard de ce diagnostic dans la définition d’une stratégie commune et dans l’organisation ou la coordination d’un système d’accompagnement agricole. Les outils de la préservation de l’agriculture peuvent être de prévoir un réaménagement foncier, et de prendre en compte les contraintes agricoles dans les PLU. Mais il semble avant tout nécessaire de définir un partenariat entre collectivités et milieu agricole et de mettre en place une coordination entre les acteurs de l’agriculture. CONCLUSION L'agriculture semble garante, sur le Pays de Rennes de l'équilibre du territoire. La part d'espaces agricoles représente le compromis entre qualité de vie (coupures vertes, vie des campagnes) et attractivité du territoire (urbanisation pour l'accueil de population, multiplication des routes pour l'accès aux services). La prise en compte de l'activité agricole dans les orientations du SCoT du Pays de Rennes doit être, au regard de ce diagnostic, le fruit d'une concertation entre les décideurs d'une part et les acteurs d'autre part, la clé de l'évolution d'une agriculture garante des aspirations paysagères, environnementales et sociales du Pays est sans doute la mise en relation des différents acteurs de l'agriculture. Le SCoT ne peut avoir l'ambition de préserver une agriculture viable que s'il réduit à son échelle, les contraintes que les orientations en matière d'urbanisation, de déplacement et d'équipement, peuvent faire peser sur les espaces agricoles. L'opportunité de ce territoire est de prendre conscience de la complémentarité entre le monde agricole et le milieu urbain (et aujourd'hui rurbain) et de la promouvoir au travers d'une sensibilisation mutuelle aux contraintes de chacun. Au-delà de ce diagnostic, le Pays de Rennes devra mener une réflexion particulière sur les conséquences de la réforme de la PAC, en termes économique et paysager. La réflexion sur la prise en compte de l’agriculture dans les documents d’urbanisme semble tout aussi primordiale à approfondir. L'intérêt de cette étude aura été de formaliser les non dits, de fiabiliser les ressentis et d'avoir une approche sociologique de l'agriculture sur le Pays de Rennes. Permettant à toutes les voix agricoles de s'exprimer et de faire entendre leurs spécificités à ceux qui définiront peu être demain les modalités d'une nécessaire collaboration. A titre plus personnel, ce diagnostic aura été une opportunité pour découvrir la complexité du milieu agricole et la portée de la gestion intercommunale. Il aura été l’occasion d’appréhender la difficulté de prendre en compte de manière globale une activité clé de l’aménagement du territoire dans la mesure où il a fallu comprendre de manière précise les processus à l’oeuvre et les synthétiser sans les simplifier. L’intérêt aura également été de prendre conscience que la prise en compte de l’agriculture dans le développement local par les collectivités territoriales est naissante, et même si elle reste marginale, des initiatives locales de plus en plus nombreuses laissent présager des territoires de plus en plus garants de leur autonomie. Extraits du mémoire de Sarah Charre, le document intégral est un pdf de 105 pages