Climat : la nature s’adapte à toute allure
Le Journal de l’Environnement. Le 19 août 2011 par Valéry Laramée de Tannenberg,
Energie, Changements climatiques, Adaptation, Climat
Plantes et animaux n’hésitent pas à faire des kilomètres pour trouver des habitats moins
affectés par le réchauffement climatique.
Qu’est-ce qui pousse la mite du Kinabaluà nicher toujours un peu plus haut sur sa montagne préférée?
Pourquoi le papillon Robert-le-diable (Polygonia c-album) a-t-il déserté, en 20 ans, les prairies
anglaises pour les landes écossaises? Comment expliquer qu’en deux décennies, l’aire de répartition
de la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) ait grimpé de 150 km vers le nord? Le changement climatique,
tout simplement.
Les naturalistes savent depuis longtemps qu’animaux et végétaux s’adaptent, en général, à l’évolution
de leur milieu naturel. Et dans son dernier rapport d’évaluation, le Giec[1] rappelait
qu’un«réchauffement moyen à la surface du globe dépassant 1,5 à 2,5°C associé à un accroissement
de la concentration de CO2 dans l’atmosphère entraînera d’importants changements dans la structure
et la fonction des écosystèmes, dans les interactions écologiques des différentes espèces et dans leur
aire de répartition, le plus souvent au détriment de la biodiversité et des biens et services des
écosystèmes».
Jusqu’à présent, les scientifiques se donnaient quelques décennies pour observer des changements
notables dans les aires de répartition des plantes et des animaux. Or ces changements se produisent
déjà et à grande vitesse.
Dans un article publié jeudi dans Science, une équipe du département de biologie de l’université de
York (Royaume-Uni) a compilé les résultats de 54 études portant sur les changements de biotopes ou
de comportements observés, ces 40 dernières années, sur 2.000 espèces environ.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la faune et la flore sauvages n’attendent pas la fin des débats
entre climatologues et négationnistes du climat pour agir. Ils bougent et rapidement, avec ça.
Animaux et végétaux ont ainsi migré vers de plus hautes latitudes à un rythme moyen de 17,6 km par
an et à des altitudes plus élevées deux fois plus rapidement que les scientifiques ne le pensaient
jusqu'à présent, à savoir 12,2 mètres en moyenne par an pendant ces 40 dernières années.
«Ces changements sont équivalents à un éloignement des végétaux et des animaux de l'équateur de
20 centimètres par heure chaque jour, et ce depuis 40 ans et sont sans aucun doute liés au
réchauffement climatique», souligne Chris Thomas, professeur de biologie à l'université de York,
principal auteur de cette étude parue dans la revue américaine Science datée du 19 août. «Et ce
mouvement va continuer pendant au moins le restant de ce siècle», prédit-il.
Evidemment, toutes les espèces ne réagissent pas de la même façon. Certaines n’hésitent pas à faire
plusieurs centaines de kilomètres vers le nord. D’autres, comme le bruant zizi (Emberiza cirlus), sans
doute par manque de biotope disponible, foncent plutôt vers le sud. «Quand le climat change, chaque
espèce est affectée de façon spécifique. Et doit, en conséquence trouver un nouvel habitat. Mais
parce bien des pressions s’exercent sur l’environnement (urbanisation, évolution de la pluviométrie,
diminution de la biodiversité, elle ne peuvent pas forcément trouver un endroit plus au frais», explique
Chris Thomas.
«Cette étude montre que c’est le réchauffement climatique qui fait bouger les espèces en direction
des pôles ou vers des altitudes plus élevées. Pour la première fois, nous montrons qu’il existe une
corrélation entre les changements de distribution des espèces et l’évolution du climat à l’échelle
régionale», précise I-Ching Chen, l’un des auteurs de l’étude et chercheur à Academia Sinica
(Taïwan).
Corroborant les résultats des travaux publiés en 2003 par Camille Parmesan (université du Texas), la
méta analyse de l’université de York pêche par son manque de données. Peu d’espèces de