Prisme
PHYS. Instrument d'optique en forme de prisme triangulaire, de verre
blanc, de spath d'Islande ou de cristal, utilisé pour réfracter, dévier, réfléchir
ou décomposer la lumière. Prismes de Porro : système de deux prismes
triangulaires à angle droit utilisé dans les jumelles pour retrouver l'image
qui, sans cela, serait vue à l'envers. Fig. Voir la réalité à travers un prisme,
déformée (par les préjugés, les partis pris).
Réseau : Réseau d'un spectrographe : série de traits équidistants gravés sur une lame de verre
(réseau par transmission) ou métallique ( réseau par réflexion), décomposant la lumière
incidente en une suite de spectres de dispersion croissante. Il y a plusieurs centaines de traits
par millimètres. Les réseaux, qui utilisent le phénomène d'interférence lumineuse, tendent à
supplanter les prismes.
Histoire
Newton cherche une solution au problème de l'irisation des images données par les objectifs
astronomiques, irisation empêchant une mesure précise des distances angulaires. Pour réduire
cet inconvénient, on donnait une grande focale aux objectifs et on utilisait des diaphragmes à
faible ouverture. En tant que mathématicien, Descartes s'est penché sur le problème, mais sans
succès. La taille des verres selon une courbe idéale semblait impossible à réaliser. Newton
posé quelques postulats initiaux, il réalisa de nombreuses expériences, au terme desquelles il
put affirmer que les rayons «colorifiques» étaient contenus dans la lumière blanche provenant
du Soleil ou des corps lumineux. Il se servit de prismes qui, en quelque sorte, avaient joué le
rôle de sélecteurs de couleurs: à la sortie d'un prisme, les rayons colorés sont réfractés de
façon différente, mais toujours dans le même ordre, et à chaque couleur correspond un indice
de réfraction spécifique (ainsi, le bleu est plus réfrangible que le rouge). Chaque couleur simple,
ou plutôt chaque lumière monochromatique, peut ensuite être réfractée par un second prisme
sans subir d'altération. Pour vérifier cette interprétation d'une lumière blanche composée de
couleurs, Newton proposa de reconstituer celle-ci à partir du spectre d'un premier prisme: une
lentille convergente permet de reproduire la lumière initiale. Après la dispersion, Newton étudia
les couleurs données par les lames minces, puis aborda l'étude de la diffraction, qu'il nomma
«inflexion».
Dans l'expérience du prisme, au moyen d'un protocole expérimental rigoureux et d'une
mathématisation des phénomènes observés, Newton montra l'insuffisance de la théorie
traditionnelle et proposa une nouvelle théorie, plus explicative. Dès 1669, ses idées se diffusent
rapidement à Cambridge puis, à partir de 1672, dans toute la communauté scientifique. Les
résultats expérimentaux forcent l'admiration, mais leur interprétation rencontre de vives
oppositions, dont celles de Hooke et de Huygens. La théorie mathématique des couleurs
s'oppose définitivement à la théorie des qualités. Newton innove en proposant une méthode
circulaire fondée sur l'analyse et la synthèse, et dont la première approche est purement
expérimentale. Cependant, la reconstruction de l'expérience telle qu'il la présente confirme le
modèle d'une lumière blanche hétérogène et granulaire.
Pour Newton, les corps lumineux doivent émettre des particules de lumière se succédant le
long des rayons, à très grande vitesse et dans toutes les directions de l'espace. Dans la lumière
blanche, les particules de lumière colorifique, dite simple, sont toutes présentes, d'où
l'impression de blanc qui s'en dégage. Le prisme permet de séparer ces particules. Dès lors, la
question se pose de savoir si les rayons colorifiques existent réellement dans la lumière
blanche ou s'ils y sont en puissance, le prisme les actualisant.
spectrographe n. masc.